Deux semaines, c'est le temps qui était passé depuis ma nuit avec Ambre. Cette magnifique nuit dont le souvenir était encore très présent dans ma mémoire. Nos baisés fougueux et ses douces caressent ne sauraient être oubliées. Deux semaines s'étaient passées sans qu'elle ne m'appelle, sans que je ne l'appelle, sans que l'ont ne se revoit. J'étais partie tôt le matin tandis-ce qu'Ambre était à moitié endormie. J'avais refusé de la tirer de son sommeil, posant simplement un mot sur la table de chevet, car des obligations me poussaient à partir. Aujourd'hui, une quinzaine de jours plus tard, je me décidais à aller la voir. Une discussion s'imposait très certainement et je regrettais de ne pas être venue plus tôt. D'un autre côté, j'étais un peu... disons perdue. Nous avions couché ensemble et je ne savais pas ce que ça voulait dire. S'était t-elle simplement jeter sur moi, après une nuit difficile, comme pour trouver du réconfort ? J'avais du mal à suivre Ambre. Un jour elle m'accuse de lui avoir brisé le cœur et un autre, elle me demande de lui faire l'amour.

Lorsque j'arrivais devant chez elle, je remarquais que la porte d'entrée était déjà entrouverte - « Ambre ? » - Je poussais la porte et me permettais d'entrer. L'appartement était baigné dans l'obscurité. J'étais étonnée, car ce n'était pas le genre d'Ambre. Cette scène ne semblait rien présager de bon. Il y avait un peu de poussière, un peu de désordre par ici et par là. Que lui était t-il arrivé ? - « Ambre ? » - Je pénétrais dans le salon et la remarquait enfin, là, assise sur le canapé. Elle portait un pull de l'université ainsi qu'un short et tenait dans sa main un verre de vin. La jeune femme n'avait vraiment pas l'air d'être bien. Depuis combien de temps se cachait t-elle entre ces murs ? Et qu'était t-il arrivé à ma belle Ambre - « Ambre ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? » - Je m'asseyais à côté d'elle et posais ma main sur son bras, réellement soucieuse de son état. Cette vision me ramenait à un souvenir douloureux, me renvoyant l'image de ma mère et les journées qu'elle avait passées dans l'obscurité à broyer du noir.

Deux semaines, c'est le temps qui était passé depuis ma nuit avec Everleigh. Deux semaines, soit quatorze jours, trois cent trente six minutes sans elle. Mon ex petite amie était revenue, m'avait charmée et m'avait eut, physiquement, sentimentalement parlant. Et elle était partie, ne laissant derrière elle qu'un appartement plus ou moins vide et qu'un grand creux dans ma poitrine. Je me sentais si bête ! Dire que je lui avais offert mon corps, mes lèvres, mon cœur... dire qu'une fois de plus, on me brisait le cœur. Je m'étais trompée sur ses intentions, elle m'avait quitté tout bonnement parce qu'elle avait dut recevoir une offre d'emploi plus alléchante ailleurs ou bien qu'elle avait déjà songé à partir et qu'elle s'était rendue compte qu'elle ne m'aimait pas autant qu'elle le croyait... sinon, pourquoi partir sans laisser un mot ? Sans un mail, un appel ou même un texto... néanmoins, après quelques jours -deux en vérité- et du temps à rallonge pour prendre du recul et tenter de faire le point, je m'étais rendue compte à quel point je m'étais bien vite jetée dans ses bras alors que je n'en aimais une autre. J'étais persuadée d'aimer Everleigh... aimais-je vraiment Jessica ? Ou avais-je confondu mes sentiments avec un profond attachement et la promesse d'un avenir meilleur et d'une femme pour me protéger ? L'un dans l'autre, je m'étais trompée et même si j'avais tort, même si on pouvait considérer que cette conclusion n'était que le résultat d'une frustration ou un moyen de tourner la page, une autre partie de moi me disait que j'avais raison. Raison de croire à ma version des faits, aux choses qui font que. Je n'avais pas réfléchi, je m'étais jetée dans ses bras, poussée par l'attirance physique qui nous liait. Ou parce que je voulais qu'on m'aime... non, il ne servait à rien d'édulcorer ma version. Elle me plaisait. Mais une attirance physique ne dure jamais éternellement si elle n'est pas accompagnée d'amour... j'avais si peur d'être délaissée... Je me sentais mal-aimée, si abandonnée... Et éprouvais du remord... Jessica était une erreur, et Everleigh... je l'avais perdu en croyant que je pouvais l'avoir, voilà le problème.

Je n'entendis personne pousser la porte, ni les pas légers d'une femme qui s'approchait de moi en hésitant, en se demandant ce qui pouvait m'arriver. Ce n'est que lorsque que je sentis une main bienveillante sur mon épaule que sursautais, renversant le vin sur le canapé -dieu soit loué, du cuir, merci-. « Uh ! Oh la vache... tu m'as fais peur. » Dis-je en mettant une main sur ma poitrine pour calmer ma tension. « Ambre ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? » Je fus déroutée par son regard, elle semblait si inquiète mon sujet... je me dépêchais d'essuyer les larmes sur mon visage. « Rien... je suis juste trop fatiguée pour me bouger du canapé... et comme je n'attendais pas de visite... attends, attends, j'ai quelque chose. » Dis-je en me levant, essuyant les dernières traces de mon incapacité à faire face aux aléas de la vie. J'en profitais pour allumer les quelques lampadaires aux lumières douces et les programmaient sur la fonction changement de couleur pour occuper la jeune femme, le temps que je nettoie le vin et que je sorte quelque chose à boire. Je laissais la lumière tamisée et ce pour éviter que mes yeux rouges ne soient trop voyants. Je revins munie de quelques bouteilles et d'une éponge. « Excuse-moi, je ne suis pas très présentable... » Dis-je en tentant de tirer mon pull pour couvrir un peu plus mes jambes. Je nettoyais le vin. « Tu veux boire quelque chose ? Tu es venue pour ? »

Elle était dans un drôle d'état et avait l'air complètement ailleurs. Ma présence la fit sursauter, reversant son verre sur le canapé. La jeune femme n'avait pas dû m'entendre arrivé ou appeler son nom. Encore une chose qui prouvait qu'elle était ailleurs et que ça n'allait pas- « Désolée, je ne voulais pas te faire peur, mais la porte était ouverte... » - La porte était toujours ouverte. Je ne me souvenait pas l'avoir refermée derrière moi. Alors, je me relevais pour aller la fermer avant de m'asseoir de nouveau près d'Ambre. Observant son visage de plus près, je remarquais marques de larmes récentes qui avaient dû couler - « Rien... je suis juste trop fatiguée pour me bouger du canapé... et comme je n'attendais pas de visite... attends, attends, j'ai quelque chose. » - Elle essuyait ses larmes, voulant certainement cacher cette faiblesse devant moi. Je savais qu'elle me mentait. J'ai vécu toute une enfance et toute une adolescence avec une mère constamment triste. Le fait que quelque chose n'allait pas pour Ambre ne m'échappait pas. Elle ne me tromperait pas ainsi. Je suivais la jeune femme du regard, tandis-ce qu'elle allumait quelques faibles lampes et allait chercher des boissons - « Excuse-moi, je ne suis pas très présentable... Tu veux boire quelque chose ? Tu es venue pour ? » - dit t-elle en nettoyant le vin qui avait été renversé sur le canapé - « Ambre... je vois bien qu'il y'a quelque qui ne vas pas. » - Je ne pouvais pas faire comme si de rien était, comme si je n'avais rien vu et passer à autre chose, l'air de m'en moquer complètement. Je ne m'en fichais pas - « ... Mais je ne t'obliges pas à m'en parler si tu ne veux pas en parler. » - ajoutais-je pour lui indiquer que je ne comptais pas insister si elle ne voulait pas me parler à moi. Tout ce que je voulais, c'était lui montrer que j'étais là sans pour autant être trop lourde. J'espérais néanmoins que ma présence ne la dérangeait pas - « Je suis ici parce que je voulais te voir et non merci, je ne veux rien boire. »

