«Qu'est-ce que tu fous ? », me demanda Connor, me sortant de ma rêverie. « La même chose que toi. » Répondis-je en pensant qu'il s'en prenait encore aux étudiants de devant. Celui-ci jeta une œillade sur mes feuilles de cours puis esquissa un sourire moqueur en me dévisageant, l'air bête. « Quoi ?! », dis-je, agacée par avance de sa future réflexion. Il pouffa et je remarquais alors que j'avais griffonné un tas de cœurs sur mon papier avec le nom de ma petite-amie, je jetais une autre feuille par dessus et cette impulsion fit voler les dernières qui elles, concernaient le cours. « Merde. » Exclamais-je alors en soupirant. Je ne me donnais pas la peine de me lever pour les récupérer, adressant un sourire éblouissant au jeune homme de devant, je lui demandais de me les ramasser, ce qu'il fit en inscrivant son numéro personnel dans le coin. Je ris, s'il savait... « On va se détendre un peu tout à l'heure, tu viens ? » Connor ne prit même pas la peine d'exprimer un quelconque intérêt à sa propre question, présumant déjà mon accord. « Je ne sais pas, j'avais envie de... de rentrer chez moi en fait, j'ai... des trucs à faire. » Dis-je sans le regarder, je n'avais jamais jamais été crédible dans l'art du mensonge si celui-ci n'imposait aucune séduction. « Quoi ? », répliqua le jeune homme en m'adressant un regard en biais et en jetant des boulettes de papier sur les boutonneux d'à côté. « Quoi 'quoi' ? » J'arquais un sourcil sans trop comprendre, perdue dans mes pensées. « Bah qu'est-ce que tu as à faire ? Je sais que tu vas pas lire tes cours, qu'est-ce qui est aussi important ? » « Je n'ai pas dis que c'était important. Juste, quelque chose à faire, tu vois ? » « Tu vois quelqu'un ? » « Non ! » Exclamais-je en rougissant, cachant un peu plus mes gribouillages comme une adolescente ayant peur d'être découverte. « Peut-être que t'es juste un peu coincée en ce moment c'est tout, le stress', les exams qui approchent...» « Tu sais quoi ? Ce n'est pas aussi important, j'en suis pour tout à l'heure. » Je lui adressais un large sourire, il avait prononcé les mots qui me frustraient et automatiquement j'annulais l'idée folle de rendre une visite impromptue à ma garagiste, tant pis, elle n'allait pas mourir sans moi.

A la fin des cours, nous nous rendîmes dans la forêt et garâmes nos voitures dans un vieux sentier. Nous profitions de cet endroit désert pour boire, fumer et se détendre mais soudainement ces plaisirs à la fois irresponsables et immatures me paraissaient totalement dénués de sens. Ce n'est qu'après être ivre que j'oubliais cette pensée idiote que mes amis n'étaient ni plus ni moins que des personnes avec qui trainer pour me débarrasser de l'ennui. On me proposa de la cocaïne que je ne refusais pas. Cela faisait très peu de temps que je m'étais mise à cette drogue et ma première expérience m'avait conduite en cellule après une altercation avec un type dans un bar. Les premières sensations; déchirures de la fosse nasale, soudaine envie de pleurer et de m'écraser le nez contre une pierre s'évanouirent à mesure que les minutes passèrent. Je me sentis invincible, euphorique et dansais sans me préoccuper de mes mouvements ni même de moi-même, juste une envie de gesticuler dans tous les sens jusqu'à ce que je me laisse tomber par terre en riant et en imaginant de drôles de scènes dans les nuages gris-blancs du ciel. Ce n'est que lorsque la neige recommença à tomber que je me rendis compte de la fraîcheur du sol et du fait que j'avais soudainement envie de rentrer chez moi que je me levais et m'en allais sans demander mon reste.

Arrivant devant mon immeuble, j'entrais sans difficulté; dans l'immeuble, pas besoin d'interpeller quelqu'un pour entrer et me cognais dans les murs en m'asseyant dans l'ascenseur et en fermant les yeux pour les reposer. Je me sentis plus réelle, mieux mais sonnée. L'alcool s'était quelque peu dissipé et il me semblait avoir dormis dans l'ascenseur, mon portable affichait huit heures. Je reniflais en gémissant et en me massant le nez et appuyais sur l'étage correspondant à mon appartement. Ma colocataire était partie et je me rappelais avoir oublié de le mentionner à ma tante, si bien que le propriétaire débarquerait un jour pour me rappeler à l'ordre et payer les mois de retards. Mais ce n'était pas le problème majeur ce soir, ma préoccupation fut d'ouvrir la porte en me baissant avec difficulté, je passais une bonne dizaine de minutes à introduire les clefs dans la serrure et les balançais sur le meuble d'entrée, entendant le trousseau retomber par terre. Je soupirais.

