Je ne comprenais plus rien, soudainement la vie ne semblait plus faite d'opportunités et de désirs, juste de déceptions et de trahisons, je me sentais trahie. Je regrettais d'être attirée par les femmes parce que toutes finissaient par me faire souffrir, toutes non, deux seulement en y réfléchissant. Il y avait eu Everleigh et... Jessica. Je ne savais pas que j'étais attirée par les femmes avant de la rencontrer elle et son air fougueuse, sa longue chevelure brune et ses mains douces parcourant mon corps de caresses et me couvrant de baisers; aimante. C'est la première fois que je compris être plus qu'un objet aux yeux de quelqu'un, d'une femme. J'étais une véritable personne, désirée et respectée et c'est ce que je reprochais aux hommes. Je finissais tous par les repousser car tout ce que nous faisions était rythmé par des mains trop baladeuses ou le désir de me mettre dans leurs lits. Pourquoi un homme ne peut-il pas se comporter comme une personne normale et partager quelque chose avec une autre personne sans espérer finir par se soulager ? Trop prévisibles... mais attirant. Ce que j'aimais chez eux c'était la simple perspective d'être en sécurité, en pseudo-sécurité, des autres du moins, d'eux-mêmes, bonne question. Je soupirais, agacée. De plus, perdue dans mes pensées ce n'est que lorsque mon moteur se mit à capoter bruyamment que je me rendis compte qu'il fumait. Je m'arrêtais sur le bas côté. Je devais rentrer chez moi et voulais éviter la circulation en prenant des petites routes qui me faisaient en fin de compte, faire un détour si grand que prendre les embouteillages aurait été pareil, mais je n'étais pas à l'aise au volant et je préférais conduire sur une route dégagée.

Sortant de la voiture, alarmée, j'entrepris d'ouvrir tout ceci et me coinçais maladroitement les doigts sous le capot, je jurais. Je tentais d'appeler un garage alentour. « Bonsoir, je m'appelle Ambre Weasthon et je suis bloquée sur la route n°12, mon moteur... disons qu'il fume, vous voyez ? Et hum, vous croyez qu'il peut exploser ? Non parce que je n'ai pas les chaussures adéquates pour courir, vous comprenez ? De plus, ma voiture est déjà passée chez un garagiste il y a deux semaines, c'est énervant ! Qu'est-ce qu'elle a ? Oui bien sûr vous ne savez pas puisque vous ne l'avez pas eu... le modèle ? C'est un heu... un coupé sport... noir... la couleur importe peu ? Mais je n'en sais rien moi c'est un cadeau ! Je n'y connais rien en voiture... d'accord d'accord, j'attends quelqu'un. » Et j'ajoutais un je me calme après avoir raccroché. Je n'étais pas vraiment superficielle, je me prenais juste la tête avec des questions idiotes du type que je ne pourrais jamais me suicider en me jetant sur la route, compatissant au fait que mes proches devraient reconnaître à la morgue chaque partie de mon corps ou me ramasser à la pelle...

Je frissonnais. Mon portable affichait vingt trois heures. J'étais rentrée plus tôt d'une soirée et j'avais but, juste un peu, puis prétexté être fatiguée. Je n'avais plus le goût à faire la fête et écourter une soirée ne me ressemblait pas, cela en avait étonné plus d'un, peu importe. Je regardais dans mon sac et découvris un paquet de cigarette qui ne m'appartenait pas. Je n'avais pas de briquet, idiote ! pensais-je... je ne fumais pas alors qu'importe. Je portais une robe fine et un gilet trop court pour me couvrir des températures glaciales et de la neige qui gelait sur les routes, mais trop peureuse pour me rentrer dans une voiture qui fumait je décidais d'attendre sagement en tapant du pied mais en profitant paradoxalement de la chaleur qu'offrait la fumée pour me réchauffer.

C'était une bonne soirée pour faire la fête ce soir. Jessica n'y avait même pas pensée, bien trop prise par son boulot. Elle était actuellement en train de faire des heures supplémentaires au garage, où elle travaillait. Le travail avait le don de prendre toute sa vie. Depuis qu'elle n'était plus en couple avec Ambre, la jeune garagiste avait prit un autre rythme.
Il lui arrivait de sortir de temps à autre dans des bars lesbiens, mais les filles ne l'intéressaient plus vraiment. Jessica n'avait pas vraiment fait le deuil de sa dernière relation. Elle aurait tant aimé que leur histoire se déroule autrement... Et puis il y avait cet autre problème :Jess n'avait plus de nouvelles d'Ambre depuis un moment.
La seule fille qui la faisait encore vibrer était Everleigh. Toutes deux se donnaient souvent rendez-vous pour des courses de voiture. Jessica s'amusait énormément avec son amie. Elle n'imaginait pas la vie sans elle. Ever avait toujours été là pour elle. Leur passion les liait tellement bien qu'elles étaient presque inséparables. Même si elles avaient déjà essayer de vivre une relation ensemble, Jess ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer une deuxième tentative avec Ever. Enfin, ce ne sont que des pensées... Soyons réaliste, Ambre avait encore bien trop de place dans ses pensées pour passer à autre chose avec quelqu'un d'autre.

Enfin, ce soir, elle avait la tête dans le moteur d'une voiture qui était en réparation au garage depuis hier.
- Jessy
" Hein ? "
- Une cliente vient d'appeler, est-ce que tu peux t'y rendre ?
" Quoi ? Maintenant ? Je pensais rester une demi-heure de plus seulement... "
- Je suis désolée ma belle, mais j'ai vraiment besoin d'aide ce soir. A croire qu'ils ont tous leur bagnole en panne. Je te payerais plus, ne t'en fais pas pour ça. Tu embaucheras plus tard demain.
" Ok ! Je dois aller à ?... "
- Sur la route de campagne qui longe la rocade, tu vois où c'est ?
" Carrément ! C'est quoi comme voiture ? "
- Coupé sport. La cliente m'a dit que la voiture s'était arrêté subitement, elle fume !
" Ok, je crois que j'ai déjà trouvé le problème ! "

Jessica mit sa verte en jean en souriant. Son patron avait toujours les mots justes pour la motiver à travailler. Elle prit une bouteille d'eau avant de se rendre à la voiture de fonction du garage.
La jeune garagiste portait un jean avec des trous. On pouvait y remarquer plusieurs tâches noires. Son boulot déteignait sur ses vêtements, c'est dingue ! Elle n'avait pas froid, bien qu'elle ne portait qu'un débardeur blanc sous sa verte en jean.
Au volant de sa voiture de fonction, Jessica fumait une clope tout en se rendant à l'endroit indiqué.

Au bout de 10 minutes, elle fût sur les lieux. Tout d'abord, elle fut étonnée de la dégaine de la cliente. C'est qu'elle devait avoir froid habillée comme ça ! Jessica se gara sur la bas côté puis sortie de la voiture. Elle ne se doutait pas une seconde qu'elle allait rencontrer Ambre.
La jeune femme écrasa sa cigarette sur le sol avant de tendre sa main à la cliente. Sur le coup, elle n'avait pas remarqué qui c'était. Mais lorsque son regard croisa celui de son ex petite amie, Jessica perdu resta bouche-bée.

" Ambre ? "

Le choc. Son ex n'avait pas changé, elle s'était surtout embellit. Combien de temps s'était écoulé depuis leur rupture ? 4 mois ? 6 mois ?