« Ambre... je vois bien qu'il y'a quelque qui ne vas pas... Mais je ne t'obliges pas à m'en parler si tu ne veux pas en parler. » Je baissais la tête, sans dire mot. Mes yeux brillèrent de nouveau et je tentais de le cacher en regardant le sol. Voilà pourquoi je préférais rester seule car étant à fleur de peau, je savais qu'il ne suffirait que d'une étreinte pour fondre en larme en pauvre petite fille sensible que j'étais. Je m'en voulais terriblement, je m'étais bien vite jetée dans les bras de mon ex, persuadée que quelqu'un pouvait m'aimer et ne pas me quitter, pensant que je n'étais pour ma barman qu'un objet sexuel, qu'un coup d'un soir, préférant de loin la facilité à ce que je désirais. La vérité c'est que je n'avais cessé de penser à elle, durant mes baisers échangés avec ma garagiste, durant notre nuit d'amour. Tout me rappelait à son souvenir; une bouteille, des yeux bleus à la télévision et un rire si doux et si fou que je m'en mordais les lèvres.

Je ramenais l'éponge dans la cuisine et m'autorisait quelques larmes contre l'évier, les essuyant aussi vite que possible mais mes yeux humides me trahissaient. « Je suis ici parce que je voulais te voir et non merci, je ne veux rien boire. » Une fois de plus, je baissais la tête, j'avais si peur de la vérité, de l'entendre me dire de ne pas me faire de films, qu'elle n'était pas intéressée par moi et que cette nuit avait été potable mais sans plus. Passant une main sur mes joues, je relevais la tête et la regardais dans les yeux, plongeant mon regard bleuté dans ses douces prunelles qui me dévisageaient avec inquiétude, intérêt. « Je sais ce que tu vas me dire. » Murmurais-je en m'asseyant sur le canapé. « Et je n'ai pas... Je n'ai pas le courage pour ce genre de chose. » Je lui fis de nouveau face, prenant mon courage à deux mains pour poursuivre mes paroles, pour -peut-être- terminer sa phrase, la commencer même et l'achever. « Tout d'abord, je ne me fais pas de films, okay ? » Je n'avais pas le courage de la regarder dans les yeux, idiote. « Je sais que je n'ai rien d'exceptionnel. » Oui, je l'avouais, malgré mon éminente confiance en moi, Everleigh découvrirait que ceci n'était qu'un masque, qu'une manière de me persuader d'une vérité étiolée, d'une réalité fausse, la vie est absurde. « Je ne m'attends pas à ce que tu viennes me dire que... que la nuit qu'on a passé voulait dire quelque chose pour toi. Je veux dire, plus que du sexe. » Dire que je lui avais offert ma virginité. Dire que je m'étais offerte à Jessica. « On est amies, je sais. » Je plissais les lèvres, les remuaient par nervosité. « Je.. je voulais... ça a compté pour moi. » Dis-je, de nouveau les larmes aux yeux. Bon sang ! Quand allais-je cesser de dévoiler mes émotions à la Terre entière ? Mémo : trouver un moyen d'être moins encline aux déballages de sentiments, quitte à se faire un botox dans les yeux. Si ça existait, si ça marchait s'entend.

Comment lui avouer la vérité ? Et surtout, pourquoi lui dire la vérité ? Cela avait-il une réelle importance ? Si la jeune femme ne désirait pas partager quelque chose avec moi, quelle utilité que de lui avouer que je m'étais jetée dans les bras de mon ex ? Pire encore, et si elle me disait que son départ était bien fait pour moi, qu'elle s'en aille en claquant la porte d'un air dédaigneux ? Théoriquement, Everleigh et moi n'avions jamais été ensemble, donc je ne l'avais jamais trompée, néanmoins... je me sentais coupable, très coupable autant que je ne l'avais jamais été. Et je savais pourquoi je ressentais de telles émotions, la réponse était simple : j'aimais Everleigh et il me semblait, en plongeant dans son doux regard, que je l'aimais plus que ça. A côté, les sentiments que j'avais éprouvé pour mon ex me paraissaient presque dérisoire, je croyais même m'être trompée en lui avouant que je l'aimais. Était-ce donc ça, la différence entre l'amour et l'attachement profond ? A quoi bon. Everleigh ne m'aimait pas et ne m'aimerait jamais.

Je sentais une nouvelle montée de larmes, ainsi, je ressentis le besoin irrépressible de me jeter dans ses bras, entourant son cou de mes bras, puis de mes mains, je déposais un tendre baiser sur son cou en pleurant discrètement, en enfouissant ces traîtresses dans mes cheveux, dans les siens et me sentis curieusement en sécurité dans ses bras. Je murmurais. « J'ai fais quelque chose de mal... et on me l'a rendu. »

Elle plongea son regard dans le mien, murmurent savoir ce que j'avais à dire. Comment pouvait t-elle en être tellement certaine ? - « Tout d'abord, je ne me fais pas de films, okay ? » - poursuivait t-elle en détachant son regard de moi. J'eus même l'impression qu'elle n'osait plus croiser mes yeux. Je décidais de ne pas la couper dans son discours, ayant peur de la brusquer ou qu'elle finisse par se défiler, du coup - « Je sais que je n'ai rien d'exceptionnel. » - Comment pouvait t-elle dire un mensonge pareil ? Moi, je la trouvais exceptionnelle. Si il y avait une chose que j'avais bien compris chez Ambre, c'est qu'elle était loin d'être un simple étudiante, pompom girl stéréotypée. Il y avait bien des choses que j'aimais en elle. Son sourire, la façon qu'elle avait de me regarder parfois. J'aimais son petit côté maladroit et timide, loin de l'image de séductrice qu'elle semblait vouloir montrer à tous. Cependant, j'adorais qu'elle me charme aussi. Je savais qu'il y avait encore des choses que j'ignorais à son propos, des choses à découvrir sur la personne qu'elle était. Elle avait aussi des qualités qui me séduisaient, comme le fait qu'elle soit affectueuse ou encore attentionné, mais encore son sens de l'humour et le petit grain de folie qui l'habitait. Parfois, je m'imaginais l'embarqué dans mes folles aventures et lui faire découvrir mon monde - « Je ne m'attends pas à ce que tu viennes me dire que... que la nuit qu'on a passé voulait dire quelque chose pour toi. Je veux dire, plus que du sexe. On est amies, je sais. » - Elle me semblait de plus en plus nerveuse et je comprenais alors que ce qu'elle était en train de dire s'avérait être difficile pour elle. Je lui lançais un doux regard et posais ma main sur la sienne, la serrant, sans m'en rendre vraiment compte - « Je.. je voulais... ça a compté pour moi. » - Ainsi, elle répondait à l'une des questions qui me trottait dans la tête, moi qui m'étais demandé ce qu'était cette nuit. J'étais heureuse de savoir qu'il ne s'agissait pas que de sexe et qu'elle n'avait pas agit sous les effets des substances qu'elle avait ingurgité ce soir là - « Ambre... » - commençais-je sur un ton plein de douceur - « On est quand même plus que des amies. Tu ne t'attends pas à ce que je vienne te dire que cette nuit voulait dire quelque chose, pourtant, ça signifie quelque chose. Ça ne serait jamais arrivé autrement... » - répondis-je sincèrement.

