« Tout est en ordre Monsieur Matthews, nous avons une stagnation de votre état de santé, ce qui est mieux que les autres fois ou je vous ai vu. N'oubliez pas vos examens complémentaires la semaine prochaine. » « J'avais complètement oublié ! » Dis-je immédiatement. « Quand est-ce ? » « La semaine prochaine. » « Oui mais quel jour ? » Demandais-je en boutonnant ma chemise. « Voyons cela... mercredi à dix heures. » « Okay, merci. » Répondis-je en nouant ma cravate. Ma tenue vestimentaire s'était nettement améliorée depuis que je travaillais à Livingscorp. Nul n'imaginerait que ma situation n'était pas régulière et que j'étais un criminel notoire et libéré sous caution. Ainsi la couverture de l'organisme m'assurait une certaine sécurité en plus d'un salaire conséquent et d'une très bonne couverture sociale. J'ignorais même si c'était vraiment légal, mais qui soupçonnerait ma situation derrière les vitres transparentes du bâtiment ? Ainsi je me pressais et prenais un taxi, me rappelant une nouvelle fois que je pouvais me le permettre et qu'à l'inverse, arriver en retard n'était plus permis. Ponctualité, assiduité, détermination... ce discours entendu par de maintes et maintes fois à l'intérieur de l'établissement m'avait rendu fou.

Arrivant devant l'imposante bâtisse aux façades vitrées, je me demandais une nouvelle fois ce que je faisais là. Entrant, minuscule dans l'immense organisme, je me pressais jusqu'à l'entrée et passait un bip qui me permit de ne pas passer par l'accueil, rejoignant des suites bureautiques ou j'attendais Cassidy Weasthon, toujours aussi peu éclairé sur ma fonction à l'intérieur de l'organisme. Elle m'y attendait fermement et m'emmena -non sans me détailler du regard de haut en bas pour voir si j'étais finalement à sa convenance- avec elle dans les laboratoires. Je me contentais de l'accompagner sans commenter, sans rien toucher mais avec un œil plus que curieux. J'ignorais si la rumeur du niveau 33.1 était vraie mais savais dans tous les cas que nous n'y étions pas. Rien de ce que faisaient les chercheurs ne semblait très confidentiel ni dangereux mais il devait probablement y avoir différents types d'expériences. Je n'étais pas un scientifique mais un littéraire si bien qu'à part les fioles, les souris et les microscopes... « Est-il vrai qu'il existe un niveau secret, nommé '33.1' ?» Dis-je, cédant finalement à la curiosité. « Ne soyez pas idiot Matthews. » Me répondit-elle, daignant à me répondre, seule parole que nous avions échangé depuis mon arrivée. La discussion était close et elle ne sembla ni prêter attention à ma question ni même à ce que je pouvais penser mais son ton était bref, concis et je me sentais à mon tour, intimidé comme l'étaient probablement le reste des employés ou des étudiants. Mon activité du jour était la même que les précédents, suivre ma patronne sans dire mot et sans discuter avec personne d'autre. La matinée passa donc très lentement et j'entrepris de compter le nombre de personnes que nous avions croisés depuis que nous étions descendus dans les laboratoires en sous-sol, le chiffre dépassa rapidement ce que mon esprit pouvait retenir et je me retrouvais à m'ennuyer derechef, encore plus jusqu'à ce que ma patronne m'adresse une nouvelle et deuxième fois la parole. « Vous pouvez disposer. » Je fronçais les sourcils. « Allez-donc manger. » Je jetais un rapide coup d'oeil à ma montre, indiquant midi trente. Ainsi donc la pause syndicale n'était pas signifiée comme telle mais comme un congé ? Peut-être n'était-ce que parce que je l'accompagnais... j'avais besoin que l'on s'exprime clairement, je ne supportais pas que l'on tourne autour du pot ou la manière dont elle s'exprimait. Visiblement le temps était régit par ses désirs et ses besoins et cette façon d'agir m'agaça profondément. « Et je remonte, je prends l'ascenseur, tout ça ? » Il me sembla étrange de repartir seul, comme un voleur. « Parce que vous comptiez rester ici ? » Me dit-elle dans un sourire narquois avant de s'intéresser à l'un de ses chercheurs. Elle était froide, certes, mais peut-être sa rigueur à l'image de son chignon serré lui permettait d'avoir des résultats précis, rapides... Je chassais toutes ses pensées de mon esprit pensant immédiatement à manger alors que des centaines de chercheurs restaient là, fidèles à leurs postes comme des robots avides de réponses et de résultats. Des employés vérifièrent mon identité avant de me laisser monter jusqu'à la cafétéria.

A l'image de Livingscorp, la cafétéria était grande, spacieuse, moderne. Les gens venaient, sortaient... ils ne mangeaient donc pas tous en même temps. L'ambiance ni était ni conviviale ni très froide. A vrai dire ce moment banal semblait les sortir de leur travail, ce qui avait l'air de leur faire du bien, néanmoins au lieu de tisser des liens entre eux, ils semblaient plutôt préoccupés à ce qu'ils mangeaient et pour certains, le moment de se reposer cinq minutes les yeux. Je mangeais ici les jours ou je travaillais. Si j'y restais c'était pour la bonne raison que le coût y était moindre car en partie payé par l'organisme, je n'étais pas particulièrement pauvre -et surtout depuis que j'avais un travail fixe- mais je vivais avec deux sœurs dans une maison qui devait être fournie en électricité, eau, etc. Bref, je pris un plateau et me mis derrière une femme qui portait encore sa blouse blanche. « Salut ! Boulettes ou brocolis ? » Demandais-je dans un large sourire. Moi, contrairement aux autres présents dans la pièce, avait besoin de décompresser, visiblement, pas elle. « Excusez-moi. » Me répondit-elle en prenant une assiette de boulettes et se retournant pour aller s'assoir à une table. Je soupirais. « Boulettes s'il vous plait. » Je prenais mon assiette à mon tour et m'approchais d'une table. « Moi j'en connais une très drôle ! Ecoutez : Le professeur de chimie inscrit la formule HN03 sur le tableau. Il interroge ensuite un élève : "Que signifie cette formule ? - Heu, je l'ai sur le bout de la langue, Monsieur ! - Ouh là là, crachez-la vite, c'est de l'acide nitrique !" » Ils se mirent tous à rire en chœur et je décidais de passer (pour un abruti aussi) en m'asseyant à une autre petite table, seul. Mangeant tristement mes boulettes et mes frites, attendant crucialement l'heure ou je devrais repartir accompagner ma patronne. Une magnifique après-midi en perspective.

Aujourd'hui était mon premier jour de boulot. J'allais faire mon entrée à Livingscorp, et j'étais surtout excitée à l'idée de découvrir enfin le niveau 33.1 dont m'avait parlé Cassidy Weasthon. J'avais conscience que cette occasion ne se présentait pas à tout le monde, alors je comptait bien ne pas la décevoir. Je ne savais toujours pas ce que j'étais censée faire, mais j'avais révisé pas mal de cours de génétique et de biologie la veille, afin d'être au point. Arrivée devant le grand bâtiment - dont les immenses vitres scintillaient -, je souris. Moi, Zooey Summer, allais travailler dans une des plus puissantes entreprises de la ville. J'avais essayé de bien m'habiller pour l'occasion, et je portais une robe bleu ciel assez simple et ceinturée, avec mon trench gris et des tennis blanc cassé. Quoi qu'il en soit, on me refilerait sans doute une tenue de travail. Je me décidai finalement à entrer, le cœur battant à cent à l'heure. Je marchai jusqu'à l'acceuil et dis à la secrétaire « Bonjour, je m'appelle Zooey Summer. Je travaille ici et Mme Weasthon m'a indiqué qu'il fallait que je me présente ici afin qu'on me donne mes nouvelles affaires, et qu'on m'indique mon poste de travail.» J'étais aimable, mais mon interlocutrice qui était au téléphone me regarda quelques secondes - l'air béat - et retourna à son activité : raconter les derniers potins de Barbienews à une quelconque J'veuxunKen. Je raccrochai le téléphone et lui lançai un regard noir. Elle haussa un sourcil, puis se décida à m'aider.

