Je ne tenais pas l'alcool mais n'avais pas lésiné sur l'abus de whisky. Je roulais très vite, trop vite mais ça n'avait aucune importance et si la soif d'adrénaline et de sensations pouvait rassasier ma soif, même en ravageant mes entrailles, je le ferai. Mais rapidement ce jeu immature m'ennuya et je décidais de m'arrêter sur un parking que je ne situais pas mais sur lequel je me garais en diagonale. J'entrepris de boire l'alcool en grimaçant de par le goût infect du liquide nature. Je gémis, pitoyablement sur mon siège en buvant comme une pauvre alcoolique. Je me sentis ridicule et pas mieux que toutes les autres maintenant. Je me promis de me ressaisir le lendemain car je ne me reconnaissais pas, mais vous savez comment c'est, on sort, on s'amuse et puis on ne se rend plus compte de ce que l'on ingurgite... c'était mon cas, je m'imaginais déjà entrain de rendre sur le pavé....

« Pas la peine de me regarder comme ça ! » Me lançais-je face au rétroviseur. Quelques gorgées suffirent à me donner la nausée. J'essuyais mes yeux démaquillés et décrétais finir la bouteille à mon appartement ou ma colocataire avait déguerpie. Je ne tenais vraiment pas l'alcool... ma vision se dédoubla par moments et je sentis mon foie souffrir, me tenant le ventre en gémissant, tête penchée par la fenêtre ouverte. Vomir dans la neige n'était pas des plus raffiné mais il s'avérait que ce fut nécessaire dans la mesure ou la douleur était à son comble. Terminer la soirée en vomissant me dégoûta et je restais ainsi, tête collée contre la vitre à attendre en fermant les yeux, à prier pour que les effets de l'alcool cesse alors que je ne fus nullement croyante et attendis durant une demi-heure que mon foie cesse de hurler. Il était presque deux heures du matin. La neige avait cessé de tomber depuis deux jours mais les températures glaciales avaient gelé le sol l'empêchant de faire fondre la couche de neige. Je rallumais le contact, nous étions dans un parking extérieur faiblement éclairé, se situant désormais -je pouvais distinguer faiblement les alentours- derrière de larges immeubles. Étais-je dans le centre ville ou dans la périphérie ? La voiture affichait trente à l'heure mais je sentis perdre le contact du véhicule glissant sur une plaque de verglas et soudain un choc, faible mais qui me surpris assez pour hurler momentanément. Je mis quelques minutes à remettre ma tête à sa place et me touchais le corps, ne remarquant aucune blessure. Puis je me rappelais qu'un choc ne se faisait pas tout seul et paniquais à l'idée d'avoir put blesser quelqu'un d'autre. Sortant à tâtons de la voiture, l'alcool toujours présent mais moins fort qu'au début, je cherchais l'autre véhicule et fus aveuglée par les phares. Cherchant la porte du conducteur, je dis, et je supposais que cette personne ne m'entendrait probablement pas vu la faiblesse de ma voix.

« Vous êtes blessés ? »

Etaient-ils un ou plusieurs ?

J’étais déconcentré. Ma tête tournait légèrement, tandis que la chaleur de l’habitacle m’enveloppait allègrement. La douceur d’une femme ne pouvait rivaliser avec ça. Avant que vous n’émettiez un quelconque jugement, je tenais à dire que je n’avais pas bu. Pas encore, du moins. J’étais juste un homme, deux mains au volant. Accompagné par la plus belle des créatures qui s’acoquinait à me faire une petite gâterie. On m’avait dit un jour que le sexe au volant était plus ravageur que l’alcool. A cet instant, j’en doutais. Ou peut-être pas. Disons que j’étais bien trop occupé pour mesurer mes chances de survie. Un flash me traversa l’esprit, l’instant d’après la voiture était percutée par un objet non identifié. Je n’ai pas vraiment eu de bon réflexe. En fait je me suis juste demandé « c’est quoi son prénom, déjà ? » Drôle de dialogue intérieur, pas vrai ? Mais c’était la pure vérité. Cette fille semblait être une véritable salop*. En général, on décline son identité avant de copuler allègrement avec un inconnu. Du moins, c’est ce que font les filles normales. Mais moi, dans tout ça ? Qu’est-ce que j’étais ? J’aurais dû être un véritable salopar*, non ? Mais ce n’est pas pareil. Parce que les filles, elles, sont censées être la représentation de la vertu : pas nous. J’avais le droit d’être et pas elle. Point barre.