Le garagiste arriva et je découvris soudainement une silhouette menue sortir du véhicule, s'avançant vers moi, la femme me tendit la main et j'eus un choc, nous nous dévisageâmes alors avec une incrédulité commune. " Ambre ? " Dit-elle réellement surprise. Je ne répondis mot, occupée à remettre mon esprit en place, trop dérangé pour envoyer les connexions nécessaires au mouvement de mes lèvres. Je ne l'avais pas revue depuis assez longtemps, je me rappelais avoir essayé de la déstabiliser avec des pics incessants à l'université puis m'en être prise à elle avec des copains en nous moquant d'elle à son passage, très puéril et non-efficace, j'avais renoncé et l'avait ignorée avec dignité, faisant comme si ne n'avions jamais partagé une certaine intimité. Et puis elle avait disparut, diplôme en poche ou autre, ni elle ni moi avions tenté de reprendre contact. Pourquoi aurait-ce été à moi de le faire ? J'avais trop d'égo pour recontacter quelqu'un qui m'avait largué, de plus une fille. Je préférais jouer à l'autruche plutôt que carte sur table et cette fille me déstabilisais. Ne serait-ce que son regard brun ou sa chevelure de feu. Je détournais le regard et répondis avec sécheresse. « Alors t'as obtenu ton diplôme ou t'as abandonné tes études ? » Dis-je en prenant mon courage à deux mains pour la fixer du regard. Je me rendis compte que la voir me faisait mal, moi qui pensait avoir tourné la page, être amoureuse de Everleigh... c'est un grand mot, j'avais sûrement des sentiments pour la jeune femme mais elle était hétérosexuelle, du moins je crois, de plus, elle s'était moquée de moi en me faisant croire que idiot Matt n'était qu'un ami et l'avait ensuite embrassé en fin de soirée pour mettre un terme à son jeu stupide, je la détestais, ce souvenir amère me brûla les yeux et je ravalais ma peine pour toiser Jessica avec la plus grande et fausse indifférence que je savais faire.

Après notre rupture, je m'étais rabattue sur l'homme qui semblait être le plus enclin à satisfaire un désir immédiat : Kyle Sullivan... mais je m'étais rapidement amourachée de sa sœur, Everleigh. Et puis le temps avait passé je suppose. Si je ne pensais pas à mon ex c'est parce que je voulais effacer ce souvenir douloureux de ma poitrine, en déniant les évènements passés, je ne voulais même plus y faire référence, mais le fait de la revoir ravivait des souvenirs et douleurs profondes, je la détestais elle aussi. « Tu t'occupes de ma voiture ? » Articulais-je en arquant mes sourcils. Je m'éloignais pour pouvoir téléphoner. Maxime avait été ma colocataire pendant un court terme, et puis elle était partie comme ça, me laissant la caution... j'avais tendance à dramatiser et à lier tous les éléments entre eux, n'empêche que je me sentais abandonnée... par tout et tout le monde. J'étais une bonne poire, on me prenait, on jouait et on me balançait, comme ça sans scrupule. Cassidy, ma tante richissime qui m'avait hébergée depuis quelques années, pas beaucoup, depuis mon entrée à la fac, au manoir avait accepté de me payer un appartement si je prenais une collocation, et aujourd'hui elle me croyait responsable du départ de Maxime... dans tous les cas, j'avais oublié de lui préciser que comme personne ne payait sa part, on risquait de m'expulser, c'est ce pourquoi je décidais d'appeler et profitais de cette occasion pour détourner les yeux d'une jeune femme qui me faisait toujours autant d'effet.

« Salut c'est moi. Depuis que Max' est partie, j'ai oublié de dire à Cassidy que personne ne payait sa part, tu crois que tu pourrais m'avancer ? Non parce que Cassidy est partie en voyage avec Eversman, je ne sais pas trop quoi, oui, Matt Eversman » Tout le monde se connaissait, ça m'énervait. « Là ? Je suis en panne sur une route paumée et je me gèle ! Comment ça tu t'en fous ? On sors pas ensemble toi et moi déjà ? Tu veux pas venir me chercher ? Ah ouais, j'entends un truc derrière toi et je peux te dire que... » Il me raccrochait au nez. Je me retins de jeter mon téléphone par terre car c'était mon seul moyen de communication en cas de problème... je revins donc sur mes pas pour lâcher. « Tu crois que tu vas pouvoir régler le problème sur place ou pas ? Parce que... personne peut venir me chercher. » Marmonnais-je en regardant ailleurs, me sentant ridicule et... seule.

On ne peut vivre que le présent...
Pourtant, le passé revenait à la charge et en beauté. Les attitudes d'Ambre en auraient sans doute fasciné plus d'un, ce genre de mecs qui restent bouche-bée comme un idiot. Non, Jess ne voulait pas ressembler à ce genre de loubards. Elle secoua la tête afin de reprendre ses esprits. Ambre avait beau être son ex, elle était une cliente et il fallait s'occuper de son cas.
« Alors t'as obtenu ton diplôme ou t'as abandonné tes études ? »
" Oui, j'ai eu mon diplôme et je travaille. Si j'avais abandonné, je ne travaillerais pas. "

Toujours aussi "rebelle", à ce que je vois. Ambre avait grandit et présentait de nouveaux traits au niveau du visage, qui l'embellissaient. Cependant, son caractère de chieuse était encore là. Ça se voyait. Et ces fameux traits donnaient encore plus de dureté à son caractère. Une vrai gamine ! Une vrai gamine mais elle me rend toujours aussi folle.
Cette façon de parler, donnait à Ambre, un côté dominant. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle savait dominer avec tout le monde. Avec son peu d'expérience, elle pourrait se tenir. Mais non, mademoiselle a un caractère de con ! En fait, elle n'a pas changé ! Sauf que maintenant, je ne peux pas affirmer qu'elle n'a couché avec personne. Ce côté "nana supérieure" pouvait être vrai cette fois, qui sait ? Ambre reste quand même une belle parleuse...


« Tu t'occupes de ma voiture ? »
Jessica la regarda avec interrogation. Si elle avait pu lui répondre avec méchanceté, elle aurait dit : " Non je suis venu là pour jouer aux billes ! " ou encore " Ca va, j'arrive ! De toute façon tu ferais quoi sans moi ? "
Mais la garagiste ne répondit rien. Elle était du genre à rester calme dans ce genre de situation. Les gens ont pour habitude de se dire que le client est roi, alors ils ont tendance à ne plus se sentir péter.
Jessica ouvrit le capot de la voiture et commença à examiner le moteur, ainsi que la batterie. Elle se cambra de manière à laisser voir son string qui dépassait de son jean. Bien sûr, elle ne le fit pas exprès, elle était simplement en train de travailler. Au bout de deux minutes seulement, elle trouva le problème.
" Oui, c'était bien ce que je pensais ! Ta voiture n'a plus de batterie. Et tu as dû forcer pour qu'elle redémarre ou avance encore quelques mètres. Enfin je suppose. Vu la façon dont elle fume... Enfin, ça va se calmer, mais je ne peux rien faire pour ta voiture. Il faut que tu achètes une nouvelle batterie et que tu reviennes l'installer ici. "
« Tu crois que tu vas pouvoir régler le problème sur place ou pas ? Parce que... personne peut venir me chercher. »
" Je peux régler le problème sur place, mais demain... il est presque minuit... je peux te déposer chez toi, et je viendrais installer la batterie demain, sur ta voiture. Je tirerais ta voiture jusqu'au garage. Tu auras juste à venir la chercher et à payer la facture.

