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Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey

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Wyatt J. Matthews

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MessageSujet: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyLun 3 Jan 2011 - 1:35

Je zappais de chaîne en chaîne sur la télévision du salon et soupirais devant le nombre incalculable d'idioties qui passait sur le câble. La seule émission qui sortait du lot parlait de politique et encore, de personnes qui ne savaient rien sur le sujet mais qui avaient une opinion bien tranchée sur la question, rien de plus ou de moins qu'un monceau de stupidités invraisemblables. C'est un peu comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale, c'est exactement ce que déballait ce genre de programme, je grimaçais et en profitais pour bailler. Mon portable affichait trois heures du matin, je sentais la fatigue, sans plus toutefois mais décrétais devoir aller me coucher attendant avec patience que les jours passent. Le travail que la boîte d'intérim m'avait trouvé pour la semaine m'avait décommandé en dernière minute, prétextant ne plus avoir "besoin de mes services". Encore une fois de plus, je me retrouvais le bec dans l'eau, sans rien à devoir attendre une heure décente pour aller à la boîte et demander une fois de plus ce qu'ils avaient pour moi et le plus vite possible.

C'est en traînant des pieds que je rejoignis la cuisine, ouvrant le réfrigérateur avec ennui, cherchant quelque chose à boire pour étancher ma soif et... passer le temps avant d'aller me coucher, comme un rituel de vieilles personnes, quelque chose dont on a pas forcément besoin mais qui est synonyme de quelque chose pour nous, en l'occurrence pour moi, ça signifiait l'ennui, sortir de la routine d'un coucher en cherchant à boire ne fut pas très créatif, mais ce fut l'une des rares occupations qui m'autorisait à rester passif. Je cherchais le lait et m'en versais un verre avant de m'affaler contre la table et de caresser la tasse comme un objet précieux. Le four affichait quatre heures quarante-cinq. Encore une fois le temps passait lentement... et vite à la fois. Aussi paradoxal que faire se put, je m'ennuyais... et voulais rattraper le temps. Je vins à la conclusion que la seule chose qui me restais à faire était d'aller me coucher, toutefois j'entendis la serrure cliqueter et la poignée se baisser. Ce n'était sûrement pas Kristen que j'avais vu monter dans son lit il y a de cela quatre heures... c'était Hailey, je haussais les sourcils. Elle ouvrit alors la porte et je décidais de monter l'escalier afin de l'éviter. Le souci c'est qu'elle entra au moment ou je franchis la première marche, je me retournais et dis, moqueur.

« T'en as pas marre de la débauche ? » Même si je ne supportais pas imaginer mes sœurs avec des hommes en particulier ma sœur Hailey se trémousser en compagnie d'hommes murs ou entrain de se droguer ou que sais-je encore, je ne put m'empêcher de faire la réflexion. Après tout, elle vivait sous notre toit, si elle désirait passer sa vie à sortir c'était son problème. Même si je m'en fichais d'un côté, quelque chose me poussais à lui faire la morale. « Tu sais l'heure qu'il est ? Quasi trois heures ! C'est pas une heure pour rentrer Hailey, t'es plus une ado'. » Mon discours n'avait pas de sens, elle faisait ce qu'elle voulait et au fond l'heure n'était pas un réel problème. J'étais juste comment dire... possessif. Ce sont mes soeurs, vous comprenez ?
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyLun 3 Jan 2011 - 8:40

La musique résonnait déjà. La température montait d’un cran. Nous n’étions plus des adolescents. Nous ne nous lancions plus bêtement vers l’alcool. On avait compris la leçon, le jour de notre première cuite. On se souvenait du goût dans la bouche, de cette envie soudaine de tout recracher. Du vomi dans les rosiers de la voisine… La fièvre des premières années n’avaient pas complètement disparue. Elle s’était juste métamorphosée. Nous buvions toujours autant. Mais dans un délai plus raisonnable. Des heures et non plus des minutes. L’on préférait s’amuser et surtout être en pleine possession de ces moyens. Qui sait, peut-être allions-nous conclure ce soir ? Et je comptais bien m’amuser un peu. La chasse était ouverte, et j’entrais dans la fausse aux Lions. La pièce était joliment décorée. Il n’y avait – pour l’instant – aucune casse. Ca n’allait pas tarder, adolescents ou pas nous étions toujours aussi maladroits et fébriles. Mon corps se mouvait au rythme de la musique ambiante, se dandinant dans ma robe rouge écarlate. Je savais pertinemment que les hommes aimaient le rouge sur les belles femmes. Et ce soir j’étais une belle femme. Qui plus est une femme avec des appétits voraces. Et plus si affinités.

Je tournais la tête à droite et à gauche, mes sens étaient en ébullition. Je cherchais quelqu’un, ce n’était un secret pour personne. L’hôte de cette maison était plus qu’adorable, et possédait un joli petit Cu. Et comme je l’ai expliqué plus haut, ça faisait des mois que je n’avais pas eu une relation avec un adulte. Pas que j’en éprouvais du dégoût. J’étais plus tôt handicapée, dans un sens. Être dans une fête aussi branchée – et donc côtoyée – m’était difficile vu mon don fraîchement acquit. J’avais du mal à me concentrer sur mes ébats alors qu’une migraine me picotait méchamment la tête. Mais j’avais fait quelques progrès. A présent j’étais capable de bloquer des pensées pendant plusieurs heures sans saigner du nez ou de n’importe quel orifice. Et je comptais bien en profiter un maximum avec le garçon de mon choix. Et justement ce choix s’arrêtait sur l’hôte qui m’avait aimablement invité. Il ne restait plus qu’à mettre le grappin dessus et à ne plus le lâcher avant d’avoir atteint des sommets de plaisir. Rien que d’y penser, ça me donnait des frissons. Ca faisait tellement longtemps que je n’avais pas eu une « relation ». La tension s’accumulait.

