Mes employés avaient fait les frais de ma colère. J'ignorais comment ce dossier avait pu tomber entre les mains de la presse. Aux dernières nouvelles, celui-ci était dans nos archives et par archives, j'entends salle en titane protégée par de multiples systèmes de sécurité dans les bas fonds de Livingscorp. Apprenez ma stupeur lorsque ces informations avaient été rendues publiques. L'organisme avait déjà baissé dans les sondages et ce dossier allait provoquer des émeutes, des manifestations, des réactions virulentes de la part des victimes, que ce soit les infectés comme les non-infectés. Après concertation avec les collaborateurs inconnus du public, nous étions venus à la conclusion que je donnerais aucune déclaration avant la conférence de presse. Le projet dans lequel nous lancerions un appel aux victimes souhaitant participer à nos recherches avait été avancé, nous avions dû raccourcir nos délais. Ce projet avait un but précis mais se changeait en une manière peu subtile d'accaparer l'attention des habitants de l'État et même des États-Unis d'Amérique. Cette conférence était nationale, en effet les infectés, dont la plupart se concentraient dans le Kansas, se retrouvaient éparpillés un peu partout dans les États-Unis. Le gouvernement avait même interdit pendant un temps à tout citoyen de sortir du Kansas dans le but de ne pas propager le virus, mais l'interdiction avait été levée lorsque des tests avaient révélés que ces modifications n'étaient pas contagieuses. J'avais réfléchi toute la nuit à la manière dont j'allais répondre aux médias que je présumais bien plus intéressés par nos découvertes quelques années plus tôt que par l'aide que nous pourrions apporter aux victimes. J'étais chef de projet à Livingscorp et déjà la presse tentait de me contacter depuis quelques jours sans cesse, de jour comme de nuit.

Assise, micro éteint, sur l'immense estrade de la salle de conférence, Jonathan me lançais des regards noirs. Bien que mon nom en tant que chef de projet pointait du dossier volé, j'espérais qu'il n'imagine pas que je m'eus moi-même vendue à la presse pour faire de la publicité. Je mettrais la compagnie en danger, nos projets... nos risquions de perdre des actionnaires, des investissements, Livingscorp pouvait s'effondrer, les banques multiples qui avaient misé gros sur la société pouvaient arrêter toute collaboration, mettant à néant tous nos projets... je serais les lèvres et tentais d'afficher un visage préoccupé et commercial. Je ne devais pas me faire déstabiliser par la foule, néanmoins je ressentis pour la première depuis longtemps de l'angoisse, lorsqu'en arrivant j'avais aperçu, de nombreuses pancartes assassines par des citoyens qui voulaient notre mort par simple justice. Je me passais la main sur la mâchoire et jetais un coup d'œil derrière moi à Matt Eversman, mon homme de main et officiellement garde du corps. Je lui fis discrètement signe, de sorte qu'il s'approche de moi pour murmurer. « Alors, cette omoplate ? » Tout en fixant la foule qui remplissait la salle et attendant le signal de départ mais surtout les signaux des chaînes télévisées pour commencer la conférence de presse. Normalement, celle-ci débuterait dans une demi-heure et serait avancée en cas particulier comme un jet de pierres par exemple...

Depuis que la nouvelle était tombée dans la presse, nous n'entendions plus parler que de cela. Livingscorp savait... ils avaient su qu'une pluie de météorites allait s'abattre sur nos têtes et ils étaient restés silencieux. Il l'avait su et ils n'avaient rien fait. Ce drame avait fait des blessés, des morts et avait changé des vies à jamais. Je ne pouvais m'empêcher de penser que si Livingscorp avait prévenu les autorités, les dégâts auraient été limités. La pluie de météores avait changé ma vie et j'aurais préféré que cela ne soit pas le cas. Oui, si Livingscorp avait réagit, je n'en serais peut-être pas là, il y aurait eu moins de blessés moins de morts. L'article de Sara avait fait l'effet d'une vraie petite bombe et ferait taire tous ceux qui pensaient qu'elle s'était ramollie. Je me méfiais de cette société et grâce à Sara, je savais désormais qu'il ne fallait pas leur faire confiance. Cette affaire sordide en était la preuve. Comment avait t-ils pu préméditer cet événement avant tout le monde, la nasa y compris ? Quelque chose n'allait pas Livingscorp cachait de terribles secrets. Quoi qu'il en soit, on ne pouvait pas croire en eux. Aussi, quand l'annonce de la conférence de presse de Livingscorp était parue, cela avait retenu mon attention. Les portes-paroles affirment être en mesure de guérir les victimes de la pluie de météorites. Je n'y croyais pas. Je ne pouvais pas y croire. Pourquoi voudrait t-il aider, alors que la dernière fois qu'ils en avaient eu l'occasion, ils ne l'avaient pas saisi ? Ce remède, c'était trop beau pour être vrai. J'en rêvais, mais je savais que ce n'était pas réel.

Je décidais de me rendre à la conférence pour m'informer de la situation, pour écouter ce qu'ils avaient à dire. J'étais persuadée que les journalistes ne se gêneraient pas pour faire parler de l'article de Sara, du dossier mystérieux. Aucune déclaration n'avait été donnée par la dénommée Cassidy Weasthon suite au propos tenus par Sara. Le sujet ne pouvait être évité au court de cette rencontre. Mon amie serait d'ailleurs sans aucun doute aux premières loges, tout comme Jeremiah, journaliste lui aussi.

Bon nombre d'habitants de Wellington avaient été attirés par cette conférence à en voir le nombre de gens déjà installés. Cette affaire n'intéressait pas que les journalistes, elle intéressait toute la population, elle nous concernait tous. C'est pour ça que j'avais décidé de me déplacer. Je m'étais immédiatement rendu jusqu'à l'établissement après avoir terminé mon dernier cours, n'ayant pas le temps de rentrer chez moi. Je balayais la salle du regard, la conférence n'avait pas encore commencé mais les portes paroles semblaient être prêts. Les premiers rangs étaient monopolisés par les journalistes, je décidais de rester un peu en retrait, leur laissant la place. J'aperçus finalement Sara qui comme je l'avais imaginé était dans les premières places. J'essayais de me faufiler pour la rejoindre, je voulais simplement la saluer avant que cela ne commence. Arrivant près d'elle, j'esquissais un léger sourire - « Bonjour Sara. » - nous ne nous étions pas revues depuis le bal de charité de Livingscorp. En y réfléchissant, je me demandais aussi si ce bal de charité était vraiment réel ? Ma tendance méfiante et un brin parano me faisait douter de toutes leurs actions. C'est en tout cas ce soir-là que Sara m'avait appris que Wyatt était le fiancé de sa soeur. Je me posais toujours beaucoup de questions, mais je crois que pour l'heure, ce n'était pas le sujet - « Est-ce que tu comptes lancer une nouvelle petite bombe aujourd'hui ? » - dis-je en faisant référence à l'article qu'elle avait fait publier. Je souriais, puis ajoutais : « Tu vas bien ? »

Arrivant d'un pas nonchalant, Jeremiah observa les environs de Livingscorp. Il y avait déjà pas mal de monde devant le grand bâtiment à l'allure un peu trop solennel à son goût. Il était vêtu d'un jean, d'un t-shirt à l'effigie d'AC/DC avec une chemise à motifs carreaux blanche et marron, aux manches longues par dessus. Il ne faisait pas particulièrement attention à ce qu'il pouvait porter. Il prenait un peu la première chose qui lui tombait entre les mains. Il était appuyé sur la portière de sa voiture, la clope au bec. Depuis quelques temps, la fondation était en ébullition depuis qu'un certain dossier avait mystérieusement disparu pour se retrouver ensuite entre les mains de la presse. Chose un peu trop improbable quand on sait à quel point l'organisme sécurise ses bâtiments et surtout des documents de cet ordre. C'était un faux vol ou tout au moins, on essayait de faire passer cela pour un vol alors qu'il n'en était pas du tout question. C'était en tout cas la conviction du journaliste. Et il n'était pas le seul à penser cela. Comment un dossier comme celui ci pourrait se retrouver dans les bureaux du journal alors que forcement la pièce où il s'était trouvé auparavant devait être rempli de sécurités en tout genre. Normal que Weasthon soit à cran, cela faisait mauvais genre sur son C.V et surtout vis à vis des investisseurs de la Corporation. Jer' tira sur sa cigarette. Il observa les invités, habillés sur leur trente-et-un. Les clowns. Comme s'il allait s'habiller en pingouin pour ce genre de soirée, fallait pas abuser quand même. Il n'allait pas s'amasser au reste de la profession, parce qu'il n'aimait pas ça et surtout parce qu'il avait déjà sa chaise de réservée. Il recracha de la fumée alors qu'il aperçu une silhouette familière s'infiltrait parmi les journalistes, cameramen et photographes présents devant le bâtiment. La miss était à l'heure ce qui fit légèrement sourire le jeune homme. Cette dernière jubilait d'avoir enfin obtenu sa première page. A vrai dire, elle était un peu elle aussi la star de la soirée. Jeremiah espérait juste que son égo n'allait pas devenir démesurée à présent.

