Il était 18 heures et j'étais toujours à l'université. Il faut dire que certains cours finissaient tard. Mais j'en avais franchement marre, surtout après un cours de mathématiques. J'avais beau être scientifique, adorer la génétique, je détestais les maths. Je fus soulagée en entendant le sonnerie annoncer la fin de l'heure. Je sortis en hâte et décidai de trainer un peu, l'université ne fermait qu'à 19 heures. La raison était que je n'avais pas la moindre envie de rentrer chez moi, voir Seth tirer la tronche à deux kilomètres et ne pas décrocher un mot à table. Je préférais manger seule, et ne pas voir mon oncle. Je l'aimais bien, mais je n'étais pas vraiment proche de lui, et je ne voulais pas qu'il se prenne pour mon père – qu'il n'était pas. Je faisais alors tout pour le croiser le moins possible.

Je traversai la cour et m'aperçus qu'en plus il commençait à pleuvoir. Je râlai, mais couru donc jusqu'au batiment le plus proche afin de m'abriter. J'entrai dans le hall des littéraires, ah les littéraires – des gens que je ne comprendrais jamais. Peut-être sauf un. Sam Johnson. Il était tellement drôle parfois que j'en oublias ma souffrance. C'était de ça que j'avais besoin ces derniers temps. Sam était un très bon ami de plus – très bon ami avec qui j'avais couché. Sam était prof' et la relation que nous avions entretenue demeurait secrète, surtout afin qu'il préserve sa carrière. Son boulot c'était tout ce qu'il avait en fin de compte, tout ce qui tenait bien dans sa vie. Car il n'était pas très sérieux et ses passes temps favoris étaient l'alcool et le sexe. Mais après la fabuleuse nuit que nous avions passés nous étions restés amis – chose que je ne faisais pas d'ordinaire. J'avais bien essayé de partir discrètement le lendemain de cette nuit là, mais il avait fait la même chose et nous nous étions croisés à la porte de sortie. Par ailleurs nous nous entendions très bien, alors pourquoi laisser filer cette amitié.

Cela faisait plusieurs minutes que j'attendais devant la salle de cours de Sam, ses élèves sortaient un à un sans avoir l'air pressés, puis quand il ne resta plus que lui, je toquai trois coup et j'entrai. « Salut ! Alors dure journée, hein !» Je lui fis un large sourire et vint lui déposer un baiser sur la joue. « Allez range moi tous ces cours et allons retrouver un bon pote !» Il me regarda intrigué, et j'ouvris mon sac laissant entrevoir deux-trois cannettes de bières. Je ne buvais pas souvent, mais avec lui c'était casi-automatique. J'aimais beaucoup sa compagnie et je me fichais pas mal de notre différence d'âge. C'était comme mon meilleur ami finalement. Meilleur ami qu'il m'arrivais parfois d'embrasser, mais c'était simplement que nous étions trop proche, ou trop bourrés. Je n'avais couché qu'une seule fois avec Sam, et ne pensais pas recommencer un jour.

« L’histoire d’une jeune fille amoureuse d’un vampire… Non sérieux ? C’est la 5ème cette semaine… Si votre but est de vendre des bouquins aux adolescentes ce n’est pas la peine de faire des études vous savez ? Depuis le début de l’année je me casse le...Vous avez compris quoi… a vous forcer à aller à contre courant, déplaire à la majorité c’est qui distingue l’écrivain classique de celui qui ose… Et pourtant plus de la moitié d’entre vous continuent de me pondre des histoires déjà vues »….Voila comment j’ai commencé mon cours aujourd’hui, je n’avais même pas posé mes affaires sur mon bureau que je leur gueulais déjà dessus. Il le fallait, à croire qu’ils ne comprennent rien à mon cours…C’est alors qu’une fille leva timidement la main, courageuse ou suicidaire ? « Mais c’est ce qui fait vendre »….Ok j’ai ma réponse elle est suicidaire… Je pris une voix calme et posée… « C’est quoi ton nom ? »… Sa voix tremblante elle me répondit « Laura », j’ôtai alors mes lunettes noires, les posa lentement sur mon bureau, esquissa un sourire amusé, chose que je n’étais absolument pas « Laura… Tu sors…On se voit la semaine prochaine ok ? Dégage… » Dis-je avec un ton des plus calme indiquant la porte avec mon doigt… Elle ne semblait pas convaincue, pensant que je rigolais… « Non sérieux…Tu sors… tu attends peut être un pigeon voyageur avec un petit mot qui t’indique le chemin vers la sortie ? Ou tu veux que je te fasse un chemin de billets de 100 dollars, car apparemment il y a que ça qui t’intéresse »… Certes c’est facile pour moi de dire que l’argent ne m’intéresse pas, je roule avec belle voiture, mon dernier bouquin est ce qu’on appel un Best Seller, mais avant ça j’ai écrit plusieurs livres qui sont tous tombés dans l’oublie, ou presque. J’étais déçu car certains de mes étudiants avaient un talent encore inexploité, mais hélas ils étaient formatés par les merdes qu’ils voient à la télévision ou dans les grandes librairies, persuadés qu’Harry Potter c’est de la grande littérature. Certes je suis prof de littérature contemporaine, or Harry Potter et compagnie c’est contemporain… Mais ce n’est pas de la littérature c’est de la télévision sur papier.

Je posai alors mon derrière sur la chaise, mes pieds sur le bureau, je regardai les étudiants avec un large sourire et commençai mon cours dans un silence religieux, je devais les avoir terrifié. Bien sur leurs copies médiocres n’étaient pas la seule raison de mon état mental, il y avait mon ex femme qui refaisait des siennes, comme quoi elle gardait Rebecca pour les vacances… Bordel, je vois déjà peu ma fille… Le simple fait d’y penser me rendait particulièrement fou, je sentais mon sang bouillir.