« Stephen, mon beau. Merci de m’avoir invité. Ta fête est extra. » Il fallait savoir qu’avec ‘Stephen’ le mot ‘extra’ était ‘in’. C’était un garçon plus tôt sympathique, beau comme un dieu. Mais particulièrement idiot. Mais ce n’est pas si grave, je n’avais pas besoin de quelqu’un d’intelligent ce soir, juste d’un apollon capable de prouesses sexuelles. Et il était en bonne voie, vu son physique du jour. Le torse nu lui allait plus tôt bien. J’adorais ça. « Hailey, toujours aussi séduisante. Je te réserve une place auprès de moi toute la vie, si tu veux. » Il rit. Alors je riais. Ca lui faisait plaisir, il se sentait drôle, fort, fier, viril. Homme quoi. « Tu veux boire un verre ? » Je souriais, lui lançant un clin d’œil. Apparemment Pau-Paul s’affolait dans son caleçon. Si un clin d’œil suffisait, je n’imaginais même pas sa réaction face à mon corps… D’Eve. « Je n’ai pas soif dans ce sens là. » Il aimait les femmes avec du culot, de l’audace. Ce soir, grâce à ma télépathie, je serais cette femme-là. Ce sera son petit cadeau d’anniversaire, en plus de mon corps. « Tu veux monter ? » Il n’attendait pas de réponse ici. Juste que je prenne les devants en montant à l’étage. Ca ressemblait à un mauvais épisode de Série B. Mais je puis vous assurer qu’avec moi on ne passe pas de « mauvais épisode ». Sans vouloir me vanter, bien entendu. Oublions la parlotte.

Des minutes venaient de passer. Assez pour que je sois allongée sur le lit, entièrement nue. Prête à oublier les tensions et le désir qui entouraient mon existence depuis cette « période d’abstinence ». J’avais envie de lui. Et il était là, beau comme un dieu. Il se pencha vers moi, s’emparant de mes lèvres. Mes mains se baladaient un peu partout. J’essayais tout de même de garder un certain contrôle sur mon « inconscient ». Je poussais quelques cris, heureuse et épanouie que j’étais. Je le remerciais même dans un simple murmure. Et là, l’impossible se produisit. Je riais. Pas que Pau-Paul est fait une « mauvaise performance ». Au contraire. Il se trouvait juste que j’avais donné un petit nom à ce garnement Quoi de mieux que celui de mon frère après tout ? Je partais dans un fou rire incontrôlable. Mon cœur battait plus vite encore qu’ordinaire.

L’instant d’après, j’étais habillée de ma robe de soie rouge. Je délaissais Stephen, un sourire aux lèvres. Il ne comprenait rien, le pauvre ami. Quand je vous disais qu’il était idiot. Je sortais rapidement de la belle demeure. La musique s’effaçait au fur et à mesure que mes pas m’éloignaient de ce prénom. Pourtant il était toujours là. C’était une horrible confusion. Ca m’avait légèrement gâté mon plaisir. Heureusement que ça ne m’avait prise qu’à la fin, j’avais pu au moins en profiter un peu, de cet homme virile et idiot à souhait. Je ne me sentais pas sale. Cool. Mais à présent je n’étais plus seule. Je venais de tourner la serrure, tandis que je me retrouvais face à Wyatt. Quoi de mieux qu’une bonne réplique de ça part dès le matin. C’était bizarre de ma part, mais j’étais agacée au plus haut point. Il m’avait gâché mon plaisir.

« La ferme, d’accord ? La ferme ! » Je respirais par à-coup. Ce n’était pas dans ma nature de m’énerver aussi facilement. Mais cette fois-ci s’en était trop. D’où se permettait-il de me juger ? Lui qui ne faisait parti de ma vie que depuis quelques mois. Lui qui n’avait jamais été là pour moi. D’où se permettait-il cette audace ? « D’où tu me parles comme ça ? Je ne suis plus l’enfant que tu épatais par tes tours de magie idiot ! Je ne suis plus l’adolescente que tu pouvais juger. Alors la ferme, d’accord ? La ferme ! » J’étais arrivée vers lui plus vite que l’ombre de Lucky Luke. Et paf ça fait des chocapics ? Et bah il en avait une belle de trace sur la joue. Une gifle, ça le réveillerait !
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Wyatt J. Matthews

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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyLun 3 Jan 2011 - 9:09

Je ne distinguais pas très bien les couleurs ni les formes dans l'obscurité, mais plus elle s'avançait et plus je remarquais la tenue qu'elle portait. Éclairée par les lueurs nocturnes qui filtraient à travers la porte, je m'arrêtais quelques secondes sur la robe rouge qu'elle portait, et qu'est-ce qu'elle la portait bien ! Néanmoins, je me sentis agacé, était-ce de ma faute si l'une de mes sœurs s'habillait comme une allumeuse ? Et puis dans un élan de colère, elle me lança : « La ferme, d’accord ? La ferme ! » « T'as but ou quoi ?! » Répliquais-je, aussi sèchement que possible, dans un murmure néanmoins. « Et parles moins fort, il y en a qui dorment ici. » Si en plus elle se permettait de réveiller Kristen, à mon tour, j'allais m'énerver, comme si elle ne passait pas des journées suffisamment longues pour nous permettre de vivre tous sous le même toit... Et puis, je ne compris pas sa colère, elle semblait vraiment avoir une dent contre moi. « D’où tu me parles comme ça ? Je ne suis plus l’enfant que tu épatais par tes tours de magie idiot ! Je ne suis plus l’adolescente que tu pouvais juger. Alors la ferme, d’accord ? La ferme ! » « Putain Hailey, tu voudrais pas parler plus fort, tant que t'y es ? » Je levais les yeux au ciel, elle faisait encore son numéro et ça m'exaspérait. Je me demandais bien ce qu'elle fichait ici, avec moi et Kristen, à la maison. Ce qu'elle attendait de la vie et aussi si elle nous appréciait vraiment, si nous n'étions pas ce qu'on appelle « pigeons » dans le langage actuel. Peut-être profitait-elle de nous, peut-être avait-elle un malin plaisir à se moquer de nous, à voir le dévouement qu'on lui portait alors que ce ne fut pas réciproque...

C'est alors que plus rapide que l'éclair, elle s'avançait vers moi et me colla une gifle qui me fis vaciller légèrement la tête vers la gauche non pas par sa force mais la surprise qu'elle engendrait. Je la dévisageais sans dire mot et ignorais si elle pouvait distinguer les contours de mon visage ou si elle pouvait voir le fond de mes yeux la dévisager avec incrédulité. Je restais là, les bras ballants, la joue rouge et le visage bloqué à la regarder avec deux grands yeux ronds. Je n'éprouvais nulle colère ni aucune forme d'énervement, je me serai facilement emporté si ça n'avait pas été de ma propre sœur. Et jamais je ne rendrai les coups, jamais je ne porterai la main sur Hailey ou Kristen, je n'y songeais même pas et je n'y avais même jamais pensé. Le fait est que, figé sur le bas de l'escalier, je ne m'excusais pas pour l'avoir sermonnée, elle était ma sœur, c'était légitime.