La secrétaire - qui était franchement pas douée - me donna un carton avec ma tenue de scientifique - blouse et tout le toutim, emballé dans du plastique - ainsi que mon pass pour certains bureaux. Rien pour le niveau qui m'intéressait pour l'instant. La secrétaire m'indiqua que j'avais rendez-vous avec Cassidy Weasthon dans l'après-midi. J'acquiesçai avant qu'elle reparte glander à son bureau. Ma nouvelle patronne saurait sans doute répondre beaucoup mieux à mes interrogations que cette glandue. Cela voulait dire que j'étais coincée ici en attendant le rendez-vous, et évidemment personne ne m'avait prévenue. Je me dirigeai alors dans les toilettes - carton à la main - et décidai d'essayer la tenue offerte par l'établissement. A présent je me regardais dans le miroir - tout sourire - tournant sur moi même pour examiner mon reflet sous toutes les coutures. Je sortis - j'étais destinée à porter ce carton toute la journée - et allai visiter les bureaux accessibles. Là je rencontrai une fille plutôt sympa qui accepta que je lui tienne compagnie. Nous discutions alors - cela dura toute la matinée - et cela n'avait l'air de déranger personne. Il était déjà 12h40, alors elle me proposa de manger avec elle. C'est alors ce que je fis, et elle me permit même de me garder mes affaires - elle avait un casier, comme chaque employé de ce bureau-ci, qu'elle pouvait fermer à clefs. Nous montâmes alors jusqu'à la cafétéria, des gardes vérifièrent nos badges - puisque j'étais nouvelle et qu'ils ne m'avaient jamais vu - puis nous pûmes entrer.

La cafétéria était spacieuse et moderne, elle s'accordait parfaitement avec le reste du bâtiment. Sauf qu'elle était beaucoup plus conviviale. Les gens circulaient et la bonne ambiance était de mise. Cela m'arrachai un sourire en coin, j'aimais déjà cet endroit ! Gina - ma nouvelle 'amie' - me conduisit jusqu'aux plateaux. Le menu du jour : boulettes ou brocolis. Je tira une moue affreuse, et Gina me dit que je m'y ferais. Pas sûr, ça. Je choisis les boulettes, sans conviction. Je suivis Gina qui se dirigeait vers une table bondée. Elle voulut me présenter à ses collègues mais j'aperçus au loin une tête qui m'était familière. Une sympathique tête blonde qui m'inspira un sourire. Wyatt Matthews. Je me souvint alors qu'il travaillait également à Livingscorp. « Excuse moi Gina, mais je préfère manger toute seule.» Je lui fis un sourire amical, et elle acquiesça se retournant tout de suite vers ses amis.

Je me dirigeai alors vers Wyatt, très contente de le trouver ici. La dernière fois que je l'avais vu c'était à l'anniversaire d'Ambre Weasthon, mais nous nous étions croisés en coup de vent. Il avait l'air dépité, et mâchais machinalement ses boulettes. Je m'approchai de lui en lui lançant un large sourire - sincère. « Wyatt Matthews ! » Je restai debout, face à lui. « Je peux m'asseoir ? »

Je comptais les heures, machinalement, tel un robot au rythme de mes bouchées interminables. J'avais profondément hâte de rentrer chez moi, de me jeter sur le canapé et de prendre une bonne bière, faire du saxophone, lire qui sait... J'ignorais quand la patronne viendrait me chercher, néanmoins, j'espérais, dur comme fer qu'elle n'aurait plus besoin de ma présence cette après-midi. Mieux valait vagabonder dans le hall ou rester ici à cette table toute l'après-midi que de me promener à ses côtés sans rien pouvoir faire ou dire, servir de potiche en n'ayant aucunement le droit de poser une question sur les choses auxquelles elle s'attardait, ni même sur les personnes à qui elle parlait... un travail très enrichissant dans lequel j'allais m'épanouir durant les années à venir. Cette perspective me fatigua et je m'affaissais alors dans ma chaise ou seul désir était de m'y enfoncer assez profondément pour ne plus avoir à en sortir avant l'heure magique ou je pourrais me sauver comme un voleur du travail, en tant qu'asocial que j'étais. Je l'étais moins qu'avant cela dit, depuis que j'avais accepté de rester dans cette réalité et de ne plus utiliser mon pouvoir. Je devais m'y tenir, plus de réalités, plus de drames, plus de sang, plus de meurtres. Je prenais un nouveau départ, j'avais un travail, une situation à peu près stable, des factures payées, des sœurs en bonne santé apparente et le désir net d'aider mon meilleur ami Jeremiah dans sa quête de vérité, bien décidé à y croire moi aussi, à ma propre innocence. J'allais l'aider à trouver des preuve, à me laver de cette histoire, à retrouver ses souvenirs de cette étrange amnésie qui m'avait conduit en prison puisque tout m'accusait et que je ne me souvenais de rien... c'était trop facile. De plus, je n'allais pas laisser Sara me gâcher la vie de nouveau, certes je lui avais menti, lui avouant le meurtre pour qu'elle me laisse tranquille et je le regrettais... mais ce temps était révolu et elle comme les autres allait bientôt fermer son clapet et me présenter des excuses auxquelles je répondrai par un site désinvolte de la main.

Une tête brune me tira de mes songes, s'avançant dans ma direction, si près que je me forçais à lever la tête pour découvrir de quoi il en retournait. Un large sourire se dessina alors sur son visage et je reconnus alors sous ses traits amicaux la jeune femme que j'avais rencontré au mémorial et que j'avais croisé à la fête de l'étudiante. Je lui répondis également par un sourire sincère, peu large et en profita pour me redresser en acquiesçant de la tête, lui indiquant la chaise en face de moi. « J'avais oublié que tu bossais ici ! » Dis-je, étonné, sincère, néanmoins ravi d'une présence familière et d'une personne qui -à priori- ne me prendrait pas pour un idiot vu mes connaissances très basiques en science et mes épaules qui ne répondaient pas non plus à l'interrogation : nouvel agent de sécurité ? « Ça va ? » Demandais-je, m'arrêtant de m'empiffrer quelques instants pour lui prêter oreille attentive. Elle était bien plus agréable que le jour de notre rencontre, à vrai dire, elle n'avait plus rien avoir avec la femme hargneuse de l'autre jour qui m'avait agressé, m'infligeant une douleur si atroce que mon corps s'en souvenait encore. Taquin, je ne m'empêchais pas de plaisanter à ce sujet. « Pas d'attaque cérébrale aujourd'hui ? » J'esquissais un large sourire, sourcils levés, essayant tout de même de rester dans le flou car je supposais qu'elle ne tenait pas à ce que tout Livingscorp soit au courant de ses facultés. Je descendis mon regard sur son assiette. « Boulettes ! » J'étais surpris. « Pour une fois que je rencontre une femme qui ne mange pas que des feuilles... » Je croisais ses yeux bleus et en fus troublé quelques instants, ils étaient si profonds... à l'image de ceux de Jaymee. Mais la bleuté de son regard ne réussit pas à me perturber plus longtemps car je feintais en l'esquivant, avalant une autre bouchée de ma viande, me ravissant de ne plus avoir à chercher comme un sans-abri de quoi me nourrir le midi et avoir la possibilité de manger chaud et au chaud et ça, ça n'était pas donné à tout le monde.

Quand je me trouvai devant Wyatt, je me rendis compte qu'il était affalé dans son siège si bien qu'il parut faire beaucoup d'efforts afin de relever la tête. Le jeune homme m'adressa un sourire en retour du mien, qui me sembla sincère. Il m'indiqua la chaise en face de lui, alors je posai mon plateau et m'assis. Il m'avoua qu'il avait oublié que je travaillais ici, mais paraissait quand même content de me voir, il me semble. « J'avoue que moi aussi.» dis-je en ne sachant toujours pas ce qu'il faisait vraiment à Livingscorp. Il me demanda comment j'allais. « Bien. Enfin je m'ennuie un peu. Et toi ? » En fait, il n'avait pas l'air de s'amuser plus que moi. Nous devions avoir l'air de deux blasés de la vie. Puis il plaisanta, se référant à notre première rencontre. « Pas d'attaque cérébrale aujourd'hui ? » Un large sourire se dessina sur son visage, et il haussa les deux sourcils, intéressé. Je jetai des regards brefs autour de moi comme pour m'assurer que personne ne l'avait entendu, mais en réalité ils étaient tous trop occupés pour faire attention à ce qu'on disait. « Non, sauf si tu me chauffe ! » lançais-je, avec un sourire en coin. Puis Wyatt descendis son regard sur mon assiette, et remarqua que j'avais pris des boulettes. Il semblait surpris. « Pour une fois que je rencontre une femme qui ne mange pas que des feuilles... » Je pouffai, et nous croisâmes nos regards quelques instants. Ses yeux étaient doux et tendres. Wyatt ne m'inspirait plus de colère ni de rengaine. Je l'aimais bien, il était sympa et sa compagnie, agréable. « Ouais, mais j'ai déjà mangé des choses plus comestibles. Même à l'université c'est meilleur. » Je piochai une boulette et lui jeta un regard dégoûté. Je la portai à ma bouche en faisant la moue. Wyatt détacha son regard de moi et se remit à manger. « Je sais pas comment tu fais pour avaler ça.» J'avais les yeux rivés sur son assiette, puis relevai finalement mon regard vers son visage. « Sinon quoi de neuf chez toi ? » dis-je à mon interlocuteur.