Jessica restait professionnelle bien qu'Ambre la perturbait. La robe qu'elle portait mettait superbement bien ses formes en valeur. Les souvenirs revenaient peu à peu. La garagiste frotta ses yeux. Les souvenirs combinés à la fatigue ne lui faisaient pas du bien. Il faut dire qu'elle travaillait depuis 10 heure ce matin. Elle ajouta timidement.
" Si tu habites toujours à la même adresse... le garage est juste à côté. "
La garagiste passa une main dans ses longs cheveux bruns. Les souvenirs la bousculaient tellement... Elle prit son paquet de cigarettes qui se trouvait dans la poche arrière de son jean. Avec son zippo, il alluma sa clope tout regardant Ambre qui s'apprêtait à lui répondre.
Fumer restait la meilleure façon de se détendre...

[Merci pour tous les liens que tu as mit, ça m'a beaucoup aidé à comprendre... ]

" Je peux régler le problème sur place, mais demain... il est presque minuit... je peux te déposer chez toi, et je viendrais installer la batterie demain, sur ta voiture. Je tirerais ta voiture jusqu'au garage. Tu auras juste à venir la chercher et à payer la facture. " « J'enverrais quelqu'un pour payer la note, merci. » Répondis-je, peu amène et peu encline à la retrouver dès le lendemain. Cette assurance se dissipa alors qu'elle poursuivait sa phrase, dans des accents doux et bienveillants qui furent pour moi comme quelque chose d'attirant et de touchant, idiote, pensais-je, j'ai vraiment un cœur d'artichaut... « Heu non, désolé je... j'ai déménagé, j'ai un appartement maintenant. » Annonçais-je non pour me vanter mais d'une voix profondément douce et aimable. Voilà ce qui m'avait séduit chez elle, sa douceur et sa fougue... rien qu'à la regarder dans sa gestuelle... je m'étais mille fois imaginée qu'on ferait l'amour, qu'elle me prendrait là, comme ça, sans me prévenir... et soudain, prise d'une frénésie, les mots me brulèrent les lèvres. Alors qu'elle commençait à fumer, parce qu'elle ne pouvait rien faire d'immédiat pour ma voiture, je dis : « Je ne suis plus vierge. » Cette confession me brûla les joues et je rougis derechef, honteuse. Je ne su ce qui me poussais à lui avouer la vérité, peut-être découvrir sa réaction à chaud ou voir si elle tenait encore à moi... J'avais avoué à Jessica que j'étais vierge au cours de notre relation, si bien que le fait de la croiser tous les jours à l'université m'avait agacé, mon statut de jeune étudiante délurée en aurait prit un coup, peut-être est-ce la raison pour laquelle je m'étais acharnée à lui montrer qu'il ne fallait pas qu'elle révèle mes secrets en même temps que lui faire payer notre rupture. Même si j'avais rougis, je tentais de garder un visage digne et la toisais, peut-être trop hautaine même si ce n'était qu'un masque visant à me protéger, dans l'espoir de voir ce que cette confession lui provoquerait, peut-être rien cela dit mais la curiosité nous pousse à aller toujours plus loin, même si le moyen d'y parvenir est d'aller de vérité en vérité...

« Par contre, je veux bien monter dans ta voiture, je meurs de froid. » Dis-je en frissonnant et sans attendre son approbation, je me glissais sur le siège passager de la voiture, attendant qu'elle finisse sa cigarette non seulement en l'observant mais en me rappelant à quel point ce regard m'avait fait chavirer. Sans demander d'autorisation non plus, je montais le chauffage et regardais peu à peu mes membres reprendre une couleur normale et la teinte rosée qu'habituellement faisait ma couleur, bien plus jolie que le vert, le bleu ou le gris. Jessica me déstabilisait, je n'avais pas prévu de la revoir ni même de lui reparler de quelque manière que ce soit et même de façon fictive sur internet ou au téléphone, la surprise des plus troublantes provoqua en moi une vague de souvenirs et le goût amer de notre dernier baiser sur mes lèvres ainsi que la dernière caresse sur mon visage et aussi douloureuses qu'elles fussent, les larmes salées qui avaient coulées jusqu'à mon menton. C'était la première fois que je m'étais adonné à un tel déballage de sentiments, j'avais soudainement réalisé que j'étais tombée amoureuse et regrettais alors de n'avoir jamais pris l'occasion de lui dire et le temps avait passé, trop fière pour lui avouer que je l'aimais et trop blessée pour tenter de la récupérer.

On ne peut pas faire comme si qu'on ne s'était jamais vu. On s'est connu, on a eu une relation ensemble ! On est restée 6 mois l'une à côté de l'autre ! Je l'ai aimé cette fille ! Mais pourquoi me dit-elle des choses pareilles ! Pourquoi est-elle si crue, si franche, si... débordante ! Je ne lui ais rien demandé et encore aujourd'hui, je ne lui demande rien !


Jessica regarda son ex compagne avec de grands yeux ronds. Elle ne s'attendait pas du tout à cette révélation, ni même pourquoi Ambre avait joué cette carte. Celle-ci s'imposait, mais elle offrait toujours cette image de gamine aux yeux de Jess. Le problème, c'est qu'elle venait de dire qu'elle n'était plus vierge. La garagiste repensa au passé, elle qui aurait tant voulu être sa première fois. Elle fut blessée, mais rien ne sortit de sa bouche. Jessica préférait rester sans émotion. Elle ne dit rien et finit durement sa clope avec dégout.

Arrivée dans la voiture, elle s'installa côté conducteur. Il faisait déjà bien chaud dans la voiture, c'est pour cette raison qu'elle retira sa veste en jean pour la jeter à l'arrière du véhicule.
" Ok. "

Jessica posa ses mains sur le volant, prête à passer la première pour partir, puis elle s'arrêta net. La jeune femme se tourna sur le côté pour se retrouver face à son ex.
" Mais Ambre, pourquoi tu me fais ça ? C'est quoi ton problème ? Je veux dire... pourquoi tu me sors ça ? Tu veux que je te saute dessus parce que tu n'es plus vierge ? "

La garagiste la regarda un moment. Même si elle venait à peine de jeter sa clope, elle en ralluma une après avoir entrouvert sa fenêtre.
" On ne peut pas dire qu'on ne se connait pas. Ca me surprend autant que toi de te voir... Mais... mais voilà ! Le hasard ne fait peut être pas bien les choses... et j'en suis désolée. Mais je ne fais que mon travail. "

« Et c'est tout à ton honneur, tu vas réparer ma voiture, je vais te payer, pas de quoi argumenter. » Répondis-je d'un air faussement détaché. Néanmoins elle semblait vraiment déroutée, perdue et à la fois blessée, quelque chose la chagrinait et je ne pouvais me résoudre à comprendre que j'en fus la raison et peut-être interprétais-je mal les choses. Ses accents semblaient fous et son regard croisa le mien lorsqu'elle se mit de côté pour me faire face. « Pas du tout ! » Quoi que. Coucher avec elle était tentant, mais me ramènerais en arrière là ou j'avais tenté d'avancer pour tourner la page. « C'est toi qui a un problème ! » Répliquais-je réalisant que cette réponse n'avait aucun sens et qu'elle relevait plus des pics adolescents lorsqu'ils ne savent pas argumenter qu'autre chose. Agacée, je finis par dire. « Je ne sais pas pourquoi je te l'ai dis mais ce qui est dit est dit, c'est tout. » Jessica se mit alors à fumer, une fâcheuse habitude qu'elle avait pour s'aérer l'esprit ou faire face comme moi je me servais de mes atouts physiques si il s'avérait que je ne savais pas comment réagir.