Quelque une heure et demie plus tard le cours faisait fin, je terminai par « Et n’oubliez pas … Lobotomisez vous pour ne plus penser de façon « classique »… Je parle au sens figuré bien sur… S’il vous plait ne vous lobotomisez par pour de bon sinon quelqu’un trouvera le moyen de dire que c’est de ma faute… A la semaine prochaine… » Je me levais de ma chaise les regardant partir, je rangeais les quelques papiers qu’il y avait devant moi dans mon sac…J’entendis alors quelqu’un frapper à la porte… Ma première pensée allait à la fille que j’avais viré, j’ai déjà oublié son nom...Bref c’était pas elle, c’était Zooey, une étudiante pas comme les autres… J’esquissai un sourire en coin, franc cette fois… « Hey mon étudiante préférée » Dis je en mettant mes lunettes de soleil sur mon nez alors qu’il faisait déjà nuit… « Salut ! Alors dure journée hein ! » Je la laissais faire alors qu’elle déposait un baiser sur ma joue, sachant très bien que si on nous voyait je risquais gros… Mais bon je suis du genre à penser aux conséquences de mes actes après…Quand il est trop tard quoi… « T’as pas idée… Une vraie journée en enfer…La nuit sera peut être meilleure… Un pote ? » Quand elle dit ça je n’étais pas trop motivé, je dois avouer que je ne trainais pas trop avec les étudiants, je trouvais ça gênant. Puis je vis les bières, j’étais largement rassuré, je lâchai alors un petit rire… « Je vois qu’on a des amis en communs… Il y a pas de cours après ici… On boit ça ici ? » Boire une bière en pleine salle ? Ce serait une première fois mais pourquoi pas. Je menai Zooey au bout de la salle afin qu’on ne soit pas vu… « Ça te va ? Ou tu veux faire ça ailleurs ? » Dis-je avec un faux air de second degré… Je me posa sur une des chaises, mes pieds sur une autre chaise et regardai avec attention la jeune fille…

Quand je rentrai dans la salle de cours, Sam esquissa un sourire en coin – une des choses qui m'avaient fait craquer ce fameux soir. Il me salua en me désignant comme son étudiante préférée, ce qui me fit sourire car nous n'avions aucun cours en commun, et pourtant nous nous connaissions plus qu'il n'y paraissait. « Hey mon professeur préféré » lui répondis-je. Il mit ses lunettes noires sur le bout de son nez. Il fallait savoir notamment que ces lunettes étaient l'objet fétiche de Sam, enfin si on le connaissait, on connaissait également l'existence de ces lunettes. Et elles lui donnaient un charme – charme qu'il avait sans, certes. Il m'expliqua que je n'avais pas idée à quel point sa journée avait été un enfer, que sa nuit serait sans doute meilleure. Tout de suite je repensai à notre nuit, je ne sais pas pourquoi. Sam jouait toujours sur les mots, bien que nous n'étions plus qu'amis, nous nous amusions à nous chercher. Il me demanda qui était ce 'pote' – l'air peu motivé – mais quand il vit les bières que j'avais apportées, il lâcha un léger rire. Amusé, il constata qu'on avait des amis en communs et me proposa que puisqu'il n'y avait plus de cours ici nous pouvions boire dans la salle. Sam me mena au fond de la salle – afin qu'on ne soit pas vus. « Ça te va ? Ou tu veux faire ça ailleurs ? » Je lui fis un sourire complice, en entendant ses paroles. Et alors qu'il se posa sur une chaise, les pieds sur une autre, je lui répondis « On fait ça où tu veux.» Je lui fis un clin d'oeil avant de sortir les bières et de lui en tendre une. Je m'assis sur la chaise juste à coté de lui et lui lança un regard amusé. Ce regard, je l'avais toujours en sa compagnie.

Ma femme disait de moi que j’étais un gamin de 30 ans, un gars incapable de grandir et qui a le don divin de s’attirer des emmerdes, en fait elle disait même que je cherchais les emmerdes… Parfois je crois que c’est vrai, je suis un fou qui a des penchants pour l’autodestruction, et il arrive parfois que j’emmène des personnes avec moi, comme dans le cas présent Zooey.

J’ouvris une bière et prit une petite gorgée, je regardais la brunette avec un petit sourire, je posais mes lunettes à coté, pour être franc j’y voyais pas grand-chose. « Alors quoi de neuf ? Qu’est ce que tu racontes de beau ?...toujours dans la … science…me souviens plus exactement ce que tu fais… » Faut avouer que ma mémoire me jouais des tours en ce qui concernait les détails. J’esquissais un petit sourire en prenant une gorgée. Zooey et moi avons passé une nuit ensemble, de quoi me faire virer par l’université si jamais ça venait à se savoir. C’était une nuit relativement sympathique, je ne devrais pas recommencer si je ne veux pas finir à la rue obligé d’écrire un nouveau livre pour gagner ma vie mais bon je suis un gamin après tout.
Je regardais la brunette un air amusé, elle buvait sa bière également, avais-je une mauvaise influence sur elle ou l’inverse ? Cette idée me faisait sourire, je ne pense pas que j’ai la moindre influence, elle ne semble pas être le genre de fille à se laisser influencer.

C’est d’ailleurs le moment de tester ça, je plongeais ma main dans ma poche de mon jean sortant un paquet de cigarettes, j’en pris une que je mis à ma bouche et tendis le paquet à la scientifique « T’en veux une ?... T’inquiètes pas les alarmes incendies marchent pas, l’enfer pourrait se dérouler dans les couloirs qu’elles ne seraient pas fichues de sonner… » Je pris mon briquet et m’alluma une clope, prenant une large bouffée et je laissais sortir l’extra de fumée par le nez. Bordel que c’est bon, rien ne vaut les poses clopes, ajouté une bière, une fille et on est au paradis, je me demande pourquoi on s’emmerde à vouloir toujours plus.

« Dis moi suis curieux…Pas que ta présence me gêne bien au contraire…Surtout que tu viens avec des bières… Mais pourquoi ici…Besoin d’un peu de solitude alors on vient voir son pote de débauche ? » dis je avec un large sourire amusé attendant patiemment sa réponse.

