« Charlotte, on a pas encore reçu les tissus pour la prochaine collection ! » Ma tête allait finir par exploser. Comment allait-on sortir de cette mauvaise passe ? Tout le monde était à cran dans la boutique. Mes deux employées avaient discuté longuement avec moi, elles voulaient que j’engage une troisième personne sous prétexte que nous étions surmenées. Je ne voulais pas engager quelqu’un sur le tas. Je voulais faire des entretient. Engager une personne était pour moi quelque chose d’important, je ne voulais pas prendre ce genre d’acte à la légère. J’avais pris beaucoup de temps à monter mon entreprise et j’étais fière de ce qu’elle était devenue. J’entrais dans la arrière boutique. Ce devait être la plus grand arrière boutique qui existent. En même temps j’avais installé l’atelier dedans. Toutes les fringues vendues en boutique étaient conçus dans la boutique même. Je refusais que mes créations deviennent des produits d’usine. Je découvrais la jeune femme devant l’ordinateur. « La commande a pourtant été passé, il faut les appeler. Charlotte, il faut vraiment engager quelqu’un d’autre, on a prit trop de retard sur la nouvelle collection, elle ne sera jamais prête à temps. » J’attrapais mon téléphone et mon sac à main qui trônait sur une chaise. Je devais absolument faire une pose si je ne voulais pas dire des choses que je pouvais regretter. J’enfilais mon manteau et je répondis rapidement devant son regard interrogateur. « Je sors, j’appelle pour la commande pendant ce temps tu t’occupes de trouver des personnes qui pourraient prétendre au poste d’assistante. Tu sais ce qu’il faut dire, je reviens dans une heure environ. » Je sortais en faisant tinter la clochette à l’entrée de la boutique. J’avançais au son des chaussures à talons que je portais. Je me devais d’être toujours présentation et ce jour-là je portais une somptueuse robe noire que j’avais moi-même mise au point. J’arrivais au coin d’une rue. Je le voyais d’ici, le shadow. J’avais l’habitude de prendre un café ici quand tout semblait sortir de mon contrôle. Mon don ne me servait à rien dans ma carrière professionnelle. Ce que je faisais était loin de ce que j’avais connu sur Naharda. Tout ce que je vivais maintenant c’était grâce à Mason.

J’entrais dans le petit bar, il était assez chaleureux pour un bar. Enfin pas que j’ai pu connaitre un autre bar dans ma courte vie d’humaine mais j’avais déjà regardé beaucoup la télé. Je n’avais que ça à faire quand j’étais arrivé sur Terre. Maintenant je pouvais enfin voir ça de mes propres yeux. J’en avais déjà appris assez pour ne pas me trahir. Je contrôlais presque parfaitement mon don. En tout cas, j’étais capable de ne pas l’utiliser sans m’en rendre compte. Je me dirigeais vers le comptoir. « Un mocha s’il vous plait. » Les gens étaient bien aimables dans cet endroit et en quelques instants mon café était prêt. Je m’installais à une table non loin une jeune femme blonde, attrapant mon téléphone dans le fond de mon sac, je portais la tasse à mes lèvres. Le café était encore chaud mais je n’avais pas le temps de le laisser refroidir. Je composais le numéro de la compagnie qui me fournissait tout le matériel dont j’avais besoin pour faire fonctionner ma petite boutique comme il faut. Un homme décrocha à la seconde sonnerie. « Bonjour, Charlotte Brennan-Cramer à l’appareil, je vous appelle parce que je gère une boutique de prêt-à-porter et j’ai passé une commande il y a quelques jours pour ma nouvelle collection, nous devions tout recevoir hier or, nous n’avons rien vu venir. » Il essaya de trouver toute sorte d’excuse. Il m’assura que la commande avait bien été passée mais que nous ne pourrions pas la recevoir avant une semaine. Je ne devais sans doute pas réagir de cette façon mais je lui répondis. « Non ce n’est pas possible. Nous avons déjà pris trop de retard, une semaine c’est bien trop, vous vous débrouillez comme vous voulez, je m’en fiche mais j’ai besoin de tout cet après-midi ! » Il ne devait pas être très vieux dans le métier car il se rependit en excuse et m’assura qu’il ferait tout ce qu’il pouvait pour que tout soit dans la boutique dans le début de l’après-midi. J’étais plutôt fière de moi quand je raccrochais. Ces disputes au téléphone m’enchantaient. J’avais l’impression d’être réellement humaine.