Je décidais de lui prendre une cigarette, tentée par une nouvelle expérience, aussi stupide soit-elle et rapprochais la mienne de la sienne pour l'allumer, la toisant du regard sans la quitter des yeux, comme pour lui montrer que j'avais gagné en maturité, que je n'étais plus la gamine qu'elle avait connue et que c'était tant pis pour elle, voire bien fait pour elle. Je me souvins avoir fumé quand je fus adolescente mais les années avaient passées et j'avais arrêté naturellement, toutefois je trouvais le goût sec et sans réel goût si ce n'est que cet air toxique me remua l'estomac. « Je n'ai pas dis que je n'étais pas ravie de te voir. Je n'ai juste pas mentionné que ça me faisait rien. » Mentis-je sans grande difficulté, l'observant à travers mes cils et me servant de la douleur pour lui en donner un peu, comme un juste retour des choses. J'agissais encore comme une gamine immature mais ça m'importait peu, j'étais très rancunière et j'avais surtout une excellente mémoire. Nos baisers interminables dans sa voiture, la mienne... ma maladresse qu'elle reconnaissait à deux mètres et son rire à n'importe laquelle de mes blagues... des souvenirs plus que douloureux remontaient à la surface et je tentais de les éloigner avec la cigarette qui me dégoûtais de plus en plus qu'elle avançait jusqu'à sa fin. Je m'empêchais de tousser, par fierté et me forçais à la finir, preuve que je pouvais prendre sur moi et que j'étais plus qu'une geignarde. « Tu te souviens quand je séchais les cours pour être avec toi ? Ne te souviens-tu pas du jour ou je t'ai offert ce collier en argent avec un cœur ? Rends-le moi ! » Dis-je, plus blessée que jamais, les yeux brûlants de rage et de souffrance. J'avais bien conscience qu'un cadeau ne se reprenait pas, mais nous n'avions jamais pris le temps de nous parler depuis, ni de nous expliquer, j'agissais sous le biais de mes impulsions et n'avais pas voulu avoir d'explication, trop blessée à vif pour les entendre. C'était comme si je profitais de ce jour pour régler mes comptes.

Jessica la regardait avec de grands yeux. A vrai dire, elle se posait pleins de questions et ne comprenait pas pourquoi Ambre se comportait ainsi.
" Tu es vraiment méchante et blessante ! Mais pourquoi tu te comportes comme ça ? "

La garagiste était vraiment outrée. Elle n'avait rien dit, rien ajouté à ça. Pourquoi Ambre lui en demandait autant. A croire que tout était de sa faute ! Certes, Jessica l'avait largué, mais cette année là, son ex n'avait pas l'air de l'aimer. Quel est donc le problème ? Regrettait-elle pour en arriver là ?

Le collier avec un coeur ? Alors là s'en était trop.
" Mais qu'est ce que tu m'emmerdes Ambre ! T'en n'a pas marre de m'en foutre plein la gueule ? Je suis aimable avec toi. Pourquoi tu ressasses le passé ? Tu ne m'aimais pas de toute façon ! "

Jessica jeta sa clope par la fenêtre. Le comportement de son ex la rendait dingue. Elle bouillonnait de l'intérieur. Ambre faisait monter la pression et la garagiste ne supportait pas du tout ça. Elle, qui était de bonne humeur avant de débarquer. Alors qu'elle ne faisait que son simple travail, elle se retrouvait dans une voiture avec son ex petite amie. Le pire, c'est qu'elle n'était pas obligée de la ramener finalement !

" Pourquoi tu me dis ça ? Et pourquoi tu fumes, tu ne l'a jamais fait avant. Finalement tu n'as pas changé... Tu es encore plus mignonne qu'avant, mais niveau caractère... toujours aussi fine à ce que je vois. "
Jessica la regarda une dernière fois dans le blanc des yeux avant de reprendre sa place initiale. Elle desserra le frein à main puis passa la première pour démarrer. La jeune brune regarda dans l'angle mort avant de partir puis se lança sur les petites routes de campagne. Plus vite Ambre sera chez elle, plus vite Jessica pourra retourner dans son appartement. Elle avait envie de rentrer et de tout oublier. Enfermée dans cette voiture avec son ex, elle ne pouvait plus évacuer. Et puis, elle avait envie de le garder ce collier ! On n'était plus en primaire là, merde !

« Méchante et blessante ? C'est pas l'hôpital qui se fout de la charité là ? » Je ris, nerveusement, piquée à vif. Elle osait m'accuser de méchanceté, elle, elle qui m'avait fait terriblement souffrir et sans aucun scrupule ? La situation était comique, au delà, risible, voir pathétique. Pourquoi les choses m'atteignaient autant ? « Je m'en fous, rends moi mon collier, vires moi de ta voiture, je marcherai à pied, je veux juste que tu me le rendes ! » Dis-je en haussant la voix comme si dans l'espace confiné d'une automobile, hausser la voix changeait quelque chose, comme si en fin de compte, elle ne m'entendait pas avant.

Elle desserra le frein à main et démarra, passa en première avant de prendre la route de campagne, en colère, elle aussi. « Tu ne sais même pas ou j'habite, allô ? J'ai déménagé, tu te souviens ou t'es bouchée ? » J'étais trop impulsive, je ne pouvais pas me contenir, cette rage, cette haine, cette souffrance que j'avais gardé depuis si longtemps devait ressortir. Je suppose que le déni ne fait que masquer les évènements et que tôt ou tard, ils finissent par remonter à la surface, faisant voler en éclat une réalité pour laquelle nous avons tenté de faire quelque chose, avancer et se rendre soudainement compte que nous sommes au même point qu'au départ. " Pourquoi tu me dis ça ? Et pourquoi tu fumes, tu ne l'a jamais fait avant. Finalement tu n'as pas changé... Tu es encore plus mignonne qu'avant, mais niveau caractère... toujours aussi fine à ce que je vois. " « Je n'ai pas changé je te signale ! Ça fait six mois et douze jours qu'on ne s'est pas vues, tu te rappelles ? » Je découvris alors que je me souvenais parfaitement de la date à laquelle nous nous étions vues, pire, que j'avais, inconsciemment compté les jours qui me séparais de la belle Fowles. Je me mordis les lèvres et me rappelais, elle bien dit mignonne ? Je fus arrêtée dans mon élan pendant quelques secondes avant de répondre : « Quoi, ça te déranges que je fume ? Que j'ai avancé ? Et pour information, c'est toi et toi seule la fautive, si ça te fais souffrir tant pis, je m'en fiche, c'est légitime et c'est mon droit ! Toi en revanche tu n'as pas le droit de... » Je sentis mes yeux briller et détournais les yeux. Aux désirs violents des fins violentes, j'avais finis par comprendre ce proverbe. « Tu sais quoi, arrête toi sur le bas côté, je finirais à pied ou je ferai de l'auto-stop. Tu vas bien finir par m'abandonner en chemin de toute manière. » Dis-je dans un murmure qui se termina en un chuchotis à peine audible.