Sam ouvrit sa bière et je ne tardai pas à faire de même. Je portai ma cannette à mes lèvres quand je remarquai que Sam me regardais avec un petit sourire. Il avait toujours ses lunettes de soleil et je me demandai à quoi elle pouvaient lui servirent à cette heure, il ne devait pas y voir grand chose. Il me demanda des nouvelles sur ce qui ce passait dans ma vie ces derniers temps. « Pas grand chose tu sais, le train train quotidien.» J'aurais bien aimé lui parler de ma souffrance qui se faisait toujours aussi vive, de la perte de mes proches que je n'arrivais pas à oublier et de toutes ces choses qui font du mal. Mais je gardai mes problèmes, ne voulant pas pourrir l'ambiance. J'en faisais abstraction, et arrivais très bien à m'amuser quand même. Sam me questionna sur les cours. « Ouais, la génétique. On m'a offert un petit boulot à Livingscorp, enfin rien de bien important.» Comme à chaque fois que j'en parlais, c'était bref. Je ne voulais pas risquer de gaffer et faire des révélations sur le niveau 33.1, je pourrais perdre mon emploi mais connaissant Cassidy Weasthon elle serait capable de bien plus. « Et toi ? Tes élèves ne te font pas trop souffrir ? Faut dire que les littéraires c'est quelque chose !» lançais-je sur le ton de la plaisanterie. Je bus une gorgée de ma boisson avant de m'affaler dans ma chaise. Sam était vraiment quelqu'un avec qui je m'entendais bien, il était 'vieux' si l'on pouvait dire mais c'était encore un gamin. Dans sa tête il avait le même âge que moi et je ne savais pas comment le prenait son ex-femme. C'est sans doute pour ça qu'il avait rarement la garde de sa fille. Et puis physiquement il était tout aussi jeune – pourtant ses déboires auraient dû l'empâter un peu, mais non. Je me souviens que la nuit ou nous avions couché ensemble il était en forme pour un 'vieux'. Je souris à cette idée.

Sam me regardait d'un air amusé. Il longea sa main dans la poche de son jean et en sortit un paquet de cigarettes. Il en coinça une entre ses dents et me tendis le paquet. Je ne fumais pas et il le savait, le connaissant bien il faisait ça pour me tester. Il m'en proposa donc une en affirmant que les alarmes incendies ne fonctionnaient pas. « ... l’enfer pourrait se dérouler dans les couloirs qu’elles ne seraient pas fichues de sonner… » Je lui souris, en effet nous étions le diable incarné. Je saisis le paquet de cigarettes et il jeta un regard surpris à mon égard. Je me mis alors à énumérer tous les composants et finis par dire « C'est pas bon pour toi ça.» Il me regarda l'air de dire 'c'est toi qui dis ça' et je lui rendis son tabac. Il prit son briquet et alluma sa clope, prit une grande bouffée et laissa sortir de la fumée par ses narines. Je le dévisageais, amusée. Il faisait tout pour que je cède. « Dis moi suis curieux…Pas que ta présence me gêne bien au contraire…Surtout que tu viens avec des bières… Mais pourquoi ici…Besoin d’un peu de solitude alors on vient voir son pote de débauche ? » déclara t-il, avec un large sourire. « J'ai plus le droit de venir te voir Johnson ? Nan mais disons que je préfère passer du temps avec toi plutôt que rentrer chez moi et voir la tête de déterré de mon oncle. C'est déprimant à la fin.» Je regardai son visage, il arborait une expression enfantine qui me faisait rire. « Toi t'es pas déprimant, au contraire !» lui lançai-je. Puis il me souffla un grand coup sa fumée en plein visage. « File moi ça !» dis-je en râlant. Je lui pris alors sa cigarette et tira un coup dessus. Il n'y avait que lui pour me aire fumer !

Je pouvais aisément entendre les gouttes d’eau frappaient contre les fenêtres de l’établissement, je ne peux pas blairer la pluie, certains trouvent ça romantique, alors que moi j’entends pluie j’entends également pneumonie, ce qui est déjà moins romantique. Néanmoins la pluie faisait un certain bruit, ce qui couvrait nos rires et nos paroles, nous empêchant d’être trop rapidement vu.

Zooey me parlait du train-train quotidien et de son nouveau boulot à LivingsCorp, je la regardais un sourcil levé, l’air interrogateur « LivingsCorp ? Tu y fais quoi la-bas ? J’en ai entendu parler vaguement, j’ai écrit quelques articles su eux il y a un petit moment maintenant »… En effet j’écrivais des chroniques dans certains magazines ou journaux, j’en fais toujours d’ailleurs mais c’est devenu sporadique à présent. C’est une société relativement étrange, assez louche, et j’ai du mal à voir Zooey dans cette société… Bon après tout je ne connaissais pas la jeune fille par cœur, c’est pas parcequ’on a partagé le même lit un soir que je suis censé connaitre toute sa vie. Puis elle vint à me parler de mes élèves, là je ne pus m’empêcher de glousser « Les littéraires ? Un problème avec les littéraires jeune fille ? … Honnêtement ils ont du potentiel mais ils m’exaspèrent… Pas mal de petits co…salopiauds… » Dis-je en retenant l’insulte dans ma bouche, j’essayais de faire preuve d’un minimum de politesse en évitant de déblatérer les premières injures qui me venaient à la bouche quand je parlais des minets qui me servent d’élèves.