J'eus envie de m'affaler sur mon canapé mais décidais de me prendre une douche. Mon appartement avait été rénové il y a peu, aux bon soins, ou devrais-je par la poche de ma tante qui avait déboursé beaucoup d'argent pour faire de cet endroit quelque chose de froid, de beau et d'élégant, à son image. La décoration sortait tout droit d'un magazine bien qu'elle restait sobre en apparence, peut-être ne savait-elle pas que les images de magazines de décoration ne devaient pas être reproduites à l'identique. Des photos de mes 'amis' et de nos innombrables soirées recouvraient les murs dans de jolis cadres et parfois de simples pochettes plastique. Cette seule décoration personnalisait l'appartement. Celui-ci était rangé et propre bien que légèrement poussiéreux. Je n'y restais pas et je n'y dormais pas toujours. Le réfrigérateur était quasi-vide comportement essentiellement des bouteilles de vin débouchées, de la bière et des yaourt. Mon alimentation n'était pas des plus saines et je faisais partie du stéréotype de la blonde pom-pom girl populaire et préoccupée par son poids, ce qui faisait de moi... n'importe quelle blonde du campus, j'en avais bien conscience. Seule Jessica me faisait me sentir unique et me donnais envie de me forger une image moins superficielle et plus adulte.

Je sortis de la douche et enfilais une nuisette en me regardant dans la glace. Je voyais à mon visage les marques de la drogue et imaginais qu'en frottant mes yeux et mon nez, ces marques s'effaceraient. J'arrêtais derechef après avoir réalisé à quel point je pouvais être stupide. J'augmentais le chauffage et me servis un verre de vin rouge; mon pêché mignon, en allumant non sans intérêt la télévision dans le seul but d'avoir un fond sonore. Mes journées étaient mornes, similaires et dénuées d'intérêt. En fin de compte... je détestais ma vie.

On ne s'est pas revu depuis la dernière fois,
Et puis... on ne s'était pas vraiment rappelé.
Un texto par-ci par là. Tes cours qui prennent une place monumentale. Tes amis qui sont parfois trop présent. Tes délires, dont j'ai passé l'âge. Tes envies qui me surprennent de jour en jour. Et puis il y a moi, complètement éberluée.

Je ne sais pas vraiment où je vais, mais je fais l'effort de m'y rendre... parce que je t'aime...


" A demain ?
- Oui, à demain ! "
Encore une journée de travail qui se termine. La première chose que fit Jessica : regarder ses messages. Aucun message. Elle soupira, déçu. Chaque soir, ça devenait un rituel. Depuis une semaine, les nombreux textos d'Ambre ont pimenté le quotidien de la jeune garagiste. Cependant, Jessica en avait un peu marre de recevoir des textos. La seule et unique nuit d'amour avec son ex petite amie lui manquait. Ça faisait une semaine, déjà...
La jeune brune n'en voyait pas la fin. Elle finit par rejoindre sa voiture. Au volant, elle jeta le portable sur le siège passager, avec ses clés, une bouteille et tout un tas de babiole qu'elle avait pour habitude d'emmener pour aller bosser. Jessica n'avait de sac à main, elle trouvait que ça servait rien. Garçon manqué, il lui arrivait d'être féminine, mais cela restait rare. Seule la chevelure de feu témoignait de sa féminité...

Après s'être allumée une cigarette, la jeune femme regarda dans l'angle mort puis démarra la voiture. Une idée lui vint : pourquoi ne pas faire une surprise à Ambre ? Pourquoi ne pas aller chez elle ? Jessica avait promit de ne pas s'y rendre, mais ce soir, c'était plus fort qu'elle. Elle avait envie de voir sa douce, ça faisait une semaine quoi !
La clope au bec, Jessica prit la direction souhaitée. En quelques minutes, elle arriva devant chez Ambre où elle trouva facilité à se garer. Jess se rappelait très bien de l'endroit. Par chance, quelqu'un sortait de son bâtiment au même moment. La garagiste jeta son mégot avant de pénétrer dans l'endroit. Hop ! Elle y était ! La jeune brune se basa sur les boites aux lettres pour trouver l'étage ainsi que le numéro de la porte d'Ambre. Elle prit alors l'ascenseur puis arriva devant la fameuse porte.

Qu'est ce que je fais maintenant ? Je toque ? Je sonne ?

Nerveuse, Jessica aurait voulu allumer une cigarette. Mais elle ne le fit pas. Bon ! Elle se lança, de toute façon elle était là pour ça ! Son coeur la trahissait, commençant à battre de plus en plus fort. La garagiste douta puis toqua...