Elle freina alors en appuyant comme une demeurée sur le frein et j'eus soudainement peur. Pas peur d'elle non, je savais qu'elle ne me ferait aucun mal, je ne savais même pas si elle aurait été capable de me mettre une gifle, mais peur d'entendre des choses douloureuses qui, six mois plus tard me remettrais à ma place en me rappelant que je n'avais ni avancé, ni murit, ni tiré un trait sur de vieux souvenirs. Elle me révéla alors qu'elle ne m'avait pas oublié, ni dans son esprit, ni dans son cœur. Comment devais-je interpréter cela ? Est-ce qu'elle... m'aimait toujours ? Ou utilisait-elle un jeu de mots destinés à me faire comprendre que ce qu'elle n'avait pas oublié c'était nos souvenirs et rien d'autre ? Ses paroles réveillèrent en moi une vieille sensation oubliée, évanouie, une chaleur soudaine dans ma poitrine me réveilla du choc et je restais là, sans rien faire à la regarder plonger sa tête dans ses bras. J'étais dépitée, ahuri par cette révélation mais troublée, si troublée que je ne vis pas qu'elle enlevait mon collier, son collier à contrecœur et avec difficulté mais le récupérais sans le regarder d'un geste mécanique, étudié, et le ramenais près de ma poitrine avant de baisser la tête pour le regarder sans mot dire avec le souvenir pénétrant du jour ou je lui avais offert, le jour ou, sans lui avoir dit, j'aurai dut comprendre qu'il symbolisait plus qu'un profond attachement et que je lui donnais mon cœur dans cet objet précieux. Je le touchais, l'effleurais et me sentis idiote, cruelle, lui ayant offert de la méchanceté gratuite, lui ayant demandé de me redonner un cadeau, un cadeau que j'avais choisi avec amour.

« Il n'est même pas abimé... » Articulais-je moi aussi, le cœur au bord des yeux. Sa petite voix m'interpella et je reconnu dans ses accents qu'elle avait pleuré, ses yeux rougis me confirmèrent cette hypothèse et je sentis monter en moi du remord, une vague de remord. Jessica était une battante, une dure à cuire et savoir que j'avais provoqué ses larmes me faisais mal, je me sentis plus que coupable. Quant à son visage blanc et livide, il me glaça sur place. « Je... je ne sais pas précisément je... j'ai toujours eu un sens déplorable de l'orientation... je n'ai pas déménagé il y a longtemps et je... » Une fois de plus, je me sentis bête. « En fait, mon appartement ressemble plutôt à un dépotoir, je n'y suis pratiquement jamais, je n'y dors même pas la moitié de la semaine. » Mes oreilles rougirent sous l'effet de la culpabilité et s'enflammèrent alors, j'ânonnais : « Je suis désolé je... je ne savais pas que ça te toucherais autant je... je pensais que tu t'en fichais après tout. Je... tiens ! » Je lui tendis maladroitement le collier comme pour m'excuser mais savais qu'elle allait probablement le refuser, donné comme cela après l'avoir repris de force, ça ne donnait pas très envie en fait. Je croisais son regard et mourrais envie de la toucher, de caresser son visage, de la prendre dans mes bras pour me repentir mais me retins par pudeur. De plus, bien que je n'eus pas peur d'elle, je n'excluais pas la perspective d'un refus et mon cœur avait déjà suffisamment supporté pour se permettre d'avoir encore un raté.

Jessica n'avait vraiment pas le coeur à jouer la gamine. Ambre était vraiment en train de se foutre de sa gueule et royalement. La jeune brune se reprit. Elle souffla un bon coup puis reprit ses esprits. Son ex voulait lui rendre ce collier. Elle la regarda avec stupeur.
" Tu te fous de ma gueule ou quoi ? "

Après ce qu'elle venait de déballer, elle s'attendait pas ça. Ambre était vraiment une gamine de première classe. Dire qu'elle habitait dans son propre appartement pour finalement ne pas y habiter ? La garagiste ne comprenait rien à son histoire. Cette fille n'était vraiment pas stable, elle n'avait donc pas changé.
" Écoute Ambre, je n'ai pas besoin de ta pitié... "
Jessica repoussa la main de son ex compagne.
" Gardes ton collier. C'est finit entre nous, tu n'as pas envie de revenir dans ma vie. Donc gardes le ton coeur, il ne m'appartient plus. Et puis je pense qu'il ne m'a jamais appartenu de toute façon... Je suis qu'une imbécile. Je n'arrête pas de me répéter que tu es une gamine et que je n'ai aucune chance avec toi, mais mes sentiments me trahissent. J'en ais marre. Alors putain, dis moi où tu habites, une bonne fois pour toute ! Je vais te raccompagner et on oublie ce qui vient de se passer. "

Jessica aurait voulu en dire plus, mais elle tue. Elle aurait aimé lui dire qu'elle serait sans doute la seule à se prendre la tête sur cette histoire. Ambre en avait sans doute rien à foutre de tout ça. La garagiste regarda son ex. Son regard était plein de tristesse. Pourquoi arrivait-elle à tout, sauf à oublier cette fille. Jessica en avait marre, elle était désespérée.

« Je... non bien sûr que non... » Je ne me foutais pas d'elle... bon peut-être que je l'avais fais mais ce n'était pas le cas maintenant et elle semblait s'être totalement détachée du collier... ou de ma pitié, mais je n'avais pas de pitié à son égard, juste la peine d'être en face d'elle et de voir sa douleur me gicler en plein visage. Je la fixais avec incrédulité, moi aussi je pensais à cet instant précis qu'on se jouait de moi. Elle repoussa alors ma main et je plissais les lèvres, dépitée, regardant dans ma main un cœur en parfait état de conservation, brillant et me toisant lui aussi avec incrédulité. C'est fini entre nous résonnaient dans mon esprit comme un écho terrible, me procura un mal de crâne atroce, je détestais ces mots, je ne les supportaient pas, ils ne faisaient qu'engendre une rage naissante et un profond dégoût pour l'homme. A quoi bon se mettre en ménage pour finir par entendre cette phrase inlassable et cruelle que l'on jette comme un tchao pour dire au revoir... je compris alors qu'elle m'aimait encore mais je n'eus pas le courage de lui dire que ses paroles me touchèrent, seules quelques larmes coulèrent sur mon visage à mesure que ma poigne se refermait sur le collier en argent, moi non plus, je n'étais pas prête à tirer un trait sur notre histoire. Elle en avait marre et ajoutait ses propos un putain, pour me forcer à lui donner ma nouvelle adresse afin qu'elle me reconduise et qu'elle puisse me jeter hors de sa voiture comme une malpropre. « Non, non je ne te donnerai pas mon adresse... » Dis-je entre deux larmes que je tentais de ravaler, ce fut un échec.

« Tu as raison, je suis une gamine et c'est pourquoi tout le monde m'abandonne, j'ai compris. » Dis-je, lèvres toujours retroussées, mâchoire serrée pour retenir un sanglot. « Tu n'es pas une imbécile. » Ajoutais-je en croisant son regard. J'entrepris de relâcher la pression sur le collier pour le mettre à mon tour et laissais pendre ce cœur sur mon cou pour ne plus le quitter. Il me rappellerait chaque jour un peu plus à quel point elle m'avait tuée ce soir. Je décidais de me sauver et prit mon courage à deux mains pour lâcher. « Si je te déplais autant, tu aurais dut rompre avec moi avant, je suppose que tu voulais faire durer le plaisir. » Je n'arrivais pas à la regarder dans les yeux alors j'esquivais en regardant mes pieds, la cigarette avait commencée à laisser une emprunte peu gracieuse sur ma veste et j'en profitais pour ouvrir la portière, dans l'espoir le plus idiot de faire le reste de la route à pied, sur la neige, dans le froid et dans la nuit rien que pour la laisser tranquille et m'éloigner de son emprise et de son visage de feu. « A cause de ton travail, tu te sens obligée de me ramener mais je préfère faire chemin seule que rester une seconde de plus dans la voiture de quelqu'un qui me dénigre autant. Tu as raison, je suis trop immature pour toi, c'est ce qui t'as poussé à me laisser tomber comme ça, sans scrupule. » Je n'avais pas crié juste prononcé ces derniers mots à demi-mots avant de sortir complètement de la voiture et d'être surprise par le froid glacial. Il faisait environ -15°C dans le Kansas et ces températures me glacèrent les os.