Par la suite je pris une nouvelle gorgée de ma bière et lui proposa une cigarette c’est alors qu’elle commit un crime impardonnable, elle m’enleva mon paquet de clopes de la main… « C’est pas grave garde le j’ai toujours un joint dans ma poche » Dis je avec un ton sarcastique alors que je ne l’étais pas du tout, j’avais vraiment un joint dans la poche de ma veste. Mais je n’avais pas encore atteint le sommet de la stupidité pour le fumer ici, mon joint c’est toute une tradition, je le fume uniquement quand j’ai l’inspiration pour écrire, il m’accompagne dans ma tache avec Jack Daniel. Mes meilleurs amis toujours fidèles qui ne me lâchent pas. Puis je vins à lui poser la question sur la raison sur sa venue, j’esquissais un large sourire « Si si t’as le droit de venir me voir, au contraire ça ne me dérange pas mais je… » Je n’eus le temps de finir ma phrase qu’elle m’enleva la clope de ma bouche pour tirer dessus…Je la regardais l’air surpris… « Tu sais que si je t’ai proposée une clope c’était justement pour pas que tu prennes sur la mienne ? Rhalalala… ». Je pris une nouvelle gorgée de ma bière avant de reprendre ma clope et tirer à mon tour dessus.

Comme je disais la pluie couvrait notre conversation mais également les bruits dans le couloir, je n’avais pas entendu les bruits de pas qui se faisaient dans notre direction. C’est alors que la porte de la salle s’ouvrit et la doyenne de l’université fit son entrée… D’un mouvement rapide je cachai ma bière derrière mon sac, je regardais Zooey faire de même… J’avalai la fumée de ma clope ce qui me fit immanquablement tousser… Il était inutile de cacher la clope, l’odeur était beaucoup trop reconnaissable. « Madame la doyenne…Comment allez vous ? Joignez vous à nous si vous voulez… Cours de soutien...rattrapage....C'est quoi le mot déjà? Soutien ou rattrapage?… » Et oui c'est moi le prof de littérature qui est censé avoir un vocabulaire riche et varié... En insultes et diverses vulgarité il est très riche et varié... Je devrais faire mon propre dictionnaire du genre, après le Petit Robert, le Gros Sam, dictionnaires de mots familiers en tout genre pour toute situation.

J’avais toujours les pieds sur les chaises et la clope à la main…J’esquissai un large sourire comme si j’étais ravi de la voir, heureusement j’entretenais de bonnes relations avec la doyenne qui me connaissait assez bien et surtout n’était plus surprise par ce que je faisais. Je glissai un regard à Zooey espérant qu’elle ne panique pas trop, pour être franc, pour moi c’est la routine, un sermon de plus ou de moins j’en suis pas à ça. Après ma femme, ma boss, il manquerait ma mère et la boucle est bouclée.

Quand je lui parlai de mon job à Linvingscorp Sam leva un sourcil, l'air interrogateur. En même temps j'aurais dû m'en douter. Il me demanda ce que je faisais là-bas. Il en avait vaguement entendu parler et avait écrit quelques articles sur eux.Je ne pouvais pas lui dire que je travaillais au 33.1 en revanche je pouvais lui dire la vérité sur mes activités là-bas. « À vrai dire, j'en sais fichtrement rien, j'ai été embauchée mais je n'ai pas commencé à travailler, et on ne m'a pas dis ce que je ferais réellement. M'enfin des trucs de génétiques, tu te doutes.» Quand je lui parlai de ses élèves il gloussa - ce qui me fit rire - et me demanda si j'avais un problème avec les littéraires. Il dit ensuite qu'ils avaient du potentiel mais qu'ils l'exaspéraient. « Moi ? Non rien ... mis à part que ce sont des glandus qui se défoncent 24/24 au joint et compagnie ... Tout à fais toi ! Ahah, et après je dois pas dire du mal de tes élèves, mais toi ...»

Quand je lui pris son paquet de cigarettes, il me lança qu'il avait de toute manière toujours un joint sur lui. Qu'est-ce que je disais ! « Saam ... » dis-je plus exaspérée qu'autre chose. Puis alors qu'il commençait à me dire que ma venue ne le dérangeait pas je lui retirai sa clope du bec et on aurait dit que c'était la fin du monde pour lui. Il parut surpris avant tout. « Oui et je comptais pas fumer Sam, mais tu fais exprès de me narguer ... » Puis il me la reprit après avoir bû une gorgée de bière. Mais soudain la porte s'ouvrit, si brusquement que je failli tomber de ma chaise. La doyenne de l'universitée entra, et moi et Sam nous empressions de cacher nos bière derrière nos sac. Sam toussa en avalant la fumée de sa clope et je pouffai. Surtout qu'il avait toujours sa cigarette à la main ... « Madame la doyenne…Comment allez vous ? Joignez vous à nous si vous voulez… Cours de soutien...rattrapage....C'est quoi le mot déjà? Soutien ou rattrapage?… » « Oui c'est ça, cours de soutien ... Mr Johnson excusez moi mais je ne pense pas que madame ait besoin de ton cours de soutien ... » J'avais fait ça pour complimenter la doyenne, mais je ne m'étais pas rendue compte malgrès mes efforts que je venais de tutoyer Sam. Celui-ci avait toujours les pieds sur une chaise et paraissait détendu, il lui adressa un large sourire comme s'il était heureux de la voir. Mon ami m'adressa un regard furtif pour voir si je ne paniquais pas, en fait j'essayais surtout de me retenir de rire.

Comme vous l’avez compris suis un gamin d’une trentaine d’années qui n’a pour but que de trouver un moyen de passer le temps. Alors je me distrais de tout et n’importe quoi, j’ai le don d’emporter dans ma ronde d’autres personnes, ceux qui me comprennent, ceux qui ont une aptitude à s’amuser tout comme moi malgré que je sois une espèce unique de fainéant et d’irresponsable.

Alors parmi les personnes que j’embarque dans mes délires il y a une fille, une étudiante mais attention pas mon étudiante… Non parceque je vous vois venir vous allez vous dire « OUH le méchant prof qui sort avec ses élèves en leur promettant de bonnes notes, profiteur, enflures, AU BUCHER !!! » bah déjà sachez que je n’ai pas besoin de promettre de bonnes notes (ET TOC !) et ensuite Zooey (car c’est le nom de l’étudiante si vous n’avez pas suivit les épisodes précédents) n’est pas mon étudiante donc je n’ai rien à lui promettre. Donc pour finir, Zooey est une étudiante en une science dans laquelle je porte autant d’intérêt que les fonds de poches de madame la doyenne.