Il resta encore quelques minutes dehors, fumant tranquillement sa cigarette. Le journaliste repensait à ce dossier. Bien que c'était une preuve irréfutable quant au fait que Livingscorp était au courant de la pluie de météorites, il avait hâte de savoir ce qu'allait dire Cassidy Weasthon, chef de projet de l'organisme. Cette dernière allait devoir sortir de son mutisme et abandonner cet air arrogant pour donner des explications à une population qui lui en voulait beaucoup de ne rien avoir fait pour éviter les morts lors de la chute des météorites. Jeremiah finit par écraser sa cigarette sur la semelle de sa chaussure. Il la jeta dans la poubelle en fer plus loin. Puis il ouvrit sa portière et prit sa sacoche en main. Il passa la bandoulière sur son épaule. Une fois prêt, il s'avança vers l'entrée. Il se fraya un chemin jusqu'à l'entrée. Là il montra son badge et l'employé barra son nom sur une liste d'invités. Une fois fait, il entra dans le hall avant de se diriger vers la salle de conférence. Il aperçu Sara et Jaymee en grande conversation. Tiens, le journaliste était étonné de voir que les deux filles se connaissaient. Il s'installa une rangée derrière elles. Il jeta ensuite un œil à Cassidy qui parlait avec son garde du corps. Aux mots de Jaymee, Jer' esquissa un sourire et ne pu s'empêcher de dire: « Si elle lance un nouveau scoop j'ai bien peur que cette salle ne soit plus assez grande pour son égo. »

Une fois de plus, Livingscorp entreprenait d'orchestrer une nouvelle mascarade. Lorsque l'information m'était venue aux oreilles, un sourire s'était dessiné sur mon visage. L'annonce de Livingscorp comme quoi ils seraient détenteurs d'un remède pour les infectés me faisait rire. Je savais bien que ce n'était que des bêtises. Ils n'étaient pas détenteurs du moindre remède, ce n'était qu'un nouveau moyen de berner de pauvres victimes idiotes et de les passer sous microscope. Tout comme, Cassidy comptait très probablement redorer son blason, après le terrible scandale du dossier secret révélé à la presse. Beaucoup de gens se posaient des questions à propos de l'organisme et les mêmes questions revenaient sans cesse : « Comment Livingscorp avait pu prévoir la pluie de météorites avant qu'elle ne se produise ? », « Pourquoi avaient t-ils gardés cette information pour eux ? ». Il est clair que Cassidy Weasthon et Jonathan Buckley avaient baissé dans l'estime de la population et perdue la confiance de beaucoup. Cette pensée me déclencha un nouveau sourire sadique. Je regrettais de ne pas avoir moi-même provoquer cette pagaille en dévoilant au monde entier qui était Cassidy Weasthon, qui ils étaient. Je ne souhaitais qu'une chose : la chute de Livingscorp.

Nous devions réagir et au plus vite. Cette conférence de presse serait un moyen pour nous de semer le trouble. Je me fichais bien que des imbéciles croient en Cassidy, je n'agissais pas pour eux, mais si mes actions pouvaient affaiblir Livingscorp, j'étais prêt à tout. Nous étions prêts à tout pour les mettre dans l'impasse. C'est sans hésiter que je me rendais à la conférence de presse et je comptais sur la présence de mes alliers. Je leur avais laissé un message et mes indications étaient claires...

J'entrais dans l'immense salle de conférence ou s'était déjà amassé une bonne partie de la population. Je jetais des coups d'œil discret à mes camarades dispersés un peu partout parmi le public présent. Mon regard s'arrêta sur l'estrade où se tenaient les principaux visages de Livingscorp. Jonathan Buckley était assis aux côtés de Cassidy Weasthon, cette femme à la beauté glacée, cette femme qui avait été mienne. Aujourd'hui, l'une de mes principales ambitions étaient de troubler ses actions à elle et à ses collaborateurs. A ses côtés se trouvait son nouveau garde du corps. Je le fixais un instant, puis me plaçais dans le fond de la salle, me contentant de jouer les observateurs pour le moment, mais j'avais hâte que la conférence ne commence ...

« Non, pas de démonstration en public... Du moins, cela dépendra de ce que Cassidy Weasthon a prévu de dire pour défendre Livingscorp. » - me répondit Sara. Je détournais mon regard en direction de Cassidy qui attendait toujours derrière son micro. Cette femme à l'apparence glaciale et hautaine, presque inhumaine. Il y avait quelque chose qui me dérangeait chez elle. C'est le genre de femme qui par un simple regard vous glace le sang, son regard était aussi sombre et froid que l'était son être. J'étais maintenant persuadée d'une chose : Cassidy Weasthon était mauvaise. Je fis de nouveau face à Sara et m'asseyais sur la chaise qu'elle m'avait indiquée. La place était libre autant en profiter pour le moment - « J'ai été pas mal occupée ces derniers temps comme tu peux t'en douter, mais je n'ai pas chômé. Et toi ? Tu as l'air en pleine forme. » - C'est fou ce qu'un sourire peut tromper. La preuve, Sara me trouvait en forme. La vérité... la vérité c'est que beaucoup de choses me préoccupaient en ce moment. En faite, j'avais toujours l'esprit très occupé. La petite bombe lancée par Sara faisait parti de ces préoccupations. J'étais dans une position difficile et je ne savais plus quoi penser, que faire. Une de mes amies soupçonnait un autre de mes amis d'être coupable du meurtre de sa soeur. Je ne voulais pas croire aux soupçons de Sara sur Wyatt, pourtant ceux-ci réussissait à me faire douter. Jamais je n'aurais pensé à Wyatt en entendant parler de l'ex-fiancé d'Isabel. Ils ne pouvaient pas être un seul et même homme. C'était pourtant bien la réalité. Peut-être aurais-je préféré ne rien savoir dans le fond. J'aimais ma relation avec Wyatt et j'aimais celle que j'avais avec Sara. Oui, mieux aurait t-il valu que je sois dans l'ignorance, car désormais cette histoire occupait une partie de mon esprit que j'étais incapable de refouler - « Tu n'as pas chômé, c'est le moins qu'on puisse dire et je crois que tout le monde le sait ici. » - Je marquais une courte pause avant de reprendre - « ... Et moi, j'ai juste l'air d'être en forme, mais c'est une illusion. » - répondis-je franchement. Il n'y avait que très peu de personnes à qui j'étais capable de faire confiance, de parler sincèrement. Si un inconnu avait été à la place de Sara je me serais contentée de dire que oui, j'étais en forme. La blondinette faisait partie de ces personnes à qui je faisais confiance... tout comme Wyatt. C'est pour ça que ce que j'avais appris me faisait tomber de haut. J'avais peut-être donné ma confiance à une personne douteuse. Tous ces doutes que j'avais effacé en présence de Wyatt revenaient. Je ne pouvais plus rester dans cette position. Il fallait que je saches. J'eus l'air ailleurs, perdue l'espace de quelques secondes - « Sara... Je... » - ne finissait pas ma phrase.

Lorsque Jeremiah nous avait rejoint, je constatais que celui-ci connaissait aussi Sara. Je n'étais toute fois pas vraiment étonnée, comme quand j'avais appris que Wyatt et Sara se connaissaient. Je savais que Jeremiah et Sara étaient deux journalistes travaillaient pour le même journal. Quelques mots me suffirent à comprendre quelle était leur relation. C'était dans le ton de leur voix, dans leurs regards, ils n'avaient pas l'air de se supporter. A moins qu'il s'agisse de taquinerie ? - « Un partout. » - dis-je avec ironie, me donnant un rôle d'arbitre entre eux. Oui, je pouvais faire de l'ironie. Je n'étais pas que cette fille réservée et discrète, pas avec les gens que je connaissais bien. J'esquissais un sourire timide et me tournai vers Jeremiah, persuadé qu'il aurait quelque chose à ajouter. Mon regard se perdit parmi la foule. Les gens commençaient à arriver en nombre. Mes yeux s'arrêtèrent sur un visage familier à l'autre bout de la salle, celui d'Hailey Matthews. Elle semblait regarder en notre direction et j'esquissais un sourire léger - « Alors vous travaillez ensemble, c'est ça ? » - dis-je en les regardant chacun à leur tour.