« Bien. Enfin je m'ennuie un peu. Et toi ? » « Je suis rassuré alors ! J'avais l'impression d'être le seul à trouver tout ça barbant... pourtant tu dois sûrement faire plus de choses que moi ici ! » Elle faisait sûrement de la pratique bien qu'un peu de théorie, néanmoins, je réservais cela pour ses cours à l'université et je supposais bien entendu qu'elle devait plus s'amuser que moi à manipuler des fioles et à observer des choses sous un microscope. Si je ne marchais pas pour accompagner la patronne, je me serai bien entendu endormi... Zooey parut amusée à l'évocation de notre souvenir et à vrai dire, moi aussi, ce qui était très paradoxal, néanmoins je n'étais vraiment pas rancunier et je prenais le meilleur. Le meilleur avait été de connaître d'avantage de choses sur elle et de découvrir une partie de son être, de sa fragilité, détruisant l'image du monstre que j'avais imaginé, celui qui avait faillit me tuer je suppose. Un large sourire se dessina alors sur son visage et elle me répondit. « Non, sauf si tu me chauffe ! » « Oh d'accord, je ne devrais pas avoir de mains baladeuses dans ce cas... » Répondis-je dans un sourire en coin, tout aussi amusé qu'elle. C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas m'empêcher de la taquiner ou bien de faire des sous-entendus. Je n'étais pas particulièrement pervers, néanmoins, plaisanter face à une jeune femme aussi agréable de visu était comme une obligation, de plus sa bonne humeur fut comme un bel éclat à cette journée que j'avais imaginé ennuyante au possible de son lever jusqu'au coucher. « Ouais, mais j'ai déjà mangé des choses plus comestibles. Même à l'université c'est meilleur. Je sais pas comment tu fais pour avaler ça. » Ajouta t-elle, visiblement dégoutée par son assiette dans une moue des plus adorables. « Pour moi, tant que c'est comestible... » Répondis-je doucement. J'avais faim, tout le temps faim et n'étais vraiment pas difficile bien que je me nourrissais exclusivement de sandwichs et de pâtes. La soupe, ce n'était pas mon truc. Si j'avais eu les moyens d'acheter de la viande, inutile de préciser que je mangerai à chaque repas une bonne entrecotte ! J'avais l'appétit d'un homme, mangeais comme un homme et je n'en avais pas honte, c'était même normal alors quand je voyais l'assiette de viande de mon interlocutrice, je n'en étais que trop ravi de découvrir qu'une femme mangeait décemment malgré l'influence médiatiques des célébrités brindilles...

Elle me posa alors une question qui me donna réflexion... je me rappelais alors l'avoir vu à cette fête étudiante et ne ratais pas l'occasion de le lui rappeler. « On s'est vus à cette fête, l'autre jour, non ? » Ma question était inutile, je l'accorde puisque je me souvenais particulièrement de l'avoir saluée, en lui présentant la femme qui m'accompagnait, cette phrase servait plutôt à planter le décor. « Tu connaissais Ambre ? » Demandais-je en parlant de la fille qui avait organisé la fête. « Je demande parce que la plupart des gens se sont incrustés... comme moi et mes deux meilleurs amis; Dirk et Jeremiah, mais peut-être que tu as fait leur connaissance parce que je les ai perdus à un moment... » Citer des noms n'avait pas grande utilité mais c'était devenu une habitude et beaucoup plus simple dans le cadre ou des personnes se connaissaient et peut-être d'ailleurs qu'elle les connaissaient, qui sait ? Je ne la connaissais que depuis peu mais peut-être était-elle amie avec l'un deux bien qu'il ne me sembla pas que ce soit le cas puisque nous nous étions -je crois- plus ou moins tous croisés à l'entrée et qu'ils n'avaient pas l'air plus réjouis d'une quelconque retrouvaille. Je pouffais au souvenir d'une rumeur, vraie ou non, déformée ou non, elle m'avait bien fait rire ! « J'ai entendu dire que deux personnes l'ont fait dans le jardin... dans le genre discret ! Je n'en sais pas plus malheureusement mais j'imagine que ça doit bien être l'un de mes meilleurs amis... si je n'étais pas reparti avec quelqu'un, ça aurait tout à fait put être moi ! Je regrette de ne pas y avoir été... » Dis-je, l'air rêveur, plaisantin, quoi que.

« Je suis rassuré alors ! J'avais l'impression d'être le seul à trouver tout ça barbant... pourtant tu dois sûrement faire plus de choses que moi ici ! » me répondit Wyatt. Il ne se doutait pas que toute ma matinée avait été d'un ennui mortel, enfin je n'avais toujours rien fais d'extraordinaire – même si je ne demeurais pas moins excitée à l'idée de travailler ici. Certes, j'avais trouvé de la compagnie, et avais discuté pour passer le temps, seulement je n'étais pas là pour ça. J'avais assez hâte de ce rendez-vous avec Cassidy Weasthon cet après-midi, afin qu'elle m'explique mon rôle à Livingscorp et tous les détails de mon nouvel emploi. Wyatt m'avoua qu'il trouvait 'tout ça' barbant. Je ne savais toujours pas ce qu'il fichais ici, ça m'intriguait. « Détrompe toi, je n'ai rien fais qui puisse valoir d'être raconté ce matin. J'ai un rendez-vous avec la grande patronne dans l'après-midi, mais je n'ai pas encore commencé à travailler. Tu sais je ne sais toujours pas ce que tu fiches ici. Toi même le sais tu ? » lui lançais-je amusée.

Quand à l'évocation de notre souvenir, Wyatt parut tout aussi amusé que moi. Ce qui – finalement – était assez étrange. Se rappelait-il de la douleur que je lui avais infligée ? Sans doute. Je connaissais l'envergure de mon pouvoir, et je savais que ça pouvait laisser des traces. Je m'en voulais toujours, car le Wyatt que je connaissait désormais était adorable. Il ne méritait pas cette souffrance. Mais il ne semblait pas tellement rancunier. « Oh d'accord, je ne devrais pas avoir de mains baladeuses dans ce cas... » me répondit-il avec un sourire en coin. « Je ne pensais pas à ça quand je disais ... » Je lui lançai un regard charmeur. « Wyatt Matthews a les mains baladeuses ? Ça me plaît. » Je le regardais, on ne peut plus sérieuse. Puis au bout d'un moment, j'explosai de rire. Je me mis la main devant la bouche, me rappelant que nous étions dans un endroit public.

« Pour moi, tant que c'est comestible... » dit doucement Wyatt. Il n'était pas bien difficile, car les boulettes me paraissaient franchement écoeurantes. Je remarquai alors qu'il avait – contrairement à moi – quelques frites. Je lui en piquai alors quelques unes, savourant ce délicieux met, que j'appréciais bien plus. « Ça c'est carrément meilleur ... » ajoutais-je la bouche pleine.

Puis le jeune homme me demanda :« On s'est vus à cette fête, l'autre jour, non ? » J'acquiesçai d'un signe de tête. « Tu connaissais Ambre ? » Je mis un moment avant de me rappeler qui était cette fille. « Euh ... Non. Je suis venue avec une amie, mais Ambre je ne la connais pas personnellement. Elle a une sacrée réputation à l'université. Je me demande si elle est comme sa tante ... » Puis Wyatt enchaîna. « Je demande parce que la plupart des gens se sont incrustés... comme moi et mes deux meilleurs amis; Dirk et Jeremiah, mais peut-être que tu as fait leur connaissance parce que je les ai perdus à un moment... » Alors il s'était incrusté lui aussi. Mais en réalité cela ne m'étonnai pas, quand il me parla de ses deux meilleurs ami, mon esprit se bloqua sur un seul mot. J'avalai de travers un morceau de viande, et manquai m'étouffer. J'étais rouge pivoine et je n'osais plus regarder Wyatt en face. Dirk. Dirk. DIRK. C'était un de ses potes, et je le regrettais. J'espérais surtout que Dirk n'irait rien lui raconter à propos de nous deux et de nos ébats. Wyatt m'avait demandé si je n'avais pas fait leur connaissance. Sa question demeura sans réponse. Moi je revoyais les images de la soirée, Dirk, moi, le jardin. Puis – alors que je tentais de reprendre mes esprits – Wyatt pouffa et me lança : « J'ai entendu dire que deux personnes l'ont fait dans le jardin... dans le genre discret ! Je n'en sais pas plus malheureusement mais j'imagine que ça doit bien être l'un de mes meilleurs amis... si je n'étais pas reparti avec quelqu'un, ça aurait tout à fait put être moi ! Je regrette de ne pas y avoir été... » Je lui lançai un regard accusateur, gênée. Accusateur car je lui en voulais de savoir tant de choses, j'avais l'impression de m'être faite piégée. Je me sentais mal vis à vis de lui, et je ne voyais pas comment lui cacher la vérité. « Je ... j'en ai entendu parler oui ...» bredouillais-je. « Hum ... tu ... je ... Dirk est ton meilleur ami ? » Je lâchai ma fourchette, tremblante. Je ne savais plus ou me mettre.