Assis confortablement dans une chaise de bois, je me fumais ma clope tout en buvant une bière, jusque là on dirait l’américain moyen, il manquerait que les 100kg à la balance et on a un magnifique cliché. Mais non je ne fais pas partie de ce cliché, je suis dans ma salle de classe ou il est censé être prohibé de fumer et encore plus de boire, de quoi me faire virer… Et si jamais ils apprennent que j’ai couché avec la fille qui m’accompagne alors j’irais en prison et ça risque de changer des quelques heures ou jours que j’ai déjà passé derrière les barreaux… Là je resterais suffisamment longtemps pour devenir la femme d’un mec grand et musclé avec un tatouage en forme de cœur sur sa poitrine poilue… Oui je sais ça fait rêver, je suis comme ça je vends du rêve…
Zooey avait vaguement dit du mal des littéraires, je ne faisais que pouffer de rire, j’espérais que ce n’était pas dut à mon influence s’ils sont comme ça. Je vous avais déjà dit que le destin aime ma personne et adore s’acharner contre moi, et je ne pense pas que j’ai tort. Alors que je prenais une bouffée de fumée la porte de la salle s’ouvrit laissant entrer madame la doyenne. Une femme d’une cinquantaine d’année avec qui j’entretenais une bonne relation, faut dire que sans elle je serais probablement à la rue sans boulot, mais apparemment je suis un bon prof malgré les centaines lettres de plaintes qu’elle reçoit à cause de moi. Alors si j’ai déjà couché avec elle ? Rhoo..ça ne serait pas mon genre, elle est mariée… Flirter par contre…C’est pourquoi j’ignore comment elle prendrait si elle savait que j’avais couché avec une élève…

Je la regardais avec un large sourire alors que Zooey venait tout juste de me tutoyer, je fis mine de ne pas relever cela, car peut être que la doyenne n’a pas remarqué.. Qui sait ? Avec un accent profondément faux et surjoué je répondis à l’étudiante « Vous avez raison Mademoiselle Sum..Sum…Summer..Oui c’est ça Summer…. Je pense pas madame la doyenne que ce cours vous intéresse… » Ok j’avais oublié son nom durant un instant, faut dire que je l’appel jamais par son nom de famille, pour moi c’est Zooey, les personnes avec qui j’ai un temps soit peu d’intimité je les appel par leur prénom… Normal non ? La doyenne vint alors vers moi, l’air peu amical, j’ôtais mes pieds de la table et je la regardais avec un large sourire… Elle me dit relativement amicalement « Les bières et la cigarette ça fait parti du cours ? »….Un fin sourire en coin je répondis « L’inspiration..ça va, ça vient… Puis j’ai pas prit ma pose clope et avec ce temps pas envie de sortir la prendre, de plus j’optimise le temps de travaille, en faisant ma pause clope en même temps que le rattrapage, je gagne du temps, l’élève aussi…moins le temps de vie qu’on perd en respirant de la fumée de cigarette…mais ça compte pas ça… »… Après ce long monologue je regardais Zooey avec un air convaincu, la doyenne se tourna vers l’étudiante et dit « ça ne vous dérange pas qu’il fume ? … Je vous prie de le surveillez… Les enfants sont interdits dans l’université sauf s’ils sont accompagnés d’adulte, vous semblez être la seule adulte… » Dit-elle en rigolant, j’étais donc l’enfant et Zooey l’adulte… Pas faux j’ai envie de dire…

Je me dis parfois que je dois être sacrement tarée pour trainer avec le prof irresponsable qu'est Sam. Je suis une étudiante, j'ai l'avenir devant moi et je trouve le moyen de m'embarquer dans des galères comme se retrouver à boire et fumer dans une salle de cours avec un professeur de littérature, et se faire prendre par la doyenne - puisqu'il faut pimenter la chose, c'est évident. J'étais sûrement trop attachée à mon ami pour lui refuser quoi que ce soit, - vous me direz c'est moi qui ai apporté les bières - et bien alors je dois aussi être très attachée à la débauche, ou à l'adrénaline. Oui c'est ça, coucher avec des mecs sans espérer quoi que ce soit en retour, travailler dans un département secret à Linvingscorp, presque tuer un inconnu devant un mémorial sous risque de me faire repérer en tant que mutante via les météorites, pour enfin finir virée de l'université pour déboires avec Johnson. Oui, je devais avoir une grave addiction à l'adrénaline, sinon tout ça ne pourrait être concevable.

Quoi qu'il en soit, la doyenne était là, à nous observer, et ni moi ni Sam n'étions réellement stressés à cette idée, allez savoir pourquoi. Quand je le tutoyai, Sam m'ignora et me répondis d'un ton un peu surjoué et théâtral qu'en effet la doyenne n'avait pas besoin de cours. Il cafouilla sur mon nom de famille, ce qui me fit sourire. Summer, merde c'est pas compliqué ! Ensuite la fameuse doyenne s'avança vers nous, l'air renfrogné et peu sympathique, et mon ami ôta tout de même ses pieds de la chaise qui leurs servait d'appui. Il arborait toujours son large sourire qui risquait de lui valoir un renvoi. La doyenne - légèrement plus chaleureuse, mais pas beaucoup plus - demanda si les bières et la cigarette faisaient parties du cours. Sam répondit du tac au tac, amusé « L’inspiration..ça va, ça vient… Puis j’ai pas prit ma pose clope et avec ce temps pas envie de sortir la prendre, de plus j’optimise le temps de travaille, en faisant ma pause clope en même temps que le rattrapage, je gagne du temps, l’élève aussi…moins le temps de vie qu’on perd en respirant de la fumée de cigarette…mais ça compte pas ça… » Je le regardais, amusée tout autant, retenant le rire, mais arborant un sourire moqueur - non pas envers Sam, mais plutôt envers la situation. Il avait cet air convaincu qui n'arrangeait pas la chose et qui me fit plisser les lèvres d'amusement.Puis la doyenne se tourna vers moi pour me demander si ça me dérangeait qu'il fume, en me priant de le surveiller puisque les enfants étaient interdit dans l'université sauf accompagnés d'un adulte. Elle ajouta que je semblais être la seule adulte. « Non ça ne me dérange pas ... oui bien sûr, je suis là pour ça, pour le surveiller. D'ailleurs puisque je suis l'adulte, il faut bien que je gronde l'enfant pour ses bêtises, vous êtes d'accord ? » Elle acquiesça. Je riais de ma prestation. Pour appuyer mes propos je me dirigeai vers Sam et lui tira la clope du bec, je l'écrasai ensuite et la jetai dans la poubelle. J'arborai une mimique fière et quasi-hilare sur mon visage, je voyais Sam me lancer des regards noirs et faire la moue. Sauf qu'il ne pouvait rien dire en présence de la doyenne - qui étonnement paraissait tout aussi amusée que moi.

