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Jeremiah avait été admis à l'hôpital le 26 juin. Cela faisait plus d'un mois qu'il avait été opéré avec la présence constante de ses amis les plus proches et de sa mère qui avait passé la majeure partie de son temps à le coller, à essayer de coiffer mes cheveux en bataille et de me pincer le ventre pour me dire de manger un peu plus. Finalement rentré chez lui, nous avions eu peu d'occasions d'aller le voir, occupés par nos engagements respectifs bien que nous étions restés en contact. Je l'avais récemment appelé pour des conseils en bricolage car Jaymee et moi avions trouvé une petite merveille, une vieille voiture avec peu de kilomètres au compteur, une affaire. Engagé à la remettre sur pied alors que je ne connaissais rien en bricolage, j'avais compté sur l'aide de mon meilleur ami et de ses conseils avisé pour tenter de remettre à neuf une voiture avec un premier cours internet qui m'avait servit à reconnaître une clé à molette. Je partais de rien. Elle démarrait c'est l'essentiel bien qu'elle faisait des bruits étranges, ce dont je n'avais pas trouvé la provenance. Nous avions décidé, Jaymee et moi que nous irions voir notre ami commun ce week end, lequel m'avait assuré que nous ne le dérangerions pas et confirmé la présence de sa petite-amie Jordan qui s'avérait être aussi mon amie et celle de Jaymee. Rien n’aurait put être plus parfait que cette vision idyllique d'un couple d'amis allant voir un autre couple d'amis. Je me suis attaché à Jeremiah, j'ai appris à le connaître alors qu'il n'était pas mon ami mais celui de Wyatt. Je commençais à comprendre le monde, la logique des choses. Je m'appelle Jeremiah Matthews mais Wyatt dans cette réalité, la réalité ou mon meilleur ami se nomme comme moi, comme quoi le hasard n'agit pas délibérément comme il le souhaite... quoi qu'il en soit j'ai pris il y a quelques mois la décision de rester, de rester pour toujours et d'accepter le passé de Wyatt, ses amis, son crime... parce que je suis tombé amoureux non pas de sa vie mais de ses amis, de Jeremiah Mason, de Jordan Blackwell, de Jaymee McKinley... de toutes ses choses. Kristen est différente, plus triste... n'est-ce pas le prix à payer ?

Assis au volant de la voiture de ma petite-amie, sa tête sur mon épaule par les 34°C avoisinants, nous nous jetâmes des regards amoureux quand nous le pouvions, réalisant à peine ce qui nous arrivait et le bonheur qui finalement avait décidé de s'arrêter à notre porte. J'avais aussi et secrètement puisque personne n'a jamais été au courant, arrêté ma thérapie, considérant avoir suffisamment avancé pour passer à autre chose, pouvoir composer avec mon passé, son passé et pouvant désormais jouir d'une vie paisible en compagnie d'une femme que j'aimais. Malheureusement, un dépressif reste un dépressif, dépourvu de toute logique commune... et plus je me sentais heureux, plus j'avais envie de mourir simplement parce que je considérais qu'il valait mieux mourir heureux que malheureux et qu'une fois que nous avions ressenti le fait d'être accompli, nous n'avions plus rien d'autre à espérer de la vie... J'hésitais à griller un stop pour voir si j'avais autant de chance que je le croyais mais deux vies pour le prix d'une n'en vaut pas la peine... Je respectais donc les limites de vitesse et me garais en bas de notre lieu de destination. Il était presque quatre heures lorsque nous sortîmes de la voiture, prenant l’ascendeur comme des faignants pour arriver sur le pallier de sa porte. Je sonnais à la porte, jetant un coup d’œil à Jaymee que je tenais par la main, nous aimions bien ce jeu, celui du couple mielleux. En réalité, n'est mielleux que les personnes célibataires jalouses de ceux dont le bonheur déborde tout aux alentours... « J'éspère qu'il sera content. » Dis-je en désignant mon vieux sac chargé de vieux films d’horreurs, de films qu'il avait adoré (oui bon j'avais utilisé mon pouvoir pour m'en souvenir mais tant pis, ça avait marché, signe qu'avec un peu d'exercice, je pourrais me souvenir d'un peu plus que ce que je sais de cette vie), des choses pour passer le temps pendant sa convalescence... je brûlais d'envie d'en savoir plus, Jeremiah nous avait parlé de ce qui lui était arrivé et de ce qui allait arriver même si j'ignorais si il nous avait tout dit ou rien du tout, je n'avais absolument rien compris du traitement et de tous ses mots incompréhensibles mais comme tout le monde hochait la tête d'un air plein de compassion, je suppose avoir suivi le mouvement. Je me demandais aussi s'il s'en sortait avec tous les frais médicaux, il devait avoir une bonne mutuelle, dans le journalisme, je suppose qu'avec tous les risques on fourni quelques trucs et puis sa mère travaille à l'hôpital... néanmoins nous sommes un pays particulièrement capitaliste alors... et puisque je gagnais mon argent depuis novembre et que j'avais fini depuis un mois et demi seulement (!) de rembourser toutes les dettes de ce fichu Wyatt... je pouvais maintenant et faire plaisir à Jaymee et aider mon meilleur ami à s'en sortir. De plus je devais lui parler de Kristen qui était rentrée depuis un mois à la maison après deux ans de mystérieuse absence... bon sang, j'avais tellement de choses à dire à mon meilleur ami ! « Tu sais, j'ai acheté un cadeau pour le bébé. » Annonçais-je, fier et à la fois gâteux. A quoi vous seriez-vous attendu ? Un jouet pour nourrisson ? Une tétine minuscule, une peluche ? Pensiez-vous réellement que Wyatt ferait attention à l'âge et aux recommandations médicales ? Non ! Il s'agissait d'un t-shirt taille 6 mois sur lequel était écrit : « Super Uncle » avec une flèche à droite. Rien d'étonnant à vrai dire, il s'agit de Wyatt.