En fait, je ne réalisais pas vraiment ce qui se passait et je n'étais pas de nature rancunière... il semblait que je l'avais -selon elle- bien mérité. Devais-je me résoudre à penser que j'étais en quelque sorte coupable ? Ou pouvais-je en venir à la conclusion qu'elle était saoule et l'excuser ? Ni l'un ni l'autre... au fond, ça me faisait ni chaud ni froid. « Et bien déteste moi, je t'en prie... je n'y fais même plus attention... c'est tout ce que je mérite... » Pensais-je, plus que choqué par une simple gifle qui avait provoqué en moi tout un élan de réflexion, j'étais comme ça, un cerveau qui fonctionne à cent à l'heure, apparemment c'est de famille. « Bonne nuit Hailey. » Dis-je, froid comme de la pierre avant de tourner les talons et de monter l'escalier en direction de ma chambre.
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyLun 3 Jan 2011 - 9:45

Ma tête venait de s’ouvrir de nouveau à des communications plus étranges les unes que les autres. « Et si j’avais bu, ça aurait été quoi le problème ? Tu m’aurais frappée, tu m’aurais tuée ? » Mon cœur battait à une vitesse inimaginable. Je n’avais jamais été en colère à ce point là. C’était idiot à dire. Mais je n’étais pas du genre à emmagasiner les mauvaises humeurs. J’aimais la franchise, c’était quelque chose de primordiale dans ma vie. Même si mon côté démon adorait encore plus les mensonges. Mais aujourd’hui c’était différent. Des années que j’étais la bonne poire. Des années que j’étais seule, abandonnée de tous sans exception. Et je devais encore me plier à leur règle, à leur remarque et à tout ce qui s’en suit ? Qu’étais-je pour mériter pareil affront ? Devais-je laisser couler ? Non. Je n’en avais plus la force, en plus. « Pauvre Kristen. Pauvre Wyatt. Pauvre de vous, vieux que vous êtes ! Désolée si nous n’avons pas la même éducation. Désolée de ne pas être à la hauteur. Haha, la bonne blague. » Oui, bon… Là j’étais vraiment en pétard. Encore plus parce que je n’arrivais pas à me contrôler.

Et cela, dans tous les sens du terme. J’étais plus tôt douée pour cacher mes émotions, ces temps-ci. Aujourd’hui c’était la soirée de trop, la remarque de trop, le sexe de trop, la tension de trop. Ma vie n’en était que trop. Et je ne pouvais même pas m’énerver proprement à cause des sentiments de ce frère que j’aimais tant et que j’haïssais tout autant. Je voulais le voir souffrir, et non pas être indifférent à cette situation. Non, ce n’était pas le mot. Surpris, étonné, était plus adapté à l’évènement. Mais ça ne me suffisait pas. Ca ne me suffisait plus. Je perdais doucement le contrôle. Je suppose à présent que l’émotion active une part magique chez moi. Renforce ce don impossible à contrôler. J’entendais des milliers de petites voix dans ma tête. Celle de wyatt y compris. Son émotion se mélangeait à sa pensée. Une réflexion profonde et incompréhensible, même pour moi. Sa sœur ne le comprenait pas. J’étais sa sœur et je ne le connaissais pas. Qui était-il pour moi si ce n’est le garçon qui me manquait à chaque été, pendant mon enfance ? « Te détester ? Mais je te hais ! Je vous hais tous, de toute manière. Vous et vos manières bidon. Vous et vos remarques acérées. Je dois être parfaite, c’est ça Wyatt ? Mais c’est quoi être parfaite pour toi ? Je ne te connais pas et tu ne me connais pas. » Je n’avais même pas fait attention à mes paroles. Je ne dévoilais pas vraiment mon don, je répondais juste à ses pensées intérieures… Danger que me criait mon cerveau. Trop tard que je lui répondais… « Tu n’y fais plus attention ? Et bah tant pis pour toi ! Tu le mérites ? Sans aucun doute ! Tu dois souffrir, je veux que tu souffres autant que moi j’ai souffert ! Autant que je souffre parce que vous me voyez comme une petite allumeuse de pacotille ! Mais vous n’avez pas ce droit sur moi ! Vous n’êtes rien ! Rien, jamais ! »

Il me tournait le dos. Il montait les escaliers. Il s’était arrêté quelques secondes, pour écouter mes dernières paroles. Et moi j’avais effroyablement mal. Toutes ces voix dans ma tête. C’était horrible, une abomination. J’étais moi-même une abomination. Je voulais mourir, voilà ce que je désirais le plus au monde en cet instant. Quelque chose de froid s’étala sous mon nez. Je passais ma main, c’était du sang. Encore. J’allais me déplacer pour aller chercher un mouchoir avant de m’accroupir sur le sol. Je criais vraiment cette fois-ci. De douleur, un mal être s’insinuait en moi. Tandis que les voix s’amplifiaient dans ma tête, toujours un peu plus. Mes oreilles saignaient à présent. Je tremblais de toute mon âme. Je n’arrivais plus à le contrôler. Je ne respirais plus. J’étais violette, je le voyais bien. Mon cœur ne battait plus, mes larmes ne coulaient plus. J’avais mal, tellement mal.
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyLun 3 Jan 2011 - 10:11

« Et si j’avais bu, ça aurait été quoi le problème ? Tu m’aurais frappée, tu m’aurais tuée ? » Elle me stoppa net dans ma volonté de monter l'escalier. Je lui tournais le dos, choqué, meurtri par ses paroles qui me blessèrent au plus profond de mon âme. Je n'osais pas la regarder en face, de peur de devenir blessant et de dire des choses que je regrettais. Une larme coula alors de mes yeux le long de mes joues, une larme unique, douloureuse qui me brûlait la peau à mesure qu'elle rejoignit mes lèvres dans une étrange volupté. Elle s'énervait et la perspective de réveiller Kristen me paraissait soudainement stupide, dérisoire. Ses mots coulaient comme un flot intarissable de paroles blessantes et... blessées. La souffrance se lisait dans chaque mot qu'elle employait et martelait dans le seul but de m'atteindre, que je réagisse, que je sorte de la léthargie dans laquelle je m'étais fourré depuis bien trop longtemps...