« Détrompe toi, je n'ai rien fais qui puisse valoir d'être raconté ce matin. J'ai un rendez-vous avec la grande patronne dans l'après-midi, mais je n'ai pas encore commencé à travailler. Tu sais je ne sais toujours pas ce que tu fiches ici. Toi même le sais tu ? » Me lança t-elle, amusée. Je me passais une main dans les cheveux et répondis. « Bien entendu. » Aussi naturellement que possible, du moins, je l'espérais. « Bonne chance avec Weasthon, elle est pas toujours agréable. » Ajoutais-je, sincère. Mais peut-être sera t-elle différente avec Zooey, ce que j'espérais profondément. Elle me lança alors un regard charmeur auquel je répondis par un doux sourire. « Wyatt Matthews a les mains baladeuses ? Ça me plaît. » « Attention, elles s'égarent souvent... » Soufflais-je en explosant de rire à mon tour, essayant de me stopper comme elle pour éviter d'attirer l'attention. Et puis, elle remarqua mes frites qu'elle me piqua alors sans aucune vergogne. J'aimais les femmes qui avaient de l'audace bien que je lui rendis une moue amusée. « Je t'en prie, prends-en ! » Rétorquais-je, le sourire aux lèvres, poussant mon assiette dans sa direction. « Euh ... Non. Je suis venue avec une amie, mais Ambre je ne la connais pas personnellement. Elle a une sacrée réputation à l'université. Je me demande si elle est comme sa tante ... » « Je ne connais pas particulièrement Ambre à vrai dire mais il est sûr qu'elle est plus fêtarde que sa tante. » Dis-je en pouffant encore. Et puis elle avala de travers une de ses boulettes et manqua de s'étouffer, devenant rouge pivoine. Saisissant la carafe, je versais de l'eau dans son verre et le lui tendis. Elle me lança alors un regard accusateur que je ne compris pas. Elle bredouilla. « Je ... j'en ai entendu parler oui ... Hum ... tu ... je ... Dirk est ton meilleur ami ? » « Exact. » L'étudiante lâcha alors sa fourchette, tremblante. Je m'approchais pour lui dire. « Eh, ça va ? » Demandais-je, inquiet en la fixant du regard. Elle ne semblait pas dans son assiette, peut-être le morceau de viande n'était-il pas bien descendu, qui sait. Je me demandais si elle en savait d'avantage que moi au sujet des deux amoureux qui avaient terminés dans le jardin. Cette vision m'amusa. C'était si peu conventionnel... et donc si excitant ! Cela me donnait des idées... j'étais persuadé que l'un de mes deux meilleurs amis était dans le coup... à priori, plutôt Dirk que Jeremiah qui lui semblait sur le point de partir. Je me demandais quelle femme Dirk avait-il put avoir... Peut-être me faisais-je des idées ! En effet, il était beaucoup plus amusant d'imaginer quelqu'un que je connaissais dans cette situation que l'inverse ! Mettre un visage était beaucoup plus simple. « Il me semble que tu es venue avec une amie, n'est-ce pas ? » Dis-je en parlant de la soirée d'anniversaire. « Tu as un copain ? » Demandais-je, franc, direct comme je l'étais, sans tourner autour du pot. A tout hasard elle pouvait être célibataire... je l'observais, ses yeux bleus, sa chevelure brune... tout à fait le genre de mon journaliste préféré ! J'en avais marre de le voir avec des relations libertines, je voulais qu'il se pose avec une femme, qu'il grandisse un peu et Zooey pouvait tout à fait être cette femme. « Non parce que tu vois, l'un de mes deux meilleurs amis... okay ça fait un peu film ringard avec un rencard arrangé mais bon, à tout hasard, si tu étais célibataire... »

« Bien entendu. » me répondis Wyatt le plus naturellement du monde. Pourtant j'en doutais toujours puisqu'il n'ajouta rien de plus. Mais je n'insistai pas. « Bonne chance avec Weasthon, elle est pas toujours agréable. » fit-il. En effet Cassidy n'était pas connue pour sa délicatesse et sa compréhension. Je le savais pour m'être entretenue avec elle le jour où je fus engagée. Weasthon était sèche, sans compassion mais elle était juste. « Merci, t'en fais pas pour moi, je ne suis pas du genre à me laisser intimider. » Puis le jeune homme me fit un sourire plein de douceur, répondant à mon sourire charmeur. « Attention, elles s'égarent souvent... » souffla t-il en éclatant de rire à son tour. « Je n'en doute pas. » finis-je par répondre, le sourire aux lèvres.

Quand je piochai dans son assiette, il la rapprocha vers moi en disant : « Je t'en prie, prends-en ! » Il semblait amusé. « Je vais pas me gêner ! » lui lançais-je. « Je ne connais pas particulièrement Ambre à vrai dire mais il est sûr qu'elle est plus fêtarde que sa tante. » dit-il avec une touche d'humour. « Oui c'est sûr. » Je voyais mal Cassidy Weasthon faire la fête, rien que lui arracher un sourire était un miracle. Cette femme était tellement crispée et froide qu'elle aurait pût faire partie de la garde royale d'Angleterre : sauf que si vous lui foutez un doigt dans le nez, elle aura du répondant !

Puis j'avalai de travers ma boulette de viande, manquant de m'étouffer. C'était la faute de Wyatt, s'il n'avait pas prononcé le nom de Dirk, ce ne serait pas arrivé. Il s'occupa de me servir un verre d'eau et me le tendit. Je le bus à petites gorgées, fixant Wyatt. Il affirma que Dirk était son meilleur ami. Lorsque je lachai ma fourchette, il se rapprocha et me demanda si j'allais bien. Il paraissait inquiet, et me fixait du regard. « Oui, oui ça va ! » lançais-je agacée.

« Il me semble que tu es venue avec une amie, n'est-ce pas ? » dit-il. « Tu as un copain ? » ajouta t-il. Bordel, qu'est-ce que ça pouvait lui foutre ? Surtout que je me foutais un peu de ses questions que je jugeais sans intérêt, j'étais toujours troublée par le fait que Dirk soit son meilleur ami. « Non parce que tu vois, l'un de mes deux meilleurs amis... okay ça fait un peu film ringard avec un rencard arrangé mais bon, à tout hasard, si tu étais célibataire... » Mais à quoi il jouait ? Parlait-il de Dirk ? Pourquoi voulait-il me caser ? Surtout moi, qui ne voulais en aucun cas une relation stable et durable. Ça non ! « Wyatt ... tu me saoule. Sérieux arrêtes. » Le pauvre garçon ne devait pas comprendre ma réaction mais j'étais vraiment en rogne. Surtout que mon aventure avec son meilleur ami avait engendré une radicale extinction de conversation entre mon amie Johéline et moi-même. Je me redressai. « Merde Wyatt, t'es chiant ! Ouais j'ai couché avec Dirk et alors ? »