Quelqu'un toqua alors à ma porte, me sortant de ma léthargie soudaine. Je me relevais non sans mal après m'être totalement avachie sur le canapé et me demandait qui frappait à la porte à vingt et une heure, je priais pour que ce ne soit pas un groupe d'étudiants qui souhaitaient faire la fête ou encore se détendre un peu avec de la drogue ou de l'alcool. Je soupirais néanmoins déjà agacée à la perspective de parler à quelqu'un. J'avais beau m'ennuyer, cela ne voulait pas dire que j'avais besoin de discussion sociale, bien évidemment, j'en avais besoin mais je me sentais si las des choses que somnoler devant ma télévision en ruminant était une perspective intéressante. Je passais donc devant le miroir et remis de l'ordre à mes cheveux, certaines pointes n'étaient pas encore sèche, je cherchais rapidement une veste ou un châle pour couvrir mes épaules dénudées. Non pas que le fait de plaire me réfutais mais je n'avais pas vraiment envie ce soir qu'un voisin ou autre me voit dans une nuisette aux allures transparentes, de plus, mes seins étaient nus. Pourquoi faut-il qu'à chaque fois que l'on porte quelque chose de tel, quelqu'un frappe à la porte ?! Ce n'était pas pour me séduire moi-même, c'était stupide mais elle était agréable car elle était faite de soie en majeure partie. Ne trouvant pas de veste, je décidais d'entrouvrir la porte pour me donner une idée et reconnu immédiatement ma garagiste préférée. Un sourire se dessina sur mon visage et j'en oubliais alors cette fin d'après-midi désastreuse teintée d'alcool, de cocaïne et d'étudiants peu fins. Je me jetais dans ses bras et l'attrapais par le cou. J'étais tactile et particulièrement affective avec les gens que j'aimais, nous n'étions pas en public et je n'hésitais donc pas à montrer mon attachement à la belle Jessica. La voir en chair et en os me rappela à quel point elle m'avait manqué, discuter par textos était plus facile car il donnait pas l'impression de réalité et cette nuit d'amour avait été la première et conservait son caractère irréel et magique. Je l'incitais à rentrer et refermais la porte derrière moi. Une odeur me dérangea.

« Tu as fumé. » Dis-je en plissant le nez. Je n'aimais pas la cigarette bien que j'eus fumé, rarement cela dit mais surtout la fois ou nous nous étions retrouvées alors que ma voiture avait fumé, sans jeu de mots. La cigarette possédait une odeur qui me dérangeais vraiment venant de mes petits amis, venant de ma petite amie. Mais visiblement elle n'en avait pas fumé dix mille alors j'essayais de m'en accoutumer. « Hum... et bien voilà ou je vis. » Dis-je en désignant du bras l'entrée puis l'emmenant dans le salon ou un magnifique verre de vin rouge traînait sur la table. J'en profitais pour passer une main sur le fin filet de poussière qui siégeait sur le meuble à DVD, rempli pour la plupart de comédies romantiques, de films pour filles. « Ouais, un peu de... poussière. Je n'y suis pas vraiment, chez moi je veux dire. » Je balayais la pièce, j'avais néanmoins enlevé tous les débris de soirées, en revanche la poubelle de la cuisine elle, était principalement remplie de bouteilles vides et de cannettes de bières. « Tu veux manger quelque chose ? Non parce que... je n'ai pas vraiment à manger ici, donc je peux commander, j'ai de la bière ou du vin dans mon frigo. » Je ris, sans le faire exprès je passais pour une véritable alcoolique. « Restes d'une fête. » Je me sentis obligée de préciser. En réalité je fus nerveuse, elle était là, devant moi avec son doux regard, debout, chez moi... j'avais terriblement envie de la serrer encore dans mes bras et de l'embrasser mais quelque chose me retint, encore la nervosité ou la timidité. Oui Jessica me rendait nerveuse et me ramena aux premiers coups de cœurs collégiens, parce qu'en fin de compte... l'amour rend nerveux. « Excuse-moi. » Dis-je en désignant ma tenue. « Mets toi à l'aise, je vais aller me changer, il y a un porte manteau dans l'entrée. Ah oui et ma chambre est celle du fond, l'autre est vide, en fait elle me sert maintenant de débarras vue que ma colocataire est partie, la salle de bains et les toilettes sont dans le couloir. » Et je me tournais ensuite vers la cuisine. « La cuisine, bref, fais heu... comme... comme chez toi quoi. Mais heu, qu'est-ce qui t'amènes ? » Dis-je en cherchant dans la pièce quelque chose à me mettre sur le dos avant de constater que seule ma chambre pourrait répondre à cette exigence vestimentaire.

Jessica se grattait la tête, stressée. La porte finit par s'entrouvrir, offrant le magnifique regard de sa compagne. La garagiste serra Ambre qui se jeta à son cou, elle était heureuse de voir que la jeune blonde ne l'avait pas oublié.

On est enfin un couple alors ?
6 mois sans toi, c'était long...
J'espère qu'on est enfin ensemble pour de bon...

