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noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi.

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MessageSujet: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyLun 6 Juin 2011 - 2:03

    J'appuyai tout mon corps sur la porte principale de l'université pour pouvoir la pousser ; le bois massif a un certain poids, surtout pour quelqu'un qui n'a pas la condition physique d'un déménageur. De plus, ce jour-là, j'avais un noeud dans le ventre, qui me faisait l'effet d'une enclume. Je crois que je ne m'étais jamais sentie aussi anxieuse jusqu'alors. Pourtant, l'enjeu n'était pas démentiel : j'étais simplement invitée à intervenir au cours d'une conférence littéraire qui se déroulerait à l'université. Le thème de la conférence n'avait pas été défini, et c'était là la particularité de ce genre de réunions : c'était l'assemblée à qui l'on s'adressait qui choisissait le sujet pour chaque intervenant. Il suffisait qu'un membre du public se lève et pose une question, pour que l'intervenant expose une réponse possible en une dizaine de minutes. Seul le domaine avait été clairement donné : la littérature française à partir du seizième siècle. C'était un nouveau concept qui attirait beaucoup de monde aux conférences littéraires. Cela rendait la chose plus vivante et agréable pour tout le monde.

    Oui, parler pendant une heure sur un sujet clos sans que personne d'autre ne participe, ce n'est pas ce qu'il y a de plus palpitant. Aussi cette nouvelle façon de faire m'avait-elle séduite au point de me faire accepter cette invitation et de me rendre ce dimanche-là sur mon lieu de travail habituel. Arrivée devant la salle de conférence, je posai mes affaires sur la chaise qui m'était assignée et me mis à faire les cent pas. Car malgré le caractère décontracté de la conférence, du moins en apparence, je redoutais de n'avoir rien à dire. Et si le sujet ne me disait rien? Si j'avais pu potasser un discours pendant quelques heures, je me serais sentie plus à l'aise. D'où mon malaise lorsque je vis la salle se remplir petit à petit. Le maître de conférence invité se joignit à moi et me fit part de ses impressions sur la façon dont allait se dérouler la conférence. Lorsque tout le monde eut pris sa place, je m'assis à mon tour et écoutai le maître de conférence invité faire la présentation de la conférence, et des intervenants. J'inclinai la tête avec humilité lorsque j'entendis mon nom résonner dans la pièce. L'assemblée était silencieuse, on n'entendait que la voix grave et rocailleuse du maître de conférence.

    Les premiers intervenants défilaient à une allure qui me dépassait. Les thèmes étaient tous plus variés les uns que les autres, et l'angoisse que j'avais éprouvée quelques minutes auparavant avait pris des proportions gigantesques. À chaque fois, l'intervenant concerné repartait avec l'air inquiet de celui qui se demande s'il n'en a pas trop dit, ou pas assez. C'était vraiment très étrange. J'entendais parler, dans le désordre, de Du Bellay, de Baudelaire, de La Fontaine, de Maupassant, de Verlaine, de Prévert, du théâtre de l'absurde... Décidément, tout y passait! Je me demandais ce sur quoi on allait bien pouvoir m'interroger. Puis, finalement, vint mon tour et c'est comme d'habitude avec ma maladresse naturelle que je me rendis derrière le pupitre. J'avais le teint rouge vif, c'était très convaincant. Le silence se fit dans la salle, mais les secondes passèrent et personne n'avait encore pris la parole pour me donner mon sujet. Je parcourus l'assemblée du regard avec beaucoup d'appréhension. Elle était des plus variées, cela n'allait pas être facile de cerner l'audience et de faire un discours qui ne soit pas trop décousu. Malgré tout je pris mon courage à deux mains et m'adressai à la salle :

        De quoi voulez-vous que je parle?