« Je n'en doute pas. » Me répondit-elle une fois évoquées mes mains baladeuses. Je fus ravi d'apprendre qu'elle était joueuse, ce que j'aimais chez les femmes en général. Ainsi je notais cette qualité dans la liste de celles que devaient posséder les prétendantes de mon meilleur ami. Mais, alors que je lui trouvais une qualité, elle piocha dans mon assiette, ce que je ne pouvais pas m'empêcher de commenter et ce à quoi elle répondit par un : « Je vais pas me gêner ! » Elle était aussi audacieuse qu'agaçante, voilà de quoi discuter avec mon journaliste préféré ! Décidément, j'étais tombé sur la prétendante idéale pour celui-ci ce qui eut don de me faire sourire de nouveau, imaginant encore un plan tordu pour réunir une belle jeune femme et ce grand gaillard d'inconstant. Je ris derechef à cette idée, croisant les mains, spécialiste dans les rencards (ratés) arrangés. Alors que je m'amusais à les imaginer ensemble, Zooey me parut alors agacée, je fronçais les sourcils. Avaler une boulette de travers ne devait pas être agréable, mais de là à changer brutalement d'humeur... Peut-être avait-elle honte de s'être ridiculisée devant quelques scientifiques dont les regards s'étaient momentanément posés dans notre direction, allez-savoir. Quoi qu'il en soit, elle ne semblait vraiment pas intéressée par l'idée de rencontrer mon meilleur ami. Je m'apprêtais à répliquer pour le vanter alors qu'elle me devança. « Wyatt ... tu me saoule. Sérieux arrêtes. » « Oh, tu as quelqu'un ? Qui c'est ? » Demandais-je, amusé, avançant mon visage, prêt à écouter les ragots de l'université. Toujours aussi amusé, j'ajoutais. « Je le connais ? Je plaisante ! » Échappais-je, un sourire hilare aux lèvres. L'étudiante semblait vraiment en rogne ! Les boulettes lui laissaient un souvenir vraiment amère, la pauvre. « Merde Wyatt, t'es chiant ! Ouais j'ai couché avec Dirk et alors ? » Je laissais mes deux yeux ronds la dévisager sans mot dire, un sourire toujours pendu aux lèvres. Était-ce ça qui la mettait en colère ? Que je sois le meilleur ami du type qu'elle s'était envoyé ? Et d'ailleurs quand ? « Quand ? Il y a longtemps ? Oh... ne me dit pas que... » Je fus pris d'un fou rire incontrôlable. Je compris immédiatement sa réaction de tout à l'heure et abaissais mes bras sur la table en les cognant contre la surface, m'exclamant de ma voix grave et forte; « C'est pas vrai, dans le jardin, c'était vous ! C'était bien au moins ? » Je n'arrivais pas à y croire ! J'avais tapé dans le mille, mes meilleurs amis revenaient rarement bredouille d'une soirée, bredouille, c'est à dire sans repartir avec une femme ou un numéro de téléphone... ça ne m'étonnait pas de Dirk ! Plus de Jeremiah qui avait retrouvé sa chère barman à la soirée... je me demandais alors si lui aussi avait conclu à cette soirée et me promettait de le passer à la casserole dès que possible ! Quoi que, qui dit aveux dans un sens dit aveux dans l'autre... Comment avouer à mes deux meilleurs amis que j'avais couché avec l'étudiante Jaymee McKinley mais qu'en plus de cela, notre première fois avait été un fiasco ? Dire que je l'avais dépucelé... ce rappel avait du mal à intégrer mon cerveau. Dépucelée... elle n'avait pas put le dire avant qu'elle était vierge ? Les femmes de nos jours, toutes de ferventes manipulatrices et elles savent s'y prendre ces créatures ! « Pas quoi avoir honte, tu sais. » Ajoutais-je alors pour l'inciter à parler. « Tu sors avec Dirk ? Parce qu'autant de prévenir, c'était pas avec lui que je comptais te caser m'enfin... » Je fis mine de réfléchir avant d'éclater de rire de nouveau, trop amusé à l'idée de savoir que j'avais enfin démasqué les deux mystérieux amants qui n'avaient pas put se retenir avant d'arriver à l'hôtel et qui l'avaient fait dans le jardin, aux yeux de tous, quelle bande exhibitionnistes... avaient-ils pensés aux âmes sensibles ? A la mienne ? Toutefois je regrettais de ne pas avoir été de la partie, peut-être Dirk aurait-il accepté de partager la marchandise... pardon, la femme, je veux dire. Ben quoi, il ne faut pas être bien farouche pour le faire dans un jardin et si Dirk sortait avec elle depuis avant la soirée, j'en aurais entendu parler... quoi que.

J'étais affreusement mal à l'aise, et pendant ce temps là Wyatt semblait dans ses pensées. Il souriait tout seul et croisait les mains sur le rebord de la table – il arborait l'air débile et pervers. Mais je n'étais pas tellement préoccupée par ça – dans une autre situation je l'aurais taquiné mais l'heure était au gêne. À mon agacement mon ami fronça ses sourcils blonds. Alors que je lui demandai d'arrêter, lui avouant qu'il m'énervait il me répondit derechef : « Oh, tu as quelqu'un ? Qui c'est ? » Il paraissait amusé, il avança son visage du mien tel une commère – j'avais la soudaine envie de coller ma main sur sa joue. Je retins tout de même ce désir irrépressible. « Je le connais ? Je plaisante ! » finit-il par dire. « Non je ... j'ai personne ... puisque je te dis que ... » En fait, je n'arrivais pas à en placer une. Wyatt était surexcité à l'idée que je sorte avec quelqu'un et cela m'énervait franchement. De plus, il était hilare et cela me mettait encore plus mal à l'aise. N'en pouvant plus de son comportement je finis par avouer, avouer que j'avais couché avec son meilleur ami. Je le regrettai la seconde qui suivit – me sentant encore plus gênée – mais j'étais tout de même soulagée d'un poids. Mon interlocuteur me dévisagea les yeux ronds – au moins il se tût un instant – et arborait toujours un trop large sourire à mon goût. « Ça te cloue le bec, commère à deux balles. » lui lançais-je malgré moi. Ce que Wyatt pouvait être agaçant, il ne s'en rendait même pas compte. Au bout d'un moment il reprit « Quand ? Il y a longtemps ? Oh... ne me dit pas que... » Il fut alors prit d'un fou rire incontrôlable et extrêmement gênant. Je lui lançai un regard noir, pour lui faire comprendre qu'il pouvait se tenir et arrêter de rire. « Wyatt, je ... arrêtes c'est gênant ... » Il avait très bien compris, il savait que nous étions – Dirk et moi – les deux personnes qui avaient fait l'amour dans le jardin des Weasthon – de quoi me faire virer de Livingscorp si Cassidy l'apprenait soit disant passant. Comme si cela n'était pas suffisant, Wyatt frappa brusquement la surface de la table et s'exclama suffisamment fort pour que tout le réfectoire l'entende : « C'est pas vrai, dans le jardin, c'était vous ! C'était bien au moins ? » Je lui donnai une tape sur la main. « Tais-toi bon sang ! T'es pas bien discret, tu veux que je me fasse virer ? Ou même que tout le monde croit que je suis une Marie-couches-toi-là ? » Puis je murmurais « Pour ta gouverne, ton ami assure au lit. Mais je t'interdis de lui répéter ! C'est aussi un sale enfoiré de base. » Toujours en pleine crise de rire, Wyatt continua. « Pas quoi avoir honte, tu sais. » « Tu sors avec Dirk ? Parce qu'autant de prévenir, c'était pas avec lui que je comptais te caser m'enfin... » Alors il comptait me caser avec un de ses potes ? Il ne me connaissait vraiment pas. Je n'étais que trop bien avec mes relations libres et sans lendemain. « Mais tu vas jamais t'arrêter. Non voyons, je ne sors pas avec lui. Avec personne. Jamais. Et si je devais entamer une relation ce ne serait certainement pas avec lui ! C'est un bon coup, point final. Ça ne m'étonne pas que tu sois ami avec ça. Il traite les femmes comme de la marchandise, c'est un salop et il croit que tout lui est dû. Tu me vois vraiment avec ça ? Je ne mérite pas mieux ? De toute manière je ne mérite personne. Je ne veux de personne. » Wyatt fit mine de réfléchir avant d'éclater à nouveau de rire. Je me mis à sourire, forcée. « C'est pas drôle. T'es vraiment pas sortable Wyatt. Qu'est-ce que je suis censée faire après ça ? Tu vas tout lui raconter et je n'oserais plus sortir de chez moi. Je ne voulais pas venir à cette fête débile. Et maintenant quelle réputation je vais avoir à Livingscorp ? » Désormais, j'avais l'impression que tout les regards étaient rivés sur moi, je ne voulais plus qu'un chose : me cacher sous la table. Quitte à ce que ça paraisse ambigu, mais je voulais disparaître de leur vue.

[HJ] Vraiment désolé pour le retard, je suis un boulet ! En plus c'est pas top, désolé !