La jeune brune se laissa emmener et finit par pénétrer dans le salon. Oui elle avait fumé pour se détendre. Une cigarette après le boulot, ça fait toujours du bien et c'est ce qu'elle fit part à sa compagne. Jessica avait bien comprit que cela déplaisait à Ambre, vu le ton de sa voix... Ce n'était donc pas la peine d'essayer d'allumer une cigarette ici. Toutefois, Jess garda le sourire, trop heureuse de voir Ambre. D'ailleurs, elle garda le regard discret, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de l'inspecter. Cette petite nuisette lui allait à ravie. Si Jessica avait pu, elle lui aurait sauté dessus. Mais elle aussi était timide. Même si elle avait l'habitude prendre les choses en mains, elle préférait aller doucement avec Ambre. Celle-ci l'avait prévenu de toute façon.

Ambre finit par s'éclipser pour se changer. Dommage, elle était bien comme ça...
Jessica se posa sur le canapé. Elle n'avait pas forcément envie de s'éterniser dans les pièces d'à côté. En fait, elle n'avait pas envie de s'imposer. Elle aimait bien la décoration, même ça faisait un peu chambre adolescent avec toutes ces photographies accrochées sur les murs. La jeune garagiste prit le temps d'en regarder quelques unes. Sur certaines photographies, Ambre faisait des grimaces, cela fit sourire la jeune brune, lui rappelant certains souvenirs.

Son attention se posa sur la télévision, toujours assise sur le canapé, elle attendait sa compagne. Jessica ne savait pas trop pourquoi elle était venu là. Quand sa compagne fut de retour, elle préféra jouer sur la sincérité.
" Je viens de sortir du travail. Ne t'en fais pas... je n'ai pas faim. J'ai mangé un sandwich "

Ambre prit place à côté d'elle. Jessica la regardait timidement. Elle n'osait pas vraiment se laisser aller. Son coeur battait toujours aussi vite. Son regard ne lâchait pas celui de sa compagne. Finalement, Jessica se lança. Elle ne savait pas trop quoi dire. C'était l'improvisation totale qui sortit de sa bouche :
" Est-ce que tu aimerais partir en week end avec moi ? "

Jessica me laissa aller me changer, ma nuisette l'avait donc gênée, quelque part, je fus déçue, peut-être ne me désirait-elle pas autant que je l'avais crû. J'enfilais donc une veste de sport, moulante blanche et flamant neuve avant de revenir dans le salon non sans me regarder une énième fois dans le miroir afin de regarder la seule chose que j'avais dans la vie et de me sourire avec autant d'hypocrisie que j'offrais à chaque personne de ma vie. Elle avait déjà mangé et tant mieux, ça m'éviterais de commander ou bien de manger. Je m'assis à côté d'elle et vis qu'elle ne me lâchait pas des yeux, je fus déroutée un instant, pensant qu'elle avait probablement vu que je n'étais pas tout à fait clean mais elle laissa une phrase qui me donna l'impression que non. " Est-ce que tu aimerais partir en week end avec moi ? " Je laissais le silence s'installer entre nous et la regardait, surprise, non sans hésiter mais en ne sachant pas quoi répondre. A vrai dire je n'avais pas très envie de partir avec elle pour la bonne raison qu'un week-end entier avec elle m'angoissait, peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes et quelque part, le fait d'avoir couché avec elle me donnait l'impression qu'elle m'avait, qu'elle ne chercherait plus à me séduire et que désormais je devais être capable de la satisfaire entièrement, comme elle l'avait toujours voulu depuis le début, ainsi je me dérobais de son regard pour lui répondre en baissant le volume de la chaine de musique.

« Je... je n'ai pas assez de temps pour m'éclipser tout un week-end. » Dis-je en croisant son regard. « Je suis désolé. » J'oubliais de mentionner que j'en avais envie et d'être honnête en lui avouant que j'étais trop nerveuse et que j'avais probablement besoin d'être rassurée. « Alors, ta journée ? » Je me dérobais aussi de la discussion d'une manière peu subtile et saisis mon verre de rouge pour le porter à mes lèvres en lui adressant un regard intéressé, essayant de remettre ma tête en place et de lutter contre un mal de crâne persistant. Plissant les yeux, j'attendis sa réponse et la regardait sans la regarder vraiment. Un regard étrange, perdu, qui me trahissait, qui trahissait une certaine activité illicite. J'espérais que ma douche m'eut rendue une allure convenable et si elle soupçonnerait que j'avais pris quelque chose, je me préparais à inventer une excuse comme la fatigue ou autre. Je suis une menteuse, une cachottière... que dieu me pardonne. Que dieu me pardonne mon détachement profond aux yeux des autres, cette aisance à mentir, à séduire, à charmer le mal et à le trahir, à aimer une femme, tellement l'aimer qu'inconsciemment, je m'en détache. « Parce que la mienne n'est pas si intéressante, les cours, tout ça... » Jessica croyait que les études prenaient une place importante dans ma vie. Nous avions repris contact depuis peu et il aurait été malvenu de lui dire que je passais plus mon temps à sécher qu'à assister au cours, à boire qu'à étudier et à être occupée plutôt que de la voir... mais ses sentiments me troublaient... ils me mettaient mal à l'aise... j'étais déphasée, déconnectée de la réalité. « Excuse-moi, j'ai un peu mal au crâne, je t'écoute. » Dis-je en buvant une gorgée avant de reposer le verre sur la table et d'aller chercher dans un meuble adjacent une boîte ou je rangeais quelques médicaments, notamment ceux pour les maux de têtes. J'avalais le cachet sans prendre d'eau et fermais les yeux pour le laisser passer, geste psychologique dont j'avais pris l'habitude avant de me reposer sur le canapé et de reprendre mon verre comme pour m'occuper et m'aider à me concentrer.