Vous ne savez pas quel effet cela fait de se réveiller un matin et de découvrir que des personnes savaient pour les météorites, de voir le reflet de ma femme tous les matins dans le miroir et me rappeler que je suis arrivé trop tard. Livingscorp allait payer. Je ne sais ni comment ni comment ni dans combien de temps mais il fallait agir. Cette organisme me donnait la nausée, mes amis et mois tenions des pancartes assassines dans la rue, nous n'avions jamais apprécié Cassidy, la prenant plus pour une autruche que pour un chercheur, mais cela en était de trop. En embrassant ma croix ce matin, je me jurais de rendre justice à la mémoire de la femme que j'aimais et dont je ne me détachais pas, même après presque quatre ans. Nos pancartes ne me donnèrent pas l'impression de servir à grand chose sauf si ce n'est d'agacer la scientifique. Elle se cachait même des photographes la peste... elle et son air de grande femme autoritaire incapable de faire face à ses découvertes. C'était bien là son principal défaut, elle était intelligente et assez rusée pour ne rien dévoiler, attendre patiemment dans un abri sous-terrain que la mort vienne frapper les autres, histoires de voir comment réagissent les corps mutilés qui sait, elle est assez tordue pour ça... à vrai dire, je ne la connaissais pas plus que ça. Ni plus ni moins que ce que l'on sait par la presse, mais ce seul acte me rappelait à quel point je pouvais la détester, à quel point on devait la détester. Nous étions assez nombreux pour vouloir nous venger, intervenir dans la salle de conférence pour nous faire entendre mais mes compagnons ne la jouaient pas fin. Je décidais de me faire passer pour un simple visiteur et réussis à me faufiler à l'aide de quelques amis dans la foule qui pénétrais à l'intérieur du grand bâtiment froid et en verre. Mon cœur s'accélérait à mesure que nous avancions dans la salle. Les test-vidéos commençaient et son visage en gros plan sur les écrans me donna envie de monter sur scène et de lui arracher la tête, de lui mutiler le visage et de la tuer, elle avant de m'occuper de l'autre, le Buckley incapable. Celui-là ne servait franchement à rien. Je ris, nerveusement, à quoi bon. Je trépignais d'impatience à l'idée de nous faire entendre mais devais me contenir et retenais mes amis d'intervenir maintenant. Nous devions agir lorsque nous serions à l'antenne, nous serions probablement coupés mais tous les spectateurs et les citoyens de la ville qui attendaient la projection sur les grands écrans du centre-ville devaient écouter notre rage. Nous devions les inciter à se révolter. Nous n'étions que trop peu à être aussi déterminés... les météorites avaient pris nos femmes, nos enfants... nos amis et mutilés pour certains, que ce soit les dons abjectes que certains possédaient à certains dégâts physiques irréparables... pour ma part, mon œil gauche tait atteint de cécité après avoir reçut un éclat de verre au visage. Je n'étais pas le pire.

Patiemment j'attendais le moment crucial, le moment ou tout commencerait pour donner à mon tour le signal à mes amis et nous dépêcher de faire passer notre message, peut-être en essayant vainement d'approcher Cassidy dans le fantasme terrible de lui tirer une balle entre les deux yeux et de voir le sang gicler sur nos visages... étais-je capable de tuer de sang-froid ? A priori non mais la rage me déformait, me brûlait, m'éviscérait... la foule était déjà trop incontrôlable dehors et coinçant mon millimètres contre mon torse, enfonçant la gâchette dans ma peau tant que je faisais pression contre mon corps pour ne pas être démasque, j'attendais en tremblant... le moment ou je tirais une balle en l'air pour me faire entendre...

Eversman prit place derrière moi et s'approcha à ma demande et murmura à son tour un « En pleine forme. » Qu'il souffre, ça m'était égal, mais qu'il prenne sur lui pour me dire que tout allait bien après avoir été débarrassé d'une balle dans l'omoplate me plaisait, j'attendais cela de mes employés. Une ténacité à toute épreuve et un profond mépris pour les jérémiades. Mais peut-être me rassurait-il dans l'unique but de conserver son emploi au sein de l'organisme. Mais c'était ma philosophie; peu importe les moyens dont on fait preuve pour arriver à ses fins tant qu'on y arrive. Buckley m'indiqua alors un coin bondé de journalistes et, plissant les yeux, je réussis à distinguer le visage d'une jeune femme dont je me serai bien débarrassée sans la présence de tout ce peuple. Sara Hawkins, la journaliste qui avait mit la main sur le dossier. Il s'avéra que cette histoire ne tenait pas debout, comment avait-elle put dénicher ce dossier ? Il séjournait dans les bas-fonds de Livingscorp, dans une cellule dotée d'un coffre-fort. Je me promis de mener ma propre enquête par n'importe quel moyen que ce soit, et n'hésitais pas à enlever la jeune femme pour lui poser directement la question mais cette manière peu subtile d'agir ne me correspondait pas. Toutefois ce problème était considérable, si elle avait réussit à s'introduire à ce niveau de l'organisme, nous n'étions plus protégés et le niveau 33.1 ne serait bientôt plus qu'un sujet de plaisanterie ou de ragots. Quelque chose me disait que la journaliste en savait bien plus qu'elle ne voulait bien le dire et peut-être était-ce le message qu'elle essayait de me faire passer. Elle désirait probablement une confrontation en tête à tête et me signifiait par ses révélations qu'elle était capable de rivaliser avec moi et qu'il fallait arrêter de l'ignorer. Mais pouvait-elle réellement rivaliser avec moi ? La mort et la souffrance n'était ni une chose qui me faisait peur ni une chose que je me refusais à faire pour me préserver des vices de la vie. Je n'agissais pas de manière orthodoxe, faute à mon éducation, j'avais appris à agir de la sorte, c'était ma seule façon de procéder et on obtenait plus facilement ce qu'on voulait sous l'effet de la pression, de la peur.

Je demandais à Eversman de se rapprocher une nouvelle fois. « Quelque chose me dit que vous et moi ne sommes pas prêt d'en finir avec cette conférence. Restez sur vos gardes. J'ai un mauvais pressentiment. » Dis-je entre les dents et entre deux sourires que j'offrais à la caméra lors du test-video ou mon visage projeté en plein écran servait de test pour l'antenne. Je respirais un coup et ressentis une sensation que je n'avais pas éprouvé depuis longtemps si ce n'est aujourd'hui; la crainte de ne pas tout contrôler. Comment allais-je m'en sortir cette fois-ci ? Je craignais le pire, mais nul n'était capable de m'atteindre ou de m'arracher des excuses, des aveux et ce même sous le poids de la torture... jamais ces personnes ne sauraient, ne découvriraient ce que j'avais vécu, jamais ils ne vivraient pareilles tortures, pareilles souffrances... je m'étais battue pour arriver ou j'en étais, pour bâtir un empire à travers mes connaissances, un empire fait de notoriété et de recherches. Arrivée à la tête d'un organisme qui me faisait rêver depuis l'enfance... mais je n'avais pas la gloire, aux yeux des citoyens, je n'étais qu'un chercheur, qu'une scientifique de renom, chef de projet à Livingscorp, j'avais un intérêt, une importance certes à leurs yeux mais personne ne savait que j'aidais mes collaborateurs et moi-même à tirer les ficelles de la société. M'apprêtant à parler, je regardais mes notes, ce que me suggéraient mes collaborateurs, les regards significatifs de Buckley et la foule perdue, troublée dont certains haineux semblaient vouloir me jeter des pierres et me lapider si la loi l'autorisait. Je pris soudainement la parole, m'avançant vers le micro.

« Bonjour à tous. Nous vous remercions de votre présence et du soutient que vous apportez à Livingscorp. Nous sommes ici pour vous parler de notre nouveau projet. » « On s'en fout ! Menteurs, menteurs ! » Clamaient des voix dans la grande salle. Je décidais de ne pas y prêter attention. « Comme je vous le disais, ce nouveau projet vise à... » « Monstres ! » Continuaient ses voix, créant un début de brouhaha qui me donna mal au crâne. Je me fis couper toutes les secondes et décidais de parler de la fameuse affaire qui mettait Livingscorp dans de sales draps. On annonça ce changement de programme à la télévision. « CNN vous présente la conférence de Livingscorp en exclusivité. Le chercheur Cassidy Weasthon va nous... une minute... changement de programme. Il semblerait que la foule soit quelque peu agitée... Cassidy Weasthon va donc répondre aux questions des journalistes. Des agents de sécurité sont déjà entrain de faire sortir des personnes de la salle de conférence. » La présentatrice sembla débordée et son oreillette la troublait, lui annonçant des changements et des informations nouvelles toutes les cinq secondes. Elle me donna la parole et la caméra passait dans la salle, attendant au premier journaliste de se manifester et de me harceler de questions. Je ne me savais pas aimée, d'ailleurs la plupart des gens n'appréciaient que mon travail, j'avais déjà été menacée de mort mais je n'avais jamais été confrontée à ce type de situation. Les cris de certains citoyens et les pancartes de dehors assassines commencèrent à m'inquiéter. Des agents de sécurité demandaient aux citoyens de se calmer.