    Cela avait au moins le mérite d'être direct. Je regardai dans le fond de la salle avec un peu d'insistance. Je ne me sentais pas à ma place et il fallait absolument qu'on me donne quelque chose à traiter, sans quoi je me mettrais à dire n'importe quoi, à déblitérer à tort et à travers, pour au final passer pour la plus grande cruche de la Terre.
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Noah A. Donovan

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MessageSujet: Re: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyLun 6 Juin 2011 - 4:31

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noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. Tumblr_lf033bIUPo1qzi80do1_500

Aujourd’hui je ne passerais pas mon dimanche à ne rien faire et à ruminer sur la semaine à venir. En effet, j’avais quelque chose de prévu. J’avais aperçu sur l’affichage de la bibliothèque, l’autre jour, un prospectus parlant d’une conférence qui se passait à l’université de Wellington. J’allais rarement là-bas, car je n’étais pas du genre à me mêler à la foule d’étudiants, j’aimais trop ma tranquillité pour ça. C’est aussi la raison pour laquelle j’avais été sceptique à me rendre à cette conférence, mais quand j’avais lu qu’elle porterait sur la littérature française à partir du seizième siècle, je n’avais pu me résoudre à louper cette occasion. Je m’étais alors préparé afin d’être à l’heure, mais malgré tous mes efforts je me rendis compte que j’étais déjà en retard. Je mis ma veste et dévalai les escaliers, marchant en direction de ma voiture. Je démarrai en trombe, et conduisis jusqu’à mon lieu de prédilection. J’arrivai enfin après quelques râlements sur la route, après les vieux ramollos qui avaient décidés de faire leur petite ballade en ville ce dimanche là. Je me garai et avançai rapidement vers la salle ou avait lieu l’évènement. Arrivé devant la fameuse salle, j’entrai en me faisant discret. Il n’y avait plus vraiment de place, mais je m’installai sur une miraculeuse chaise qui se trouvait au fond : la place parfaite si je désirais observer discrètement. Le maître de conférence finissait tout juste la présentation de la dite conférence, ainsi que des intervenants. J’écoutais attentivement ce qui se passait, sincèrement intéressé. Les intervenants parlèrent, parlèrent, parlèrent. Et mon regard d’illuminé était de plus en plus curieux, curiosité rassasiée sur certains thèmes. Furent évoqués, Du Bellay, La Fontaine, Maupassant, Verlaine, Prévert, des auteurs du théâtre de l’absurde comme Beckett et Ionesco, et mon père spirituel, Charles Baudelaire. Je fus même plutôt déçu lorsque le petit chevelu qui se disait expert en la matière n’avait fait qu’une ébauche du personnage et de ses œuvres. L’écrivain méritait certainement plus de reconnaissance. Mais je me tus, je n’étais pas du genre à rabaisser les gens, surtout en public. Tout cela m’exaspérait au plus haut point, et l’envie de partir se fit sentir. Mais une jeune intervenante instaura le silence quand vînt son tour. Elle semblait assez mal à l’aise là où elle était. Personne n’osait parler alors elle entreprit de demander - « De quoi voulez-vous que je parle ? » - Son regard se déplaçait dans toute la salle alors que le public ne sembla pas plus décider à intervenir. Son regard dans ma direction, parut insistant. La pauvre cherchait en vain à faire parler quelqu’un. Je regardai autour de moi, silence. Avec hésitation au début, je me décidai finalement à l’aider, brisant le silence pesant - « Pourriez-vous approfondir sur Baudelaire ? Que pensez-vous des Fleurs du mal et de leur influence sur la société ? »
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MessageSujet: Re: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyLun 6 Juin 2011 - 6:25

      Pourriez-vous approfondir sur Baudelaire ? Que pensez-vous des Fleurs du mal et de leur influence sur la société?

    Les Fleurs du Mal, c'est pas banal. Pourquoi pas, après tout. Je ne pensais pas être calée plus que ça sur le sujet, à la différence d'un intervenant antérieur qui s'était autoproclamé expert en poésie baudelairienne. Pourtant, j'aimais Baudelaire, j'aimais ses mots, ils m'inspiraient. Pas plus que d'autres, cela dit. Mais c'était un grand auteur, il fallait bien le reconnaître. Ce jeune homme avait l'air d'être passionné par le poète, les yeux brillants, comme gentiment éveillé d'un sursaut imperceptible. Je scrutai le fond de la salle afin de l'apercevoir, seulement la lumière boudait ce coin de la salle et ne me laissait voir que des silhouettes, des esquisses, et ses yeux pétillants. Après un instant de silence, durant lequel je n'avais absolument pas réfléchi à la réponse que j'allais donner, je m'adressai non seulement à mon interlocuteur mais aussi à l'assemblée tout entière :