Je me suis toujours qualifié de marginal, j’ai toujours refusé d’être comme la majorité pour citer les grands philosophes que sont Pink Floyd and Co’, je ne voulais pas être « another brick in the wall »… Un gars comme tout le monde, être là ou on m’attend, et j’ai donc toujours fonctionné à l’instinct, me laissant guider par une philosophie un peu rock’n roll… Attention quand je dis Rock’n Roll je parle du vrai rock, les sixties ou seventies mais jamais plus loin, pas les jonas brothers par exemple à qui je ne reconnais même pas le titre d’artiste et encore moins de rockeurs… Le peu de temps que je passe avec ma fille je le passe à lui inculquer cette culture rock’n roll, à l’apprendre à penser par elle-même jamais suivre la masse… L’avantage c’est que la mère aussi casse pied qu’elle soit, elle est pareille que moi.

Bref tout ça pour dire que ma méthode de vie, d’enseigner, d’être, n’a jamais et ne fera jamais l’unanimité, et honnêtement je m’en fous complètement, je dirais même que c’est l’effet escompté. Jaloux sont ceux qui me haïssent, je vois dans leur regard haineux l’envie qui les tirailles, celle de tout claqué et se barrer, certains le feront à cinquante ans laissant derrière eux une femme et des enfants dans le besoin. L’avantage avec moi c’est que je n’ai pas quitté ma femme c’est elle qui est partie pour un autre, une vie absolument pas rock’n roll dans la grande paume qu’est New York.

Néanmoins certains acceptent qui je suis, sans m’encourager pour autant, que ce soit ma boss ou l’élève qui n’en est pas vraiment une. Et cette fois c’était les deux à la fois… Dans la même pièce, prêtes à me sermonner comme il se doit. J’étais confortablement installé à boire et fumer avec Zooey qui semblait amuser par la situation, la jeune fille appréciait ma présence apparemment, et c’était tout à fait réciproque. Que recherchait-elle à être avec moi hormis des ennuis ? Car j’ai un abonnement spécial avec le destin qui m’emmène un lot d’emmerdes relativement fréquemment, quelque chose d’humainement pas surmontable.

Je regardais avec un large sourire les deux femmes discuter de moi comme si j’étais absent… Cela m’amusait plus qu’autre chose, sauf quand la petite effrontée m’enleva ma clope du bec..une nouvelle fois… Je me tournai vers la doyenne et dit un air peu confiant « Si jamais...Hypothétiquement… Je dis bien hypothétiquement hein ?... Si jamais les clopes sont interdites, je peux fumer un joint ? » Je regardais vaguement son air peu convaincu… Vous savez le regard qui dit que si je me la ferme pas dans les secondes qui suivent elle se jettera sur moi et m’arrachera les yeux… Oui ce regard là… Et en voyant cela la seule chose que j’ai trouvé à dire était « Ok…pas de joints j’ai compris…quel métier difficile… » J’esquissais un nouveau sourire pendant que la doyenne se dirigeait vers la sortie…. Lorsque la porte se claqua je passais ma tête par-dessus l’épaule de la jeune fille, me demandant si ma clope était belle et bien morte et apparemment oui… « Toi tu t’attires de gros problèmes… tu le sais ça ? Jamais jamais jamais jeter ma clope… » Dis-je avec un faux air sérieux…

Je me levais de ma chaise peu confortable, je pris ma veste que j’enfila, mon sac et dis je « Allez viens on y va…Je pense pas qu’on puisse rester plus… On peut continuer cette session buvette ailleurs ou à un autre moment c’est comme tu le sens jeune fille… » Je plongeais les mains dans mes poches cherchant mon briquet et mon paquet de cigarettes… Une fois la main dessus je m’en alluma une autre en enfilant mes lunettes de soleil emboitant le pas à la jeune fille en direction de ma voiture…

Sam était vraiment quelqu'un que j'appréciais. En fait ce n'était pas pour rien si nous étions si proches, je savais que je pouvais toujours compter sur lui que ce soit pour s'amuser ou pour parler sérieusement – c'était l'avantage d'avoir un meilleur ami prof' et déjanté. Sam était charmant et beau – ainsi quand j'étais triste je ne répugnais pas à ce qu'il me prenne dans ses bras – ainsi que drôle et franchement sympathique. Sam était aussi très chiant quand il s'y mettait, mais cela finissait toujours par me faire rire. Et le fait que nous avions couchés ensemble faisait que désormais il n'y avait plus d'ambiguïté dans notre relation – ainsi je me permettais beaucoup de choses, comme lui mettre la main aux fesses ou lui faire des avances, sans que cela nous gène.