Jessica était franchement déçu. En fait, elle avait l'impression de s'être incrustée. Elle était venu à l'improviste, et ce n'était franchement pas la meilleure manière de faire plaisir à Ambre. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. La réponse de sa compagne la déstabilisait. En effet, la jeune blonde paraissait ailleurs. La garagiste resta un moment sans bouger puis baissa la tête vers ses doigts qu'elle tortillait. Elle ne savait plus quoi dire, ni quoi ajouter. Jessica voulait simplement séduire Ambre, l'emmener en week-end, dans un endroit encore inconnu aurait pu être sympathique. Mais l'étudiante n'avait pas l'air emballée.

On ne se voit pas la semaine et on ne peut même pas passer un week-end ensemble. Ca y ait, on est repartit dans cette routine qui nous bouffait il y a plus de 6 mois. M'aimes-tu ? Je n'en sais rien. J'aimerais te faire plaisir et te séduire, mais tu ne m'en laisses pas l'occasion.

Jessica suivit sa compagne du regard. Elle commençait à comprendre la supercherie. La garagiste savait que les cours pouvaient prendre une grande place dans la vie d'Ambre, mais au point de se couper du monde, ça devenait agaçant. Et puis, ça veut dire quoi "tout ça..." ? La dernière fois, Ambre voulait se droguer. Était-ce encore le cas actuellement ? La jeune brune reprit durement la parole.
" Les médicaments et l'alcool, ça ne fait pas bon ménage tu sais... "

Ambre avait l'air absente. Jessica ne cherchait pas la dispute, mais essayait surtout de comprendre. Elle avait l'impression que sa compagne était en train de prendre le même chemin qu'elle, ce n'était pas bon, pas bon du tout. La jeune garagiste aimait l'adrénaline, mais au point de laisser sa petite amie se droguer... Et puis les cours, c'est important ! Son avenir ! Bref, ce n'est pas le moment de lui faire la moral, surtout qu'Ambre n'aime pas ça.
Jessica reprit la conversation là où elle s'était arrêté, elle essayait de rester zen.

" Ma journée s'est bien passé. Et toi ? Qu'est ce que tu as apprit aujourd'hui ? "
Rester naturel, c'était le mieux à faire.

" Les médicaments et l'alcool, ça ne fait pas bon ménage tu sais... " « Relax'. » Finis-je par dire, cherchant à éviter le conflit. Dès que l'on me faisait la morale, de près ou de loin je risquais de m'emballer assez vite. C'est vrai qu'en une semaine, nous ne nous étions pas vraiment vues, mais ça ne faisait qu'une semaine, il ne servait à rien de se précipiter. Mais c'était comme ça aussi il y a six mois... j'avais commencé à m'attacher à elle alors j'avais essayé de la fuir, de l'éviter, d'être plus distante parce que je croyais pouvoir me protéger, parce que je savais que je ne pourrais pas la quitter, et ne pas la quitter signifiait un jour montrer cette relation homosexuelles aux yeux de tous et je n'étais pas prête, ni avant, ni maintenant, et peut-être même pas après... c'est ce qui me poussait à prendre un peu de distance, à ne pas m'emballer trop vite dans cette relation... cela ne faisait qu'une semaine et je me prenais déjà trop la tête...