Elle se mit à débiter avec tant de rapidité que je ne compris pas tous les mots mais réalisais qu'elle répondait à mes interrogations les plus profondes, à mon agacement le plus profond, à mes réflexions intérieures, mes réflexions intimes... « Te détester ? Mais je te hais ! Je vous hais tous, de toute manière. Vous et vos manières bidon. Vous et vos remarques acérées. Je dois être parfaite, c’est ça Wyatt ... Vous n’êtes rien ! Rien, jamais ! » Hailey devait juste être observatrice, très perspicace... voilà ma conclusion, imaginer autre chose me terrifiais, pire, j'en avais peur... peur soudaine de l'inconnu, d'avoir une fois de plus raté une occasion de la rendre heureuse, d'avoir gâché une nouvelle réalité pour la sauver, peur de m'être trompé encore une fois... « Je sais que tu me hais, tu peux me haïr tant que tu veux, c'est tout ce que je mérite, c'est mon châtiment... je mérite le malheur du monde, ta colère et ta gifle... frappes-moi... frappes moi, qu'attends-tu... tues moi, tues moi ! » Le cœur au bord des lèvres je serrais les dents. Hailey avait le don de me réveiller, bien que cette sensation ne fut pas agréable, je reconnus que sentir de nouveaux des émotions me plaisais, peut-être me contemplais-je alors dans la haine et la fureur, peut-être qu'une partie de moi était vouée au mal...

Je me retournais suite à un cri que ma sœur avait poussé. Un cri à vous glacer le sang, ma tête pivota en millième de seconde dans sa direction. J'arrêtais immédiatement toute réflexion pour agir et attraper ma sœur par la taille, celle-ci s'était accroupie mais semblait être prise de vertiges, pire, sous la lueur de la nuit, elle semblait changer de couleur. C'est en passant la main sur son visage que je sentis un liquide sous mes mains... c'était du sang. Immédiatement je me remémorais la scène, non, ça n'avait pas de sens, jamais je n'aurais put la battre, ne serait-ce que toucher à ses cheveux... mais personne ne saigne parce qu'il sort de ses gonds... le sang chaud me glaça la peau. Il me rappelait trop de souvenirs, des souvenirs confus parsemés de cris, de souffrance, de pleurs, de douleur... ma douleur... des images floues et irréelles... il me semblait que le sang coulait de ses oreilles, cette vision me traumatisa et la vue de ce corps immobile me donna la chair de poule. Soudain je réalisais qu'elle ne respirait plus et fus pris de panique pendant quelques secondes avant de me gifler et de reprendre les vieux réflexes... ce n'était pas la première vie que je m'apprêtais à sauver, mais ça me terrifiait...

Je déposais le corps sur le sol et m'activais à lui rendre sa respiration. Je pressais son torse et bouchais son nez avant de déposer tendrement mes lèvres sur les siennes pour la faire respirer... je ne pensais plus à rien, plus à rien que l'effroyable image que j'avais devant moi... « Pas une nouvelle fois... pitié... » murmurais-je... peut-être ma réaction semblait disproportionnée.. qu'auriez vous fait si vous aviez trouvé votre sœur immobile et sans respiration sur le sol ?
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyDim 9 Jan 2011 - 0:49



Je ne sais pas. Je ne sais plus. C’était une douleur purement horrible. Mais elle n’était pas seule. Pour mon plus grand malheur, mes paroles avaient fait mouche. Moi, d’ordinaire insignifiante, avait réussi un grand coup en ce jour damné. En étais-je fière ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne pense pas, mais à cet instant précis j’étais incapable de penser. Les autres pensaient pour moi, en un flot inconnu et intarissable. J’essayais de tout arrêter, de tout stopper. Mais j’étais prise de convulsions. C’était comme dans un mauvais film d’il y a quelques années, les acteurs tentaient alors de retranscrire la rage avec de la mousse jaunâtre dans la bouche. On ne croyait pas une seule seconde à cette douleur, et pourtant elle agissait sous nos yeux. Je n’en étais pas encore à ce stade là. Je veux dire « la mousse dans la bouche ». Mais je me roulais parterre comme une hystérique. Et je savais tout du monde, sans exception. L’Homme au bout de la rue venait de se couper, il s’injuriait mentalement en écho avec les pensées d’une femme habitant à quelques kilomètres d’ici. Oui, j’arrivais à les comprendre. Je ressentais même leur détresse, leur douleur, leur amour, leur envie. Pas les miennes, jamais les miennes. Les pensées s’affaiblissaient au même rythme que mon cœur. Survivra-t-il ? Et moi, dans tout ça ? La souffrance, elle, ne s’arrêtait pas. Au contraire elle redoublait d’ardeur. Mais je ne pense pas qu’en cet instant c’était elle qui me faisait le plus souffrir. Elle était certes physique et mentale. Mais ça ne changeait pas la proximité de ma déchéance. Ma douleur n’était rien comparée à la souffrance que j’avais fait endurer à Wyatt, un être cher à mes yeux. Je ne pouvais ignorer son esprit, sa douleur, sa surprise, et une once de peur. Peur de cet inconnu qui baignait dans mes yeux. Je venais de comprendre mon erreur. J’avais été idiote de me mettre en colère. De répondre à ces questions intimes. Mais je n’avais pas vraiment pensé qu’il les pensait . Je n’avais encore jamais perçu ses pensées. Juste ses émotions plus ou moins fortes. Alors je n’avais pas détecté « les longueurs d’onde spirituels ». Ni les maux qu’avait entraînés ma voix. « Tue-moi, tue-moi ! » Jamais. Jamais. Je ne pourrais jamais t’infliger une telle horreur. Je ne me permettrais jamais de t’arracher cette once de vie qui monte en toi, jour après jour. Tu te rétablies. Je suis capricieuse. Comme toujours. J’aurais aimé naître autrement, peut-être était-ce dû à mon enfance gâtée. Ou à cette absence prolongée dans mon cœur. J’avais dû m’endurcir, devenir autre pour me protéger du monde. Parce que tu n’étais pas là pour me protéger.