Johnson nous regardait – moi et la doyenne – avec un large sourire. Je le remarquai au bout d'un certain temps, trouvant étrange son absence de parole. Mais ce sourire filou disparut aussitôt que j'eus retiré la cigarette de la bouche de mon ami. Alors celui-ci, s'adressant à la doyenne, supposa que puisque les cigarettes étaient prohibées, il pouvait fumer un joint. Elle le regardait d'un air peu convaincu, et j'haussai un sourcil. Sam, Sam, Sam. Décidément il n'en ratait pas une. La femme lui lança un regard noir, réprimant, et exaspéré. Il exprima qu'il avait compris qu'il ne pouvez pas fumer tout court, ajoutant qu'il exerçait un métier difficile. Il souriait, la doyenne quand à elle se dirigea vers la sortie. Elle devait connaître le phénomène. Je ne disais rien, regardant amusée la doyenne sortir en claquant la porte. Puis je sentis ensuite la tête de Sam par dessus mon épaule, examinant minutieusement du regard sa clope que je venais de jeter à la poubelle. Alors qu'il se tenait toujours pareil, je passai ma main dans ses cheveux et lui fis un ''shampoing virtuel'' avant de rire doucement. « T'en fais pas, elle s'en tirera mieux sans toi.» Je me tournai alors vers lui, il me regardait avec un air faussement sérieux. Il m'expliqua qu'en jetant sa cigarette je m'étais attiré de gros problèmes, affirmant qu'il ne fallait jamais jeter sa clope. « Au pire, avec tous les ennuis que je m'attire déjà en restant avec toi ... et je veux pas dire, mais c'est en jetant ta clope que je nous ai dépatouillés de ce merdier Johnson ! » Je le regardais avec un rictus amusé, tandis qu'il arborait encore cet air sérieux qu'il n'avait que rarement. Je brandis mes deux poings, gesticulant comme sur un ring de boxe. « Do you want to fight with me ? » J'explosai de rire.

Ensuite, Sam enfila sa veste et saisit son sac en me lançant qu'il était temps d'y aller. Je mis la mienne – celle de Wyatt en vérité, il fallait que je lui rende, dès que je le verrais – et brandis également mon sac. Sam me proposa de continuer cette ''session buvette'' ailleurs, ou à un autre moment ... c'était comme je le sentais, 'jeune fille'. « Yaip, on va ailleurs. T'es pas sérieux, tu crois pas que je vais t'abandonner si vite mon vieux ! » Nous sortîmes à grands pas de la salle de cours, après que monsieur se rallume une cigarette et enfile ses lunettes de soleil inutiles. « Tu sais, tu as la classe avec tes lunettes ... en journée. Mais ça fait légèrement benêt en pleine nuit. » Sam me faisait rire. Notre complicité aurait pût en étonner plus d'un. Une fois dehors, je dansais presque jusqu'à la voiture de Sam, j'étais si bien avec mon meilleur ami que j'en oubliais mes soucis. « Passes tes clefs grand fou, c'est moi qui conduis. Et ne rechignes pas, je veux t'emmener quelque part. » Je tendais les mains, attendant de recevoir les clefs. Je voulais conduire un peu, ça me détendait généralement. Et je ne voulais pas que notre bonne humeur s'estompe, seulement j'avais besoin de me confier à lui, et de lui parler plus sérieusement.

Je suis un cynique professionnel, c’est vrai je gagne ma vie en critiquant ce qui m’entoure. Je suis un chieur, le genre de mec que vous allez adorer détester. Je paie le prix de vivre ma vie ainsi, je suis seul, me bourrant la gueule, touchant de temps en temps à quelques drogues, bref je suis le genre de raté qui fait rire et distrait. Mais honnêtement, même si je suis mon plus grand critique, je suis également mon premier fan, j’aime ma vie marginale et quand je vois la doyenne si sérieuse, le visage qui a l’air figé comme si elle n’avait pas rit depuis des décennies. Je suis un grand enfant qui passe son temps à s’amuser, pour ça aussi que je traine avec des gens habituellement plus jeune que moi, parce qu’ils sont les seuls à me comprendre.

Zooey est une de ses personnes qui m’accompagne dans certaines de mes galères, je dois avouer que les situations sont parfois cocasses. Comme actuellement ou nous étions à deux doigts de nous faire virer de l’université, pour moi ce n’est qu’un boulot mais pour Zooey c’est peut être plus important. Qu’est ce qui la pousse temps à me suivre hormis l’adrénaline ? Qu’est ce que je foutais il y a dix ans ? Oh oui j’écrivais mes premières nouvelles, un tissu de conneries, même pas assez bon pour se rouler un pétard, honnêtement j’avais un talent certain pour débiter rapidement un lot de conneries colossal.

Bref revenons à nos histoires, Zooey venez tout juste de me passer un savon et je parle de la façon physique, vous savez celle qui fait mal… je la regardais les yeux ouverts quelque peu surpris… « Plusieurs choses : Ne refait jamais ça…. Clope = Sacrée, en clair pas touche… Et tu ne nous as sorti de rien du tout…Elle n’allait pas virer son meilleur prof… Et je ne te frapperais pas, je vais me faire arrêter et j’imagine déjà les titres du prof qui couche avec ses élèves avant de les frapper ou les tuer… Beurk !» Dis je l’air faussement terrifié, un frisson me parcourait à l’idée d’être le héro de ce genre de titre.

Alors que je prenais mes affaires pour quitter les lieux je demandai à Zooey ce qu’elle comptait faire, j’ignorais pas mal de choses à propos d’elle, enfin c’est pas que j’y porte une particulière attention en général mais je connais cette fille depuis un bon moment et elle reste un petit mystère. La scientifique semblait vouloir me suivre, je me mis à pouffer de rire quand elle me demanda mes clés. « Tu crois que je vais te donner les clés de ma voiture ? Tu es sérieuse ? Même pas en rêve… C’est une porsche chéri…une vieille certes mais une porsche… N’y pense même pas… Tu veux aller ou ? Et pour mes lunettes de soleil..Je me fiche de ce que les gens pensent. Tu devrais le savoir. »
Nous quittions alors l’université pour arriver sur le parking ou mon bolide m’attendait. C’était une Porsche 911 noire avec un phare en moins, il l’est depuis plusieurs mois et je n’ai pas encore eu le moindre problème. J’ai acheté cette voiture lorsque mon livre est devenu un best-seller. Elle symbolise tout ce que je suis, un mec qui se fiche complêtement de ce que les gens pensent, j'ai un phare cassé une voiture qui tombe en ruine? Et Alors?...