Cette conférence allait être intéressante. A voir tous les efforts qui avaient été déployé, tant pour les invités de « marque » que pour les journalistes comme lui, cela ressemblait à la réunion de l'année. Et à vrai dire, le jeune homme ne pouvait plus vraiment en douter. Weasthon allait devoir donner des explications. Elle allait devoir faire face à la colère, à la tristesse des familles qui ont perdu des parents, des pères qui ont perdu des fils, des filles qui ont perdu leurs mères. Il n'y avait aucun doute sur le fait que des cris, des contestations allaient fuser. Jeremiah pensait que cela aurait été plus logique de faire une conférence fermée plutôt que de tenter la colère des habitants de Wellington. C'était presque insensé ou alors peut-être que Livingscorp attendait un nouveau coup d'éclat? Probablement. Quoiqu'il en soit, cela allait être une conférence animée. Le journaliste était donc entré dans le hall, remarquant au passage un nombre considérable d'agents de sécurité. Bizarre que la chef de projets affiche autant de sécurité alors qu'il aurait été si simple de faire une audience à huit clôt. Bref, Jer' traversa le hall pour enfin entrer dans la salle de conférence. Il aperçu rapidement quelques amis de la profession ou non. Tiens il y avait Jenna. Il allait la saluer quand il se souvint qu'il l'avait laissé en plan, au réveil, après une nuit passée avec elle. Ce que les femmes pouvaient être susceptibles parfois...Il jeta un oeil sur l'estrade et aperçu Matt ainsi que sa « maitresse », la mystérieuse et distraite employée de Livingscorp. Puis il s'installa sur un siège. Il était juste derrière l'une de ses collègues, Sara. Enfin elle était apprentie mais venait d'avoir sa première une. Ce qui bien sûr la rendait fière. Cela fit sourire Jeremiah et il ne put s'empêcher de dire ces quelques mots. « On est jaloux de ne pas avoir été le premier à le dénicher, Mason ? »
A la réponse de Sara, il ne fut pas surprit. La miss avait un caractère bien trempé bien qu'elle se fiait un peu trop aux apparences. Elle se laissait trop guidée par ses émotions ce qui finira par lui causer quelques soucis. « Jaloux? Sara, on est plus à la maternelle. » Il fronça les sourcils, amusé. Jeremiah avait déjà fait pas mal de premières pages. Il bossait au journal depuis presque trois ans. Alors non il n'était pas du tout jaloux de Sara. Cela le faisait même sourire qu'elle puisse penser de cette façon. Pour lui ce qui importait, n'était pas réellement les unes mais plutôt leurs conséquences. Le boulot du journaliste était d'informer et c'est pour cette raison qu'il se trouvait ici, pas parce qu'il voulait se lancer dans une guerre au scoop puéril. Quoiqu'il en soit, il reporta son attention sur la superbe brune qui était à côté de la miss. Jaymee McKinley. Il avait rencontré Jay il y a pas mal d'années à vrai dire. Il était encore au lycée, travaillant pour le journal de ce dernier quand il a posé pour la première fois les yeux sur elle. Mais elle avait bien grandi depuis. Ce n'était plus une petite fille. Et il aurait probablement eu des pensées pas vraiment prudes à son intention s'il ne la considérait pas comme sa petite sœur. Une charmante petite sœur mais une petite sœur quand même. « Alors vous travaillez ensemble, c'est ça ? » Aux mots de cette dernière, il sourit. « On travaille dans le même journal. Mais toi dis moi, qu'est-ce que tu fiches ici? » Non pas qu'il n'était pas content de la voir mais il était étonné qu'elle soit à la conférence, étant donné qu'elle était juste une étudiante en littérature. Il vit ensuite Cassidy regarder dans la direction de Sara pour ensuite parler discrètement à l'oreille de son garde du corps. Jeremiah posa son regard sur l'assemblée. La foule dehors devenait de plus en plus bruyante. A l'intérieur même de la salle, il y avait de plus en plus de murmures. Enfin la chef des projets de Livingscorp avança vers le micro. C'était étonnant de voir à quel point, elle pouvait faire abstraction des regards de haine qui étaient portés sur elle. Peut-être qu'elle avait juste l'habitude. Jeremiah regagna son siège. Malheureusement le discours de la dame fut coupé par des cris et des insultes toutes les cinq minutes. La parole fut ensuite donnée aux journalistes. La caméra défila dans la salle à la vue d'un membre de la presse qui voulait poser une première question. Jer' jeta un œil à la salle puis finit par se lever, levant la main comme à l'accoutumée. Une fois l'attention interpelée, il baissa son bras. « Jeremiah Mason du Wellington Times. Mlle Weasthon, pouvez-vous nous parler de ce fameux dossier «égaré »? D'après les informations, la pluie de météorites aurait pû être préparée et des vies sauvées? Qu'avez-vous à répondre à toutes ces personnes qui souhaitent connaître la vérité? » Le jeune homme braquait son regard sur la demoiselle. Il savait qu'il posait une question qui fâchait mais les gens présent ici se fichaient pas mal de ce nouveau projet. Ce qu'ils voulaient, c'était des réponses. Et lui aussi, il en voulait.

Les manifestants se tenaient à l'extérieur de l'édifice, hurlant au scandale brandissant des pancartes aux slogans plus assassins les uns que les autres. « Complot. », « Monstres », « Menteurs. » étaient les mots qui revenaient sans cesse. A quoi s'était attendu Livingscorp en organisant cette conférence ? Il était évident que tout le monde se ficherait de leur « nouveau projet » qui était une fois de plus en leurre. J'étais bien heureuse que le scandale ait éclaté, qu'une journaliste ait trouvé ce dossier secret. Cette chose restait un mystère. Comment est-ce que le dossier avait pu être perdu ? Comment avait t-il pu arriver aux mains d'une journaliste. Sara Hawkins, c'était la femme avec qui j'avais brièvement parlé le soir du gala de charité il me semble. Enfin bref. J'entrais à l'intérieur de l'édifice et me dirigeais dans la salle bondée de monde. La conférence avait déjà commencé et des insultes fusaient parmi la foule « Monstres. » encore une fois. Ici aussi, les manifestants étaient bien réveillés. La conférence étant ouverte à tous, n'importe qui pouvait venir y assister. Je trouvais que Livingscorp faisait preuve d'un manque de sécurité totale. Sérieusement, ils me décevaient. Ils se faisaient volé un dossier secret et maintenant ils invitaient la population à venir assister à une conférence, tout ça après qu'un scandale ait éclaté ? N'avaient t-ils pas conscience de la fureur des gens ? Il était évident que des manifestants et de faiseurs de troubles viendrait s'ajouter à l'assemblée. Et moi, pourquoi étais-je ici ? Tout simplement parce que je devais l'être. Comme beaucoup de mes allier. Je voulais voir comment Cassidy essayerait de se défendre, je voulais voir Livingscorp se faire lyncher par la population et perdre toute confiance, toute crédibilité.

Je lançais un regard vers l'estrade où Cassidy Weasthon essayait d'en placer une entre deux insultes. Je m'avançais doucement et remarquait Matt à ses côtés. Matt, mon ami. Je me souvenais du soir où il m'avait fièrement annoncé qu'il avait été engagé comme garde du corps pour Weasthon. Je ne partageais évidemment pas son enthousiasme. Cassidy était l'ennemie des cavaliers noirs et de toute une communauté. Oui, aujourd'hui plus que jamais, Cassidy avait des ennemis. Je ne voulais pas que mon ami soit mêlé à ses histoires où qu'il lui arrive quelque chose parce qu'il devait protéger Cassidy. Ils n'hésiteraient pas à le mettre hors course si le garde du corps s'interposait. Oui, je m'inquiétais pour mon ami, car il ignorait ce qu'il l'attendait et où il avait mit les pieds. Il ne devait pas rester près d'elle, il ne devait pas rester sur cette estrade, mais je le connaissais, il ne quitterait pas son poste quoi que je fasse pour attirer son attention. Cette conférence se terminerait mal... c'était inévitable et je le savais. Je tournais les yeux vers Cassidy, cette espèce de femme vampire intouchable. La simple vision de cette femme me donnait envie de lui séparer ses membres et de faire exploser son corps en morceaux. Je ne sais pas ce qui me retenait de le faire. Le fait qu'elle soit malgré toute la tante de Ambre ? Elle serait bien mieux sans elle. Enfin si je ne la tuais pas, je pouvais me contenter de la blesser... ou de la mutiler gravement. Non ? Un journaliste posa les premières questions. Jeremiah... Je jetais un coup d'oeil à Damon qui se tenait parmi la foule, lui aussi fusillant du regard Weasthon. J'accordais derechef mon attention à ce qui se passait sur l'estrade, qu'allait t-elle trouver à répondre ? Le jour de la pluie de météorites, j'avais cru que ce jour fut mon dernier. Les souvenirs me revenaient comme si ce qui s'était passé il y'a quatre ans était arriver aujourd'hui. On nous appelait les « kryptomonstres », mais les vrais monstres en réalité c'est eux, c'est Livingscorp. Les années avaient passées et je vivais très bien avec mon pouvoir, je crois que j'aimais avoir ce pouvoir en moi, mais les débuts avaient été bien compliqués. La foule était bruyante et les manifestants de l'extérieur se faisaient entendre eux aussi. Je m'attendais à ce qu'il entre d'une minute à l'autre, provoquant le trouble. Pour l'heure toutes les attentions étaient tournées sur Weasthon et le pauvre Buckley qui n'avait pas l'air de servir à grand-chose. Il devait être fier de Cassidy, je suppose...

Je n'étais pas convaincue de la culpabilité de Cassidy Weasthon; elle avait beau certes avoir à son tableau des atrocités à faire pâlir les morts et une éthique des plus faibles, le fait même de laisser un dossier de si haute importance ne lui ressemblait pas. Elle n'était pas le genre de femme étourdie à oublier ce genre de détail, je pensais plutôt que cette affaire sordide avait été orchestrée de sorte d'infliger à cette conférence un coup de publicité. Les faits étaient accablants et révoltaient la population, néanmoins je ne doutais pas que l'organisme pouvait recourir à de tels moyens, j'étais même certaine qu'ils avaient fait bien pire. Des citoyens attendaient patiemment dans la pièce que la conférence commence, une lueur d'espoir dans les yeux, assoiffés par l'idée de pouvoir inverser leurs mutations, leur confiance aveugle envers Livingscorp me révoltait. Au loin, je vis Damon Humphrey se tenir dans un coin, les mains jointes, un sourire aux lèvres, je m'inquiétais alors, les ennuis ne tardaient jamais en sa présence.