Mon cœur fit un soubresaut. J’ouvrais les paupières et comprenais qu’elles étaient restées closes bien trop longtemps. Je respirais une fois, rapidement. Trop rapidement. Je comprenais que mes poumons n’avaient plus d’oxygène depuis un bon moment. J’ai tenté de me battre contre le sommeil, contre la douleur. Et je suis repartie dans mon inconscient. C’était comme si on me forçait à garder la tête sous l’eau alors que j’ai vraiment, vraiment besoin de respirer. Il était étrange de penser alors que mon esprit s’échappait de mon corps inlassablement. Mon cœur s’était arrêté de battre. Je bayais une fois. Je ne remuais même pas un cil. Je comprenais alors que je me voyais du dessus. Aie. Ca ne présageait rien de bon, en général. Je m’affolais pour rien, déjà. Je battais mes bras, comme pour essayer d’atterrir sur le sol et récupérer ce qui m’appartenait. La panique envahit mon être, je ne voulais pas mourir. Je ne devais pas lui laisser cette image de moi. Je n’étais pas cette fille, j’étais devenue quelqu’un de bien, je ne pouvais pas mourir. Il s’en voudrait, il paniquerait, il se tuerait. Non, je ne pouvais pas partir. C’était tout bonnement impossible. La pensée s’insinua jusqu’à mon autre corps, celui inerte. Je me sentis alors comme aspirée. Et j’expirais, toussant à m’en déchirer les poumons. Wyatt était au dessus de moi. J’avais peur, j’avais froid, j’allais mal. Mon frère était là. J’oubliais pendant un temps tout le mal que je lui avais infligé et me jetais dans ses bras. Les mots se perdirent alors dans sa chevelure, un doux murmure. « J’ai peur. » Mon bras se cramponnait à son cou, tandis que ma main gauche essuyait le sang qui perlait sur mes lèvres. J’avais peur de cette capacité. C’était la première fois que j’avais peur d’elle. Peur de ce qu’elle entraînait lorsque mes mots dépassaient ma pensée. Peur de la douleur que j’avais infligé à mon frère, aîné et aimé.
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyMer 12 Jan 2011 - 9:52

Hailey avait déjà faillit mourir dans mes bras, ce souvenir remonta à la surface à mesure que son réveil paraissait ne plus être une possibilité. Je continuais le bouche à bouche dans l'espoir de voir ses yeux s'ouvrirent et peut-être de sentir une seconde gifle sur ma joue pour avoir posé mes lèvres sur les siennes même si c'était pour la sauver. Et soudainement, je sentis son corps se réveiller, elle toussa avidement et mon cœur fit un bond. J'expirais à mon tour aussi fort que possible pour rejeter tout souvenir et décompresser après ce moment des plus paniquants. Elle se jeta dans mes bras et se cramponna à mon cou comme une moule à son rocher et cet élan bien que surprenant m'inquiéta. Hailey devait réellement être morte de peur et son murmure prononcé au coin de mes oreilles me le confirma et se perdit dans ma chevelure.

Désormais accroupi, la taille de ma sœur reposait contre l'une de mes cuisses bien que son poids se portait sur mon cou. Bien que la position n'était pas des plus confortable, nous restâmes à cet endroit précis, sans dire mot, partageant pour la première fois de nôtre co-habitation un moment que je jugeais intime. Kristen ne s'était pas réveillée et tant mieux, j'eus peur de ses représailles, qu'elle croit que l'état de Hailey résultait de mon comportement et que c'était de ma faute. Mais le fait de savoir ma sœur en vie fut la plus belle chose qui soit. Je me sentis plus léger et plus heureux, me rendant compte de l'importance et de l'impact que son décès pouvait avoir sur moi. J'aurais fais n'importe quoi pour elle, je lui aurais donné ma vie. Une larme discrète et sournoise coula le long de mes joues et je l'essuyais dans la plus grande discrétion qui soit, persuadé qu'elle avait coulé sur le visage d'Hailey. « Il faut que tu te reposes. » Dis-je pour seuls mots. Elle ne devait pas avoir peur, j'étais à l'autre bout du couloir, il ne pouvait rien lui arriver. Je ne laisserai jamais rien ni personne te faire du mal Hailey. J'aimerai que tu le saches... Je n'avais jamais été doué pour exprimer ce que je pensais ou même ce que je ressentais mais peut-être était-ce mieux comme ça. Après tout, elle même n'était pas non plus là à me dire qu'elle m'aimait tous les jours, je crois qu'elle ne me l'avait jamais dis. J'attrapais ses cuisses avec mon autre bas et tremblais en la soulevant jusqu'à la prendre dans mes bras et lever son corps du sol. Je la portais alors contre moi, pensant qu'elle serait trop faible ou trop secouée pour marcher, et montais l'escalier lentement mais d'un pas fluide sans ajouter quoi que ce soit. Ce moment était si particulier en soi que le briser aurait relevé du crime. Ses étreintes m'avais manqué et pour autant que je m'en souvienne, la dernière que j'avais eu relevais de la dernière réalité que j'avais exploré.

Je pénétrais dans sa chambre et manquais de glisser. La chambre d'Hailey était toujours propre et bien tenue, ce que j'appréciais. Et le fait de voir les sous-vêtements de ma propre sœur éparpillés un peu partout m'aurais probablement mis à mal à l'aise. Je la déposais alors tendrement sur ce qui semblait être son lit, ses bras toujours agrippés à mon cou et déposais un doux baiser sur son front, préférant m'éloigner que de rester avec elle. « Restes-ici, je vais t'apporter de quoi te nettoyer... » Sortant de la pièce à tâtons, j'allumais la lumière du couloir pour m'orienter dans la salle de bain et sortis un produit de nettoyage ainsi qu'un coton. J'attendis quelques minutes, histoire de me remettre de mes émotions pour revenir dans la chambre, éteindre la lumière et fermer la porte. Hailey avait déjà perdu connaissance, je n'allais pas prendre le risque de réveiller Kristen. Comme un frère prévenant, j'étais revenu avec de quoi nettoyer, de plus je me sentais tellement coupable... m'asseyant sur le bord du lit, je déposais le matériel sur sa table de chevet, j'étais prévenant mais pas assez "maternel" pour le faire moi-même. Je pris sur moi-même pour lui confier : « Je suis désolé pour cette dispute, tu sors c'est vrai, mais ça ne me regarde pas. Est-ce que ça t'arrive souvent d'avoir ce genre de malaise ? Il faudra quand même consulter tu sais. »
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyJeu 13 Jan 2011 - 3:12

« Jamais je ne t’abandonnerai, moi. Jamais l’envie ne me prendra de te laisser seule, même l’espace d’une seule seconde. L’envisager en cet instant m’est d’ailleurs particulièrement difficile. Je serai toujours là, à te taquiner à chaque moment de la journée. Avec moi, la souffrance sera différente. Elle ne s’atténuera pas, au contraire elle te plongera dans la tourmente. Peut-être même m’abandonneras-tu pour les bras d’une autre. Tu la connais sûrement, elle est ma Sœur. Les Humains la nomment Mort. Elle prendra le relai, tu verras. Elle non plus ne t’abandonnera pas, tu vivras en paix : toujours dans la tourmente d’un Enfer sur mesure. Ce sera ton petit paradis enflammé. Je viendrai te rendre visite, de temps en temps. Pour garder le contact avec l’extérieur, avec ton ancien Monde. Pour te montrer à quel point tu es insignifiante, à quel point tu n’es rien pour eux. Pour te prouver qu’ils t’ont bel et bien abandonné. Encore une fois. Tu verras alors la Loyauté briller dans nos yeux, dans ses sphères vides d’émotions. Jamais je ne t’abandonnerai, moi. »