Cette fois-ci, si la tête me tournait c’était pour une toute autre raison. L’impact avait projeté mon visage contre le volant, m’assurant une belle égratignure. J’aurais pu m’énerver, mais je savais que les cicatrices attiraient encore plus de femmes. Je jouerais le héros et elles me sauteraient dans les bras, comme de véritables idiotes. Parce que c’est ce qu’elles sont. Toutes sauf une. Ma sœur, bien entendu. J’ouvrais les yeux difficilement. Remontais ma braguette. Machine semblait sonnée. Elle releva le visage, un peu secouée. Elle avait un peu de sang sur le nez, mais rien de grave. Même comme ça elle était belle. Jusqu’à ce qu’elle me montre son vrai visage, comme une vraie femme. Elle s’est mise à paniquer, à hurler un peu. Je l’ai regardé droit dans les yeux. « Stop. » elle s’est arrêtée, ses yeux plongeant dans mon regard qui venait de virer au gris. « Tout va bien. Tu vas te calmer immédiatement. Voilà, détends-toi. » Je lui caressais machinalement les cheveux avant de reprendre. « Tu as très envie de dormir, alors dors. Et fou moi la paix. » Aussitôt dit, aussitôt fait. L’instant d’après j’entendis une faible voix provenant du conducteur perturbateur.

« Ca va, y’a pas mort d’homme. Putain vous puez l’alcool jusqu’ici ! Mec, la prochaine fois fait gaffe avant de boire. Quand on tient pas l’alcool on ferme la bouche. » Je n’étais pas énervé. Ca m’était arrivé aussi, plus jeune. Adolescent en fait. Je savais ce que c’était, les débuts avec une voiture. Les pleins pouvoirs. Je sortais du véhicule, du sang perlait sur le côté gauche de mon front. Ca me donnerait un air d’aventurier. « J’espère juste que t’as pas bousillé ma caisse. » Je ne relevais même pas le visage, fixant d’abord l’arrière de ma voiture. Elle n’avait qu’une petite égratignure elle aussi. Rien de grave en soit. Je levais les yeux au ciel avant de me tourner vers le fautif. Enfin la fautive… « C’est toi ! » Je déglutis. Moi qui l’évitais, j’étais servie en la voyant là, pantelante. « T’es complètement folle de rouler en ayant bu comme un trou ! T’as du bol que je ne sois plus chez les flics. J’aurais pris un malin plaisir de t’embarquer. »

Je reconnus sa voix; son arrogance nauséabonde empesta jusque sous mon nez, une arrogance fort attirante, fort séduisante, fort détestable. Il sortit de la voiture et sous la lumière aveuglante je vis du sang perler du côté gauche de son front, je déglutis, je n'aimais pas le sang, la vue de ce liquide me donnais la nausée. Il s'inquiéta de l'état de sa voiture, c'était compréhensif, légitime n'empêche, qu'est-ce qu'un homme pouvait être accroché à sa voiture tout de même ! Plus important qu'une femme parfois... Je jetais un coup d'oeil à la mienne qui s'en était sortie moins bien que la sienne car moi solide, plus fait par esthétisme que pour sa solidité. Je passais les mains sur mon crâne, le mal de tête commençais déjà. « Je suis désolé... je... le garagiste de ma tante passera prendre ta voiture si tu veux, je paierai les frais c'est tout. » Il devait avoir eu une de ces frayeurs... du moins je le supposais. L'agacement pris le pas sur la gêne, sa réflexion sur mon haleine m'avais piquée au vif et j'en fus contrariée. Toutefois je ne cherchais pas le conflit, j'étais ivre et je préférais m'écraser après tout, c'était de ma faute. Je remarquais un autre passager, une jeune femme somnolait dans la voiture, du moins sa tête semblait prendre pour oreiller la vitre.

« Heu, elle va bien elle au moins ? » Le choc n'avait pas été brutal mais il m'avait parut impossible que la jeune femme ne se soit pas réveillée si elle dormait. Je constatais que quatre mois lui avait suffit à trouver quelqu'un d'autre, quoi que Kyle n'était pas du genre à se poser, ni même à avoir de relation. Alors pourquoi donc avions nous partagé quelque chose qui y ressemblait fortement ? Je ne voulais même pas savoir avec combien de femmes il m'avait trompée... ça me dégoûtais. Les yeux rouges et quelques larmes séchées sur mon visage, je compris qu'il venait tout juste de me reconnaître. « C’est toi ! T’es complètement folle de rouler en ayant bu comme un trou ! T’as du bol que je ne sois plus chez les flics. J’aurais pris un malin plaisir de t’embarquer. » « Évidemment Kyle, on ne peut rien te reprocher à toi ! » Répondis-je sous le fruit d'une impulsion séchant mes larmes, inutile de paraître faible et ivre à la fois, le summum du sexy... « Et... qui me dis que tu n'as pas bût hein ?» Ajoutais-je sur un ton accusateur. L'alcool me faisais agir toute seule et je ne me retenais pas, je sortais ce qui me démangeais, je n'avais plus rien à perdre et le fait de le voir m'énervait. J'ignorais totalement la pouf qui attendait comme une conne dans la voiture pour balancer une chose qui n'avait strictement rien à voir. « Merci de ne pas m'avoir rappelée au fait. Ah j'oubliais c'est vrai... une femme ne compte pour toi que si tu as l'impression qu'elle te désire. Même ta soeur a été plus sympa avec moi que toi connard ! » Dis-je avec amertume. Je m'emportais... c'était comme ça, ça faisait parti de moi et j'étais vexée qu'on ne soit pas devenus amis...