Elle s'était jetée dans mes bras et je la serrais contre moi. Qu'avait t-elle ? Je pouvais ressentir cette tristesse dans le son de sa voix, dans son regard et même dans ses légers sourires - « J'ai fais quelque chose de mal... et on me l'a rendu. » - murmurais t-elle. Je refusais de la relâcher, la gardant contre moi, sentant peut-être qu'elle en avait le besoin. Et puis, il n'avait jamais été désagréable de la sentir dans mes bras - « Quoi que tu es fais, je suis certaine que tu ne méritais pas qu'on te fasse du mal. Tu dis que tu n'es pas exceptionnelle, mais je trouve que tu as une bien mauvaise estime de toi-même. Tu devrais te regarder à travers les yeux d'un autre pour comprendre à quel point tu n'es pas une de ces filles ordinaires. » - Je marquais un court silence - « Alors, dis-moi ce qui t'es arrivé ? »

« On est quand même plus que des amies. Tu ne t'attends pas à ce que je vienne te dire que cette nuit voulait dire quelque chose, pourtant, ça signifie quelque chose. Ça ne serait jamais arrivé autrement... » Mes deux prunelles bleues croisèrent les siennes et dès lors, je ne quittais plus son regard. J'étais sous le charme de ses intonations douces et parfaites, de sa voix rassurante et de sa main sur la mienne avant que je ne vienne entourer son cou de mes bras. Je m'autorisais un sourire entre les larmes et le lui offrait avec le plus de sincérité possible, un tendre sourire émerveillé, doux, amoureux. J'espérais que mon sourire ne l'effraie pas, je pouvais cacher ce que je ressentais pour elle en ne lui disant pas clairement mais mes mimiques m'avaient toujours trahies et je ne cherchais même pas à cacher ce sourire, cet acte si banal mais si merveilleux. Un sourire timide et si tendre, le genre de sourire qui n'était réservé qu'à la jeune femme. « Quoi que tu es fais, je suis certaine que tu ne méritais pas qu'on te fasse du mal. Tu dis que tu n'es pas exceptionnelle, mais je trouve que tu as une bien mauvaise estime de toi-même. Tu devrais te regarder à travers les yeux d'un autre pour comprendre à quel point tu n'es pas une de ces filles ordinaires. Alors, dis-moi ce qui t'es arrivé ? » Comment diable s'y prenait-elle pour me charmer avec de telles intonations, pour me rassurer rien qu'en prononçant ses quelques mots, pour que je tombe dans le panneau avec facilité, pour que, de seconde en seconde je tombe amoureuse de plus en plus, changeant mes sentiments en quelque chose de plus fort, quelque chose dont personne n'avait jamais eu droit, des sensations, des émotions nouvelles aussi belles qu'effrayantes. Je relâchais mon étreinte pour nous adosser contre le canapé, me faisant un nid entre ses bras et positionnant ses mains autour de ma taille pour m'enlacer avec douceur, ne me souciant pas de lui demander son avis ni même d'attendre une quelconque réaction de sa part. « Je veux être dans tes bras. » Murmurais-je alors, me blottissant contre elle, voulant à tout prix sentir son odeur et m'enivrer de son corps qui m'avait tant manqué. Je ne voulais pas lui avouer la vérité, du moins pas tout de suite, j'avais peur. 'On est quand même plus que des amies, quand même plus... des amies...', ses mots résonnèrent en moi comme un doux écho. A moins d'avoir mal entendu, il n'y avait pas beaucoup de manières d'interpréter cela. Je me contentais d'arrêter de pleurer pour esquisser un sourire qu'elle ne verrait pas, savourant le moment ou dans ses bras j'étais plus 'qu'une amie' redoutant le moment ou je lui dirais que je m'étais bêtement jetée dans les bras d'une autre pour me rassurer, l'oublier. J'avais si peur de la perdre, peur de perdre ce 'plus que des amies', qu'elle me rejette, me repousse... de nouveau, les larmes vinrent submerger mon visage et j'enfouissais mon visage de plus en plus dans mes cheveux pour me cacher. « J'ai fais une bêtise... j'ai fais une bêtise car... » D'autres larmes vinrent accompagner les premières, me rendant encore plus sensible et stupide qu'auparavant. Je respirais un grand coup. « J'ai crû que... que je n'étais pour toi qu'un objet sexuel. Qu'une histoire sans lendemains... » Inutile d'essayer de cacher mes larmes, c'était maintenant des sanglots qui venaient me trahir, idiots ! J'essuyais mes yeux d'un revers de main. « J'avais peur... Oh Everleigh ! » Dis-je dans un excès fiévreux, saisissant son visage entre mes mains pour qu'elle me regarde dans les yeux, mes yeux rouges et amoureux. « Je t'aime. » Dis-je en ressentant une vague de chaleur lorsque je prononçais ses mots, et ne résistant plus au désir ardent d'embrasser ses lèvres...