La scientifique commença alors son discours et fut interrompue par des insultes et des sifflements, les pancartes assassines de dehors tentèrent alors de se rapprocher du grand bâtiment en verre, les agents de sécurité les repoussaient et firent même sortir des personnes de la salle de conférence. Le projet fut annulé en raison des nombreux citoyens qui la huaient pour obtenir une réponse au sujet du dossier. Ce fut la première fois que je vis dans ses yeux la peur. Rien qu'un éclair, pendant une faible seconde alors que son visage, projeté sur le grand écran de la salle se ressaisit pour faire face à la foule et aux injures de plus en plus nombreuses. « Jeremiah Mason du Wellington Times. Mlle Weasthon, pouvez-vous nous parler de ce fameux dossier «égaré »? D'après les informations, la pluie de météorites aurait pû être préparée et des vies sauvées? Qu'avez-vous à répondre à toutes ces personnes qui souhaitent connaître la vérité? » Une voix se distinguait parmi les autres, aidée d'un micro. Un journaliste avait prit la parole, faisant retenir le souffle à tous les citoyens qui attendaient avidement une quelconque réponse de l'intéressée. Alors que moi aussi, j'attendais une réponse de celle-ci, je remarquais une personne que je connaissais bien. Un homme qui était venu pendant de longs mois parler de la perte d'une femme dont il ne se remettait pas. J'eus un regard compatissant lorsqu'il me dévisageait, avant de remarquer que celui-ci transpirait et que sa main était plaquée sous son manteau, geste que je reconnaissais bien pour avoir connu de telles situations. Je m'approchais de lui sans le toucher, de peur de l'effrayer ou de susciter une réaction de défense qui pourrait mettre en danger les autres. Son visage était fou, il semblait guetter quelque chose et d'une manière peu discrète, sa tête, tantôt à gauche, tantôt à droite dévisageait la scientifique d'un air hésitant et à la fois haineux. Je me permis de m'approcher de son oreille et de discrètement lui glisser ses mots. « Tu devrais prendre l'air. » Dis-je dans un souffle. Certains de mes habitués avaient instaurés le tutoiement, ce que je privilégiais, de sorte d'être plus proche d'eux et d'être plus accessible, plus comme une amie à l'écoute que ce que mon statut signifiait. « Je connais ce regard, pense à ce qui se passerait si tu agissais de la sorte. Ne penses-tu pas que tu pourrais mettre en danger d'autres personnes ? » Je l'obligeais à croiser mon regard, essayant de le faire hésiter. Malgré la présence d'une arme sous son manteau, je n'avais pas peur, il n'était pas en colère contre moi, de plus, je préférais qu'il tire sur moi que sur un innocent ou même Cassidy car même si je n'approuvais aucunement ses méthodes, elle représentait un air fait de chair et de sang et nul ne mérite la mort dans de telles circonstances. « Ne fais pas des choses que tu pourrais regretter. Allons... nous avons travaillé longuement pour que tu puisses avancer, ne détruis pas tous tes efforts. Tu ne mérites pas ça. Laisse-faire la justice. » Finis-je par dire en regardant une Cassidy décontenancée, réfléchissant à une réponse qu'elle n'avait probablement pas aussi bien préparé que la mascarade, ce qui fut un paradoxe troublant avec l'hypothèse selon laquelle elle aurait orchestrée l'arrivée du dossier dans les mains de la presse.

[HJ] J'ai volontairement écrit mon RP à la troisième personne et je vais rester vague sur les détails, en fait vous allez plutôt lire un RP semblable à ce que vous verriez sur un plan de caméra, histoire de vous laisser un peu cogiter sur Wyatt mouahaha

Wyatt Matthews se tenait en retrait sur l'estrade, non loin des dirigeants de l'organisme et du garde du corps de la scientifique. Costard cravate, le dos droit, il laissait penser qu'il en était. Et peut-être en était-il. Il ne portait ni écouteurs, ni talkie-walkie dans ses mains, sa cravate éloignait l'hypothèse qu'il avait été engagé comme agent de sécurité. Ses vêtements ne semblaient pas non plus recouvrir de gilet par-balle ou d'arme. En réalité, on ne comprenait pas vraiment son utilité, néanmoins sa présence sur l'estrade, bien qu'en retrait laissait penser qu'il avait son importance. Toutefois lui, n'était pas encadré d'agents de sécurité et son visage ne passait même pas à l'écran. Il ne bougeait pas d'un cil et semblait habitué à cette posture, à ce type d'évènements bien que les quelques cicatrices sur son visage laissaient supposer qu'il pouvait être plus sur le terrain que dans le décor. Sa cicatrice sur l'arcade relevait son sourcil épais et dur tandis que sa lèvre légèrement enflée faisait apparaître une petite coupure au même titre que les quelques coupures sur ses joues décoraient son visage. Toutefois, celles-ci restèrent légères et le jeune homme semblait s'y être accoutumé. Tandis que les caméras se tournèrent vers le journaliste Jeremiah A. Mason qui se trouvait être le meilleur ami de notre jeune Wyatt, celui-ci s'avançait vers la scientifique pour lui murmurer : « Je ne crois pas pouvoir y arriver. » Mais Cassidy semblait être d'avantage occupée à trouver une réponse plutôt qu'à l'écouter répondre une chose qu'elle détestait par dessus-tout : l'incapacité. La caméra se tourna vers Cassidy au même moment que le jeune homme déposait sa main sur l'épaule de celle-ci, tentant de faire ce qu'elle espérait. Si certains se posaient des questions quant à son identité, d'autres se demanderaient plutôt ce qui le poussait à faire ce geste. Cassidy était loin de paraître affective, en fait elle paraissait même froide et inhumaine. Ce geste aussi anodin soit-il laissait entrevoir que les deux avaient quelque chose à cacher ou que le jeune homme se montrait un peu trop insistant envers celle-ci ou bien qu'il essayait de la prévenir de quelque chose qu'elle ne semblait pas vouloir entendre.

Concentré, bouche plissée, il semblait fournir un effort intérieur, le regard vide et à la fois étudié pour ne pas trop attirer l'attention, comme si il connaissait ce geste depuis mille ans. Un éclair aveuglant le fit vaciller, mais il se rattrapa à temps pour garder une posture convenable et laisser à la scientifique le loisir d'être la vedette de la conférence. « Je suis désolé, rien. » Dit-il en serrant les lèvres, lâchant sa prise derechef et reculant de quelques pas pour revenir à sa position initiale, lui laissant la possibilité de répondre à son meilleur ami. Ceci sembla le troubler au plus haut point, néanmoins aux yeux de tous, cet acte bien que surprenant ne réussirait pas à voler la vedette à la scientifique. Si certains pouvaient entendre ses pensées, ils ne comprendraient qu'un flot incessant de mots sans aucune suite : flash, néant, vide, mal, yeux, incompréhension, calme... Hailey, ça n'avait plus de sens. Je devais la quitter, pour de bon, rien que pour elle, pour son bonheur, sa sécurité... en perdant son sens, ma vie en avait prit un. Mais pour ceux qui n'avaient pas la possibilité d'entendre ses pensées, ils ne verraient qu'en lui un nouveau venu, se demandant peut-être sa fonction au sein de la société et surtout ce qui lui avait valut les cicatrices aperçues pendant les quelques secondes de sa prise sur l'épaule de Cassidy à l'écran.

