Hannah Williams & Dirk J. Grant

Il ne devait pas être très tôt et ce tournage prenait la plupart de mon temps. Un film qui allait bientôt paraître dans les salles, il fallait le terminer et je passais mes jours entiers à tourner des scènes de ce film. Une chance que j’adorais mon métier plus que tout au monde, une partie du film se tournait en dehors de la ville et c’est pour cela que je faisais de la route ce soir. Il était particulièrement tard et je ne rêvais que d’arriver à Wellington, j’en avais assez de conduire pendant des heures, mais je n’avais pas d’autres choix. Je n’aimais pas dormir dans mon hôtel et mon seul grand caprice était de retrouver le confort douillet de ma maison, c’est pour cela que je conduisais tout les jours pour me rendre à mon tournage. J’avais une éthique de travail exemplaire et j’étais appréciée des producteurs, de plus en plus. Ils me disaient qu’il appréciait mon style particulier. On venait de tourner une scène important pour le film, enfin, les scènes le sont tous mes les gens s’attachent aux personnages quand il développe des sentiments l’un envers l’autre.

C’était une scène d’amour, enfin, de rapprochement. C’est pour cela que je préférais jouer dans les pièces de théâtre, il n’y avait pas ce genre de moment dans une pièce. Se retrouver à moitié nue devant une personne qu’on ne connaissait à peine et pour qui ont éprouvais peu de sentiment était toujours étrange. Enfin, contraire à ce que les gens pensent, ce n’est pas toujours agréable de devoir tourner ce genre de moment, mais avec le temps on s’y habitue. Heureusement que j’avais une bonne complicité avec l’acteur qui jouait avec moi dans le film. Je me disais qu’au moins la scène était tournée et que je pouvais passer à autre chose. Il ne restait presque rien à filmer, à mon plus grand bonheur. Le processus de création d’un film était particulièrement long. Je n’étais plus trop loin de chez moi, je roulais dans ma décapotable blanche dans les rues de Wellington. C’est surement parce que je n’étais plus très loin que je décidais de m’arrêter pour prendre un café. Je savais que je n’allais pas dormir encore pendant un petit moment puisque j’étais encore sur l’adrénaline du tournage.

Je tournais donc dans l’entrée d’un petit café, je pouvais bien y passer une bonne demi-heure et le café n’avait jamais eu d’effet sur moi. Je n’en aimais que le goût. J’allais me garer, mais je n’avais pas vue cette voiture dans mon angle mort, c’est surement pour cela qu’un choc s’en suit. Je venais de rentrer dans cette voiture, doucement, mais je devais quand même avoir fait une marque sur la voiture de cette personne. Je me maudissais intérieurement alors que je me garais tout juste à côté pour sortir de ma voiture et observer les dégâts de ce que je venais de faire. Ils n’allaient pas être très grave, mais ce n’était jamais agréable de faire briser sa voiture, la mienne avait coûté une petite fortune, mais c’était la mienne, j’allais la faire réparer simplement. Le problème étant que je voulais trouver le propriétaire de cette voiture pour lui dire que j’allais payer les frais de réparation. J’aurais pu partir sans dire quoi que ce soit, mais ce n’était pas du tout dans mes principes. C’était de ma faute alors autant assumée ce que je venais de faire. J’allais attendre que cette personne sorte et quand elle allait venir à sa voiture, j’allais lui expliquer le problème. C’est ce que je pense le mieux à faire. Le temps d’attente fut long, à chaque fois que je voyais quelqu’un sortir je jetais un regard pour voir s’il se dirigeait vers cette voiture. À un moment, un homme semblait se diriger vers celle-ci et c’est pour cela que je me dirigeais à mon tour vers lui. Un homme grand, aux cheveux châtain. Pour ma part, je portais une simple robe noire sans manche qui moulait parfaitement les courbes de mon corps. Mes cheveux foncés étaient parfaitement plats et tombaient contre mes épaules nues, je faisais quelques pas en sa direction tout en m’adressant à lui. Mon teint était légèrement foncé par le soleil et mes yeux noisette observaient cet homme que je pensais le bon.

« -Pardonnez-moi, est-ce que vous êtes le propriétaire de cette voiture?»

C’est la seule chose que j’allais lui dire, de toute façon il devait avoir remarqué le petit accro qui se trouvait du côté passage.

En faite, c’était la première fois que j’avais un petit accro avec ma voiture. Disons qu’elle m’avait couté une petite fortune donc je faisais toujours attention, en général, j’étais une conductrice très prudente alors je n’avais jamais eu de problème, mais, ce soir j’étais quelque peu fatiguée et j’avais fait mon premier faux pas. Je savais que cette personne n’allait pas être très contente, mais au moins, je n’avais pas pris la fuite. Ce n’était pas mon genre, prendre la fuite ne m’était arrivé qu’une seule fois et c’était beaucoup plus grave qu’un accrochage de voiture. J’avais attendu un bon moment avant que cet homme ne semble se diriger vers la voiture, je me disais que ce devait être lui et c’est exactement pour cela que je m’approchais de lui sous le claquement de mes talons. Je me posais tout juste devant lui quand je lui posais la fameuse question. En fait le bris n’était que minime et la réparation allait couter moins de 5000 dollars, c’est ce que je pensais. Il ne semblait pas très content, mais c’était tout à fait compréhensible. Mes lèvres teintées de rouge venaient afficher un léger sourire alors que je répondais de manière affirmative à sa question. C’était tout à fait normal qu’il réagisse de la sorte et à son autre réponse j’haussais simplement les épaules. Je sortais de mon sac un une petite pile de chèques et un crayon.