" Ma journée s'est bien passé. Et toi ? Qu'est ce que tu as apprit aujourd'hui ? " Elle me posa une colle. Je n'allais plus que deux jours sur trois à la fac', et quand j'y allais ce n'était certainement pas pour travailler, je n'avais jamais été une addict des études et avait toujours privilégié l'équipe des pom-pom girls que le reste. Je réfléchis donc un instant et finis par lui donner une réponse. A question idiote, réponse idiote ?
« Que hum, on devient plus productif en vieillissant. » Je pouffais. L'histoire de l'art... Une belle connerie, parlons franchement, rien de tout cela n'allait me servir, je ne savais même pas ce qui m'avait poussé à choisir cela. Restant distante, je terminais mon verre en la dévisageant, essayant de la comprendre. Que cherchait-elle ? Du sexe ? Une femme à son bras et rien d'autre ? Ou à l'opposé une femme avec qui s'installer, se marier, se poser... ceci me fit peur et me poussa encore plus dans mes retranchements et ma manie de m'éloigner. Encore une fois, cela ne faisait qu'une semaine mais mes sentiments étaient là et bien réels ce qui me poussais à accélérer dans ce sens. J'évitais ainsi de lui dire qu'elle m'avait manqué, de l'embrasser parce que je ne pensais qu'à ça depuis qu'elle avait franchi le seuil de l'appartement ou même de la toucher même si je recherchais cette proximité.

« Alors, comment tu trouves mon chez moi ? Enfin du moins l'entrée et le salon ? A part les photos ce n'est pas très personnalisé mais pour le temps que j'y passe... » Je jetais un coup d'œil au salon à mon tour, moins riche en photo que l'entrée et le couloir principal. Le salon possédait de nombreux cadres et mes amies pom-pom girls et moi, des amis, des amis... et curieusement, jamais de famille. Cette question vint me perturber, pourquoi n'avais-je aucune photo de ma famille ? (...)

« Que hum, on devient plus productif en vieillissant. »
Jessica ne répondit pas. Quand on est à l'université, on est souvent overbooké. Ambre avait une tel aisance pour dire en une phrase ce qu'elle a pu faire en une journée. La garagiste n'y croyait pas. Si ça tenait qu'à elle, elle serait déjà partit en faisant la remarque à sa compagne. Jessica restait patiente, bien trop patiente à son goût d'ailleurs. Elle commençait à connaître le petite jeu d'Ambre. Malheureusement, elle ne pouvait rien y faire... Ambre avait prit l'habitude d'être distante. La jeune garagiste pensait que leur rupture lui avait ouvert les yeux, mais apparemment non. Ambre n'assumait toujours pas, pourtant, personne était là pour les observer...

" Oui, j'aime la décoration. Mais je vais te laisser... "
Trouver une raison et vite ! Jessica ne voulait pas rester. Le comportement d'Ambre la fatiguait d'avance. Elle n'avait pas l'impression qu'Ambre était un coup d'un soir, bien sûr que non. La jeune femme ne voulait pas forcément s'installer avec elle, elle ne cherchait pas à se construire et faire des concessions. Mais elle aurait aimé pouvoir vivre une relation. Les deux femmes avaient la chance de ne pas vivre ensemble. Elles pouvaient se voir souvent et vivre de nombreuses choses ensemble. Ça aurait été le pied, mais Ambre n'assumait pas... Jessica était persuadée que les choses ne changeraient pas. Comment passer du bon temps avec quelqu'un qui n'assume pas une relation ?
" Je suis fatiguée... Et puis, je ne veux pas te déranger. On se reverra plus tard sans doute.. "

Tout ce qu'elle avait dit la dernière fois ne comptait plus. Jessica voulait qu'Ambre vienne dormir chez elle, au moins une fois la semaine... mais elle avait l'impression que sa compagne avait déjà oublié cette proposition.
" J'avais envie de passer ma soirée avec toi.. mais je suis vraiment désolée de m'être incrustée comme ça... "
Ça craint... En fait, Jessica n'aimait pas cet endroit. Elle ne s'y sentait pas à l'aise. Savoir que seule de l'alcool se trouvait dans le frigo. Et puis seules ces photographies qui se trouvaient là. La garagiste ne s'y sentait à sa place. Elle resta neutre à ses paroles puis se leva, prête à partir.

Retiens-moi ma chérie...
J'avais tant imaginé un week-end en amoureuse, à la plage, rien que [toi] et [moi].

[HJ] j'adore, j'ai réussi à la mettre mal à l'aise Je suis partie du principe que tu avais mis ton manteau sur le porte-manteau, tu me dis si ça ne correspond pas et j'enlèverai^^