« Jeremiah Mason du Wellington Times. Mlle Weasthon, pouvez-vous nous parler de ce fameux dossier «égaré »? D'après les informations, la pluie de météorites aurait pû être préparée et des vies sauvées? Qu'avez-vous à répondre à toutes ces personnes qui souhaitent connaître la vérité ? Nous avions retourné les faits dans tous les sens, imaginant un tas de possibilité. Nier l'affirmation pouvait être une option envisageable, néanmoins les faits étaient réels et tellement précis et techniques qu'il ne pouvait s'agir d'un canular. Les données géographiques, les calculs... toutes ses choses ne pouvaient pas être réalisées par l'homme seul et encore moins par une simple machine. Néanmoins déclarer que nous étions au courant et donc coupables était du suicide, nous courrions à notre perte. Les insultes et le changement d'ambiance dans la salle me déstabilisèrent quelques instants avant que je ne me ressaisisse, j'avais toujours eu cette faculté de faire abstraction des choses, même les plus désagréables. La question posée par le journaliste provenait du même journal que celui qui avait publié ces informations, ainsi je cherchais l'être indésirable; Sara Hawkins qui devait se trouver en principe dans le même carré que son confrère. Je ne cherchais pas plus longtemps, Buckley prit les devants et me la désigna du regard, me demandant ce qu'il adviendrait par la suite. Je répondis d'un remuement des lèvres. « Chaque chose en son temps. Je m'en occuperai personnellement... » Le jeune Matthews s'approcha pour me glisser. « Je ne crois pas pouvoir y arriver. » Murmura-t-il en s'approchant de moi d'une manière conventionnelle mais peu discrète. Je décidais de l'ignorer et ainsi éviter qu'une personne sachant lire sur mes lèvres tente de le faire, les messes-basses allaient attirer l'attention. Néanmoins il comprit rapidement qu'il n'était ni là pour se tourner les pouces ni pour me décevoir comme je décidais de lui faire remarquer pendant que la caméra filmait les journalistes. Celui-ci déposa une main sur mon épaule et se concentra alors car la pression de sa main me fit retenir une grimace que je dissimulais sous in air propice à la réflexion. Il resta ainsi quelques secondes voir une minute ou deux maximum et me déçut en me répondant. « Je suis désolé, rien. » Il dégagea aussitôt sa main et me laissa me concentrer sur mes dires en se reculant. La salle attendait ma réponse avec impatience, autant que certains que me dévisageaient avec haine, hargne et désespoir pour d'autres. Ceci ne perturba aucunement ma réflexion. « Les faits sont là, réels et je ne peux qu'affirmer qu'ils proviennent de Livingscorp en vue des études menées et des positions géographiques exposées sur ces documents. » Je regardais la caméra avec sérieux, froideur et dignité, je n'allais pas me salir pour autant. J'attendis quelques secondes, laissant le temps au temps, l'occasion à certains de méditer et aux journalistes de continuer leurs accusations. « Bien évidemment, en vue de ses informations, nous pouvons en déduire que l'incident du 17 février 2007 aurait put être évité, nous déplorons des pertes au sein de notre personnel et vous accompagneront jusqu'au bout dans ce deuil qui restera gravé dans nos mémoires. » Je fis mine d'être affectée et continuais ensuite. « Mon nom a été utilisé dans le seul but de parvenir à dissimuler ses informations, je n'en ai jamais entendu parler. Nous avons malgré tout découvert le nom de cet imposteur que nous avons immédiatement licencié. Cet imposteur était le chef de projet de Livingscorp. » Nous avions licencié le chef de projet, un scientifique qui n'avait rien vu venir et qui n'avait jamais soupçonné l'existence du niveau 33.1. « Je prends désormais sa place en tant que second. » Affirmais-je. Ma promotion n'était rien de plus qu'une mise en scène des plus hâtées. « Il va s'en dire que Livingscorp a été salit mais, nous tâcherons de nous reconstruire, pierre après pierre de ce drame. Pour se faire, nous avons investi dans la création d'un mémorial, celui-ci sera ouvert au public d'ici une quinzaine de jours. Nous espérons vivement que les fraudes de notre ancien chef de projet ne viendra plus ternir l'image de l'organisme ni même cette confiance inébranlable que vous nous avez toujours porté. » Finis-je par dire en tentant de les regarder tous. « Sauf questions pour le mémorial, nous ne ferons plus de déclarations au sujet de ce dossier. »

« On devrait aller boire un verre après la conférence... » - me proposa t-elle. J'approuvais son idée. Nous ne pouvions pas en parler ici, il y avait beaucoup trop de monde à proximité et Jeremiah pouvait entendre la conversation. Il était mon ami aussi, mais cette conversation là ne regardait que Sara et moi. Il n'avait pas besoin de savoir - « D'accord. » - répondis-je avec un faible sourire. J'avais tant d'interrogations en tête des interrogations qui méritaient désormais des réponses. Sara savait des choses sur Wyatt que j'ignorais. Oui, je devais savoir. D'autant plus que je commençais à voir le jeune homme autrement... mais ce n'était peut-être pas une bonne chose et peut-être qu'il cachait de noirs secrets, qu'il était loin d'être celui que je croyais. Wyatt, Isabel, le meurtre... c'étaient les choses auxquelles je pensais à cet instant précis, jusqu'à ce que Jeremiah reprenne la parole - « On travaille dans le même journal. Mais toi dis moi, qu'est-ce que tu fiches ici? » - La question de Jeremiah me posait problème. Je ne pouvais évidemment pas lui donner la vraie raison de ma venue. Je ne pouvais pas lui avouer pourquoi cette histoire éveillait mon intérêt. Alors, je me contentais de répondre : « C'est une conférence publique et je suis là, comme les trois quarts de la ville. » - Je gardais un air naturel, ne souhaitant pas que lui ou Sara remarque que ma présence voulait dire autre chose. Je sais ce sont mes amis et je devrais pouvoir leur parler, mais je n'étais pas prête. Je ne pouvais pas leur dire ce qui n'allait pas chez moi. Surtout pas ici avec toutes les oreilles qui traînaient.

J'entendis huer à l'autre bout de la salle quand Cassidy Weasthon essaya de prendre la parole. Le publique criait sa rage à l'égard de la compagnie. J'étais un monstre, mais je n'étais pas la seule à en être - « ça va mal tourner... » - lâchais-je à l'attention de Sara et Jeremiah. J'avais conscience que la situation pouvait vite déraper. Il y avait des manifestants, des personnes en colère qui ne chercheraient pas à entendre les explications de Cassidy. Finalement, ce fut Jeremiah le premier journaliste à prendre la parole. Il avait résumé tout ce que tout le monde avait envie de savoir, moi y compris. Mon regard tourné vers l'estrade, je fixais Cassidy. Elle devait certainement s'être préparé à ce genre de questions, peut-être avait t-elle même écrit une réponse toute prête ? Pendant un quart de seconde, elle n'eut pas l'air sûr d'elle. Je me demandais ce qu'elle allait trouver à dire à ça. Ma vie avait été ruinée à cause d'elle...

Et puis, mes yeux se tournèrent sur le jeune homme qui s'était avancé vers Cassidy. Wyatt pensais-je en silence. Qu'est-ce que Wyatt faisait sur cette estrade en compagnie des intervenants de Livingscorp ? Avait t-il quoi que ce soit à avoir avec elle et cette histoire ? Je ne comprenais pas et je restais figée sur la chaise, le regard rivé sur lui. Il était blessé. Que lui était t-il arrivé ? Je fermais les yeux un instant. Peut-être étais-ce le fruit de mon imagination ? Seulement, lorsque j'ouvris les yeux de nouveau, Wyatt était toujours là. Je me focalisais sur la main de Wyatt qui s'était posée sur l'épaule de Cassidy. Qu'est-ce qu'ils cachaient tous les deux ? J'aurais aimé pouvoir entendre ce qu'ils se disaient. Peut-être aurais-je pu si il n'y avait pas tant de bruit autour de moi. Je ne pouvais pas croire ce que je voyais. Des tas de doutes à son propos vinrent me submergé. Sara avait peut-être raison d'avoir des soupçons sur lui. De toute évidence, je n'avais pas l'air de connaître grand-chose sur Wyatt. Et si il n'était qu'un meurtrier en plus d'être mêlé à l'affaire Livingscorp ? Je jetais un oeil à Sara qui se trouvait à côté de moi pour voir sa réaction. C'est alors que Cassidy Weasthon prit enfin la parole. J'essayais de me concentrer sur son discours, la dévisageant avec insistance. Bien sûr, elle ne me remarquerait pas, mais je voulais essayer de la percer à jour. Elle était cependant difficile à saisir. Je ne lui faisais pas confiance et je ne croyais pas en son discours. Effectivement, peut-être que l'histoire de l'imposteur était réelle, mais j'étais sûr d'une chose : Cassidy n'était ni désolée, ni affectée par cet évènement. Trop froide et inhumaine pour ça. Elle s'en faisait surtout pour son image et celle de Livingscorp. De nouveaux jurons se firent entendre du fond de la salle, de toute évidence, Cassidy n'allait pas s'en sortir avec cette seule explication.

« Cela va commencer à être intéressant » - pensais-je, tandis-ce que Cassidy se faisait huer par la foule après voir essayé de prendre la parole. Elle fut déstabilisée pendant quelques instants avant de se ressaisir. C'était une chose que l'on ne pouvait pas nier, Cassidy avait une parfaite maîtrise de ces choses-là. Je remarquais la présence d'un jeune homme aux côtés de Cassidy. Le frère de Hailey Matthews si je ne me trompais pas. Ce pauvre type dont la vie était ruinée... Depuis quand avaient t-ils fait appel à lui et à quoi est-ce qu'il pouvait bien leur servir ? Je voulais connaître leurs plans. Elle reprit la parole pour répondre aux questions du journaliste. Qu'est-ce que j'avais dit ? Un discours déjà tout tracé. J'avais beau la détester et ne vouloir que son mal, elle était douée cette conne !