      Je vous prie de m'excuser, mais il me semble que votre question est un peu vague. Toutefois j'essaierai d'y répondre le mieux possible. Je m'éclaircis la gorge et repris : l'oeuvre poétique de Baudelaire, dans son ensemble, est représentée dans sa majorité dans Les Fleurs du Mal, on peut dire que ce recueil offre une assez belle vue d'ensemble des diverses productions du poète. Le terme d'échantillon serait sans doute un peu réducteur, mais mes propos rejoignent cette idée à peu de choses près. Bon, ça, c'était une réponse toute faite. Vous m'avez demandé ce que je pensais des Fleurs du Mal, et c'est avec toute la subjectivité dont je suis capable que je vous réponds que, pour aimer Baudelaire et en particulier ce recueil, il faut aimer les mots. Il faut aimer dire, il faut aimer lire et détacher chaque syllabe l'une de l'autre. Sinon tout le travail poétique de Baudelaire est réduit à néant. Lire Baudelaire, comme lire la poésie en général, c'est prendre le temps de peser le poids des mots qui ne sont pas les nôtres, selon moi. Un oeil hagard pourrait penser que le style de Baudelaire manque d'étoffe, est trop simple. Je répondrais que, contrairement à beaucoup d'autres, Baudelaire n'a pas un style ampoulé, son écriture est loin d'être prétentieuse. Si les figures de style ne sont pas trop rocambolesques, Baudelaire préfère de loin dégager l'essence des mots, pour moi, et par-là même, l'essence de la poésie. Mettre le langage à nu me paraît être la meilleure façon de l'habiller, très paradoxalement. Le rôle du poète ainsi qu'il le décrit dans l'Albatros, est d'éveiller le lecteur et de l'élever vers la réalité. Le poète selon Baudelaire est un intermédiaire entre l'Homme et une réalité, une spiritualité plus haute que celle qu'il connaît et dont il fait l'expérience de façon banale et quotidienne.

    Je marquai une pause. La foule était insondable, il m'était impossible de savoir si ma réponse satisfaisait qui que ce soit. Pourtant, je ne me laissai pas décourager. Je repris toutefois mon souffle avant de poursuivre, plus rougissante que jamais :

      Quant à l'influence de Baudelaire sur la société, c'est bien sur ce point que je trouvais que votre question manquait de précision... Quelle société? La sienne, ou celle d'aujourd'hui? Je vais tenter de vous répondre dans les deux optiques. De son temps, Baudelaire a vu son oeuvre être très mal accueillie puisqu'elle ne rentrait pas dans les codes du réalisme et du positivisme en vogue à l'époque, et c'est pour cette raison qu'il était surnommé le poète maudit (à l'instar de Rimbaud), mais ça, je suppose que vous le savez déjà et il me semble donc inutile de continuer sur ce point. Bien sûr, son travail, s'il est légendaire de nos jours, a laissé ses marques chez d'autres auteurs, comme par exemple Verlaine qui tient de lui sa technique des vers impairs, et bien sûr on dira plus tard de Baudelaire qu'il a fait partie des chefs de file du symbolisme. Pour ce qui est de la société actuelle, je pense que Baudelaire inspire énormément de gens mais qu'il reste incompris ou tout du moins, qu'il n'est pas considéré dans l'intégralité de ses intentions. Beaucoup s'arrêtent à la dimension érotique de ses poèmes, d'autres le lisent parce qu'ils sont curieux de voir quel genre de travail littéraire on pouvait produire sous l'influence de drogues, etc... La figure de Baudelaire semble être détournée en mascotte d'une jeunesse un peu futile (ou pas assez mature) qui n'est pas encore à même de saisir pleinement l'essence du travail du poète. De nos jours il demeure cependant un modèle de littérature, aussi bien en France qu'ailleurs dans le monde, puisque manifestement nous en parlons ici et maintenant. J'espère que j'aurai réussi à répondre à votre question.