Adossée contre le canapé, je la serrais contre moi, l'encerclant de mes bras fins. Elle murmurait vouloir être dans mes bras, se blottissant davantage contre mon corps et je resserrais mon étreinte - « Une chance que j'aime t'avoir dans mes bras. » - Ambre avait toujours été très tactile et très câline avec moi. Encore une de ses choses que j'aimais tant chez elle. Sans pour autant être collée non stop sur mon/ma compagne, j'aimais la tendresse. Comme la plupart des femmes je présume. Ambre savait faire preuve de tendresse et de douceur, oui elle savait très bien me donner cela. Je caressais sa belle chevelure blonde, lorsqu'elle reprit la parole - « J'ai fais une bêtise... j'ai fais une bêtise car... » - commença t-elle. J'ignorais ce qui s'était passé pour Ambre durant ses quatorze derniers jours et m'en voulait de ne pas avoir été plus présente. J'attendais alors, qu'elle me raconte la raison de cette tristesse. Elle semblait m'accorder assez de confiance pour vouloir m'en parler, même si ses aveux étaient compliqués - « J'ai crû que... que je n'étais pour toi qu'un objet sexuel. Qu'une histoire sans lendemains... » - Les larmes avaient recommencé à couler sur ses joues et je portais ma main jusqu'à elles pour les essuyer. Ce que je n'aimais pas la savoir malheureuse ou la voir pleurer. Je l'avais déjà vu pleurer et c'était une image à vous briser le cœur. Non pas que je sois une grande sensible, mais Ambre est de ces personnes capables de vous faire ressentir ses émotions. Quand vous la voyez sourire, vous ne pouvez faire autrement que de sourire aussi. La simple mélodie de son rire vous entraîne à rire avec elle. Elle sait transmettre sa joie et il est impossible de ne pas être sensible à sa douleur. Comment ne pas compatir quand ses jolis yeux bleus sont baignés de larmes ? Tu ris, je ris, tu pleures, je pleure. C'est un peu ça. Elle pensait alors n'être qu'un objet sexuel pour moi ? J'aurais été vexée si je n'avais pas remarqué qu'elle avait besoin d'être rassurée. Une histoire sans lendemains ? Un lendemain, j'en voulais, mais je savais que cela relevait du rêve. Ambre et moi, ce n'était pas possible. Je pouvais lui donner ce qu'elle voulait et elle pouvait me donner ce que je voulais, seulement, il ne suffit pas que de cela. Il y avait tous les « à côté » et je ne voulais pas qu'elle souffre un jour à cause de moi. J'ai beau ne pas être toujours la personne la plus gentille de la terre, je n'aime pas faire souffrir ceux à qui je tiens. Ambre ne m'avait pas parlé de cette fameuse bêtise qu'elle disait avoir faite et je me questionnais encore - « ... cette bêtise est si terrible que ça ? Comment pourrait t-on en vouloir ? Surtout avec ce petit air dans ton regard. » - J'essayais de la contraindre à affronter mon regard - « J'avais peur... Oh Everleigh ! » - Peur ? Peur de quoi ? Etait t-il encore question de moi et cette nuit ? De ce qu'elle pouvait représenter pour l'une et l'autre. Elle saisissait mon visage de ses mains et je croisais son regard admiratif... non c'était autre chose. Amoureux ? Je n'étais pas du genre à me faire des films, mais en vue de ce qu'elle m'avait dit et du passé, lorsqu'elle avait dit avoir eu le cœur brisé à cause de moi, c'est à cette conclusion que j'en venais - « Je t'aime. » - Je me figeais sur place. Je ne suis pas impressionnable, mais ses mots-là m'impressionnaient. Je les avaient rarement entendus et encore moins avec autant de sincérité. Je la fixais sans bouger. Plusieurs sensations se mêlaient, d'abord de cette chaleur, puis une pointe de peur. Ambre Weasthon m'aimait. Les sentiments de la jeune femme étaient vrais et bien présent et peut-être que tout ça était trop rapide, que ça me prenait de court. Elle avait dit « je t'aime ». Ce n'est pas rien. Venant d'elle ce n'était pas rien. Je restais sans voix et réagissait finalement par un baisé. J'embrassais ses lèvres avec tendresse, puis m'engageais dans un échange plus fougueux. Etait-ce la bonne chose à faire ? Probablement pas, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Je retrouvais le délice de ses baisés... ce que c'était bon. Cependant, je séparais nos lèvres après quelques instants - « Ambre... » - Je plongeais derechef mon regard dans le sien - « Tu ne devrais pas dire ça...» - Je m'éloignais quelque peu d'elle - « C'est trop pour moi. Il y'a bien plus que de l'amitié entre nous, vraiment. Je t'assures que tu m'attires tel un aimant et que je tiens beaucoup à toi, mais enfin c'est trop. » - ajoutais calmement, cependant légèrement perturbée.

Elle répondit alors à mon baiser et nous engagea dans un échange fougueux, j'eus soudainement d'autres idées en tête qui l'engagerait pour la soirée mais elle stoppa alors -doucement- notre échange et me fixa avec une expression que je ne compris pas. Une expression qui... qui faisait mal. Pas comme si elle m'admirait, comme si elle voulait plus mais plutôt comme si elle ne comprenait pas, qu'elle n'en voulait pas plus et que soudain son jeu diabolique prenait fin car elle réalisait qu'elle était allée trop loin dans sa manipulation puisque l'une de nous était tombée amoureuse. Ce n'était pas de vulgaires sentiments, ça allait au delà de ça si bien que son regard me stoppa net dans mon élan fougueux de l'embrasser dans le cou et de me dénuder. C'est alors qu'elle s'éloigna quelque peu de moi et de notre étreinte, ceci me brisa et je me sentis comme arrachée du sol, attirée par le bas d'une force considérable, m'arrachant les entrailles, le corps, le cœur... fermant les yeux pour l'écouter parler, comme si le fait même de fermer les yeux me protégeais du mal, de l'écoute, de l'enfer. « C'est trop pour moi. Il y a bien plus que de l'amitié entre nous, vraiment. Je t'assures que tu m'attires tel un aimant et que je tiens beaucoup à toi, mais enfin c'est trop. » « Je vois. » Dis-je entre deux larmes, encore ?! Sois forte, sois forte, tu t'en fiche, après tout, elle ne sait pas la chance qu'elle pourrait avoir en étant avec toi. Ses yeux sont fermés, sa pensée hermétique à toute forme d'amour, aveugle, incapable de voir ce que je pourrais lui apporter, le bonheur que je pourrais lui procurer ni même attirée par toutes les attentions dont je pourrais faire preuve. Je plissais les lèvres par dépit, me résignant. Elle essayait néanmoins de tempérer ses propos mais son 'il y a vraiment plus que de l'amitié entre nous' me donnait la nausée, cette hypocrisie soudaine, cet élan blessant ne venait de personne d'autre que d'elle et soudainement je vis autre chose. Everleigh n'était pas la femme qui m'était destinée, pire, le sexe qui m'était destiné. Je m'étais considérée depuis mon arrivée à Wellington comme bisexuelle, bien que je n'aimais pas les étiquettes, mais je réalisais aujourd'hui que ces expériences n'étaient rien de plus que des expériences et que j'avais été aveuglée par l'amour facile et les caresses. Peut-être atténuais-je la douleur en me disant que je n'étais pas attirée par les femmes et par ma barman, mais la souffrance était plus supportable ainsi.

« Laisse tombé. On est amies, ça me va, j'ai un peu... déliré tout à l'heure. » Annonçais-je en reprenant mon souffle, empêchant les dernières larmes de couler et sentis mes yeux sécher. Je ne voulais pas lui donner l'impression d'être désespérée, ni même de souffrir, bien qu'il était trop tard. Elle tenait juste à moi tandis que je l'aimais... il n'y a rien de pire que d'aimer un cœur qui lui ne vous le rend pas, qui aime ailleurs. Et ce que je venais de réaliser me fis avancer, je muris soudainement en réalisant que la vie n'était pas aussi facile, aussi rose que je l'avais imaginé et que même en s'évertuant à donner le meilleur de nous même aux êtres qui comptent, on fini par vulgairement se faire baiser et je me promettais dès le lendemain de chercher un comme qui me baisera pour que je ressente quelque chose, la fougue même pendant un quart d'heure, une heure, deux heures, cinq minutes... sentir que je sens à quelque chose, qu'un homme se vide et m'attrape, me prenne, me frappe... il fallait que l'on m'aide à exorciser la souffrance, la douleur et toutes ses choses qui font que je souffre, qui font que la vie est trop difficile et que je ne pourrais jamais l'oublier. « Il y a quelqu'un d'autre ? » Demandais-je avec un regard doux et triste duquel mes yeux ne brillaient plus, séchés par la contemplation d'une vie que je hais et dont le regard, par de deux fois brisé n'exprimait rien de plus que de longues réminiscences. J'agissais sous le coup de mes émotions ce qui pouvait être un défaut. Malgré tout les êtres passionnés sont les plus créatifs et je rêvais de pouvoir me retrouver seule avec mon violoncelle que je n'avais pas touché depuis des lustres, comme pour exprimer, extirper, retirer et regarder s'en aller la douleur d'une Everleigh briseuse de coeur. Alors oui, nous étions plus que des amies dans le sens ou nous avions couché ensemble mais pas plus que cela pour m'aimer, pour sourire à l'évocation de deux mots magiques 'je t'aime', un 'je t'aime' qui me donna la nausée et que j'avais envie d'aller chercher avec un couteau, à travers mon œsophage...