« -Ce ne devrait pas couter plus de 5000 dollars de réparation. Je vais payer ne vous inquiéter pas. C’est la première fois que quelque chose de la sorte m’arrive. Je suis vraiment désolée, c’est simplement que, je suis quelque peu fatiguée.»

Effectivement, je venais de passer la journée dans un tournage de film et je devais faire de la route pour rentrer chez moi. Je n’aimais pas dormir dans des hôtels et c’était toujours la même histoire. Ce n’est pas la première fois que je conduisais, j’avais quand même vingt-sept ans et j’avais mon permis depuis un bon moment. J’avais un casier vierge et je n’avais jamais eu d’accident, mais il faut un début à tout. Je me sentais mal d’avoir endommagé sa voiture, mais ce qui était fait, était fait, je ne pouvais pas reculer dans le temps. Ce n’était pas prudent de conduire en étant fatigué et c’est bien pour cela que je m’étai arrêté ici. Je levais mon regard désolé pour le poser dans le sien.

« -Je suis vraiment navrée. Je vous paie un verre pour me faire pardonner? Ou un café?»

Je m’approchais de ma voiture pour signer mon chèque, une belle décapotable blanche qui m’avait couté une petite fortune. Je m’appuyais sur le devant pour lui faire un chèque de 5000 dollars, mais peut-être allait-il en manquer ou allait-il en avoir trop. Peu importe, je m’en fichais, ce n’est pas comme si je manquais d’argent de toute façon. Je gardais le chèque entre mes doigts et je remettais mon crayon et mes papiers dans mon sac que je laissais dans la voiture. Je faisais quelques pas pour retourner vers lui et je lui tendais le chèque.

« -Voilà. J’espère que vous en aurez assez, mais sinon, je peux vous donner mon numéro de téléphone pour que vous puissiez me contacter si vous manquez d’argent. D’après moi, c’est amplement suffisant, mais ne sait-on jamais?»

Je haussais les épaules en attendant de voir sa réaction, s’il voulait se mettre à me crier dessus alors que j’étais particulièrement passive, je n’allais pas comprendre les raisons. Mais les hommes tiennent tellement à leur petite voiture que cela pourrait être le cas.

Les hommes et leur voiture. Ils attachaient vraiment une importance particulière à celle-ci et cela m’avait toujours amusée. C’est normal qu’il ne soit pas content, mais qu’est-ce que je pouvais faire de plus que ce que j’étais déjà en train de faire. Je n’allais pas me mettre en colère ou me mettre à pleurer. J’allais lui faire un chèque et il allait faire réparer sa voiture. Il n’y avait pas trois cents solutions. Je soupirais quelque peu en croyant que mes efforts étaient vains et qu’il n’avait envie que de se venger, mais que pouvais-je faire? Peu importe. Je n’étais pas le genre de femme à m’emporter pour un rien. Disons que j’étais capable d’en encaisser pas mal. Avec mon ex qui me battait.. Ce genre de situation ne me faisait ni chaud ni froid. Depuis que j’étais revenue ici, je ne croisais que des gens qui semblaient vouloir m’embêter, mais il semblait que ce fût quelque chose difficile avec moi. Il y avait Dorian, qui me faisait peur avec ses sautes d’humeur, ça me rappelait de mauvais souvenir, mais sinon, je l’aimais bien même un peu que je ne le pensais. Enfin, ce n’était pas important, je volais régler cette situation.

« -Un verre? Je peux vous offrir un verre oui? Un café? Qu’est-ce qui vous fait envie? Je ne veux pas prendre d’alcool sinon je ne pourrai pas me rendre chez moi. »

Je n’avais pas pris de drogue. Je n’en avais jamais pris en faite et ce n’est pas du tout le genre de chose qui m’intéressait. J’étais une femme plutôt responsable alors je n’allais surement pas conduire en ayant bu un verre ou en ayant pris de la drogue, que je ne prenais pas de toute façon. Qu’est-ce qu’il voulait que je fasse? Que je pète un plomb? Je posais mon regard sur sa voiture un moment et je le reposais sur lui. Je ne savais pas où il voulait se rendre et qu’est-ce qu’il voulait boire, mais j’avais passé une dure journée et je n’allais pas rester debout encore pendant des heures. Enfin, peu importe. Je me sentais moins patiente qu’habituellement, mais je n’allais pas perdre mon calme pour autant.

« -Je vous laisse choisir? Vous venez surement de prendre un café si vous sortez d’ici.»

Je n’allais pas lui offrir un autre café. En fait, je ne savais pas réellement quoi faire ni quoi dire. J’aurais bien aimé qu’il me laisse partir sans ajouter autre chose. J’aurais pu allez me coucher, mais non.