    Je saluai l'assemblée d'une inclination de la tête et m'en allai me rassoir à ma place. Le maître de conférence prit à son tour la parole et entreprit un discours de clôture. Apparemment, j'avais été la dernière intervenante. J'espérais que mon avis aurait compté pour quelqu'un, et qu'il n'ait pas été trop maladroitement exprimé.
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MessageSujet: Re: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyMar 7 Juin 2011 - 10:48

J'adorais la littérature, oui. Mais alors les conférences étaient assez souvent barbantes, et je n'avais pas été déçu du voyage ... jusqu'à ce qu'une jeune intervenante parle de mon auteur favori, là c'était devenu beaucoup plus intéressant. Je n'aimais pas non plus participer, montrer ma présence, j'aimais me faire discret. Mais en voyant la jeune femme nerveuse attendant qu'une bonne âme daigne ouvrir son clapet, j'avais généreusement fais fi de tout ça. Après un court silence, elle entreprit donc de me répondre - « Je vous prie de m'excuser, mais il me semble que votre question est un peu vague. Toutefois j'essaierai d'y répondre le mieux possible. » - Elle n'avait pas tord, mais cela lui laissait plus de liberté, cela dit - « L'oeuvre poétique de Baudelaire, dans son ensemble, est représentée dans sa majorité dans Les Fleurs du Mal, on peut dire que ce recueil offre une assez belle vue d'ensemble des diverses productions du poète. Le terme d'échantillon serait sans doute un peu réducteur, mais mes propos rejoignent cette idée à peu de choses près. » - J'arquai un sourcil, dérangé par le terme d'échantillon - « Bon, ça, c'était une réponse toute faite. Vous m'avez demandé ce que je pensais des Fleurs du Mal, et c'est avec toute la subjectivité dont je suis capable que je vous réponds que, pour aimer Baudelaire et en particulier ce recueil, il faut aimer les mots. Il faut aimer dire, il faut aimer lire et détacher chaque syllabe l'une de l'autre. Sinon tout le travail poétique de Baudelaire est réduit à néant. Lire Baudelaire, comme lire la poésie en général, c'est prendre le temps de peser le poids des mots qui ne sont pas les nôtres, selon moi. Un oeil hagard pourrait penser que le style de Baudelaire manque d'étoffe, est trop simple. Je répondrais que, contrairement à beaucoup d'autres, Baudelaire n'a pas un style ampoulé, son écriture est loin d'être prétentieuse. Si les figures de style ne sont pas trop rocambolesques, Baudelaire préfère de loin dégager l'essence des mots, pour moi, et par-là même, l'essence de la poésie. Mettre le langage à nu me paraît être la meilleure façon de l'habiller, très paradoxalement. » - Je buvais littéralement ses paroles, en fait j'étais très attentif au moindre mot et jusque là j'étais plutôt d'accord avec ses propos - « Le rôle du poète ainsi qu'il le décrit dans l'Albatros, est d'éveiller le lecteur et de l'élever vers la réalité. Le poète selon Baudelaire est un intermédiaire entre l'Homme et une réalité, une spiritualité plus haute que celle qu'il connaît et dont il fait l'expérience de façon banale et quotidienne. » - J'étais du même avis. En prison, j'avais eu besoin d'un échappatoire, de quelque chose que les prisonniers n'avaient pas : d'une certaine spiritualité. Il m'avait – par ses écrits – permit de m'élever, de croire et de m'en sortir malgré toutes les insanités auxquelles je devais faire face chaque jour. L'intervenante reprit - « Quant à l'influence de Baudelaire sur la société, c'est bien sur ce point que je trouvais que votre question manquait de précision... Quelle société ? La sienne, ou celle d'aujourd'hui ? Je vais tenter de vous répondre dans les deux optiques. » - J'avouais que dans mon esprit, j'attendais une explication des deux - « De son temps, Baudelaire a vu son oeuvre être très mal accueillie puisqu'elle ne rentrait pas dans les codes du réalisme et du positivisme en vogue à l'époque, et c'est pour cette raison qu'il était surnommé le poète maudit (à l'instar de Rimbaud), mais ça, je suppose que vous le savez déjà et il me semble donc inutile de continuer sur ce point. Bien sûr, son travail, s'il est légendaire de nos jours, a laissé ses marques chez d'autres auteurs, comme par exemple Verlaine qui tient de lui sa technique des vers impairs, et bien sûr on dira plus tard de Baudelaire qu'il a fait partie des chefs de file du symbolisme. Pour ce qui est de la société actuelle, je pense que Baudelaire inspire énormément de gens mais qu'il reste incompris ou tout du moins, qu'il n'est pas considéré dans l'intégralité de ses intentions. Beaucoup s'arrêtent à la dimension érotique de ses poèmes, d'autres le lisent parce qu'ils sont curieux de voir quel genre de travail littéraire on pouvait produire sous l'influence de drogues, etc... La figure de Baudelaire semble être détournée en mascotte d'une jeunesse un peu futile (ou pas assez mature) qui n'est pas encore à même de saisir pleinement l'essence du travail du poète. De nos jours il demeure cependant un modèle de littérature, aussi bien en France qu'ailleurs dans le monde, puisque manifestement nous en parlons ici et maintenant. J'espère que j'aurai réussi à répondre à votre question. » - En effet. Beaucoup n'appréciaient pas Baudelaire à sa juste valeur, ce que je trouvais dommage. J'estimais ne pas en être et avoir assez de maturité – notamment par tout ce que j'avais vécu – pour comprendre l'auteur et ses oeuvres. La jeune femme finit son discours et retourna s'asseoir après avoir salué le public dont je faisais partie. Le maître de conférence clôtura finalement la séance, et j'étais ravi que celle-ci se soit finie en beauté. J'étais assis avec un air faussement désinvolte, et la salle se vidait peu à peu. Je fermai mes paupières, attendant le calme d'une salle vide. Quand le bruit des discussions après conférence s'éloignèrent, je rouvris les yeux. Il ne restait quasiment plus personne, et j'avais le sentiment d'avoir bien utilisé mon dimanche après-midi. Un rictus satisfait vint se dessiner sur mon visage et je ne me décidai toujours pas à partir.
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MessageSujet: Re: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyMer 8 Juin 2011 - 22:30