« Je vois. » - Je sentais que mes paroles l'avaient blessé. Je faisais tout ce que je ne voulais pas : Faire souffrir Ambre. Que croyait t-elle en me disant qu'elle m'aimait ? Que j'allais le lui dire moi aussi ? Maintenant alors que nous avions jamais ne serais-ce qu'essayer d'être un couple. Ces deux mots m'avaient dépassé. Je voyais bien qu'elle était accrochée à moi et peut-être trop et trop tôt. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle m'aime maintenant, si vite. J'avais encore du mal à me remettre de son « Je t'aime ». C'est cette raison qui me poussait à la repousser. Aujourd'hui, elle me dit qu'elle m'aime et demain quoi ? Je suis la femme de sa vie ? Bizarrement, j'avais envie d'une relation sérieuse, d'être avec quelqu'un pour qui je compterais, mais d'un autre sens, je ne voulais pas que les choses aillent trop vite. Je pense qu'il faut prendre son temps et ne pas brûler les étapes, alors oui, pour moi la déclaration d'Ambre était prématurée. Je craignais qu'elle s'emballe de trop. Bien que je la veuille pour moi, j'avais envisagé pour le moment d'être avec elle et de voir comment nous réussirons à nous entendre dans une relation. Il y avait ce feeling évident entre nous et je pensais pouvoir la combler, mais et si je me trompais ? Et si nous n'arrivions plus à nous entendre une fois embarquées dans une relation ? Quoi qu'il en soit Ambre était amoureuse, elle m'aimait et je devais arrêter tout ça maintenant. Je ne pouvais pas me mettre avec elle, si nous ne nous convenions pas, elle en souffrirait encore plus. Je regrettais que nous ne soyons pas sur la même longueur d'onde sur ce point-là. On ne peut pas se permettre "d'essayer" une relation avec une personne qui aime déjà trop. J'aurais aimé qu'elle me dise qu'elle avait envie d'être avec moi et qu'on pouvait peut-être essayer de s'écrire une histoire, doucement, vivre et voir. Mais, j'imaginais plutôt Ambre comme quelqu'un essayant d'entrevoir le futur et pleins de projet d'avenirs. Enfin peut-être que je me trompais et que son « je t'aime » m'effrayait tellement que je m'étais mise à divaguer ? - « Laisse tombé. On est amies, ça me va, j'ai un peu... déliré tout à l'heure. » - Je savais qu'elle ne le pensait pas. Elle était si sincère lorsqu'elle avait dit m'aimer que je ne pouvais pas croire qu'il s'agisse d'un délire. Ambre était blessé et je suppose que c'est le genre de choses qu'on dit quand on l'est. Nous avions cessé notre étreinte et je la fixais du regard - « Il y a quelqu'un d'autre ? » - reprit t-elle. Une autre personne ? Non, oui, peut-être. Ce n'était pas le problème - « Mon frère. Tu es peut-être un peu trop son ex. » - dis-je doucement. C'était une fausse bonne excuse. Je ne me gênais pas pour séduire une femme qui me plaisait avant lui si je le voulais vraiment. Kyle ne me semblait pas être attachée à Ambre plus que ça, mais son égo d'homme en prendrait certainement un coup si il savait qu'Ambre m'aimait moi, me préférait moi. Il appréciait pas vraiment que ses « proies » me préfèrent - « Je suis désolée. Vraiment. Je ne voulais pas te blesser. Mais tu sais, je suis probablement la personne qui te conviendra le mieux, ni la personne que tu crois. » - repris-je l'air plus sombre. C'est vrai, il y avait des tas de choses sur moi qu'Ambre ignorait, qu'elle ne devait pas savoir d'ailleurs. Mon appartenance aux cavaliers noirs devait rester secrète. Je ne partageais cela qu'avec mon frère ou les autres membres. Enfin, ce n'est pas les cavaliers noirs qui m'empêchaient d'être en couple avec Ambre. Elle m'accordait déjà trop d'importance et je n'étais pas prête à ce que ce soit si important, maintenant. Je tenais beaucoup à elle, certes, mais pas au point de lui dire « Je t'aime ».

A mon 'il y a quelqu'un d'autre', elle me fit attendre dix secondes et douze millièmes. Le temps n'avait jamais été un problème à compter et le temps me permettait de déceler le vrai du faux, mais hélas, je me trompais souvent. Non pas par manque de jugement ou de précision mais par le simple fait que ma naïveté prenait le pas sur la raison et les preuves évidentes. Ainsi donc il y avait quelqu'un d'autre dans sa vie et je me résignais à cette triste vérité. « Mon frère. Tu es peut-être un peu trop son ex. » Dit-elle comme pour se rattraper de son silence. Cette excuse me déstabilisa, comment se servir de son frère pour se cacher, pour ne pas passer pour le méchant, voilà le fin mot de l'histoire. Foutaises. Elle veut le sexe et les rencontres faciles, elle me décevait. L'image que je me faisais de la jeune femme se brisa alors que je réalisais à quel point j'avais put me tromper sur son compte. Elle baissa dès lors dans mon estime et je compris une fois de plus à quel point je m'étais trompée et me sentis ridicule d'avoir pensé qu'elle pouvait m'aimer, me désirer. Tout ce qu'elle avait dit depuis tout à l'heure, qu'on était plus que des amies n'avait servit à qu'à me protéger et ce fut une erreur que de me mentir. « Je suis désolée. Vraiment. Je ne voulais pas te blesser. Mais tu sais, je suis probablement la personne qui te conviendra le mieux, ni la personne que tu crois. » « C'est bon, pas la peine d'argumenter. » Dis-je entre les dents, lui adressant un sourire très hypocrite mais qui ne se voulait pourtant pas. En effet, argumenter ne servait qu'à lui donner raison, que oui je l'aimais mais que elle non et qu'elle ne m'aimerait jamais car je n'étais pour elle qu'une nuit, une pauvre nuit lointaine comme elle en vivait d'autres avec tout le monde. « Je sais. » Répondis-je néanmoins. « Je sais tout ça. » J'aurais pourtant voulu qu'elle me couvre de baisers, qu'elle me prenne dans les bras et l'entendre rire, heureuse de m'avoir à ses côtés, qu'on y aille doucement, pas à pas et rêver ensemble à un avenir meilleur, pas forcément faire des projets mais au moins imaginer toutes les deux comment se sortir de ça. Elle avait beau -probablement- aimer sa vie, celle-ci est toujours meilleure à deux. Rien de plus merveilleux que de rentrer après une journée de travaille exténuante et d'avoir une petite personne pour nous prendre dans les bras. De pleurer la nuit et de sentir deux bras nous caresser, nous enlacer...

« Je me suis trompée sur ton compte, je suis désolé... je me suis fais des films c'est tout... » Je croisais son regard et ne pouvais plus cacher la souffrance dans mes yeux. Les larmes ne symbolisaient plus rien en comparaison avec ma façon de la regarder, de la dévisager, de l'affronter. Elle qui s'était éloignée, défaite de notre étreinte pour me balancer au visage qu'elle ne m'aimait pas, m'avouant presque qu'elle avait menti et tentant de me préserver en me rappelant que je comptais plus qu'une amie mais qu'elle rejetait tout de même finalement, comme un jette un verre d'eau au visage de quelqu'un... « Evy... » Je ne me retenais plus, j'avais terriblement envie de l'embrasser, de lui montrer à quel point je l'aimais, la couvrir de baiser que je me jetais sur elle comme une désespérée, fougueuse et déposais mes lèvres sur les siennes avec ardeur.