Quel drôle de monologue. Il ressemblait étrangement à un discours que j’avais entendu, lors d’un reportage télévisé. C’était le langage des publicitaires contre Ana. Ou encore Anorexie. Sympathique comme tout non ? Je n’étais pas ce genre de filles. Vomir, très peu pour moi. Je n’en éprouvais pas le besoin. Arrêter de me nourrir ? Même chose. J’aimais manger. Je mangeais en petite quantité. Mais je suis assez gourmande pour compenser mon petit estomac. J’étais physiquement bien faite. Pas un petit bourles ne dépassait. J’aurais aimé dire que je pratiquais le « sport ». Mais ce n’était pas mon genre du tout. J’étais plus tôt centrée sur « c’est génétique » et ça me suffisait amplement. Mais on s’en foutait un peu de mon état d’anorexie non existent. Ma maladie à moi, elle s’appelait Pathie. Télépathie. On a de la chance, ou on n’en a pas. Le mauvais lot était tombé sur moi. Ou peut-être était-ce simplement de ma faute. Je n’étais pas douée mon contrôler mes émotions ? Au contraire, je l’étais trop. Tellement que tout restait en moi, attendant l’explosion final, le bouquet.

Aujourd’hui ça avait failli me réduire à néant. Mais j’étais une battante. Ou du moins j’espérais m’en convaincre. Et j’avais du travail à faire, de ce côté-là. Je tremblais comme une feuille. Je n’avais pas froid, j’aurais dû mais non. J’avais peur, affreusement peur même. En cet instant, lorsque je me suis « jetée » sur Wyatt, j’ai expulsé toutes ces mauvaises ondes. Les miennes. Parce qu’avec lui, j’étais en sécurité. Pas vrai ? En tout cas, je le pensais assez pour arrêter de trembler. Seule ma tête continuait à vibrer au rythme de mon cœur. Douce mélancolie, douce amertume. Non pas que j’en désirais. J’étais encore perdue dans mes songes lorsqu’il me porta dans ses bras. Sans doute estimait-il que je n’étais pas capable de faire un pas. Et il avait raison. Le sang coulait encore, je crois. J’entendais. Mais moins bien qu’ordinaire. Je ne m’en inquiétais pas. La dernière fois que j’avais vécue une telle crise je m’étais rétablie assez rapidement. Ma tête cette fois-ci était verrouillée. J’avais un mal de crâne abominable, mais qu’importe. Je ne voulais plus entendre quoique ce soit. Néanmoins je ressentais… Les émotions m’immergèrent dans leur monde. J’avais l’effroyable envie de pleurer, les larmes montèrent encore une fois, mais je les empêchais de passer la barrière de mes cils.

J’hochais la tête, pour montrer mon affirmation. Elle n’était que physique, parce que mentalement j’étais déchirée de le voir s’éloigner. Il s’absenta peu de temps, juste assez pour que la peur enveloppe mon être et ne le lâche plus. Je commençais de nouveau à trembler. Mes barrières mentales s’effritaient. Je percevais –difficilement- quelques pensées ici et là. Ainsi je distinguais pensées et sentiments –très floues les pensées- de mon frère. S’éloigner, s’éloigner. Voilà ce qu’il disait. La souffrance s’engouffra un peu plus, les larmes reprirent, silencieuses. C’était mieux ainsi. Il revînt tout de même, parce qu’il le faut bien. Je prenais un coton, l’imbibais d’un liquide blanchâtre et épongeais mon visage avec. La boule blanche devint rapidement rouge et j’en utilisais une autre. Puis un autre et encore un autre. « Ce n’est rien. Je n’avais pas à m’emporter. Je suis trop fougueuse. » Je le regardais, droit dans les yeux cette fois-ci. Mes paroles sonnèrent comme des excuses « Je ne pensais pas ce que je disais. J’étais juste… Vénère » Ma langue maternelle avait repris le dessus. Je supposais que Wyatt comprendrait tout de même le sens de ce mot, infime particule de mon stupide ancien état. « Pas si souvent que ça, en fait. Je saigne du nez assez souvent, mais une crise comme ça… Ce n’est arrivée que deux fois. Trois fois avec celle-ci. » Je baissais les yeux. Trop vite. La tête me tournait encore. Je grimaçais. « Tu m’en veux, dis ? »
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyJeu 13 Jan 2011 - 4:13

La lumière allumée me piqua les yeux, je n'étais plus aussi solide qu'avant et je le remarquais via des choses futiles comme ça. Le coton vira rapidement au rouge et je détournais la tête, non par dégoût mais par peine. C'était son sang, et il n'aurait jamais dut couler, de quelque manière que ce fut. Je ne l'écoutais qu'à demi, plongé dans un état de réflexion si profond que je ne savais même pas ce que je pensais. Je perçus néanmoins les mots emporter et trop fougueuse. Je me rapprochais d'elle et murmura. « La fougue n'a jamais été un défaut, c'est la manière de la contrôler qui importe. » Toutefois elle semblait s'excuser, du moins c'est ce que j'interprétais dans son regard, je la supposais vraiment très mal en point, Hailey n'était pas quelqu'un de faible et s'excuser ça n'était pas... pas normale disons. Elle restait toujours digne et l'entendre me parler de cette manière et me regarder ainsi me troublais. Peut-être parce que je me sentais inutile, impuissant. « Je ne pensais pas ce que je disais. J’étais juste… Vénère » J'esquissais un sourire et répondis automatiquement en français et d'un accent quasi-parfait. « Je comprends, c'est oublié, tu étais tout bonnement fatiguée et moi aussi. » Je me rendis compte de la gaffe. Dans cette réalité, je n'avais jamais été à la fac et encore moins à Harvard... Je me sentis stupide, stupide qu'on ne sache pas que j'avais été si loin, qu'on ne sache pas que j'avais de la culture ni que je parlais couramment plusieurs langues... après tout, j'avais vécut en France de nombreuses années dans une des réalités... je me perdis alors dans les regrets et les souvenirs, le cœur serré.