    Tout le monde quittait la salle, on aurait dit une grosse vague qui s'échouait brusquement vers la sortie. Qu'en penser? Mon intervention devait avoir donné envie à tout le monde de s'en aller précipitemment. Que s'était-il passé pour que tout le monde parte ainsi? Bah, il ne fallait pas m'en faire, je savais bien que je ne savais pas parler en public. Il restait bien quelqu'un, qui demeurait immobile sur une chaise au fond de la salle. Il avait les yeux fermés, comme s'il attendait quelque chose, mais il les rouvrit et semblait regarder fixement devant lui, comme plongé dans ses pensées. Mais je reconnus son regard, celui du type aux yeux brun ambré qui m'avait interrogé sur Baudelaire. Je le dévisageai discrètement dans le but de ne pas paraître trop impolie. Il n'y avait plus personne autour de nous, les derniers visiteurs venaient juste de partir. Mais pourquoi restait-il là à attendre? Qu'attendait-il au juste? Quant à moi, je rangeais mes affaires avec précipitation, et je fis tomber quelques livres dans un instant de maladresse. Je me baissai pour les ramasser, et quand je me relevai, le jeune homme était toujours là. Je jetai un oeil à ma montre, pour me tenir au courant de l'heure : 18h30, il était déjà tard, je n'avais pas pensé que la conférence ait duré aussi longtemps. Enfin bref. L'autre demeurait assis, mais que voulait-il? D'un geste mal assuré, je saisis mon sac à main, et mis ma veste sur le bras : je m'apprêtai à partir. D'un pas hésitant, j'avançai vers la sortie de la salle, mais, arrivée au niveau du jeune homme, je ne pus me résoudre à rester silencieuse. Je lui adressai donc la parole, avec beaucoup de maladresse, comme j'en avais toujours eu l'habitude :

      ... Hm, excusez-moi, mais tout va bien?

    Spoiler:
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MessageSujet: Re: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyLun 13 Juin 2011 - 2:45