« C'est bon, pas la peine d'argumenter. Je sais tout ça.» - dit t-elle dans un faux sourire. Elle m'en voulait et je comprenais. C'était moi qui lui brisais le cœur, moi qui étais incapable de ne pas fuir au son du « Je t'aime » qu'elle m'avait murmuré. Elle ne devait pas croire en mes mots, pensant que je la rejetais parce que je ne voulais pas d'elle. Pourtant, j'avais été sincère. Je ne mentais pas. Il était évident que nous n'étions pas que des amis, que je la désirais et que je tenais à elle. Seulement, elle s'attendait à ce que je l'aime comme elle m'aimait. Ce n'était probablement pas suffisant. Quoi qu'il en soit, je ne voulais pas qu'elle pense qu'elle n'était pour moi qu'un objet sexuel, une nuit parmi tant d'autres. Je n'étais pas ce genre de femmes. Coucher avec le/la première venue, du sexe pour du sexe. Je sentais la déception dans son regard. Je la décevait. Peut-être que les choses seraient plus faciles si elle était tellement déçue par ma personne qu'elle finirait par me détester - « Je me suis trompée sur ton compte, je suis désolé... je me suis fais des films c'est tout... » - Rares étaient les occasions où je ne trouvais pas de mots. Je savais toujours quoi dire, quoi faire, mais j'avoue que là, face à une Ambre brisée, j'étais impuissante. J'aurais dû trouver quelque chose à lui dire, n'importe quoi - « En effet, Tu t'es trompée sur moi. » - Mon ton n'était pas froid pour autant, je n'arrivais pas à l'être avec elle. Je ne suis pas quelqu'un de froid, même la pire des méchancetés peut sortir de ma bouche avec un sourire, hypocrite, certes.

Nos regards se croisèrent à nouveau. Je ne pouvais pas croiser ses grands yeux tristes sans ressentir cette peine moi aussi. Je la faisais souffrir... encore. Je devais être une personne abominable pour briser le cœur d'Ambre de la sorte. Seulement, ce serait pire si j'essayais de me mettre avec elle, prendre le risque qu'elle m'aime davantage et au finale, me rendre compte que ça ne marche pas, qu'on avance dans deux chemins opposés. Je ne savais pas ce que voulait Ambre à l'heure actuelle, sûrement plus que ce que moi je voulais. Derechef, j'essuyais les larmes sur son visage. Ce que je détestais la voir comme ça et surtout à cause de moi. Elle était déjà triste avant que je n'arrive et je ne faisais qu'aggraver les choses - « Evy. » - dit t-elle avant de se jeter sur moi. Pourquoi faisait t-elle cela ? Pour me faire craquer ? Elle semblait vraiment me vouloir et peut-être plus que je ne me l'imaginais. Je ne résistais pas à ses baisés ardents, l'embrassant moi aussi avec fougue. Comment résister a cela ? Ce n'était mal, mais tellement bon - « Ambre. » - dis-je lorsque nos lèvres se séparaient. Je prenais son visage entre mes mains avec douceur - « Arrêtes. Tu vas te faire davantage de mal et je refuse ça. Crois-moi, je suis sincèrement désolée de te souffrir ainsi, mais c'est vraiment mieux qu'on en reste-là. » - Je lui caressais la joue, le regard triste - « Tu mérites mieux que moi, Ambre Weasthon. Je suis loin d'être à la hauteur de tes attentes et tu sais que tu t'es trompé sur moi. » - Parfois, j'aurais aimé être doté du pouvoir de mon frère, être capable de lui faire oublier le mal que je lui avais fait. C'est horrible à dire, je sais que c'est mal de manipuler la mémoire des autres, mais est-ce si affreux que ça quand il s'agit d'apaiser un être brisé ?

Elle répondit à mes baisers avec fougue et je sentis une vague de chaleur monter en moi, me signifiant que je voulais aller encore plus loin et faire de nouveau l'amour à cette femme magnifique que j'aimais. Je la sentais craquer mais elle m'arrêta alors une nouvelle fois et je ne réussis plus à dissimuler ni même refouler mes larmes. Cette fois ci c'est à gros sanglots que je pleurais, laissant échapper de grosses larmes et de grands gémissements de souffrance. « Arrêtes. Tu vas te faire davantage de mal et je refuse ça. Crois-moi, je suis sincèrement désolée de te souffrir ainsi, mais c'est vraiment mieux qu'on en reste-là. » « Mieux pour toi qui ne veux pas ! » Répondis-je en pleurant à chaudes larmes, déportant ma main droite sur ma bouche pour camoufler l'expression de ma profonde tristesse. La jeune femme me caressa alors la joue d'un air faussement triste. « Tu mérites mieux que moi, Ambre Weasthon. Je suis loin d'être à la hauteur de tes attentes et tu sais que tu t'es trompé sur moi. » « On dit toujours ça quand on veut repousser quelqu'un qui nous plait pas, moi aussi j'ai déjà dis ce genre de stupidités... » Réussissais-je à articuler entre deux sanglots. « Pourquoi dit-on toujours ce genre de choses ? Je veux dire, qu'est-ce que tu sais de mes attentes hein ? Parce que je te dis je t'aime... » J'eus même du mal à le répéter. « Tu crois que... » Tu crois que je te mets la corde au cou, que je te demande de m'épouser et que tu me dises demain que je suis la femme de ta vie peut-être ? Parce que je te dis je t'aime tu crois que je veux un sermon d'amour et tout le reste ? J'y croyais pas... je voulais juste démarrer une relation, commencer petit à petit tout en composant avec l'amour que j'avais pour elle... mais visiblement elle croyait qu'avec mes sentiments, j'étais incapable de commencer une relation du début et que je croyais tout de suite m'engager dans quelque chose de sérieux. Je venais de la comprendre, de comprendre ce qu'elle pensait dans sa tête en plus de ne pas m'aimer. Avoir des sentiments pour elle ne voulait pas dire rester toute notre vie ensemble... ça voulait dire essayer d'être ensemble et de voir ce que ça pourrait donner mais peut-être était-elle moins expérimentée dans le domaine sentimental que dans le domaine sexuel.

« Je me suis fais de fausses idées, je suis désolé, on est amies et ça me va très bien. » Je n'arrivais pas à m'empêcher de pleurer, de sangloter et j'en avais honte, si honte ! « Je suis désolé... d'habitude je ne suis pas comme ça. » Menteuse. « Je suis... je suis désolé. » Tout ce que je voulais, c'était aller dans mon lit, pleurer jusqu'à m'endormir et rester dans mon coin, sans qu'on me dérange. « Tu ne voudrais pas rester dormir, heu rester avec moi jusqu'à ce que je m'endorme ? » Je rougis entre deux larmes et ce désir m'enflamma les joues. « Je sais que tu ne veux pas de moi, que je te ne plais pas et tout ça et ne réponds rien à propos de ça s'il te plait. J'ai besoin... je t'aime et j'ai besoin que tu restes avec moi s'il te plait. » Je n'avais jamais autant prononcé les mots 'je t'aime' en une soirée, tout d'abord parce que je n'avais vraiment aimé qu'Everleigh et que la seule fois ou j'avais dis je t'aime relevait plus du fait que je confondais amour et attachement qu'autre chose. Je l'attrapais par la main et éteignit les lumières, l'emenant dans le couloir, près du hall, lui laissant la possibilité de s'en aller en lui désignant la porte d'entrée. Je me rapprochais d'elle et la regardais avec tristesse, cessant de penser aux larmes qui ne cessaient de trahir ma souffrance.