« Non je ... j'ai personne ... puisque je te dis que ... Ça te cloue le bec, commère à deux balles. » Lança t-elle sur la défensive, ce qui ne fit que contenter mon être qui arborait quant à lui un sourire encore plus large. Zooey trouva mes questions gênantes et me le déclara avant d'essayer de me faire taire en décrétant que cette révélation pourrait la faire renvoyer. Je fis mine d'être désolé avant de paraître choqué. Avec Dirk en plus ! Continuant sur la lancée de la peur d'être virée et je ne comprenais pas pourquoi d'ailleurs, ne faisant pas le rapprochement entre le manoir Weasthon et la scientifique, elle murmura : « Pour ta gouverne, ton ami assure au lit. Mais je t'interdis de lui répéter ! C'est aussi un sale enfoiré de base. » « Alors Dirk est un bon coup ? » Répondis-je en murmurant moi aussi, me prêtant au jeu, faisant semblant d'être totalement excité par cette confidence. « Ton secret sera bien gardé... mais, je te rappelle que tu m'en dois une. Bon coup... sale enfoiré... bon coup l'emporte sur le sale enfoiré, tu me l'accorderas. » Répondis-je, n'en revenant toujours pas de leur nuit « d'amour » et ce mot me fit éclater de nouveau de rire. « Mais tu vas jamais t'arrêter. Non voyons, je ne sors pas avec lui. Avec personne. Jamais. Et si je devais entamer une relation ce ne serait certainement pas avec lui ! C'est un bon coup, point final. » « Inutile de monter sur tes grands chevaux ou de rentrer dans les confidences, le 'bon coup' suffit amplement. » « Ça ne m'étonne pas que tu sois ami avec ça. Il traite les femmes comme de la marchandise, c'est un salop et il croit que tout lui est dû. Tu me vois vraiment avec ça ? Je ne mérite pas mieux ? De toute manière je ne mérite personne. Je ne veux de personne. » « Ah les femmes, autant à critiquer les autres qu'à se dénigrer elles-mêmes... si jeunes et si pathétiques... » Dis-je d'une voix faussement philosophique. Puis une phrase me perturba. « Comment ça 'ça ne m'étonne pas que tu sois ami avec ça' ? Tu penses que je suis comme lui ? » Ajoutais-je, piqué au vif. « C'est pas drôle. T'es vraiment pas sortable Wyatt. Qu'est-ce que je suis censée faire après ça ? Tu vas tout lui raconter et je n'oserais plus sortir de chez moi. Je ne voulais pas venir à cette fête débile. Et maintenant quelle réputation je vais avoir à Livingscorp ? » « Mais de quoi tu parles ! Et réponds à ma question plutôt. En quoi ça ne t'étonnes pas ? Parce que si tu tiens vraiment à savoir, chacun son mode de fonctionnement. Inutile de juger Dirk, quoi qu'il ai fait, vous étiez deux, ça fait donc de toi une salope aussi. Oh, je viens de comprendre ! » Encore une ! Ce n'était pas possible ! « Tu pensais qu'il t'aimait bien, tu as attendu qu'il te rappelle et il ne l'a pas fait, je vois... faut passer à autre chose, c'est tout. Il existe d'autres types sur Terre... du moins à Wellington, d'ailleurs en parlant de type de Wellington, j'en connais un très bien ! » Dis-je pour renchérir sur mon autre meilleur ami, voulant à tout prix les caser ensemble ou du moins leur arranger un rencard ! « Il s'appelle Jeremiah, la vingtaine, journaliste, beau goss', un peu désinvolte mais le genre 'je ne parle pas de moi, je suis donc mystérieusement attirant', ce qui fait craquer les femmes quoi ! Il a sa voiture, il ne vit plus chez sa mère, bref, un super bon parti ! T'en penses quoi ? Parce que... t'es tout à fait son genre ! Brune aux yeux bleus... » Je la détaillais rapidement du regard, essayant de voir à travers ses vêtements sa silhouette mais me souvenant par bribes de ce que j'avais entrevu à la fête du manoir. « Parfaite, justement ce qu'il lui faut ! »

Quand je lui dis qu'il était une 'commère à deux balles' Wyatt élargit son sourire déjà trop grand. J'y avait été un peu fort, mais il n'avait pas l'air de s'en soucier. J'insultai son ami après la confidence que celui-ci était tout de même un bon coup. « Alors Dirk est un bon coup ? » – répondit-il en murmurant – avec un air excité pitoyable. « Ton secret sera bien gardé... mais, je te rappelle que tu m'en dois une. Bon coup... sale enfoiré... bon coup l'emporte sur le sale enfoiré, tu me l'accorderas. » ajouta-t-il en éclatant de rire une nouvelle fois. Je le dévisageai, tirant la moue. « Wyatt. Oui ... enfin ç'aurait sûrement été mieux si on l'avait fait ailleurs que dans l'herbe humide grouillant de fourmis ... » - dis-je, amusée. « Je m'en souviendrais. Je te l'aurais accordé dans d'autres circonstances ... mais à cause de lui, mon amie ne m'adresse plus la parole, c'est comme une soeur pour moi ... » - finis-je par avouer ignorant le fait qu'il ne connaissait sans doute pas Johéline. Dans tous les cas – et Wyatt me le fit clairement remarquer – je lui devrais un service par la suite, je me demandais alors dans quel merdier je m'étais foutue. « Inutile de monter sur tes grands chevaux ou de rentrer dans les confidences, le 'bon coup' suffit amplement. » fit-il. Non mais pour qui se prenait-il ? C'est bien lui qui me posait tout un tas de questions, non ? « Ah les femmes, autant à critiquer les autres qu'à se dénigrer elles-mêmes... si jeunes et si pathétiques... » ajouta-t-il. Pardon ? J'avais bien entendu ? Mais de quoi il se mêlait lui ? « Je suis pathétique ? » - lançais-je en m'énervant. Wyatt était agaçant, comme toujours. Cette part de lui revenait tout le temps. Était-ce habituel ou était-il comme ça seulement avec moi ? « Comment ça 'ça ne m'étonne pas que tu sois ami avec ça' ? Tu penses que je suis comme lui ? » En fait, je regrettais de lui avoir dis ça. Même s'il est vrai qu'ils avaient des points communs, Wyatt n'était pas tout à fait comme Dirk ... Quoi que. Sans que j'ai eu le temps de répondre, il enchaîna - « Mais de quoi tu parles ! Et réponds à ma question plutôt. En quoi ça ne t'étonnes pas ? Parce que si tu tiens vraiment à savoir, chacun son mode de fonctionnement. Inutile de juger Dirk, quoi qu'il ai fait, vous étiez deux, ça fait donc de toi une salope aussi. Oh, je viens de comprendre ! » Sur ce, je me levai subitement. Voyant les regards tournés à nouveaux dans ma direction, je me rassis doucement. Wyatt m'avait craché que j'étais une salope. Avais-je bien entendu ? « Pardon ? Bein vas-y ! Quoi d'autre ? Après Johéline, toi ? Vous êtes pareils tout les deux ! Je devrais te la présenter tiens ! Toujours à envoyer des pics, c'est gagné je suis touchée. Oui on était deux, c'est vrai ... De toute manière c'est ma faute tout ça, comme toujours. C'est moi la salope, c'est moi qui lui ai sauté dessus, c'est moi qui ai failli te tuer, c'est moi oui ! Et enfin, c'est moi qui méritais la mort de mes parents, c'est moi ! J'aurais mieux fait d'être dans cette foutue voiture ce jour là, ça vous aurait à tous épargné bien des soucis ! Et ne me dis pas 'il n'y a pas que toi qui souffre de la mort de quelqu'un, remet toi bon sang' car j'y ai déjà eu le droit ! En fait, t'as raison vous êtes tous parfaits ! Tous des anges, oui. Le problème en vérité c'est moi. Je suis pathétique, salope, trop conne aussi ! Alors excuse moi d'avoir jugé le gentil Dirk à son Wyatt. » - lançais-je sous l'effet de la colère. Énervée au possible, je ne pensais pas qu'il en rajouterait une couche, mais si. « Tu pensais qu'il t'aimait bien, tu as attendu qu'il te rappelle et il ne l'a pas fait, je vois... faut passer à autre chose, c'est tout. Il existe d'autres types sur Terre... du moins à Wellington, d'ailleurs en parlant de type de Wellington, j'en connais un très bien ! » Il se foutait de moi ? « Bien sûr, j'attendais naïvement un coup de fil, je suis éperdument amoureuse de lui et je rêve de lui toutes les nuits. » - dis-je ironiquement. « Non, mais sérieux ! Tu crois que je suis comme ça ? Je me contrefiche de Dirk et je suis largement passée à autre chose. C'était juste histoire de passer le temps, et je n'attend plus rien de lui, Wyatt. » Il finit par me parler de son autre meilleur ami. « Il s'appelle Jeremiah, la vingtaine, journaliste, beau goss', un peu désinvolte mais le genre 'je ne parle pas de moi, je suis donc mystérieusement attirant', ce qui fait craquer les femmes quoi ! Il a sa voiture, il ne vit plus chez sa mère, bref, un super bon parti ! T'en penses quoi ? Parce que... t'es tout à fait son genre ! Brune aux yeux bleus... » Il me détailla du regard, et – ce n'était peut-être qu'une impression – mais je sentis son regard se poser quelques instants sur ma poitrine. « Parfaite, justement ce qu'il lui faut ! » fit-il. « Wyatt, tu te fous de moi ? Je ne cherche pas de relations stable, je suis jeune, j'ai tout mon temps. Et pourquoi tu me propose tes amis ? Tu es là, toi. Nous deux, ce serait électrique, non ? » - lui dis-je, charmeuse et un sourire blagueur sur le bout des lèvres. L'atmosphère était redescendue d'un cran.