Les yeux clos, tout était plus apaisant. Mes pensées allaient toutes à ce que je venais d'écouter, de douces paroles sur Baudelaire traversant mon esprit dans une agréable mélodie. Quand je rouvris mes paupières, ces pensées ne s'enfuirent pas, au contraire elles prenaient forme. Les fleurs du mal étaient somptueuses, voilà à quoi je pensais. Et le discours de l'intervenante avait été plaisant et intéressant. Puis soudain, un fracas vint briser le calme environnant, et la structure de mes pensées s'évanouit. Je tournai le regard vers la dernière personne présente dans la salle et aperçu une jeune femme en train de ramasser des bouquins qu'elle venait de faire tomber. Je l'aurais bien aidé mais elle les ramassa si vite que je n'eus que le temps de reconnaître la jeune intervenante qui avait parlé de mon auteur favori. Mon regard intrigué la dévisageai alors que celle-ci marchait d'allure vive vers la sortie, sac et veste à la main. Puis arrivée à ma hauteur, elle lança - « ... Hm, excusez-moi, mais tout va bien ? » - Je souris, et en me relevant de ma chaise, je répondis - « Hum, oui j'allais y aller. » - Je la dévisageai, la demoiselle était plutôt charmante, elle n'avait pas l'air sûre d'elle et était entourée d'une certaine fragilité. Mais elle dégageait également une certaine force intérieure, une sorte d'aura littéraire respectable - « J'ai beaucoup aimé votre réponse à ma question sur Baudelaire, tout à l'heure. C'était vous, n'est-ce pas ? En tout cas c'était assez bien vu. » - J'esquissai un sourire, plutôt ravi d'adresser la parole à quelqu'un qui s'y connaissait, non seulement en littérature, mais aussi en poésie baudelairienne plus précisément. Je me passai la main dans les cheveux, puis saisis finalement ma veste. La jeune femme dont le teint était rougit ne m'avait pas parue à l'aise avec le public, ce que je comprenais facilement. Seulement maintenant que nous étions tous les deux, son comportement ne semblait pas réellement différent, et elle gardait une part de gêne maladroite vis à vis de moi. Du moins, c'était l'impression qu'elle me donnait - « Ça doit pas être simple, de parler devant une assemblée. Vous avez du courage. » - Je lui adressai un rictus compatissant.
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MessageSujet: Re: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyMar 28 Juin 2011 - 3:13

      J'ai beaucoup aimé votre réponse à ma question sur Baudelaire, tout à l'heure. C'était vous, n'est-ce pas ? En tout cas c'était assez bien vu.

    Je demeurai taciturne, peu habituée aux compliments, ou tout du moins, à les accepter. En tous les cas, j'étais soulagée d'apprendre que je n'étais pas totalement passée pour une idiote devant une centaine de personne. C'était rassurant. L'homme me dévisageait avec une certaine attention, et moi, je restais plantée là, comme une potiche. Après tout, c'était moi qui avais engagé la conversation, alors je sentis poindre l'obligation de continuer à lui parler... Je pris donc quelques instants avant de répondre :

      Oui, c'est à moi que vous aviez posé cette question. Je vous remercie, mais je ne prétends pas détenir toutes les clés de l'oeuvre de Baudelaire, j'ai vraiment essayé de rester sincère et de vous donner un avis plus personnel que professionnel, pour être honnête.

    J'esquissai un sourire maladroit. J'étais très gênée, comme à chaque fois que je m'adressais à un inconnu. Je n'avais pas énormément d'amis, néanmoins je savais me montrer plus extravertie en leur présence. Le jeune homme continuait de me dévisager, comme s'il essayait de voir ce qu'il y avait à l'intérieur de moi. Du moins, c'est l'impression que j'en avais : je sentais son regard me transpercer et cela m'embarrassait d'autant plus. J'avais le sentiment qu'il cherchait le défaut, la tâche, la petite bête. C'était assez désagréable, mais je n'en fis rien; je n'aurais jamais eu l'audace de dire quoi que ce soit, de toutes façons.

      Ça doit pas être simple, de parler devant une assemblée. Vous avez du courage.

    Avait-il déclaré. Mon sourire se mua en une espèce de moue, qui semblait dire : vous me comprenez. C'était une sorte d'expression bizarroïde qui me tordait un peu la bouche. Pas très glamour, en somme, mais j'avais le visage expressif et il ne pouvait se tromper sur ce que je voulais dire. Dans le doute, je répondis tout de même :

      Non, en effet. Pourtant, je devrais être habituée, puisque j'enseigne ici. Je fais cours tous les jours, devant des dizaines d'élèves, sans éprouver de trop grande gêne. Mais là, devant tout ce monde, je me suis sentie comme une idiote!

    À première vue, il avait l'âge d'être élève, la bonne vingtaine. Je lui demandai donc, histoire d'engager la conversation :

      Vous étudiez ici? Il ne me semble pas vous avoir déjà croisé...