Je détournais mon attention lorsque parmi la foule, j'aperçus la jeune Matthews, Hailey Matthews. Celle-ci ne m'échapperait pas. Personne ne m'échappe. Je soumets les gens à mes désirs et peut même en faire mes sujets si je le souhaite. J'avais toujours eu l'œil sur elle, préparant le jour où...
Tournant légèrement la tête, je remarquais la présence de Everleigh Sullivan. Elle se tenait là, fixant l'estrade d'un regard glacial. Celle-ci avait fait du chemin depuis que nos routes s'étaient croisées. Je savais "apprécier" sa détermination, son courage et sa témérité. Cependant, j'acceptais un peu moins ce caractère de feu qui me laissais penser qu'elle ne craignait pas de me défier moi aussi si elle n'était en accord avec mes actes. Si il fallait la remettre à sa place, je le ferais ! Ce n'est pas parce qu'elle est la sœur d'un des dirigeants que cela change quoi que ce soit. La présence de Luthessa Adams non loin de moi attira aussi mon attention, fondatrice de la pire des idioties que je connaisse. Elle se tenait aux côtés d'un homme à l'air visiblement très perturbé. Je remarquais sa main plaquée sous son manteau, comme si il tenait... une arme. Un sourire en coin se dessina sur mon visage. Encore un de ses hommes emplis de haine envers Livingscorp et surtout Cassidy Weasthon. Je le voyais à la façon dont ses yeux la regardaient avec haine. Luthessa semblait donc être en train de raisonner cet homme, mais moi j'avais d'autres idées. Et si l'on s'amusait un peu ? Non parce que franchement, je n'étais pas venue ici pour écouter les bêtises de Cassidy et celles de Buckley. Je commençais presque à m'ennuyer... je déteste m'ennuyer. M'apprêtant à réaliser un exercice difficile qui en général me prenais beaucoup d'énergie. Je me concentrais, ignorant le reste autour de moi. La seule personne qui m'importait était l'homme perturbé. J'entrais dans son esprit afin d'y altérer sa perception des choses, de ce qui l'entourait. Si Luthessa essayait de le calmer, j'allais au contraire jouer sur ses nerfs, profiter du fait qu'il soit perturbé. C'est ainsi que de son esprit, l'illusion allait lui paraître réelle. Luthessa se présenterait à ses yeux avec l'apparence de Cassidy, Luthessa et tous les gens qui l'entouraient. Cassidy serait sa gauche, à sa droite, devant, derrière, partout à la fois. Miss Isis Fondation aurait beau essayé de le raisonner, il la prendrait pour l'ennemie. Je comptais sur cette illusion pour le déstabiliser. Il avait apporté une arme, il serait stupide de ne pas s'en servir, non ? Vous vous demandez pourquoi je fais ça ? Parce que je suis le méchant de l'histoire, un salop, une enflure et j'aime ça.

« Je connais ce regard, pense à ce qui se passerait si tu agissais de la sorte. Ne penses-tu pas que tu pourrais mettre en danger d'autres personnes ? » Me dit-elle en me forçant à croiser un regard qui me fit immédiatement hésiter. La bienveillance de Luthessa me rappela alors quelle erreur j'étais sur le point de commettre. Effrayé, je détournais la tête pour ne plus hésiter, fermant les yeux, bercé par ses intonations douces. « Ne fais pas des choses que tu pourrais regretter. Allons... nous avons travaillé longuement pour que tu puisses avancer, ne détruis pas tous tes efforts. Tu ne mérites pas ça. Laisse-faire la justice. » La justice... quel bien grand mot. S'il existait une justice dans ce monde, aurais-je eu le droit de dire adieu à la femme que j'aimais ? Aurais-je eu l'occasion de la serrer une toute dernière fois dans mes bras et de lui dire à quel point je l'aime ? Elle me manquait... la douleur au creux de ma poitrine me déchira les entrailles à mesure que je la laissais revenir, se propager une nouvelle fois dans mon corps. Ces sensations douloureuses représentaient la seule opportunité que j'avais de me remémorer ses souvenirs interdits dont je m'interdisais toute pensée en temps normal et ce pour ne pas m'empêcher de vivre, de travailler, de dormir, de marcher dans la rue... des larmes coulèrent sur mon visage et la main de Luthessa se déposa avec douceur sur mon épaule tandis que je plissais les lèvres et que ma main droite rejoignait la sienne pour se poser dessus comme pour la remercier du soutient infaillible qu'elle m'apportait depuis qu'elle était entrée dans ma vie...

« Elle me manque tellement... je ne peux plus vivre sans elle... » Murmurais-je alors, mes larmes trahissant un manque de self-control. Je n'en avais pas honte, je n'avais pas honte de la pleurer, de l'aimer encore depuis bientôt quatre ans... de regarder de vieilles photos en souffrant du plus profond de mon être... mais les autres en avaient eu marre. Les autres en avaient eu assez de me voir me morfondre, boire et pleurer pour l'oublier. Les autres ne comprendraient jamais à quel point l'amour pouvait nous tenir au corps, à quel point il pouvait être fort, puissant... et le plus triste dans tout cela, c'est que je n'avais pas avancé dans ma vie. A vrai dire, mon manque d'obstination avait fini par me rétrograder. De directeur commercial j'étais passé à chef des ventes puis à tout simplement vendeur... peu m'importait. Mon métier servait simplement à conserver la maison que nous avions acheté, elle et moi en nous promettant de fonder une famille, de nous aimer jusqu'à plus soif et d'être heureux. Je pensais aujourd'hui revendre la maison, quitter les pièces en travaux et les pièces à demi-peintes, les vieux cartons que je n'avais toujours pas eu la force de déballer après son départ... après son décès brutal.

Alors que je décidais de rentrer l'arme plus profondément dans mon manteau, quelque chose me glaça d'effroi. Luthessa avait disparu et Cassidy se tenait à côté de moi, pire, elle remplaçait la main de Luthessa sous la mienne, là, juste sur mon épaule. J'eus un mouvement de recul et la repoussais violemment. Et puis je bousculais une femme qui s'avérait être Cassidy et sa voisine et son autre voisine... Personne ne semblait le remarquer, pire encore, les Cassidy venaient remplacer tous les citoyens de la salle ! A croire qu'elles les absorbaient... le sol sembla se dérober sous mes pieds, j'avais bien conscience que ceci relevaient plus de la fiction que de la réalité mais je ne pouvais nier qu'elle se tenait là, devant mes yeux et me toisait avec amusement, un sourire en coin en se moquant de moi du regard... malgré le nombre invraisemblable de Cassidy se trouvant sous mes yeux, je me sentis piégé, piégé par une des ruses de la scientifique, de l'organisation... ils avaient dut tout manigancer, peut-être étais-je entrain de mourir sous leurs microscopes et peut-être avaient-ils créer cette réalité, il fallait que j'en sorte... que je me sorte de là... mais qui viser ? Sur quelle Cassidy tirer ? Celle de droite, de gauche, derrière ou devant moi ? « arrêtez ! Arrêtez tout ça ! » Hurlais-je en levant l'arme au dessus de ma tête, en visant chaque Cassidy qui se trouvait sous mes yeux, prêt à commettre l'irréparable, à me débarrasser une bonne fois pour toute du démon responsable de la mort de l'amour de ma vie...

Il existe une différence entre la pensée de l'acte et l'acte en lui-même si bien que, malgré la haine que je pouvais éprouver à son égard, j'hésitais à la tuer, à l'abattre de sang froid, n'avais-je pas d'avantage soif de justice que de vengeance ? Cette simple question exposait la différence entre la justice league des cavaliers noirs, poussés par leur quête de vengeance, déterminés à trouver un exécutoire à leurs souffrances intérieures plutôt qu'à voir leurs ennemis sous les verrous... je n'étais ni mieux qu'un redoutable cavalier ou qu'un défenseur de la justice, j'étais juste moi, brisé, tenant une arme. Ainsi je tirais en l'air sans viser personne pour que cela cesse. « Cela ne peut pas être possible ! Je ne vous crois pas ! » Hurlais-je en pointant mon arme sur l'une des Cassidy puis en faisant de même avec une autre. « Cessez tout ça ! » Puis je courus vers l'estrade dans l'espoir de dominer la salle pour compter le nombre de Cassidy et donc le nombre de complice dans cette affaire... mais elles étaient toutes si réelles... je me mis à douter de moi-même. Et si Cassidy avait été plusieurs depuis le début ? Cette question me préoccupa...

- Pensez-vous qu'un autre phénomène de ce type peut se reproduire ? Une nouvelle pluie de météorites ? Elle n'arrêtait donc jamais ? Comment pouvais-je le savoir ? J'adressais un sourire forcé à Buckley, il comprendrait. Si d'une manière ou d'une autre il trouverait le moyen de se charger de la journaliste, je le laisserai faire. Néanmoins j'avais décidé de m'en occuper moi-même mais il s'avéra que ma patience dans ce domaine avait des limites et la fouine commençai sérieusement à m'agacer. Quiconque m'agace finit au bûcher, c'est bien connu... je mourrais d'envie de la faire taire, de sortir une arme et de lui coller une balle entre les deux yeux rien que pour ne plus entendre sa voix criarde. Elle me donnait mal à la tête. « A vrai dire... » Je fus coupée dans mon élan par de l'agitation, des cris dans la salle, un attroupement autour d'un homme qui s'agitait dans tous les sens jusqu'à lever une main en l'air et laisser apparaître une arme. Eversman était sûrement aux aguets. Moi-même, je me reculais, prête à me ranger dans les recoins de Livingscorp. Un coup de feu fut tiré en l'air, faisant éclater une des vitres -le bâtiment n'était pas une bâtisse classique mais recouvert de vitres, du moins pour la partie supérieure qui ne concentrait pas les laboratoires-. Fort heureusement, une seule vitre explosa, faisant malgré tout retomber une centaine de morceaux de verres sur le sol et la foule... j'entendis les agents de sécurité hurler pour prévenir la foule. Et puis l'homme perturbé prit en otage deux femmes avant de les relâcher, pointant l'arme sur leurs visages, agitant les citoyens dont certains affolés commençaient à hurler et à prendre la direction des sorties vers lesquelles tout le monde se précipitait, quitte à se pousser les uns les autres comme des animaux égoïstes et effrayés par la vue et l'entente d'un coup de feu.