Et puis, contre toute attente, elle décida de me laisser, prétextant me déranger, je restais silencieuse, sous le choc de ses paroles, vexée. Elle frappait chez moi, venait à l'improviste comme je le faisais avec mes amis, m'invitant à un week-end auquel elle ne semblait pas y accorder grande importance avant de déclarer devoir me laisser par fatigue et ne pas avoir envie de me déranger, un prétexte pour le moins stupide et agaçant. Voulais-je qu'elle parte ? Oui et non. Oui parce que son comportement m'agaçais et que j'étais fichtrement rancunière et non parce que je l'aimais et que je voulais qu'elle me prenne dans ses bras, qu'elle m'embrasse, qu'elle prenne les devants face à ma timidité. Je ne répondis pas, préférant me concentrer sur moi, sur ce que je ressentais avant de la voir se lever et me rappeler à l'ordre, mon sang ne fit qu'un tour et je me levais, à mon tour. " J'avais envie de passer ma soirée avec toi.. mais je suis vraiment désolée de m'être incrustée comme ça... " « Heu d'accord... mais... » Je trouvais rapidement la solution à cette situation, je ne pris pas la peine de réfléchir à mes actes car seule cette solution semblait s'ouvrir à moi. Je me dirigeais vers l'entrée pour saisir avec avidité son manteau que je serrais contre moi et revins dans le salon. « AH ! » Dis-je avec de grands yeux. « Que ferais-tu... sans ton manteau ? » Ma réaction était des plus idiotes, j'en avais conscience, mais je ne savais vraiment pas comment m'y prendre, je ne voulais pas qu'elle s'en aille et réalisais à ce moment précis à quel point sa présence me plaisait et je refusais l'idée même qu'elle s'en aille. Elle était arrivée depuis quoi, dix minutes et elle s'en allait déjà ?

« Alors pars, je ne te retiens pas mais si un jour tu as froid, tu seras obligée de revenir le chercher ! » Je fronçais les sourcils un instant, me faisant la réflexion que ma phrase ressemblait à un vieux film mélo-dramatique raté. Peu importe, je ne voulais pas qu'elle s'en aille et peut-être que la cocaïne me faisait encore un peu d'effet, me faisant un peu délirer encore et me poussant dans de telles réactions sous le coup de mes impulsions. « D'ailleurs je heu... je vais la mettre ! » J'enfilais son manteau par dessus mon fin gilet de sport et lui lançais un regard satisfait, passer pour une idiote ne me semblait plus aussi important... J'étais vraiment une gamine... mais je ne savais pas comment faire pour dire à ma petite-amie que je ne voulais pas qu'elle parte... je me sentis mal, on dit que sous l'effet de l'alcool, il nous arrive d'avoir de belles sautes d'humeur ou d'amplifier toute situation. En effet, j'aurais put éclater de rire au même titre que pleurer. Mais je tentais en vain de me retenir pour ne pas faire de ce départ un énorme cataclysme, restant debout, comptant doucement jusqu'à cinq pour me calmer et lui lançant alors un regard... désemparé.

Jessica éclata de rire et me décrocha un rire à moi aussi, faisant retomber la tension et m'enleva le manteau avant de me prendre par la main pour s'assoir avec moi sur le canapé. Elle me dévisagea avec son doux regard pour m'avouer me sentir fatiguée, je baissais de la tête, signe de mon approbation, je n'avais ni dormi, ni mangé beaucoup et j'avais oublié les bons côtés d'avoir un conjoint avec soi, m'étant trop focalisé sur le fait de devoir quelque chose à quelqu'un, d'être surveillé... car il était bien plus facile de me dire que j'aimais être indépendante, libre mais plus difficile d'admettre que de voir tous mes amis rentrer avec leur être bien aimé le soir me pesait en fin de compte. Je pouvais être triste, m'ennuyer... peu importait puisque j'étais seule et que même mes amis qui tenaient à moi n'allaient pas remédier à ma santé mentale. Les amis étaient... toute ma vie, mais les amis... les amis sont là sans être là, cela ne servait à rien d'argumenter ou de croire que certains étaient plus là que d'autres, je ne devais pas mentir, seule Jessica était à mes côtés et la voir s'occuper de moi me rendis le sourire.

Elle commença à me caresser du bout des doigts, faisant accroître le désir de la toucher à mon tour, de l'embrasser, de me rapprocher et de lui sourire, elle savait s'y prendre et je ne cherchais plus à lutter, de plus ses paroles me firent frémir. " Tu m'as manqué... " Je n'osais pas lui répondre que moi aussi, que j'avais inscris son prénom sur un tas de feuilles en cours, que je l'avais dessinée, que j'avais dessiné un tas de cœurs sur un cours sur le classicisme pictural, que je n'avais retenu des trois heures que le froncement de ses sourcils lorsqu'elle fournissait un effort physique, son air lorsqu'elle sortait d'une voiture...