    Spoiler:

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MessageSujet: Re: noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. noah ❝ grincement fugitif de l'acrobate endormi. EmptyMar 28 Juin 2011 - 22:56

« Oui, c'est à moi que vous aviez posé cette question. Je vous remercie, mais je ne prétends pas détenir toutes les clés de l'œuvre de Baudelaire, j'ai vraiment essayé de rester sincère et de vous donner un avis plus personnel que professionnel, pour être honnête. » - répondit-elle en esquissant un sourire assez maladroit. Sa gène était palpable. Pourtant ses paroles semblaient sincères et cette sincérité était touchante. Elle avait donné un avis plus personnel que professionnel parce qu'elle paraissait authentique, et mon avis c'était que les émotions traduisent beaucoup plus de vérités qu'un quelconque savoir théorique - « Et c'est quelque chose que j'apprécie. » - Le regard profondément ancré sur le visage de la jeune femme je poursuivis - « Les Fleurs du mal ne sont pas 200 pages d'une œuvre assommante à s'enfiler, non. Je pense qu'elles sont une poésie à vivre et ressentir, alors croyez-moi votre honnêteté et vos sentiments sont les choses les plus sensées de cette conférence. » - Puis je lui fis part de mon impression vis à vis de sa 'prestation', du fait qu'elle ait eu beaucoup de courage pour s'adresser à une telle assemblée. La jeune femme esquissa alors une moue qui voulait en dire long sur le malaise qu'elle avait éprouvé à parler devant autant de personnes - « Non, en effet. Pourtant, je devrais être habituée, puisque j'enseigne ici. Je fais cours tous les jours, devant des dizaines d'élèves, sans éprouver de trop grande gêne. Mais là, devant tout ce monde, je me suis sentie comme une idiote ! » - Je l'écoutais, compréhensif - « Oh ... non. Je vous assures que vous n'aviez pas l'air idiote du tout ! » - Je lui adressai un sourire qui se voulait rassurant. Alors elle enseignait à l'université ? J'étais doublement impressionné. Elle devait être tout de même très cultivée pour animer une telle conférence déjà, mais également enseigner à la fac. Enfin sans doute plus qu'un pauvre ex-taulard sauvé par la littérature. Après tout c'est vrai quoi, elle avait dû étudier des années, passer des concours, lire et analyser des tas d'œuvres, développer son esprit critique, peut-être écrire une thèse ... et moi j'arrivais devant elle, passionné de littérature, ayant lu beaucoup d'œuvres, dévoré plusieurs registres, compris la plupart ... mais jamais comme elle. C'était très différent et j'estimais que jamais je ne serais à sa hauteur - « Vous étudiez ici ? Il ne me semble pas vous avoir déjà croisé... » - lança-t-elle, m'extirpant de mes pensées. Un petit sourire satisfait vînt s'afficher sur mon visage fier, sourire que je ravalai aussitôt. Elle me prenait pour un étudiant, ce qui avait eu pour conséquence de me flatter. Si j'avais eu l'occasion, sachez que j'aurais entrepris des belles études, et je regrettais parfois de ne pas avoir pu le faire. Mais au lieu de ça, j'étais allé en prison, pour un meurtre dont je n'avais aucun regret. Mais après tout, peut-être que c'était une chose positive vis à vis de tout ça puisque sans mon incarcération, je doutais qu'il y ait eu une quelconque passion littéraire en moi, puisque celle-ci s'était révélé comme un échappatoire au quotidien carcéral - « Non, à vrai dire je ne suis pas étudiant ... » - je me raclai la gorge - « ... juste un humble citoyen passionné de littérature, n'ayant trouvé qu'une sympathique conférence pour animer son dimanche après-midi ... » - dis comme ça je paraissais un type bien propre sur moi même, mais pourquoi je ne le serais pas ? Après tout, même si mon passé me rattrapait de plus en plus, ou du moins certains éléments, je pouvais réellement être un type bien. J'étais un type bien, qu'elle se le mette bien en tête - « Alors vous enseignez ici ... ça doit être passionnant ... » - fis-je en pensant aux cours qu'elle devait donner - « ... et fatiguant ... » - finis-je par dire, en pensant cette fois-ci aux étudiants à qui elle devait adresser ses cours, et donc en dessinant de mes lèvres, une moue presque déçue.

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