Comme ce fut prévisible ! Jessica sortit de la voiture pour me retenir et m'attraper par le bras. Malgré cela, le geste me touchais, elle qui, énervée, agacée et tout ce qu'elle voulait aurait put partir en se disant bon débarras était restée et voulait ramener Ambre chez elle. Elle me demanda une nouvelle fois mon adresse et je ne la lui donnais toujours pas, non par crainte du harcèlement mais pour faire durer le plaisir à ma façon, profiter un peu d'elle et de sa présence, attendre avant qu'elle ne me ramène chez moi, m'offrant un retour à la réalité douloureux. Elle caressa mon bras et je fermais les yeux, me rappelant ce que j'aimais autant chez elle. Changeant subitement de voix, ce revirement me troubla, m'attendrit presque et je me séparais de cet air sévère que je lui avais montré durant le trajet pour laisser place à de l'innocence et à du regret. Le silence s'installa pendant quelques secondes avant que je ne sentis son regard me dévisager de haut en bas avec douceur. " Il te va bien ce collier... " « Je le préférais sur toi. » Je séparais sa main de mon bras pour me mettre vraiment en face d'elle et la regarder avec le plus franc des intérêts.

« Je suis désolé de te l'avoir demandé... c'est... c'était immature mais je ne supportais pas te voir avec sachant que tu m'avais quittée comme ça... comme un rien... » Je baissais la tête comme une fillette en faute voulant à se faire pardonner. « Un cadeau c'est un cadeau. » Ajoutais-je dans un faible sourire. Je le détachais de mon cou et vins enlacer mes bras autour de son cou, tremblant de froid, pour l'attacher de nouveau sur le sien dans un geste méticuleux, lent et hésitant, peur qu'elle me repousse de nouveau ou qu'elle le refuse. « J'aime bien l'idée de le savoir avec toi, je sais que tu prends soin de ce que je te donne. » Murmurais-je près de son visage alors que j'accrochais le collier à son cou. Mes mains se gelant alors, je commençais à ne plus sentir ni le bout de mes doigts, ni le bout de mes orteils, ce qui me fis grimacer. « Je suis désolé... mais ça ne t'ennuies pas, je préfère rentrer dans la voiture, je meurs de froid. » Je n'avais pas détaché mes bras de son cou et la regardais à présent dans les yeux, plongeant mon regard bleuté dans le sien et m'enflamma dans notre échange.

Jessica la regardait, troublée. Elle se rappelait du passé, de tout ce qu'elle avait pu vivre avec Ambre. Lorsqu'elle s'assura que ce collier allait lui manquer, son interlocutrice vint lui remettre au cou. Et ça, c'était le geste de trop. Ambre la prenait par les sentiments et Jess ne pouvait pas penser à autre chose qu'au passé. Elle murmura alors :
" Oui je me souviens quand tu séchais les cours pour moi... "
Elle avait très envie de passer ses mains sur sa taille, de lui caresser le dos, de l'embrasser, de...

Jessica n'osait pas la regarder dans les yeux. Elle repensait au passé. Le pourquoi de leur rupture. La garagiste avait peur de se faire avoir à nouveau. Ambre l'aimait-elle ? La jeune aurait tout recommencer si elle avait pu, mais elle avait peur. Elle avait peur de tout et de rien. Timidement, elle finit par poser ses mains sur la taille d'Ambre pour l'enlacer contre son corps. Elle ne laissa pas ses mains dériver, c'était trop tôt. Cela ne l'empêcha pas de savourer ce moment. Le passé revenait en force tout comme ses sentiments. Elle n'avait jamais été aussi bien depuis qu'elle avait largué son ex compagne. Ses 6 mois avaient été un vide profond dans lequel, elle n'avait rien trouvé pour être plus heureuse que maintenant...

Ambre avait l'air de trembler sous ses doigts.

" On va se mettre au chaud dans la voiture. Je suis d'accord... "

Jessica relâcha doucement Ambre à contre coeur pour retourner dans la voiture. Instinctivement, elle prit sa veste qui était à l'arrière de la voiture. Une fois à la place conducteur, elle tendit le vêtement à sa compagne qui se trouvait à la place passager.

" Tiens... tu seras mieux avec ça... "

La garagiste n'osait pas faire le premier pas. Elle ne fit que contempler Ambre avec amour. Oui, tout revenait, elle l'aimait toujours, elle le savait très bien. Mais le caractère de son ex petite amie l'effrayait toujours autant. Jessica avait besoin d'une compagne, mais une femme qui se comportait comme une adulte, et non une enfant...
Finalement, elle murmura quelques paroles qui voulaient tout dire.
" Tu... tu veux toujours rentrer chez toi ?... "

Elle attrapa ma taille de ses mains douces et agréables bien que je n'en sentis qu'une pression à travers la faiblesse de ses gestes sur mes vêtements, dans le but de me rapprocher d'elle et d'échanger une étreinte qui nous rapprocha de nouveau elle et moi et nous rappelant à l'une comme à l'autre ce passé commun qui avait été bafoué durant ses six mois passés, dénié par moi et sûrement aussi douloureux que cet instant pour moi, pour elle.

Assises à l'intérieur du véhicule, elle prit une veste qu'elle me tendit instinctivement que j'acceptais aussi naturellement qu'auparavant. Jessica avait toujours été attentionnée envers moi, bienveillante mais jalouse et possessive ce qui n'était pas sans m déplaire bien que chaque extrême pouvait se trouver insupportable. Malgré tout chaque geste me rappelais à quel point j'avais pu être heureuse et m'attendrissait encore plus. Enfilant le vêtement, j'esquissais un sourire, heureuse de pouvoir me réchauffer et remarquais que mon ex-petite amie me regardais avec douceur... avec amour. Je lui offrais un petit sourire sincère et me voulais aussi douce que son regard. Elle me manquait. Ses attentions me manquaient, ses étreintes et ses tendres baisers sur mes lèvres. Bien sûr que j'avais éprouvé ce genre de choses avec Everleigh et le fait d'avoir coucher avec elle me donnait à réfléchir mais il fallait que je me fasse une raison, celle-ci était en couple avec Matt Eversman et cette relation sexuelle bien que ma première fois, ne devait pas signifier grand chose pour elle, bien que je l'avais cherché, elle l'avait quand même trompé sans scrupule et sans parler de lui de toute la matinée. Il fallait me faire une raison, et Jessica était là, aimante et attentionnée... quoi de plus ? Que demande le peuple ? Je n'étais pas dépendante d'une relation amoureuse, juste d'une personne capable de m'apprécier à ma juste valeur, de savoir qu'on est la personne la plus importante pour celle qu'on a choisi et qu'en principe, celle-ci ne nous abandonnera pas... les amis étaient très importants pour moi mais il fallait se rendre à l'évidence : les amis ne font pas leurs vies avec vous, ils ne se marient pas avec leurs amis, ils vivent leurs vies et voient s'ils ont de la place pour autre chose que leurs propres vies et cette théorie se vérifie quelques années plus tard.

" Tu... tu veux toujours rentrer chez toi ?... " Cette question irrésistible ne pouvait engendrer un refus de ma part. J'essuyais mes larmes et acquiesçais de la tête avant d'exclamer un rire léger signifiant que nous pourrions reprendre à zéro cette rencontre et agir telles des adultes, en discutant avec maturité et non plus en faisant un méli-mélo dramatique ponctué de larmes et de départs précipités. J'en profitais pour me regarder dans le rétro-viseur et soupirais. « C'est fichu maintenant, ça a coulé... » Ce n'était pas vraiment superficiel, juste une constatation accompagnée d'un sourire franc et léger. « Et rectification : je pense qu'il m'allait mieux à moi. » Dis-je pour la taquiner.