Et puis, l'homme courut en direction de l'estrade ou les propres gardes du corps de Buckley commencèrent à le rapatrier vers un des ascenseurs l'amenant aux laboratoires sous-terrains. Mon premier geste fut de me jeter sur le côté, voyant une arme pointer dans ma direction, m'écrasant avec force contre le sol pour me cacher derrière le pilier de la table, attrapant le cou de Wyatt Matthews en hurlant pour me faire entendre afin de couvrir les hurlements de la pièce. « Vous rentrez-vous ! Sortez d'ici ! » Je me relevais pour hurler à l'attention de mon garde du corps. « Amenez-le en lieu sûr ! » Dis-je aussi autoritaire que possible, voulant lui montrer que nous n'avions ni l'utilité ni le temps d'argumenter et qu'il était sous mes ordres. Sa mission était de mettre le jeune Matthews en sécurité, bien plus important que Buckley d'ailleurs. Wyatt avait son utilité et je ne laisserai pour rien au monde un attardé risquer de tuer un aussi précieux élément. J'avais besoin du jeune Wyatt à mes côtés pour m'aider (…) « Eversman ! L'aile Ouest ! » Dis-je en désignant le nouvel employé qui semblait plus choqué que futé dans de telles circonstances. S'il avait fallut, je l'aurais traîné par les pieds. Je me jetais alors en bas de l'estrade pour rejoindre un des passages secrets me permettant de rejoindre non pas les laboratoires de Livingscorp comme Buckley mais le niveau 33.1, moi plus que personne risquait de finir en civet avant la fin de l'heure.

C'est en sautant plusieurs marches de l'estrade du côté gauche que je trébuchais et que je me foulais la cheville. J'avais vécut pire mais les premières sensations de douleur me firent gémir rapidement avant de me retenir, je n'avais jamais aimé me sentir faible ou hors de contrôle, ainsi je décidais de compter jusqu'à dix, risquant ma vie dans le but d'être assez forte pour courir malgré cela... « Un... deux... » L'homme hurlait... « Trois... quatre... » Je pouvais encore le voir s'agiter tandis que Luthessa -la demeurée- tentait de se frayer un chemin pour le rejoindre. « Cinq... allez ! » Dis-je à l'adresse de ma cheville. « Six... sept.. .»

C'est trop ! Je ne comprends rien. La présence de Wyatt aux côtés de Cassidy Weasthon et l'hypocrisie de cette dernière. Regardes moi ça, elle et son faux air compatissant me donnait la nausée. Je ne pouvais plus assister à ça. Je me fiche de qui est le coupable que ce soit un imposteur ou même Cassidy Weasthon. Le fait est qu'on aurait pu être prévenus de la catastrophe avant qu'elle ne se produise, on aurait pu éviter les blessés, la mort et les contaminés. Si le dossier est l'oeuvre d'un imposteur, comment avoir laissé passé une telle erreur ? Je n'ai plus qu'une demie vie depuis quatre ans. Je les déteste et je déteste cette vie. De l'air. Sortir. Oui, il faut que j'aille prendre l'air.

« Il faut que je sorte, maintenant. » - dis-je à Jeremiah et Sara avant de me lever de ma chaise. J'avançais d'un pas rapide lorsqu'une main avec une arme pointée vers le plafond se détachait de la foule. Le bang raisonna à travers toute la pièce et très vite les hurlements effrayés de la foule se firent entendre. Je laissais échapper un cri, moi aussi. Je me baissais instinctivement, portant mes mains près de bon visage pour me protéger les morceaux de verres qui s'abattaient en rafale sur nous. Les gens se levaient et le passage fut rapidement bloqué. Tous cherchaient à gagner la sortie. Moi y compris. Sara. Jeremiah. Où sont t-ils ? Comment vont t-ils ? Je m'inquiétais pour mes amis installés dans les premiers rangs face à l'estrade. J'étais soulagée par l'absence de mes parents et de Robin, je savais qu'au moins, je n'avais pas à m'en faire pour eux. Mais d'autres pensées me virent à l'esprit. Où est le tireur ? Va t-il encore se servir de son arme, agressé quelqu'un ? Qui est t-il ? J'avais peur, comme nous tous. Je sentais la foule se serrer autour de moi. On me bousculait, me poussait vers la sortie. J'eus l'impression d'étouffer, de manquer d'oxygène. Je n'avais pas la phobie de la foule, mais il y avait trop d'agitation. J'essayais de me dégager sans succès. Les hurlements allaient me faire perdre la tête. Toute forme de civilisation ou de politesse avait disparu. La panique l'emportant sur le reste. Chacun ne pensait plus qu'à une chose : Sauver sa peau.

Et puis, je chutais, me retrouvant à terre. Une douleur partant de l'arrière de ma tête me saisissait. Je portais ma main à cet endroit et essayais de me relever doucement. A peine avais-je essayé de me redresser qu'on me marchait dessus. Mourir pensais-je l'espace d'une seconde. Oui, pendant cette seconde je souhaitais en finir. Juste l'espace de ce cours instant. La mort me paraissait plus facile. C'est beaucoup plus difficile de vivre. Quelqu'un cogna le côté droit de ma tête de son pied et je me laissais au sol, n'ayant pas la force de me relever. Les bruits des alentours se transformèrent en bourdonnement désagréable. Ma tête me faisait trop mal et assommée, je ne sentis qu'à peine quelqu'un trébucher sur moi et me tomber dessus.

... Et un coup de feu parti brisant l'une des vitres. Le BANG me surprenait et sans que je ne maîtrise quoi que ce soit je provoquais un choc qui brisa une seconde vitre au-dessus de moi. Merde ! Putain ! En général, lorsque je brise des choses il faut que mon regard se concentre sur le sujet. Dans le cas présent, je n'avais même pas jeté un coup d'œil à la vitre qu'elle s'était brisée. C'est ce qui arrivait de temps à autre quand j'étais en colère ou bien dans le cas présent : Surprise, effrayée. Les gens se mirent à hurler, se bousculant les uns et les autres. Ils pouvaient tout aussi bien se marcher les uns sur les autres sans hésiter. La crainte nous fait parfois faire des choses stupides et les gens agissaient plutôt en fonction de leur peur que de façon intelligente. Je m'étais protégé le visage avec mes bras lorsque les centaines de petites particules de verres tombaient sur nous. Un homme me bouscula, je vacillais puis tombais. Je me rattrapais avec les mains, évitant ainsi de me cogner la tête contre le sol, mais je me coupais la paume de la main avec un bout de verre. Aie ! Merde. Je refermais ma main avant de me relever. Je me réfugiais ensuite contre le mur, n'ayant pas l'intention de me mêler au troupeau et de me faire écraser. Ils étaient tous entassés dans le milieu et le fait d'être sur le coté me permettait de disposer d'un peu plus d'espace. J'avançais dans le sens inverse, ne regagnant pas la sortie, mais me dirigeant vers l'estrade. Le tireur avait provoqué une belle pagaille. C'était le genre d'incident auquel je m'étais préparée et je savais que c'était loin d'être fini. Des manifestants pleins de haine étaient présents. Des gens infectés par la pluie de météorites et bien entendu, les cavaliers noirs. J'apercevais Damon Humphrey, debout et un sourire sadique dessiné sur les lèvres. Il avait fait quelque chose... j'étais persuadée qu'il avait fait quelque chose. Je jetais un oeil à l'estrade cherchant Matt du regard. Celui-ci ne se trouvait plus près de Cassidy, mais semblant escorter un jeune homme dont le visage me rappelait vaguement quelque chose. Celui-ci avait l'air choqué par les évènements, mais je ne m'attardais que très peu sur lui. Je m'avançais et remarquais Cassidy Weasthon au sol, à gauche de l'estrade. Je n'aimais pas cette femme. C'est simple, je la trouvais tout à fait ignoble, froide, peut-être était t-elle même dénuée d'âme. Le gens comme moi, ceux contaminés par la kryptonytes n'étaient pour elle que des phénomènes à explorer. Nous n'étions ni plus ni moins que des rats de laboratoire pour elle. Alors oui, je ne l'aimais pas du tout et mon envie de la faire tomber était forte, intense. Cependant, je décidais de m'avancer vers elle - « Laissez-moi vous aider. » - dis-je avec douceur et un sourire. C'était hypocrite bien entendue, mais j'étais beaucoup trop douée pour que cela ne se remarque. Je m'attendais à ce que sa mauvaise humeur se face sentir, qu'elle m'envoie balader prétextant qu'elle pouvait très bien se débrouiller toute seule. Du Cassidy Weasthon dans toute sa splendeur ! - « Allez... vous ne voulez quand même pas que l'attardé vous transforme en civet ? Ce sera plus facile avec votre cheville si vous vous appuyez sur moi. » - J'entreprenais de l'aider à se relever sans lui laisser le temps de dire que quoi ce soit...