Elle vint à m'avouer qu'une personne, une amie, comme une sœur pour elle, ne lui adressait plus la parole à cause de ce qui s'était passé dans le jardin. Sans rire, je ne pouvais m'empêcher de constater une nouvelle fois ce que mon meilleur ami laissait derrière lui. Nous avions l'habitude. Et quelque part, je les enviais. Dans cette optique de vie sexuelle 'libérée' résidait les dernières parcelles du monde adolescent, en somme, une manière de fuir la réalité et les conséquences qu'engendrent nos actes. Il est bien moins difficile de gérer la vie dans cette optique que dans celle ou on apprend à grandir, murir et à prendre des responsabilités. En me mettant en couple avec Jaymee, je me résolvais à aller de l'avant, non pas faire l'impasse sur mes erreurs du passé mais, à composer avec. Mes années de prison dont je ne me souvenais qu'à peine, le meurtre d'Isobel, la sœur de Sara Hawkins et tout ce que je regrettais... néanmoins l'étudiante avait confiance en moi et je tenterai de lui prouver qu'elle avait raison de le faire. Bien que je ne la méritais pas dans mon état actuel, j'étais bien déterminé à la mériter dans les temps à venir et à faire des efforts sur moi-même, autant dans mon quotidien que chez ma propre personne. Zooey vint me sortir une nouvelle fois de mes pensées bien qu'il semblait que j'eus décroché depuis un bon moment. Je ne distinguais que quelques bribes de phrases et puis des mots. 'Johéline', 'pareils tous les deux', 'salope' et puis 'la mort de mes parents'. Je regrettais d'avoir de l'humanité, du tact pour ne pas lui répondre 'c'est ta vie' ou encore 'pourquoi tu me racontes ta vie', ce genre de chose... néanmoins je pensais qu'un déballage de vie n'était pas le plus approprié dans une cafétéria. Je fronçais donc les sourcils. En général, dans les séries télévisées, l'un agace l'autre, l'autre répond et celui qui a lancé la première pierre finit par lâcher une bombe de ce genre et l'autre doit finalement s'excuser pour l'avoir blessé... Je trouvais ce concept stupide, trop fier et trop futé pour m'engager dans le jeu du 'mon cheval est plus grand le tien'. Je pouvais moi aussi parler de mes malheurs mais, ma plaindre ne faisait pas parti de mes défauts. Je brûlais d'envie de lui répondre mais décidais de m'écraser. Furie comme elle était, je préférais ne pas l'asticoter. « Bien sûr, j'attendais naïvement un coup de fil, je suis éperdument amoureuse de lui et je rêve de lui toutes les nuits. Non, mais sérieux ! Tu crois que je suis comme ça ? Je me contrefiche de Dirk et je suis largement passée à autre chose. C'était juste histoire de passer le temps, et je n'attend plus rien de lui, Wyatt. » « Histoire de passer le temps ? » Répétais-je, un sourire large se dessinant de nouveau sur mon visage, la tension descendant d'un cran. Il était facile d'entretenir un bon rapport avec ce genre de femmes tout compte fait. S'en tenir aux préjugés et savoir les asticoter un peu mais pas trop. Je levais les yeux au ciel, terminant mon assiette rapidement, jetant un coup d'œil à mon portable pour regarder l'heure. « Wyatt, tu te fous de moi ? Je ne cherche pas de relations stable, je suis jeune, j'ai tout mon temps. Et pourquoi tu me propose tes amis ? Tu es là, toi. Nous deux, ce serait électrique, non ? » Son regard charmeur et blagueur au bout des lèvres me fit rire. Ce qu'elle pouvait être bête ! Aussi blagueur, je répondis : « Tu n'es pas mon genre, de toute manière. Et puis, passer après mon meilleur ami... » Zooey était très belle physiquement, une femme désirable mais aussi, d'après ce que j'avais vu, une peste, une furie plutôt. Bref pas du tout mon genre si nous devions en parler sérieusement. Et puis, au delà de ça... non, ça ne pouvait pas coller ! C'était dans l'air -nos chakras-, nous ne pouvions pas... et fort heureusement, celle-ci plaisantait ! De plus, j'étais persuadé d'être un meilleur coup que Dirk et ne voulait pas lui faire de l'ombre...

HJ: Désolée pour la longueur :/

Quand je lui parlais, Wyatt semblait loin, ailleurs. C'était une chose qui arrivait souvent en sa compagnie, je l'avais remarqué. C'était comme s'il était absent, qu'il partait dans une autre réalité, ou plutôt dans une 'réalité' subconsciente ou imaginative, dans sa tête. Cela pouvait être énervant, mais cela allait avec le personnage. Quand je m'énervai, il fronça les sourcils. Soit cela l'agaçait, soit il s'en fichait tout simplement. Quoi qu'il en soit, il passa outre, et je fis de même. « Histoire de passer le temps ? » – répéta-t-il. Un large sourire vînt se dessiner sur ses lèvres, ce qui me fit aussi sourire. « Oui, tu devrais essayer, c'est assez sympa comme concept. » - dis-je en riant. Wyatt leva les yeux au ciel, avalant ce qui restait dans son assiette, jetant également un coup d'oeil à son portable. Pour ma part, j'entamais mon yaourt. Alors que je blaguais sur la relation improbable que nous pourrions entretenir, il rit de bon coeur. Un brin blagueur, il répondit - « Tu n'es pas mon genre, de toute manière. Et puis, passer après mon meilleur ami... » Je pouffai. « Je ne suis pas ton genre ? C'est quoi ton genre ? Brune, robe rouge, affriolante. Je me trompe ? Mais t'as raison, passer après Dirk ... » - fis-je en me mordillant la lèvre inférieure. Puis j'éclatai de rire. Finalement, c'était moi qui était insortable. Pour ce qui était de mes insinuations vis à vis de son type de femme, je pensais bien évidemment à Jaymee, la fille qu'il m'avait présenté la même soirée où j'avais flirté avec son meilleur ami. J'aimais beaucoup Wyatt, entre nous c'était en effet électrique. Sans doute trop. Car nous passions notre temps soit à nous lancer des piques, nous chercher et les insultes pouvaient vite fuser, soit à rire, plaisanter, et ces moments là étaient tellement bons. Je savais qu'entre nous ça ne fonctionnerait pas, mais cela ne m'empêchait pas d'adorer Wyatt. Et je ne regrettais pas de le connaître, pas le moins du monde.

« Oui, tu devrais essayer, c'est assez sympa comme concept. » « Déjà testé. » Répondis-je, poliment, pensant à cette longue période de débauche et d'enfantillages. « Mais, après j'ai grandi. » Ajoutais-je sans la quitter des yeux, la voyant entamer son yaourt. Et puis elle me questionna sur mon type de femme, me rappelant la Jaymee qu'elle avait rencontré, robe rouge, affriolante, une allumeuse en somme, je décrochais un sourire, ignorant sa remarque sur mon meilleur ami. Son rire me fit derechef la suivre, cette fille dégageait quelque chose, on n'en restait pas indifférent, on pouvait la haïr -comme à notre première rencontre- ou l'apprécier, fortement même lorsqu'elle se mettait à rire. Son rire était divin, risible, amusant. Avais-je un type de femme au moins ? Il semblait que la question soit non, ou que cela variait avec le temps. A vrai dire, j'avais du mal à m'imaginer avec le genre de filles que je côtoyais au lycée, celles que j'avais connu à l'université... j'avais grandi, muri, gagné en maturité et m'intéressait donc à des personnes responsables cherchant autre chose que les banales futilités d'une relation. Ainsi donc, toujours amusé mais, sérieux, le plus sérieux du monde, je répondis. « Jaymee est... très étonnante. Elle n'est pas toujours.. telle que tu l'as rencontré. Mais, c'est justement cela qui me plait, qu'une femme ait assez de maturité pour faire des efforts. Pas une de ces pimbêches qui, à la première rebuffade, vont, affamées vers le premier type en manque d'amour qu'elles croisent. Jaymee ne renonce pas et c'est cette ténacité qui me plait. » Terminais-je, sincère, me rendant compte que j'avais franchi le seuil d'une amourette, me montrant fier de la femme qui était à mes côtés, aussi bien dans mon lit que dans ma vie, démontrant par mon discours qu'elle me plaisait tant au niveau de son caractère que de son physique. « Et nul ne peut le nier, je pense que c'est la fille la plus sexy de tout Wellington. » Dis-je, rêveur et amusé, décidant finalement que quitte à passer pour le type éperdument épris, autant y aller jusqu'au bout ! Zooey me plaisait et depuis une longue période, je me sentais revivre. J'avais dans ma vie, deux meilleurs amis géniaux, une petite amie merveilleuse et des amis dont une en devenir. Je n'allais, contrairement aux autres pas me contenter d'oublier Zooey dès que l'occasion se présenterait. Elle me donnait envie de la connaître d'avantage et j'imaginais déjà une grande amitié nous lier. J'aimais son sens de la répartie et sa compagnie aussi joyeuse qu'agaçante. De plus, la présence d'une aussi jolie femme n'était pas sans me déplaire et son regard bleuté parvenait à me troubler dès que je m'y plongeais trop. Notre relation était en revanche, destinée à être électrique, nous pouvions passer du coq à l'âne, rire ou nous insulter sans que cela ne semble perturber notre amitié. Nous pouvions parler de tout et de rien, de mon étudiante à sa dernière coucherie avec Dirk et c'est cette franchise et cette absence de tabou qui m'incitait à faire des efforts pour la garder auprès de moi. Gamin comme j'étais, je profitais du moment ou elle avalait son yaourt pour appuyer le pot jusqu'à son nez, pouffant comme le grand gaillard que j'étais. Je retombais en enfance et ça me plaisait ! Revivre, ce concept semble simple, vous ne croyez pas ?