La jeune femme ne semblait plus parvenir à dissimuler ses sanglots et sa tristesse, pleurant à chaudes larmes - « Mieux pour toi qui ne veux pas ! On dit toujours ça quand on veut repousser quelqu'un qui nous plait pas, moi aussi j'ai déjà dis ce genre de stupidités... Pourquoi dit-on toujours ce genre de choses ? Je veux dire, qu'est-ce que tu sais de mes attentes hein ? Parce que je te dis je t'aime... » - Elle n'avait pas tort, ce sont des choses que l'on dit lorsqu'on veut repousser quelqu'un. Je la repoussait, mais pas parce qu'elle ne plaisait pas. Je la repoussait parce qu'elle m'aimait. C'est stupide. Certaines passent leurs vies à chercher la personne qui leur dira « Je t'aime ». Moi, je n'étais pas prête à l'entendre de la bouche d'Ambre et le pire, c'est qu'elle le disait une seconde fois - « Tu crois que... » - poursuivit t-elle sans terminer sa phrase. Je croyais qu'elle s'emballait bien trop vite. Je ne sais quelle était la force de son amour, mais c'était certainement déjà trop pour avoir déclaré « je t'aime » avec autant de sincérité. En dépit du feeling évident qui était installé entre nous, on ne se connaissait pas assez. J'avais encore du mal à croire qu'elle puisse m'aimer. Alors oui, ses je t'aime étaient trop prématurés pour moi et j'avais peur qu'elle n'en vienne à brûler les étapes. Peut-être s'apercevrait t-elle au final qu'elle s'était emballée et que ses sentiments partiraient aussi vite qu'ils étaient venus ? Comprenez ma peur, moi qui ne tombe pas très facilement amoureuse. J'ai déjà aimé bien entendu, mais ce n'est pas arrivé souvent et d'ailleurs, ça n'a jamais fonctionné au final. Je suis probablement une de ces femmes tétanisées par l'amour lorsque ça devient trop sérieux. Pourtant, je ne voulais pas non plus d'une histoire dénuer de sens où l'on me traiterait comme un objet sexuel - « Qu'est-ce que toi tu pensais en me disant cela ? » - demandais-je d'une voix douce - « Tu as raison, je ne connais pas tes attentes, mais j'ai entendu ce que tu as dit et c'est pas ce que je veux entendre. Tu m'aimes avant même de me connaître vraiment, tu m'aimes avant même d'avoir été avec moi. Désolée, mais ça me parait complètement fou et beaucoup trop. »

« Je me suis fais de fausses idées, je suis désolé, on est amies et ça me va très bien. » - J'eus l'impression qu'elle ne s'arrêterait jamais de pleurer. Ambre était une jeune femme sensible. Une sensibilité qui m'avait tout de suite plût en elle - « On sait toutes les deux que tu mens. Pourquoi vouloir t'obstiner à être mon amie, alors que tu veux clairement autre chose. » - Je plongeais mon regard dans le sien et reprenais - « Ambre, je veux ce qu'il y'a de mieux pour toi et je t'assures que si tu as besoin de prendre du recul par rapport à moi, je l'accepterais, je partirais... si tu le veux. » - Disparaître de son univers, c'est certainement ce que j'avais de mieux à faire. Je la faisait suffisamment souffrir comme ça et elle n'en avait pas besoin. D'ailleurs, je suppose qu'elle ne voudrait pas me revoir. Aussi, c'est pour cela que je fus étonnée quand elle me demanda de rester avec elle pour dormir... enfin jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Elle me regardait avec cet air si triste, que je ne pouvais pas lui refuser cette faveur. Une nouvelle fois, elle prononça les mots « je t'aime ». Quand allait t-elle arrêter de me dire ça ? Je ne voulais pas qu'elle me dise ça. Elle me saisit la main et m'emmena jusque dans le couloir. Elle s'était tournée vers moi, attendant une réponse de ma part - « D'accord, je reste. » - Je lui adressais un sourire faiblard et l'accompagnais jusque dans sa chambre. Je m'étendis sur le lit à ses côtés et l'attirait à moi, entourant sa taille d'un de mes bras, sa tête était posée sur ma poitrine. Je déposais un tendre baisé sur son front. Je m'en voulais tellement et le pire dans tout ça, c'est que je désirais l'avoir pour moi. Peut-être que l'histoire aurait été écrite différemment si elle n'avait pas dit qu'elle m'aimait, peut-être aurais-je essayé de me mettre avec elle. Seulement, elle avait dit je t'aime...

« On sait toutes les deux que tu mens. Pourquoi vouloir t'obstiner à être mon amie, alors que tu veux clairement autre chose. Ambre, je veux ce qu'il y'a de mieux pour toi et je t'assures que si tu as besoin de prendre du recul par rapport à moi, je l'accepterais, je partirais... si tu le veux. » « On a toujours été plus que des amies, de simples amies, tu le sais. Alors je mentirai si je te disais que tu es mon amie avant tout et que je ne veux pas perdre notre amitié en te disant de partir et de ne plus jamais revenir. » Lui dis-je en restant perdue, détruite dans son regard bleu. « Mais je veux que tu restes avec moi. J'ai besoin de toi. Je ne peux plus t'embrasser, alors je me contenterai de tes bras car c'est la chose la plus importante pour moi. La chose la plus importante de ma vie. Tu as pris une telle place dans mon cœur... Je n'ai jamais été douée pour ce genre de choses. » Je baissais la tête, évitant son regard. « Mais j'ai décidé de grandir, de murir en étant sincère, en t'ouvrant mon cœur même si tu ne veux pas de lui. Parce que même si tu ne veux pas de moi, je n'ai pas honte de te le dire. Je n'ai pas honte de dire tout ce que j'ai dis. Demain sera une autre paire de manche... mais ce soir, ce soir je tenais à ce que tu saches que je suis sincère alors, puisque tu sais quand je mens. » Je relevais ma tête, baignée de larmes en croisant son regard. « Alors restes avec moi ce soir. »