« C'est fichu maintenant, ça a coulé... »
Jessica regardait toujours Ambre avec tendresse. Elle passa son pouce sur ses lèvres pour le mouiller du bout de sa langue, et vint le passer sous les yeux de son interlocutrice. Elle voulait lui retirer le maquillage qui avait coulé. Jess le faisait avec délicatesse. Doucement, le maquillage disparu sous le doigt de la garagiste. Celle-ci redécouvrait la peau d'Ambre. Cette douce peau qu'elle avait pu caresser il y a 6 mois. Celle à qui elle n'a jamais eu la chance de faire l'amour.

La jeune brune retira doucement son pouce pour écouter son ex petite amie qui la taquinait. Jessica lui répondit d'un sourire amusée. Elle avait surtout envie de lui sauter dessus. Mais malheureusement, il y avait toujours ce petit malaise qui prenait place dans la voiture. C'était cette raison pour laquelle elles venaient de se disputer. Jess baissa les yeux vers le levier de vitesses.
" Je suis désolée pour ce que je t'ai fait... Je... "

La garagiste cherchait ses mots, elle se sentait vraiment stupide. Les larmes recommencèrent à monter. Sa voix devenait fébrile et tremblante.
" J'ai été conne et trop jalouse... J'en suis désolée. Je t'ai fait beaucoup de mal et je m'en excuses. Je t'ai perdu bêtement, je t'ai largué bêtement... "
Jessica prenait sur elle, mais n'osait pas regarder Ambre dans les yeux.
" Je t'aimais comme je n'ai jamais aimé quelqu'un... et... et j'avais l'impression que ce n'était pas réciproque... j'en avais marre de me rendre dans des états lamentables lorsque j'étais jalouse... Je me rendais malade pour rien et comme j'avais l'impression que tu ne m'aimais pas et bien j'ai... j'ai décidé d'arrêter notre histoire.... "

Jessica voulait s'expliquer. Le hasard avait bien fait les choses finalement, puisqu'elles pouvaient enfin s'expliquer sagement. Personne n'était là pour les déranger. C'était le meilleur endroit pour s'expliquer, bien qu'il faisait froid dehors et que le temps n'était pas au rendez-vous. Certes, il était minuit et demi, mais il n'y a pas d'heure ni de jour pour retrouver son ex.
La jeune brune regarda de nouveau son ex avec un regard remplit de regret.
" Moi aussi j'ai été une enfant finalement... "

Jessica espérait que les choses allaient changer. Elle espérait qu'Ambre lui pardonnerait.

D'un geste tendre, elle essuyait le maquillage qui avait coulé de mes yeux et je la remerciais du regard. J'aimais sa douceur, sa tendresse innée, ce regard attentionné qu'elle pouvait avoir en me regardant moi, comme si j'étais la fille prodigue et qu'elle ne me méritait pas et je ne compris pas ce regard, je souhaitais qu'elle me dise de quoi il en retournait et ce qu'elle pensait à cet instant précis mais chacun devait conserver son jardin secret et je respectais poliment cette distance, ne pouvait m'empêcher de la fixer, elle et ses beaux yeux. Celle qui était si courageuse baissa alors ses yeux pour regarder le levier de vitesse et se confondre en excuse, les excuses que j'attendais depuis si longtemps, des mots simples qui me procurèrent soudainement une sensation de bien-être, un soulagement agréable et une sensation de liberté qui me ravis. Je pouvais donc dès à présenter avancer dans la vie avec la certitude que nous pouvions toutes deux avancer, oubliant presque qu'elle m'avait avoué ses sentiments il y a quelques minutes, ce n'était pas par négligence, mais mon esprit pouvait rapidement être accaparé par autre chose.

Sa voix devint fébrile et tremblante, j'avançais ma main pour relever son visage et vis ses yeux briller, toutefois elle avait ce besoin de parler que je ne pouvais refréner et je m'occupais de le satisfaire en l'écoutant comme jamais personne ne l'avait écoutée. Elle me regardait toujours pas et je décidais finalement de respecter cela aussi, quittant son menton de ma main pour m'assoir plus confortablement.

« Et bien, je ne sais pas quoi te dire Jessica... » Répondis-je en toute honnêteté, touchée par ses paroles qui m'allaient droit au cœur et restaient dans mon esprit résonnant de toutes leurs forces pour me diriger dans sa direction. Elle me lança un nouveau regard, remplit de regret qui me pincèrent le cœur et avoua qu'elle aussi avait été une enfant, à rompre s'entend, je l'avais immédiatement compris. « Tu avais tort. Tu comptais pour moi mais je n'ai jamais été douée pour le déballage de sentiments, je suis désolé, je n'avais pas la maturité nécessaire pour prendre les choses comme elles viennent, tu me connais, je me pose dix milles questions, je fonce tête baisée quand même et... » Je m'arrêtais un instant pour m'assurer que je ne le faisais pas pleurer. « Je pourrais avec facilité redevenir ta petit-amie Jessica mais les choses ne sont plus ce qu'elles sont je... je sais bien que je suis loin d'être la personne la plus mature pour répondre à tes désirs mais le fait que toi aussi tu le pense nous démontre qu'on a rien a faire ensemble... » Cependant son beau visage me fit hésiter. « Je ne dis pas non mais je... si ça doit se faire, je ne veux pas que ce soit aussi facile. Je voudrais apprendre à te re-découvrir, tu vois, comme au début avec des rencards, rendez-vous, tout le toutim tu vois... » Un peu fleur-bleue sur les bords, je le reconnais... « Quand je te disais que je n'étais plus vierge c'était pour te montrer que d'une manière ou d'une autre, ma vie a continuée, tu... tu, je veux dire que tu me plais, évidemment mais... mais tu n'es pas la seule et peut-être conviendrais-je mieux à quelqu'un d'autre... je peux être trop immature pour toi mais convenir à quelqu'un d'autre, tu comprends ? » Je m'étonnais de cet élan de sincérité mais tout comme elle, j'essayais de m'expliquer de façon à ce que nous nous comprenions.

Jessica écoutait Ambre avec attention. Bien qu'elle n'entendait pas les choses qu'elle souhaitait entendre, elle restait de marbre aux explications de son ex petite amie. Si elle avait été plus compréhensive avant, elle n'aurait peut être pas été comme ça maintenant. Les choses n'auraient pas été les mêmes, mais il fallait prendre en compte que Jess n'était pas la seule fautive.
Bizarrement, les choses avaient beaucoup plus d'ampleurs lorsqu'elles venaient de la bouche d'Ambre.
« Quand je te disais que je n'étais plus vierge c'était pour te montrer que d'une manière ou d'une autre, ma vie a continuée, tu... tu, je veux dire que tu me plais, évidemment mais... mais tu n'es pas la seule et peut-être conviendrais-je mieux à quelqu'un d'autre... je peux être trop immature pour toi mais convenir à quelqu'un d'autre, tu comprends ? »
" Je comprends. Ok. "

A vrai dire, elle s'en prenait plein la tronche. Jessica s'en voulait pour tout ce qu'elle avait fait par le passé parce que ça lui retombait dessus. Elle reprit difficilement la parole. Tout d'abord, elle passa doucement sa langue sur sa lèvre supérieure, concentrée sur ce qu'elle allait à dire.
" Tu peux me le dire si tu as quelqu'un dans ta vie. Tu... tu dois sans doute avoir quelqu'un. Je suis stupide. J'imagine... pff. Je suis trop conne. Je viens juste réparer ta voiture et je me retrouve à espérer que tu reviennes avec moi. "