« Bah, fais attention quand même ! » M'exclamais-je dans un rire sonore. Mon portable me donna l'heure et j'ajoutais : « Je vais devoir partir. » Dis-je, presque désolé de devoir écourter notre séance de gamineries, de devoir cesser nos joutes verbales, nos confidences et nos actes stupides; mes actes stupides. Je croisais son regard et m'y plongeais, envouté par la profondeur de ses yeux. Au delà de ses sourires et de sa bonne humeur évidente, quelque chose dans son regard m'indiquait qu'elle était triste, un éclat que je reconnus entre tous; le même que le mien. Celui d'une femme brisée, quelque chose qu'on ne pouvait cacher, même avec le plus sincère des sourires, même avec le regard le plus tendre du monde et cet air me fendit le cœur. Je me promettais dès lors d'en apprendre d'avantage sur elle, comme attiré par cette jeune femme qui m'intriguait au plus haut point, voulant à tout prix et désormais faire le lien entre ses sautes d'humeurs et cet air si triste qui se distinguait avec difficulté de ce doux regard charmeur et fougueux.

« Déjà testé. » – répondit-il, pensif. « Mais, après j'ai grandi. » – ajouta-t-il. Grandir. Me le refusais-je ? Sans doute. Je ne voulais pas grandir, au sens ou cela serait terrible pour moi. Je prenais certaines responsabilités, notamment au niveau de mes études. Mais dans ma vie sociale et sentimentale, j'estimais être encore trop jeune pour avoir des relations sérieuses et ennuyeuses. Grandir signifierait sans doute – en plus de ne plus coucher à gauche et à droite – ne plus côtoyer les déboires, les puérilités, ne plus agir sur un coup de tête, et par là ne plus côtoyer les personnes qui ne vivaient que pour ça. Je refusais d'envisager les choses sous cet angle. Tout cela était synonyme de ne plus côtoyer mon meilleur ami, Sam. C'était lui qui m'entraînait dans tout ça, mais je le voulais aussi. Et je refusais de brider ma liberté, comme le faisait Wyatt. Cependant c'était son choix. Puis nos rires s'accordèrent, et notre complicité se fit sentir. Enfin le jeune homme redevînt sérieux. « Jaymee est... très étonnante. Elle n'est pas toujours.. telle que tu l'as rencontré. Mais, c'est justement cela qui me plaît, qu'une femme ait assez de maturité pour faire des efforts. Pas une de ces pimbêches qui, à la première rebuffade, vont, affamées vers le premier type en manque d'amour qu'elles croisent. Jaymee ne renonce pas et c'est cette ténacité qui me plaît. » Wyatt semblait attaché. Cette fille m'avait parue critiquable, désagréable au possible, détestable. Or je savais que je n'étais pas du genre à mâcher mes mots, je jugeais tout de suite et j'avais vu Jaymee comme une de ces filles superficielles, prétentieuses et niaises. Mais j'avais sûrement eu tord. Car je voyais mal Wyatt avec une de ces filles, et s'il tenait autant a elle, sans doute était-elle une fille bien. « Tu as l'air d'être vraiment attaché à elle. » Je lui souris, sincère, et désolée du comportement que j'avais pu avoir à l'égard de sa copine. « Et nul ne peut le nier, je pense que c'est la fille la plus sexy de tout Wellington. » – affirma-t-il, rêveur. « Si tu le dis. » Cela me faisait plaisir de le voir comme ça. Même si j'étais plus heureuse en ne m'engageant pas, si se caser avec Jaymee le rendait heureux, alors j'étais heureuse pour lui. Parce que c'était mon ami.

Soudain, l'ami en question vînt appuyer mon pot de yaourt jusqu'à mon nez. Le liquide dégoulinait sur mon menton et j'éclatai de rire. Wyatt pouffait comme un enfant content de sa dernière bêtise. « Bah, fais attention quand même ! » – lâcha-t-il dans un rire bruyant. « Ah, tu veux jouer à ça ... » Amusée, je saisis mon pot de yaourt et lui étalai le reste sur le front. Je riais de bon coeur, nos enfantillages étaient revigorants, puérils, mais si agréables. Puis le jeune homme jeta un regard à son portable. « Je vais devoir partir. » – dit-il, désolé. J'arrêtai de rire, et le regardai souriante. « C'est dommage. Mais si tu croises Cassidy, tu ferais peut-être mieux de passer au toilettes. » Je pouffai. Je devrais aussi passer au toilettes, surtout que j'avais rendez-vous avec la grande patronne dans peu de temps. « De toute manière, on se reverra. Si tu veux on peut manger ensemble les midis ? Et il faudrait que je pense à te ramener ta veste. »

« Tu as l'air d'être vraiment attaché à elle. » Me répondit-elle dans un sourire sincère sans une once d'ironie, semblant plus qu'heureuse pour moi. Elle me fit faire face à la réalité; j'étais attaché à ce brin de femme. A ses sourires timides et ses doux baisers sur mes lèvres, à sa chevelure étonnement fougueuse et à sa silhouette magnifique. Nul homme ne pourrait trouver mieux car elle me semblait parfaite en tout point néanmoins, des embuches venaient parsemer le schéma. Elle et moi ne pourrions jamais nous toucher pour la bonne raison qu'une chose mystérieuse l'en empêchait; chose que je respectais jusqu'au point de ne jamais lui demander d'explication, de détail, faisant pleinement et naïvement confiance en une femme dont je ne me doutais pour le moins du monde qu'elle pouvait me cacher un terrible secret. Non pas une chose honteuse mais, une chose à laquelle je ne pouvais pas faire face. Je me contentais donc, tel un homme amoureux de faire des concessions, d'accepter tout de sa part parce qu'au fond... rien ne sera jamais pire que d'être séparé d'elle et cette soudaine lucidité me rappela que je n'étais pas le bon à rien que Sara imaginait, le criminel qui avait tué sa sœur et qui cherchait éperdument à réduire sous silence celle-ci dans le simple but de profiter d'un café matinal sans avoir à se soucier qu'une personne cherche sans jamais faillir, une raison pour me ré-expédier en prison.

Alors que l'étudiante en génétique s'essuyait le nez, action que j'accompagnais de mon rire bruyant, elle s'empressa de saisir le reste du yaourt pour me l'étaler sur le front. Lent, je n'eus pas le temps de résister et me retrouvais avec du yaourt dégoulinant sur la peau, retombant entre mes sourcils et sur mes yeux, me faisant cligner des paupières alors que je ne m'arrêtais pas de rire, heureux d'avoir trouvé une copine de gaminerie, une femme qui en fin de compte ne se prenait pas au sérieux et avec laquelle je pouvais m'adonner à ce genre d'activité puérile. De plus, elle était bien loin du stéréotype qu'on pouvait imaginer en la regardant. Sous ses airs de poupée et ses traits parfaits, elle ne s'était pas plaint de mon geste, n'avait pas rechigné à répondre dans le même délire que moi, sans désir pur et simple de vengeance, ne semblant pas vexée pour le moins du monde. Bref, une femme que je ne regrettais pas d'avoir rencontré, persuadé qu'en faisant des efforts communs, nous pourrions bâtir une réelle relation et qui sait, peut-être perdurer ainsi dans l'avenir. « C'est dommage. Mais si tu croises Cassidy, tu ferais peut-être mieux de passer au toilettes. » « A moins que je cafarde en disant que certaines étudiantes passent leurs temps à me martyriser. » Répondis-je hilare en croisant son regard, m'essuyant enfin le visage avec une serviette que je fauchais sur le plateau de mon interlocutrice. « De toute manière, on se reverra. Si tu veux on peut manger ensemble les midis ? Et il faudrait que je pense à te ramener ta veste. » « Doucement, je sais que tu craques sur moi mais, vasy mollo, il me faut du temps pour l'accepter... » Répondis-je alors que je rangeais rapidement mon plateau pour le mettre dans la pile des plateaux sales. « Tu me diras quand tu viens ici et je te dirais si je suis là. Et oui, ma veste... au pire... demande à Dirk mon adresse... » Échappais-je en me levant rapidement, craignant un jet de nourriture ou un verre d'eau dans la figure, qui sait ! Femme hargneuse, actions délibérées et coups de têtes allaient de paire. Reprenant rapidement l'ascenseur, je me retrouvais bloqué dans une suite bureautique, attendant patiemment quelqu'un pour me faire accéder aux niveaux inférieurs, me répétant inlassablement ô combien les filous qui avaient réussis à s'introduire dans le bâtiment pour cette histoire de dossier égaré devaient être des pointes au niveau crack. Cela me semblait impossible... et dès lors que mon esprit fut accaparé par un moyen de m'introduire sur mon propre lieu de travail, l'après-midi passa plus vite et malheureusement... sans jamais croiser Zooey de nouveau.