Elle m'adressa un faible sourire, hypocrite qu'importe et accompagna jusqu'à dans ma chambre avant de s'étendre sur le lit et de m'attirer à elle. Je me défis de son étreinte et retirais le pull que je portais, prévoyant d'avoir chaud et voulant être le plus à l'aise dans ses bras. Je la laissais enrouler ses bras autour de ma taille, déposant ma tête sur sa poitrine, sentant un tendre baisé sur mon front, ce qui me fit verser de nouveau une larme alors que je fermais les yeux. Les minutes passaient, inlassablement dans les bras de ma bien aimée, tandis que j'essayais d'imaginer ma vie sans elle. Au moment ou vous réalisez à quel point vous aimez une personne, vous comprenez dès lors la tâche difficile de vivre sans cet être et vous vous demandez comment vous avez fait pour vivre sans jusqu'à maintenant. Je sentais la douleur m'arracher la poitrine. Il y a pire qu'une rupture. C'est lorsque vous ne pouvez être avec une personne parce que vous ne vous correspondez pas... c'est quand vous savez l'attention que vous porte cette personne trop insuffisante pour pallier vos différences, pour passer outre et que vous ressentez au fond de vous un amour, un amour à sens unique. Voilà le drame de ma vie. Tandis que je sombrais dans les sombres méandres de la nuit, je réussis à articuler quelques mots et n'étais pas surprise qu'elle ne comprenne pas tout puisque ma mâchoire commençais à se serrer, faisant de mes paroles un flot quasi incompréhensible. « Dire que je suis ce soir dans tes bras... » Dis-je en sentant le sommeil me guetter, sentant les larmes couler sans que je ne m'en rende compte. « J'ai tellement mal. » Annonçais-je en laissant mes larmes couler sur sa poitrine. Il était étrange de me confier sur mes sentiments à une jeune femme qui m'avait repoussée et encore plus de le lui dire dans ses bras, mais il semblait qu'elle et moi partagions une relation spéciale, du moins je m'en persuadais. Assez spéciale pour que ce type de situation ne me paraisse pas étrange ni inapproprié. « J'ai toujours eu du mal à ressentir ce genre de choses, à m'attacher vraiment aux gens, comme si tout ça... tout ça ne m'appartenait pas, que je passais mon temps à vivre des choses qui ne sont pas à moi... » Je m'étais plusieurs fois mise à rêvasser sur le fait que j'avais volé l'identité d'une autre et que ma véritable vie m'attendait, là quelque part, remplie d'amour, de joie et de sens... « Et le jour ou je ressens tout ça... tu me brises le cœur. » Je ne sentis même pas les dernières larmes tomber. J'approchais ma main de la sienne et me décalais pour me mettre sur le côté, attirant ses bras autour de ma taille, formant de ses bras un berceau pour me protéger. Saisissant l'une de ses mains pour la déposer sur ma poitrine. « C'est mon cœur... » L'entends-tu qui se brise ? Le sens tu ? « J'ai l'impression que je ne pourrais jamais m'en remettre... j'ai crû que tu pouvais... que tu pouvais m'aimer, je suis désolé. C'est là le drame de ma vie. » Terminais-je en pleurant, sombrant un peu plus dans un sommeil sans rêve, bordé par les bras fin de la femme de ma vie.

Je n'avais jamais entendu personne me faire de telles déclarations. Je le sentais dans sa façon de s'exprimer ou de me regarder : Ambre m'aimait d'une façon dont on ne m'avait peut-être jamais aimé. Elle semblait tenir à moi plus que personne. Il fallait être vraiment idiote pour laisser passer une telle chance, une chance d'être avec l'être qui saura vous aimer comme vous le mérité. J'étais prise de cours face aux révélations de la jeune femme. J'étais entrée dans son monde et y avait tout bousculé. Elle le disait elle-même, j'avais pris une place importante dans son cœur, mais ce soir, je la brisais. Dans ses yeux, c'est comme si le ciel s'était effondré. J'étais la violente tornade qui était venu détruire sa vie. J'étais passée et j'avais tout dévasté sur mon passage. Je savais que rien de ce que je pourrais dire maintenant n'apaiserait sa peine, elle était bien trop grande. J'espérais simplement que cette douleur là finirait par s'estomper, que pierre par pierre, elle réussirait à reconstruire son cœur brisé. Je passais certainement à côté de quelque chose. Ambre pouvait être la femme qu'il me fallait. Peut-être serais-je tombée follement amoureuse, qui sait ? Elle ne m'avait pas laissé assez temps. La réaction qu'elle avait me montrait combien elle tenait à moi. Il était impossible de jouer avec cela. J'aurais pu ne pas la repousser, me mettre avec elle et qu'aurais-je fais si je ne tombait pas amoureuse ? La quitté et lui faire encore plus mal ? J'étais prévoyante et je préférais tout arrêter maintenant. Ce que je ressentais pour elle n'était pas encore assez clair dans ma tête - « Dire que je suis ce soir dans tes bras... » - Je resserrais mon étreinte sur elle, comme si je voulais la protéger. Seulement, il n'y avait rien qui puisse la protéger contre cette souffrance là. Elle me disait avoir si mal dans un flot de sanglots. Cela me faisait mal à moi aussi. J'avais mal de la voir ainsi et puis, même si je n'étais pas prête pour les « je t'aime » et « tu as pris une telle place dans ma vie », le fait de la repousser était difficile. Il n'avait jamais été aussi douloureux de repousser une personne. Je m'en mordrais peut-être les doigts plus tard - « J'ai toujours eu du mal à ressentir ce genre de choses, à m'attacher vraiment aux gens, comme si tout ça... tout ça ne m'appartenait pas, que je passais mon temps à vivre des choses qui ne sont pas à moi... Et le jour ou je ressens tout ça... tu me brises le coeur. » - Que pouvais-je répondre à cela et à tout ce qu'elle avait dit d'ailleurs ? Elle se décalait sur le côté et attirait mes bras de façon à ce que j'entoure sa taille. Je la laissait faire, serrant derechef mon étreinte. Puis, elle saisit une de mes mains pour la poser sur sa poitrine, comme pour me faire sentir son coeur, me faire sentir que celui-ci s'était brisé. C'est à cet instant précis qu'une traîte larme coula le long de ma joue. Je ne pleurais pas souvent, du moins, si on ne compte pas mon enfance - « J'ai l'impression que je ne pourrais jamais m'en remettre... j'ai crû que tu pouvais... que tu pouvais m'aimer, je suis désolé. C'est là le drame de ma vie. » - Je n'avais pas dit un mot depuis que nous nous trouvions dans ce lit et la boule qui s'était formée au niveau de ma gorge ne m'aidait pas. Si Ambre était déchirée le cœur brisé, j'étais aussi déchirée parce que je lui faisais mal, parce que je n'aimais pas la voir ainsi, parce que j'étais pas prête à faire face à ses paroles, parce que je tenais à elle. Je n'empêchais plus mes quelques larmes de tomber, restant silencieuse avant de me reprendre pour pouvoir enfin faire entendre le son de ma voix - « Je sais que tu sens comme une déchirure à l'intérieur de toi, que cette douleur dans le cœur te parait insoutenable et insurmontable. On dit toujours que tôt où tard, les blessures finissent par guérir, que le temps fait les choses même si il est parfois long, presque interminable. » - Etait-ce vrai ? Les choses finissent t-elles toujours par s'arranger ? Je crois que parfois une peine peut-être tellement encrée en une personne que quoi qu'on fasse, il est impossible de la surmonter. J'avais vu cela avec ma mère. Elle allait mieux maintenant, mais je savais qu'à l'intérieur d'elle son mal pouvait toujours être là, prêt à ressurgir. Elle était fragile et avait besoin d'aide. Concernant Ambre, j'espérais très profondément qu'elle s'en remette. Je ne pourrais supporter de la voir sombrer. Pas elle. Pas à cause de moi - « J'ai mal de te voir comme ça. Je ne veux pas te voir comme ça. » - Je marquais une courte pause - « Je te promets que je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider à apaiser cette souffrance. Je ne peux te laisser subir la douleur, je le refuse. » - Et j'avais mon idée, ma solution. C'était la seule chose que je pouvais faire si je voyais qu'Ambre continuait à souffrir - « Ne t'en fais pas, je suis là. Restes dans mes bras. » - Je restais ainsi toute la nuit, jusqu'à ce que la belle s'endorme. Le sommeil semblait être la seule chose capable de l'apaiser pour le moment.