Jess se frotta le front avec une main. Instinctivement, elle prit une cigarette de son paquet et l'alluma. Elle était en train de se remettre en question, tout remettre en question. Elle se trouvait stupide comme jamais elle ne l'avait été. La garagiste retournait la situation dans tous les sens à l'intérieur de sa tête. Elle ressentait comme un vide dans son coeur, le même qu'elle avait ressentit lorsqu'elle avait quitté Ambre.
La jeune brune tira sur sa clope puis recracha la fumée. Elle n'osait même plus regarder son interlocutrice, trop honteuse.
" On va rentrer. "
Dit-elle d'une affirmation en essuyant ses yeux. Elle n'avait pas envie de revenir dans le passé. Réapprendre à connaître Ambre ? Oui, elle se devait de le faire, mais ce n'était pas le moment. Elle ne se sentait pas prête pour ça. Ambre avait sans doute raison. Son caractère n'était pas compatible avec celui de Jess. Au fond, elles n'avaient sans doute rien pour être ensemble... Si son ancienne compagne ne voulait pas faire des efforts pour pouvoir construire une relation... et bien tant pis. Jessica était peut être obstinée, mais elle ne pouvait pas aller à l'encontre de son ex. Il fallait qu'elle se fasse une raison... Et c'était dur d'accepter ça...

Jessica reprit place en face du volant, prête à partir.
Ambre avait doute mieux à faire que de retourner avec une ex avec qui elle est complètement opposée, et qui l'a largué comme merde par le passé. C'était prévisible. Bien sûr que Jessica comprenait, mais elle en souffrait. Elle avait sans doute prit cette étreinte trop à cœur...

La garagiste s'était attendu à une scène d'embrassade, tout ce qu'il y de plus normal après des retrouvailles. Non, faire l'amour dans la voiture relevait du fantasme, il ne fallait pas trop en demander non plus. Mais la réaction d'Ambre l'avait surprise. Jessica s'était déjà trop imaginée de choses. Elle se voyait l'embrasser, là, maintenant. Mais la seule chose que fit Ambre, c'est déclarer, sous forme de sous-entendus, qu'elles n'étaient pas faites pour être ensemble. La jeune brune soupira, déçu. Elle essayait de ne pas le montrer à son interlocutrice en fumant sa cigarette. Mais il faut avouer que son ex compagne commençait à la connaître par cœur. Si elle fume, ce n'est pas pour rien.

Ambre avait donc une nouvelle vie. Elle qui paraissait pour une gamine et une coincée. Quelqu'un avait donc eu la chance de la sauter ? Ambre n'avait jamais voulu se lancer avec Jess, pourtant, il y avait quand même de l'amour là-dessous. Elle devait beaucoup aimer la personne pour s'être laissée aller si loin. Jessica essayait d'imaginer la scène, mais à part se faire du mal, c'est tout ce qu'elle pu tirer de cette idée. La garagiste prit sur elle. Elle posa les mains sur le volant après avoir finit sa cigarette. Elle attendait simplement qu'Ambre lâche enfin cette adresse, car elle en avait marre d'attendre après elle. Encore une fois, elle la prenait comme une conne, mais c'est une chose qu'elle garda pour elle. Cette fille savait la prendre par le bout du nez, alors qu'elles n'étaient même plus ensemble, ça devenait navrant...

Il était difficile d'argumenter, de mettre un mot sur mes sentiments et de m'expliquer le plus clairement possible avec tact, je crois que j'en manquais, pour ne pas la faire souffrir. J'étais liée à elle parce que nous avions partagé une certaine intimité, une proximité et que nier ce passé commun était même irrespectueux envers moi-même, envers la femme que j'avais été et je réalisais soudainement que j'avais avancé d'un grand pas dans ma vie; j'assumais. Du moins, je commençais à assumer, j'étais sortie avec une femme que j'avais aimé, et soudainement cette pensée fut naturelle, pourquoi donc se coller une étiquette, lesbienne, bisexuelle, hétérosexuelle... pourquoi ne se contente t-on pas de la question as tu quelqu'un ?, sans se soucier que cette personne soit un homme ou une femme, que la réponse importe peu et que le sexe n'avait aucune importance en fin de compte. On aime un être et non sa physiologie.

Jessica suggéra que j'eus quelqu'un dans ma vie et répondis elle-même à sa propre interrogation. Et puis elle se dénigra, ce que je ne supportais pas venant d'une femme comme elle et me contentais de répondre, agacée. « Ne dis pas ça... » Et m'avoua ensuite qu'elle avait espéré que je revienne avec elle. Je ne me posais soudainement plus aucune question, ses paroles étaient claires et impossible de faire l'impasse sur ses révélations, mais peut-être avait-elle en revanche, changé d'avis depuis notre discussion houleuse.

Elle reprit une autre cigarette et se mit à fumer, je me remis à ma place. Sa santé ne me regardais pas, je n'étais ni sa mère, ni sa petite-amie pour lui dire d'arrêter de s'abimer les poumons, et habituellement c'était elle la fille franche, parfois qualifiée de grande-gueule. Je détournais le regard et ne remarquais pas qu'elle s'essuyait de nouveau les yeux, geste qui m'aurait rappelé à quel point je pouvais être cruelle parfois. « Store Lane. Je t'indiquerai la suite. » Finis-je par dire, détachée. Je ne l'avais pas vraiment repoussée mais je ne voulais pas retourner avec elle comme ça, comme si nous ne nous étions jamais quittées. Reprendre à zéro était la meilleure chose à faire, nous redécouvrir, nous charmer comme au début d'une relation ou on cherche à se vendre le plus possible pour séduire l'autre, pour que cette personne se rende compte que l'on est... la personne.

Peut-être était-il temps d'avancer dans la vie, d'aller de l'avant en acceptant le passé, les douleurs comme les opportunités. Agir avec plus de maturité et de recul, travailler sur mon impulsivité et mes réactions à chaud, faire plus attention à ce que je pourrais regretter... la voir fumer n'arrangeait pas les choses, c'était signe de préoccupation et Jessica devait en avoir lourd sur le cœur. Mais je ne devais pas me laisser si facilement affectée, après tout, nous avions commencé notre liaison il y a environ un an, restant six mois ensemble. J'étais gênée de savoir qu'à l'époque, celle-ci savait pour ma virginité malgré le fait de me voir ou de m'avoir vue sans cesse charmer les hommes du campus, elle devait me prendre pour une allumeuse... Seulement voilà, je ne l'étais plus et elle devait croire maintenant que je passais à l'acte et vivais pleinement cette réputation de fille facile... être délurée était un trait de ma personnalité et peut-être ce côté un peu folle et impulsive était l'une des raisons qui l'avait poussée à rompre, peut-être mon être entier lui déplaisait...

« J'aimerai qu'on redevienne amies. Maintenant que tu sais ou j'habite... tu pourras me rendre visite de temps en temps. » Dis-je sincère en esquissant un faible sourire. Nous arrivâmes alors devant mon immeuble et j'admirais une nouvelle fois sa beauté mais n'osais pas m'excuser une nouvelle fois pour le collier et me contentais de le fixer sans dire mot. Je déposais un baiser sur sa joue et descendis de la voiture en la remerciant pour le trajet, montant chez moi et décidant de prendre un bon verre d'alcool avant de m'affaler sur mon lit et de m'endormir comme une pierre.