Spoiler:

Je laissai mon sac à l’arrière et dit à la jeune fille de monter. Je me posais sur mes sièges en cuir en m’allumant une nouvelle clope. « Déjà avant que t’y penses… Ne touche pas à la radio… Si tu me mets du lady gaga ou quoique ce soit je te jette sur l’autoroute compris ? »
J’allumais le moteur avant de quitter le parking.

Je venais de rouspéter Sam, et il me lança un regard surpris. « Plusieurs choses : Ne refait jamais ça…. Clope = Sacrée, en clair pas touche… Et tu ne nous as sorti de rien du tout…Elle n’allait pas virer son meilleur prof… Et je ne te frapperais pas, je vais me faire arrêter et j’imagine déjà les titres du prof qui couche avec ses élèves avant de les frapper ou les tuer… Beurk !» J'haussai les sourcils. Sam m'énervait quand il était comme ça. « Ça va oui ! Tu te calme s'il te plaît ? J'ai bien compris que tu entretiens une grande et fabuleuse histoire d'amour avec tes clopes, mais c'est bon maintenant. Son meilleur prof ? T'as pas les chevilles qui enflent ? » Il redescendit sur le ton de l'humour. « Encore heureux que tu ne me frappe pas ... quoi que c'est un peu lâche ... » dis-je en souriant. « Nan mais tu sais, tu me mettrais pas KO ... Stop le scénario du meurtre, on en est pas encore là. Et puis arrêtes avec ton 'beurk' t'étais bien content que je sois là cette fameuse nuit ! » Quand il s'y mettait, Sam pouvait être aussi chiant qu'un ado' de 15 ans.

Quand je lui demandai ses clefs, Sam pouffa de rire. « Tu crois que je vais te donner les clés de ma voiture ? Tu es sérieuse ? Même pas en rêve… C’est une porsche chéri…une vieille certes mais une porsche… N’y pense même pas… Tu veux aller ou ? Et pour mes lunettes de soleil..Je me fiche de ce que les gens pensent. Tu devrais le savoir. » Et voilà qu'il recommençait. Je ne comprendrais jamais l'attachement des mecs à leur voiture, c'était assez pitoyable. Surtout que dans le cas de Sam, elle était déjà bien amochée. « T'es lourd Johnsson. C'est qu'une voiture. Laisse tomber, je veux aller nul part. Oui je sais bien que tu te fiches de l'avis du beau petit monde, je te faisais juste une remarque. HUMOUR, tu connais ?»

Nous entrâmes finalement dans la voiture de mon ami. Sam se posa sur ses sièges en cuir qu'il affectionnait particulièrement, et s'alluma une énième clope. « Déjà avant que t’y penses… Ne touche pas à la radio… Si tu me mets du lady gaga ou quoique ce soit je te jette sur l’autoroute compris ? » Je le regardai l'air vexé. Je m'approchai de lui, et lui donna une petite tape sur le torse. « Tu me prends pour qui ? » Je touchai alors à la radio, exprès pour le contredire. En revanche je mis quelque chose digne de nos tympans. La musique de Gainsbourg se mit à résonner dans nos oreilles, c'était Je suis venu te dire que je m'en vais. Cette chanson était triste, mais vraiment belle. Elle résumait pas mal d'événements de ma vie en fin de compte. Sam alluma le moteur avant de quitter le parking. « On va où alors ? » Je me rapprochai un peu plus de mon meilleur ami, collant ma joue chaude sur son épaule. Il conduisait doucement, dans la nuit qui nous surplombait. Je fermai les yeux, laissant aller mon esprit, écoutant la musique.

On dit que la vie n’est pas un fleuve tranquille, pour être plus clair je dirais que la vie c’est une suite continuelle d’emmerdes avec des bonheurs éphémères et surtout illusoires qui hélas nous éclatent en pleine tronche comme des bulles de savon. Mais malgré tout ça, je trouve toujours une réponse à ces affirmations, j’ai envie de dire que tout est une question de point de vue. Quand on a comprit que la vie est faite de problèmes et qu’on les relativise alors les choses vont mieux.Regardez-moi, je suis un prof alcoolique, qui a presque l’habitude de fricoter avec les élèves et à chaque fois que je fous le nez dehors il m’arrive une merde. Pourtant j’approuve, j’adore ces moments, ils sont authentiques, ils me définissent, je suis un homme autodestructeur et alors ?

Alors qu’elle disait que ma voiture n’était qu’une voiture, je me mit à rire, lachant un petit soupir au passage « Qu’une voiture ? Non pour un homme une voiture ce n’est pas qu’une voiture, surtout si c’est une Porsche…. Par contre pour moi… Ma voiture c’est ce que je suis, un phare cassé comme une case en moins… No comment ! » Dis-je sachant très bien que je lui tendais une perche énorme et qu’elle ne se retiendra pas à la saisir pour casser un peu de sucre sur mon dos.

Parmi ces moments que j’apprécie il y a ceux avec la jeune fille scientifique Zooey. Nous venions tout juste de poser nos fesses respectives dans ma Porsche, je regardais avec attention la jeune fille qui venait de mettre la radio. Gainsbourg, le dandy moderne, quelque part un homme qui est mon inspiration. Elle me demanda ou je l’emmenais, je prenais une bouffée de fumée de ma clope avant de répondre « Un endroit ou s’amuser bien sur. Un bar pas loin de chez moi… A moins que tu ais des devoirs à faire ? » dis-je d’un air faussement paternel avec un rire qui montrait le cynisme de ma phrase.