« Tu devrais consulter. Je ne suis pas maman, je ne vais pas t'obliger mais c'est ce qu'elle aurait voulu, que tu prennes soin de toi je veux dire. » Je la vis pâlir sous mes yeux et me rapprochais derechef de son visage, prêt à prendre son pouls directement sur son cou si nécessaire. « Tu m’en veux, dis ? » Je tentais de rattraper le coup. « Écoutes, on n'a jamais cohabité ensemble tous les trois, il faut juste qu'on s'y habitue, on n'a pas eu la même éducation et on l'oublie parfois, parce que tu es notre sœur et parce que c'est comme si tu avais toujours vécut ici... pardonnes-moi de te traiter comme un enfant. » Ajoutais-je dans un remuement des lèvres à peine audible. Si elle savait à quel point je m'inquiétais pour elle, que je ne me pardonnerai jamais s'il lui arrivait quelque chose, encore... déjà que je m'inquiétais de son alimentation. Elle avait beau grignoter régulièrement, ça pouvait être un leurre, Hailey était une véritable brindille. Pourquoi les hommes soupçonnent toujours l'anorexie lorsqu'ils connaissent une amie en bonne santé, bonne question. Peut-être parce qu'ici nous sommes cernés par la malbouffe et que nous sommes assagis de publicités pour des fast-food et qu'en fin de compte c'est ce qui est le moins cher... Cette pensée m'effraya, je connaissais que trop peu l'anorexie, assez pour savoir que la maladie est plus qu'une maladie parce qu'elle est aussi psychologique que physique et que les pro-anas se réfugient dans des cercles d'amies anorexiques qui peuvent faire pression. J'avais vaguement entendu parler d'un bracelet rouge et tentais de vérifier, toutefois la question me dérangeais et je me décidais à la poser, hésitant, mettant les pieds dans le plat car trop fatigué pour faire preuve de tact. « Dis, tu as des problèmes avec la nourriture ? Je te vois souvent grignotter mais, on sait jamais. Dis tu en parlerai à Kristen hein si tu avais un problème avec ton poids ? » Elle ne me parlerai jamais à moi d'un quelconque problème physique, les sœurs servaient à ce genre de problème et je n'aurais jamais sut quoi lui dire.
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyVen 14 Jan 2011 - 12:55


Chacun son tour, que je me disais. Il m’avait fait souffert, la dernière fois. N’était-ce pas la justice de ce monde ? J’aurais aimé qu’il en soit autrement. Parce que, voyez-vous, on ne peut jamais souhaiter pareilles âneries à quelqu’un qu’on aime, même si cette personne nous a blessé. Je ne pouvais que m’en vouloir, encore et encore. Que dire de plus sinon ça ? Allez oublions. Je tombais un peu dans le mélodramatique. Ce n’était pas moi. Du moins pas mon vrai moi. Je devais me ressaisir et arrêter de jouer la dépressive. Ce n’était bon pour personne. « Aux dernières nouvelles, le français ne t’était-il pas inconnu ? » Je sursautais, un peu choquée. Wyatt, à ma connaissance, ne pratiquait pas le français. Sûrement connaissait-il quelques notions du temps ou maman lui faisait des leçons. Mais je ne pense pas l’avoir déjà vu employer un tel accent, ou encore un tel vocabulaire. Les yeux ronds, j’esquissais un sourire. « Tu as pris des cours, ou c’est une phrase lambda ? » Je prenais le ton de la rigolade. Mais je savais le contraire. Wyatt ne prenait pas de cours, il n’avait pas le temps et pas assez d’argent. Il était en quelque sorte mon opposé.

« Papa m’envoie assez d’argent pour subvenir à les besoins, et à mes charges. Il n’a pas encore dirigé mon départ, après sa mort. Les médecins, ça coûtent cher en Amérique. Je préfère m’abstenir. » Et je ne préférais pas tout court. Le bruit courait que nous étions surveillés. Les scientifiques voulaient faire des tests, toute une batterie sur mon faible corps… Je ne tiendrais pas le coup. Mieux valait la boucler, de ce côté-là. « J’aurais aimé vivre avec vous. Depuis le début, pour éviter des trucs dans ce genre. Enfin, c’est du passé. Tu es mon frère après tout, tu as un droit de veto sur ma vie privée, juste un tout petit peu, hein ?! Et puis… Je suis encore une enfant. Dans la tête. » J’esquissais un sourire. Lui parler apaisait mes nerfs à vif. J’appréciais cette source bienfaitrice. Je me posais alors une question, stupide certes, mais une question quand même. Wyatt lisait-il dans mes pensées ? A peine avais-je imaginé ce monologue dans ma tête, et la provenance que j’estimais peut-être qu’il me posait la question de l’anorexie. C’était un brin amusant. C’est vrai que ça portait à confusion… « Si j’étais anorexique, tu ne me verrais pas manger. Grignoter comme je le fais viendrait plus tôt de la boulimie, or pour être boulimique il faut manger énormément et vomir énormément. Je ne vomis pas. » Je marquais une pause « J’ai la phobie de vomir, même malade. »

Mon visage avait l’odeur de l’eau de mer. C’était agréable. Ca me relaxait. Ce produit était fantastique. Je me risquais même à rouvrir mes sens. Mon sixième sens. Les pensées arrivèrent lentement, comme des amies. Se pressant doucement à ma tête, comme pour s’excuser. Je sus alors que notre voisine était enceinte : des jumeaux. Cette pensée me rappela un souvenir bien précis. Le jour où Wyatt était tombé dans l’étang. Il avait dit qu’il voulait faire des bébés à la grenouille… J’explosais alors littéralement de rire. « Des bébés… A une grenouille ! Ce que tu étais stupide à l’époque ! » Cette phrase m’avait échappée. J’allais déjà mieux.
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptyVen 14 Jan 2011 - 13:27

Je décidais tout bonnement d'ignorer sa surprise lors de notre courte discussion en français, préférant jouer sur la carte de la surdité. Après tout sa santé était plus importante et je présumais qu'elle oublierait vite. Néanmoins elle ne semblait pas vraiment d'accord avec le fait de consulter un spécialiste, je fronçais les sourcils, encore une question d'argent, qu'est-ce que ça pouvait être fatiguant. « On est là nous, on paiera ce qu'il faut, ne fais pas ta téméraire, la santé n'est pas un jeu. » Dis-je d'une voix grave, la voix d'un grand frère sérieux qui ne laissait pas l'opportunité à sa sœur de l'en dissuader. Elle commença alors à parler de ce qu'elle ressentait et du fait que c'était du passé mais je perçus du regret et de la tristesse dans son regard; ceci me gêna et je ne trouvais pas mot dire mais la fin de sa phrase m'attendris particulièrement. « Je n'oublierai pas de si tôt... » Dis-je dans un demi-sourire, ça ne ressemblait pas à Hailey ce genre de déclaration : je suis encore un enfant... dans la tête me perturbait... elle devait vraiment être secouée. Toutefois sa phobie de vomir ou du moins son apparente phobie de vomir me rassura sur un point, si elle évitait d'accumuler les problèmes c'était déjà ça de gagné.

