[HJ] Il n'y a pas d'ordres de posts, mais nous demandons de ne pas poster après chaque réponse, de sorte que chaque membre puisse prendre en compte les messages précédents et jouer à son tour. La séance est libre, il vous suffit d'arriver, à n'importe quel moment, de prendre une chaise et de venir vous assoir dans le cercle que nous avons formé. Isis Foundation : Un soutien pour tous.
NB : N'hésitez pas à poster plus court que moi, j'avais beaucoup de choses à dire ♥

Il était huit heures lorsque je franchis les portes d'Isis Foundation avec la ferme intention de rattraper les quelques jours de fermeture de la fondation. Une pile de documents s'amoncelaient sur mon bureau ainsi qu'un bon nombre de messages sur ma messagerie. La Tour de Contrôle avait appelé et laissé un message précisant que des humains infectés avaient étés découverts en plein usage de leurs facultés. Elle devait les prendre en charge et nous les amener en cas de problème ou de nécessité. Pour ma part, je n'avais pas été touchée par la pluie de météorites pour la bonne raison que j'avais pris des congés en Italie dans le but d'explorer le pays et de visiter Venise qui avait toujours exercé sur moi la plus grande des attractions. J'avais perdu un frère durant l'accident, touché de plein fouet par un météore, il n'avait pas survécut. C'est en réalisant que je ne pouvais me tourner vers aucune association compétente que je décidais de créer la mienne. Elle avait pour unique but d'apporter un soutient moral; j'avais immédiatement reçut une aide financière qui m'avait permis de développer le réseau et les moyens de communication. Néanmoins j'appris des visiteurs l'existence de ses dons. Je n'en fus pas le moindre du monde effrayée, plutôt intriguée et immédiatement s'était ouvert à moi la vie, pleine d'opportunités, de possibilités et réduisait à néant l'incapacité de l'Homme à faire de telles choses. Certaines victimes venaient dans mon bureau en pleurant, d'autres étaient déboussolées et paraissaient impossibles à aider. Mais depuis ce fameux jour; j'ai appris que ce mot n'avait plus aucun sens. Si les dons existaient, alors l'impossible devenait possible et le possible normal et donc le paranormal normal... La fondation s'était alors développée et nous avions cherchés par tous les moyens d'obtenir de véritables aides médicales, de véritables soutiens psychologiques; ainsi nous travaillions en collaboration avec des centres de réinsertion, des hôpitaux psychiatriques et des foyers pour ces jeunes gens. Isis Fondation avait embauché du personnel, quelques psychologues, des médecins pour les cas d'urgences (après avoir vu que l'un de nos patient, énervé s'enflammait le bras) qui servaient plus de conseillers médicaux et bien sûr des secrétaires. Toutefois avec ce qui passait en aide médicale (la plupart de nos patients refusaient qu'on les emmène à l'hôpital mais demandaient à être soignés sur place) et pour les programmes de réinsertion, les économies devenaient difficiles et nous manquions d'argent pour embaucher du personnel, ce manque se faisait ressentir. Notamment les jours ou nous devions aller sur le terrain et fermer les locaux car manque de personnel...

« Luthessa, tu es attendue. » Je levais le nez de l'écran d'ordinateur d'où pointait un bon nombre de messages non-lus. « Déjà ? » Répondis-je étonnée, regrettant de ne jamais avoir assez de temps pour tout faire et jonglant entre les activités pour ne rien oublier et surtout, ne rien bâcler. « Je les fais attendre ? » « Ça dépend, ils sont assez pour faire une séance collective ? » Demandais-je la tête baissée vers l'écran. « Je ne sais pas, pour l'instant non, mais ça risque de changer. » « Juste cinq minutes alors, il faut que je confirme un rendez-vous avec Aurora Freeman » « Très bien. » La porte était entrebâillée, j'entendais les paroles de mon assistante à travers celle-ci : « Bonjour à vous... » dit-elle avec son sourire habituel, je présume. « Tout d'abord... Bonne Année ! J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes. Madame Adams va vous recevoir très bientôt, je vous demanderai de bien vouloir rejoindre cette pièce et d'emmener une chaise si vous souhaitez rester. S'il s'agit d'un rendez-vous, je vous prends en charge tout de suite, pour toute autre question également car je suis adjointe au secrétariat et à l'accueil... qui est le même bureau. » Elle rit, soulignant le côté familier et chaleureux de la fondation. Elle avait le sens du contact et gérait très bien les choses. Elle n'oubliait jamais de préciser qu'ils pouvaient prendre rendez-vous, ce qui indiquait qu'on ne les jugeait pas s'ils préféraient parler seul à seul avec moi ou un autre conseiller. Nous avions bon nombre de visiteurs qui franchissaient le seuil et repartaient quelques minutes après, sans mot dire ou prétextant avoir oublié quelque chose, ce qu'on ne jugeait pas. Il n'est pas facile de se confier et encore moins à des inconnus et surtout lorsqu'il s'agit de choses aussi importantes que la perte d'un proche ou l'acquisition de dons.