[HJ] Comme convenu du coup, Kyle ne sait pas que Evy a brisé le cœur à Ambre et ce topic ne se situe plus après sa rupture mais une semaine après ou un truc du genre^^ mais ça ne change rien au fait qu'elle soit saoule et qu'elle t'ai rentré dedans^^ Kylounet^^

Ambre, calme toi aussi. Inutile de s'énerver, inutile de perdre ton temps avec Kyle, ça n'avait aucune importance. Que représentait ce type pour moi si ce n'est qu'un goujat ? En fait c'était plus facile d'associer son image à celui d'un goujat qu'autre chose parce que tristement je n'avais rien à lui reprocher. Nous n'étions sortis que peu de temps ensemble et j'avais apprécié ses moments, le fait qu'il ai cette confiance en lui, cet éclair passionné dans les yeux, prêt à faire n'importe quoi pour se satisfaire, cette folie... nous n'avions pas eu l'occasion de coucher ensemble et j'avais fini par rompre sans aucune explication valable. En y repensant je regrettais parfois ce geste, j'appréciais Kyle mais j'avais été vexée qu'il ne me rappelle pas, pensant que nous pouvions être amis ou même qu'il puisse m'accorder un minimum de considération et ce malgré sa réputation de Dom Juan. J'avais eu tord, mais c'était l'un de mes défauts, cette tendance à croire que chacun puisse changer, être différent de ce à quoi on l'associe. C'était la vie et je ne perdais pas espoir qu'il change et que nous devenions amis mais pour le moment, l'alcool prenait le pas sur la raison et me faisait parler sous le coup de l'émotion, déjà agacée d'avoir entrechoqué nos voitures, de m'être fait crier dessus comme du poisson pourri, enfin bref.

« T’inquiète. Y’a quoi ? Une égratinure à tout casser. Franchement te fais pas de bille. Et puis tu me connais, j’suis bricoleur quand j’veux. » J'appréciais cette décontraction soudaine, cette manière de tourner les choses à sa façon, me faisant passer d'un extrême à l'autre, m'agaçant au plus haut point puis en me faisant l'apprécier comme jamais, je le détestais. Il me parla alors de la fille qui sommeillait dans sa voiture et je détournais les yeux, sachant déjà ce qui allait se produire ce soir ou ce qui s'était déjà produit, dans sa voiture, à l'hôtel dans des toilettes ou autre. J'ignorais si ses rumeurs étaient vraies ou fausses mais je connaissais des filles qui ne se remettaient pas de n'avoir été que des objets à ses yeux, ce qui me fit rire. De quel charme abusait-il pour que les femmes agissent comme des gamines rien que pour le récupérer ou lui sauter dessus ? Il mit soudainement mon excès de colère sur mes règles, je m'approchais de lui et tant pis pour mon haleine, il n'avait qu'à aller se faire mettre, lui et ses remarques à la con, son air de chieur et ses intonations séduisantes. Rappelé ? Moi rappeler une fille ? Déjà que je ne le fais pas ordinaire… Mais je l’ai fait. En général, quand on ne répond pas au première appel, je lâche l’affaire. Je ne suis pas lourd. Alors évite de me balancer des arguments de merde. T’es blessée ? Reporte tout ça sur toi, j’y peux rien si quelqu'un t’a brisé le cœur. Parce que je suppose que c'est une histoire d'amour vu ton degré d'alcoolémie. Alors m’engueule pas. Je t’ai pas vu depuis des mois et la première chose que tu fais c’est me les briser grave. » « Alors là, rien à voir. Vous êtes tous pareils vous les hommes ! A chaque fois qu'une femme boit trop on met ça sur le coup d'un cœur brisé, c'est pas croyable ! » Et pas faux, néanmoins j'avais tiré plus ou moins un trait sur Everleigh et aujourd'hui j'étais en couple avec quelqu'un d'autre, qu'il ne vienne pas me chercher des noises celui-là ! « C'est toi qui me les brise grave ! J'ai quelqu'un dans ma vie et tout se passe très bien, merci. » Inutile de préciser que c'était une femme, je n'avais pas non plus envie de le crier sur les toits, de plus, je n'étais pas prête à assumer cette relation aux yeux des autres. « Pas de ma faute si toi tu sais pas traiter les femmes. » Finis-je par dire en levant les yeux au ciel. J'ignorais ce qui me poussais à rester dehors, dans le froid, les pieds dans la neige à me faire crier dessus et répondre à mon tour. Kyle déchaine les passions, qu'elles soient négatives ou positives, c'est une sorte d'envie irrésistible de se faire aimer de ce type ou de se faire détester, de se contempler à se faire détester. Cela faisait des mois que nous ne nous étions pas vus et la première fois qu'on haussait autant le ton. Nous avions eu quelques accrochages mais très rarement dans le passé, en même temps pour le peu de temps ou nous étions restés ensemble... de plus nous ne nous prenions pas vraiment la tête, pas de quoi se disputer donc. Mais cette soirée commençait mal et se terminerait encore plus mal... malheureusement j'étais comme scotchée à lui, attendant qu'il m'insulte et l'occasion de l'insulter moi aussi, voire de le gifler.