Je me demandais comment ce petit être que j'avais connu fragile pouvait être aussi grand, aussi indépendant. Fini les couches, les histoires avant de dormir, tout passait à une vitesse folle... pris dans un flot de pensées, je fus interrompu par le rire de Hailey, un beau et doux rire résonna alors dans mes tympans et déclencha immédiatement un sourire. « Des bébés… A une grenouille ! Ce que tu étais stupide » « Pardon ? A une quoi ? » Répondis-je arrêté dans un élan soudain de bonne humeur. « Ça doit être en effet très drôle mais tu dois te reposer tu as l'air... disons que tu devrais te reposer. La lumière ne t'éclate pas les yeux mais c'est mon cas alors je ne vais pas tarder... » Dis-je, perdu. Je me dis à réfléchir à deux cent à l'heure, souvenirs, voix, flashs, non bébés et grenouille ne s'associait pas, j'avais dû manqué un épisode, voilà un souvenir qu'il faudrait provoquer pour que je le vois de mes yeux. Je regrettais de ne pas pouvoir en rire avec elle et n'étant absolument pas superficiel ou hypocrite, je m'abstenais de faire semblant de glousser pour quelque chose dont je ne me souvenais pas dans l'unique but de la rendre heureuse non pas par égoïsme mais par pur trouble. Je me demandais si c'était un souvenir que je n'avais pas vu ou quelque chose qui sommeillait en moi mais dû au fait que ma mémoire se perde et s'emmêle les pinceaux amenant à un oubli et à une défaillance de mon cerveau...

« Regardes toi Hailey, tu dois vraiment te reposer... on parlera de ça une autre fois, te connaissant tu es capable de passer outre tout ça alors que ce qui est arrivé est grave, vraiment. Je veux dire, tu as faillis mourir. » Je déglutissais en prononçant ce mot. Elle avait l'air d'aller mieux et j'étais persuadé de plomber la conversation mais il fallait bien y aller et sans tourner autour du pot. « Si tu as le moindre problème cette nuit, tu m'appelles, je suis à l'autre bout du couloir. Tu n'as pas voulu aller à l'hôpital mais si tu fais une autre crise cette nuit ce sera entièrement de ma faute. Je devrais t'y emmener de force mais... » Mais ton regard me fais fondre idiote. Pensais-je avec douceur comme une appellation affectueuse. « Quoi qu'il en soit je suis là si tu as besoin. » Je posais une main sur la sienne rapidement en lui adressant un regard bienveillant.
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MessageSujet: Re: Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey Ce n'est pas une heure pour rentrer ϟ Hailey EmptySam 15 Jan 2011 - 2:06

« La santé n’est pas un jeu. Mais je décline ta proposition. N’insiste pas, je sais ce qui est le mieux pour moi, et ça ne date pas d’hier. Ou presque. » Je me relevais légèrement, toussotais avant de replonger sous les draps. C’est moi où l’atmosphère se refroidissait ? En tout cas, j’étais gelée. « Oublier ou pas, ce n’est pas vraiment de notre ressort. La mémoire peut nous jouer des tours, tu n’imagines même pas ! » Je souriais, faiblement ou pas. Je ne me souviens pas. Je sais que la conversation tournait étrangement vers un chemin inconnu. Ce n’était plus une dispute, ni un moment d’intimité. C’était notre vie, aussi bizarre soit-elle. Enfin, je supposais que la personne la plus étrange de notre famille s’était Wyatt. Pas parce qu’on l’accusait d’un quelconque crime. Mais plus tôt parce qu’il était… Strange, pour parler anglais. Il était tantôt mystérieux, tantôt bavard, tantôt perdu, tantôt halluciné. Son caractère changeait sans arrêt. Peut-être se cherchait-il encore ? Je soupçonnais quelques choses de plus profond et cela depuis quelques semaines déjà. J’avais bien essayé d’aller fouiner dans sa tête mais j’avais bien vu que les liens du sang brouillaient mes sens. Sauf bien sûr lorsque j’étais au… Pire de ma forme ? Ou en tout cas lorsque mes émotions prenaient le dessus. Oui, mon frère m’étonnait chaque jour. Je savais qu’il cachait quelque chose. Par exemple, la grenouille…

Il aurait dû s’en souvenir. Pas parce que je le désirais plus que tout, pas parce que moi je m’en souvenais. Mais plutôt parce que sa punition avait été exemplaire et particulièrement humiliante. Ce n’était pas parce que sa bêtise avait dépassée son génie, mais plus tôt parce qu’il avait failli se noyer. Oui, Wyatt aurait dû s’en souvenir. Et ce n’était pas la première fois que nous étions confrontés à un tel dénouement « non-burlesque ». Kristen et moi partagions des fous-rires. Des souvenirs. Wyatt s’apparentait plus tôt, ou presque à un amnésique. Oui, c’était étrange. « Tu ne t’en souviens pas… » que je murmurais une dernière fois. Mon rire s’était étranglé dans ma gorge. Je murmurais un « pas grave » teinté de déception… « A t’écouter, tu es toujours fatigué. Enfin, ne t’inquiète pas, va dormir. » Je souriais « Je t’ai assez occupé pour aujourd’hui. » Je déglutissais en entendant ses mots. Lui aussi, d’ailleurs. Il tenait vraiment à en parler une dernière fois. Sans doute pensait-il que j’allais passer outre ce qui venait de se passer. Et c’est ce que j’allais faire. Parce que je ne désirais pas me faire remarquer par des scientifiques avides de me découper en morceau. On s’en foutait que je meurs. Ou en tout cas je préférais mourir ainsi que dans les mains d’un couteau et d’un laser.

« C’est juste, Wyatt. J’ai failli. Ca veut dire que je m’en sors plutôt bien. Alors évite de t’inquiéter pour si peu. Ca n’arrivera plus, je te le promets. » Je souriais un peu plus. Je ne sais pas si c’était un sourire franc, en tout cas j’essayais. « Va te coucher, tu as besoin de sommeil. Mieux vaut t’endormir avant que Kristen entre dans la salle de bain. Tu la connais. Le sommeil lourd mais elle se fiche de celui des autres, aussi léger soit-il. » Il posa sa main sur la mienne, un regard bienvaillant. Le mien le fixa, alerte. Nous restâmes ainsi pendant une minute entière. Je ne sais pas vraiment ce que je pensais faire, ce que j’essayais de comprendre. Mais ce jour-là je crois avoir perçu une lueur innocente dans ses yeux.
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