" J'avais envie de partir à la plage avec toi... enfin. C'était ça la proposition de week end. Je voulais te faire une surprise... " « A la plage ?! » Dis-je, ébahie. Je réfléchis pendant quelques instants et me demandait si son salaire de garagiste lui permettait de nous envoler en avion sur un coup de tête, à moins qu'elle eut économisé pour une occasion comme celle-ci depuis longtemps. « Tu es sûrement plus calée en géographie que moi mais laisse moi te rappeler que le Kansas se trouve presque au centre des Etats-Unis, à moins d'aller à au lac de Wellington ou dans un truc du genre, il faudrait prendre l'avion car laisse moi te rappeler qu'avec la neige qui recouvre l'Etat et une bonne partie du pays on risque de mourir de froid. » Je ris alors et lui offris un doux sourire teinté d'amusement. « Pourquoi ne pourrais t-on pas... passer un bon week end ici, dans mon appartement. » Dis-je dans un murmure à mon tour, me rapprochant d'elle à chaque mot et finissant par mettre une de mes cuisses sur celle-ci, lui offrant mon souffle chaud sur le cou et me rapprochant de ses lèvres en souriant.

Je ne voulais pas nécessairement coucher avec elle ni essayer de l'allumer, mais la séduction était plutôt perçue comme un jeu et je cherchais plus ou moins à plaisanter. Néanmoins je me posais toutes sortes de questions. Est-ce que, étant donné que nous avions couché ensemble, ce genre de jeux conduirait obligatoirement au sexe ? Est-ce que je pouvais stopper comme avant nos caresses ou étais-je obligée d'aller jusqu'au bout ? Je finis donc par me retirer et me rassoir à côté d'elle afin de déposer ma tête dans le creux de son cou et d'entremêler mes doigts au siens.« On sera au chaud ici... tu veux ? »

Jessica n'était pas mal dans son genre. Entre : je viens te voir te voir à l'improviste et : je suis fatiguée je vais y aller en moins de cinq minutes, elle faisait fort, néanmoins je tâchais de faire abstraction de son comportement pour me consacrer à la gestuelle dont elle faisait preuve. « Je me débrouillerai, je réussirai bien à décaler quelques trucs. Tu peux rester. » Dis-je en m'appuyant un peu plus sur son épaule. Elle déposa alors un baiser dans mes cheveux ce qui me fit sourire, je n'attendais que ça, qu'elle prenne une initiative, m'incitant à répondre. L'une de ses mains traversa ma veste et j'esquissais un sourire, hésitant à l'embrasser pour faire durer ce petit jeu. " Si tu as envie de sortir ce soir, on peut aller dans un bar lesbien. On sera tranquille. Remarques, on peut aussi rester ici... Mais j'ai bien peur que nous n'ayons rien à manger pour demain matin... " Le mot lesbien m'arrêta et je fis ma pression plus légère, allant jusqu'à même desserrer légèrement nos doigts entremêlés rien qu'à l'évocation du terme. Je n'étais pas prête et cette pensée me rappela que je n'étais peut-être pas vraiment prête à assumer ce genre de choses, pas au regard de moi même car je ne niais pas l'évidence ni les choses qui se passaient, mais au regard des autres. Certains étaient observateurs ou perspicaces, de simples regards pouvaient aboutir à la conclusion pour certains et je ne supportais pas que l'on puisse m'apparenter au mot gay. J'aimais mon statut de pom-pom girl, pourquoi me défaire de la vie facile, de l'argent, de la popularité... même si ces choses futiles ne m'intéressaient pas plus que ça, elles contribuaient à créer quelque chose, un semblant de vie, un semblant de désir et de choses auxquelles je me raccrochais quand je me rappelais à quel point ma vie pouvait être vide.

« Je préfère t'avoir à moi seule ce soir. » Dis-je en lui lançant un regard timide. « On sera mieux dans ma chambre. » Ajoutais-je en me redressant lentement et manquant de tomber suite à un vertige. De peur de sentir ma tête se déboiter de mon corps, je me la tins avant de gémir. « Je devrais y aller... moins vite. » Je laissais échapper un rire avant de me rassoir quelques secondes et de lui adresser un sourire, comme pour la rassurer. Je savais ma compagne protectrice et ne souhaitait pas lui infliger la peine de s'inquiéter pour moi, je m'étais probablement et juste levée trop rapidement. Pas de quoi fouetter un chat. Je la dévisageais le temps de lui faire comprendre que ce n'était rien, comme pour la persuader en m'approchant d'elle. Pour une fois, je pris sur moi pour faire un effort et cédais à la tentation d'approcher mes lèvres des siennes pour lui déposer un baiser tendre, amoureux avant de lui tendre ma main pour l'emmener avec moi dans ma chambre. Je décidais d'essayer et je ne savais pas si j'allais pouvoir m'y tenir, de ne pas me prendre la tête. Si nous déciderions de faire l'amour et bien nous ferions l'amour et si au contraire nous nous enlacerions et bien c'est ce qu'il se passera. Pour le moment j'étais d'humeur à me faire câliner et apprécier à nouveaux ses caresses et ses tendres baisers, sa manière de me prendre pour une poupée fragile et sentir ses lèvres chatouiller ma nuque et savoir ses baisers couvrir ma chevelure, attendant avec impatience qu'elles ne s'attardent sur les miennes.