Sortant de la pièce, je fermais le bureau, non pas par crainte d'être espionnée mais par peur des courants d'air. Les claquements de portes, les bruits parasites... toutes ses choses aussi futiles que banales devenaient un problème pour les patients ou visiteurs, en plus d'être timides ou nerveux, ce genre de bruit pouvait agacer et surtout accentuer la peur ou la réticence. J'avais tout vu. Un patient sur le point de se confier et... un claquement de porte qui le décida à repasser plus tard, ou jamais. Je ne l'avais pas revu depuis. Nous voulions que les visiteurs se sentent en confiance, en sécurité, ce qui pour la plupart relevait plutôt de l'impossible que du possible. Le hall et les bureaux étaient en vieux bois tandis que les pièces ou nous faisions des réunions ou séances étaient en moquette. Il y avait du chauffage, plus de chauffage que la température nécessaire dans une maison et bien que ce climat apportait à la chaleur de la fondation, il relevait plus du fait que les membres de la direction et moi, surtout moi, étions de grands frileux. De plus, les factures n'étaient difficiles à payer, local excepté. Le chauffage, l'électricité, l'eau... toutes les compagnies réduisaient nos frais par bonté et nous en profitions...

J'entrais alors dans la pièce, un large sourire aux lèvres, mes cheveux étaient attachés en un chignon lâche, je portais un pantalon de costume noir et de grandes chaussures à talons ainsi qu'une chemise blanche des plus simples. Rien dans mes vêtements n'indiquait que je dirigeais la fondation si ce n'est l'attitude des plus décontractée et avenante qui me différait de la plupart des patients souvent reclus dans un coin de la pièce. « Bonjour à tous, j'espère que vous avez passé de bonnes fêtes. Je suis Luthessa Adams et je serai à votre écoute durant cette séance. Je vous rappelle que vous pouvez partir à tout moment et revenir dès que bon vous semble. Vous pouvez également prendre un rendez-vous avec un conseiller. » Je leur adressai un sourire rassurant, du moins, je me voulais rassurante. « Je ne crois pas avoir vu l'un de vos visages alors je vais effectuer mon petit discours habituel et je m'excuse auprès des habitués qui ont déjà entendu et ré-entendu celui-ci. » Je ris. « Comme vous le savez, Isis Foundation est une association ayant pour but d'assurer la sensibilisation et l'appui aux personnes victimes de la pluie de météorite... nous en parlerons en détail un peu plus tard. Tout d'abord, mettez vous à l'aise, retirez vos manteaux, vos chaussures si vous le souhaitez ! » Ajoutais-je en suggérant l'idée. Il fallait absolument les détendre et peut-être leur arracher un sourire ou même un rire ! Ça commençait par ça la thérapie, se détendre et être en confiance. « Tenez, je vais les enlever ! » Je retirais mes escarpins, laissant apparaître mes pieds couverts par un collant fin. « Je propose de faire un tour de la salle. Chacun va se présenter, dites-nous simplement ce que vous aimez dans la vie et votre nom que ce soit le vrai ou non peu importe, il sera plus facile de nous interpeller par la suite, ah et j'oubliais, appelez-moi Tess' et tutoyez-moi, je ne crois pas être vraiment plus âgée que vous. » Je souris et et levais les mains en direction des quelques personnes afin d'en inciter une à se présenter. Je m'assis à mon tour en fermant le cercle qui s'était formé.

Je me tenais debout et immobile face à l'édifice de la fondation Isis. La dernière fois que j'étais venue ici, j'avais presque immédiatement fait demi-tour. Je n'avais pas eu le courage d'enter, de m'adresser à quelqu'un, de lui raconter mon histoire. Ils avaient beau être là pour aider, ce que j'avais en moi me terrifiait et je ne pouvais croire qu'on veuille m'accorder de l'attention, sachant la chose que j'étais devenue : Une espèce de monstre absorbeur de vitalité. Je ne sais ce qui aujourd'hui m'avait poussé à me trouver là. Je n'avais toujours pas confiance et ne pensais pas qu'Isis Foundation puisse m'apporter une aide quelconque. Peut-être étais-je venue chercher l'espoir, peut-être que je cherchais simplement à être rassurée. J'hésitais un long moment avant d'enter à l'intérieur de l'organisme. Je me dis qu'après tout, Isis avait été créé en soutien aux contaminés personnes touchées par la pluie de météorites, mais aussi à leur proche. Je n'avais aucunement l'attention de parler de moi. J'allais voir, c'est tout. C'était déjà un premier pas vers l'avant n'est-ce pas ? La dernière fois je faisais demi tour et aujourd'hui, j'entrais.

Je balayais le hall du regard, c'était plutôt grand et accueillant. Je ne savais pas réellement où me diriger et que faire - « Tout d'abord... Bonne Année ! J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes. Madame Adams va vous recevoir très bientôt, je vous demanderai de bien vouloir rejoindre cette pièce et d'emmener une chaise si vous souhaitez rester. S'il s'agit d'un rendez-vous, je vous prends en charge tout de suite, pour toute autre question également car je suis adjointe au secrétariat et à l'accueil... qui est le même bureau. » - Je m'approchais timidement du petit comité de personne, écoutant la jeune femme s'exprimer. J'hésitais de nouveau, devais-je partir maintenant où rejoindre cette pièce avec les autres ? Je n'eus pas vraiment le temps d'y réfléchir, car on m'incitait déjà à suivre le groupe. J'avais réussi à enter, autant rester et écouter. Personne ne pourrait me forcer à parler et si tel était le cas, je pouvais toujours m'enfuir ? J'essayais de me rassurer comme je le pouvais. Je me retrouvais donc dans une pièce de taille moyenne où le sol était recouvert de moquette.

Une jeune femme entrait dans la pièce, ses cheveux étaient relevés en chignon et elle portait un pantalon noir, ainsi qu'une chemise blanche. Une tenue plutôt classique. J'arrêtais mon regard sur la hauteur vertigineuse de ses talons. Il s'agissait certainement de la personne qui dirigeait l'association. Son sourire large sourire se voulait rassurant, mais je n'étais pas forcément très à l'aise. Si j'avais pu me transformer en petite souris et aller me cacher dans un trou, je l'aurais probablement fait. Plus j'y pensais et moins je me sentais à ma place - « Bonjour à tous, j'espère que vous avez passé de bonnes fêtes. Je suis Luthessa Adams et je serai à votre écoute durant cette séance. Je vous rappelle que vous pouvez partir à tout moment et revenir dès que bon vous semble. Vous pouvez également prendre un rendez-vous avec un conseiller. Je ne crois pas avoir vu l'un de vos visages alors je vais effectuer mon petit discours habituel et je m'excuse auprès des habitués qui ont déjà entendu et ré-entendu celui-ci. Comme vous le savez, Isis Foundation est une association ayant pour but d'assurer la sensibilisation et l'appui aux personnes victimes de la pluie de météorite... nous en parlerons en détail un peu plus tard. Tout d'abord, mettez vous à l'aise, retirez vos manteaux, vos chaussures si vous le souhaitez ! » - Au premier abord, Luthessa Adams, avait l'air d'être quelqu'un de plutôt sympathique et je remarquais qu'elle essayait de nous mettre à l'aise. Je lançais un coup d'oeil aux autres visiteurs qui n'avait pas l'air d'être en meilleur état que moi. Ce qui me rassurait, c'est de voir que je n'étais pas la seule dans mon cas. J'étais face à des gens qui semblaient aussi perdus les uns que les autres. Luthessa retira ses chaussures avec un sourire. J'en esquissais un faible à mon tour, mais ne bougeais pas de l'emplacement où je me trouvais. Je n'osais pas, tout comme je n'osais pas dire quoi que ce soit. Nous étions installés en cercle et cette vision me fit penser à une réunion pour les gens à problèmes. Comme les réunions pour anciens alcooliques ou drogués. Enfin, je suppose qu'étant donné ma situation, je suis une personne avec un problème. Je ne pouvais pas le nier. Un problème qui devenait de plus en plus dérangeant. J'avais de plus en plus de mal à supporter ma situation. Ce qui ces derniers temps, créait un certain mal être chez moi. J'étais triste et je crois que dans le fond, j'aurais aimé déballer tout ce que j'avais sur le coeur. Je gardais tout pour moi, parce que je pensais que l'on ne me comprendrait pas, mais finalement, je souhaitais trouver quelqu'un à qui je pourrais me confier et qui ne me jugerait pas, où qui ne se sauverait pas en courant - « Je propose de faire un tour de la salle. Chacun va se présenter, dites-nous simplement ce que vous aimez dans la vie et votre nom que ce soit le vrai ou non peu importe, il sera plus facile de nous interpeller par la suite, ah et j'oubliais, appelez-moi Tess' et tutoyez-moi, je ne crois pas être vraiment plus âgée que vous. » - Je sentais mon coeur faire des bons dans ma poitrine lorsqu'elle levait les mains en ma direction, afin d'inciter des personnes à parler. Je n'aimais pas beaucoup prendre la parole en publique comme ça et j'eus le sentiment que tous les regards se braquaient sur moi. Je décidais de diriger mon regard sur la moquette, afin de ne pas avoir à les affronté. Le silence s'était installé, tandis-ce que tout le monde attendait que la premier personne prenne la parole. Les gens près de moi ne semblaient pas plus décidés à commencer à se présenter. J'essayais de respirer doucement pour me calmer, espérant que mes palpitations cardiaques se calmeraient elles aussi. Chacun avait l'air d'attendre que l'un de nous prenne la parole - « Je... » - Cette fois-ci, les regards s'étaient vraiment braqués sur moi et j'essayais de me concentrer sur la fenêtre, les ignorant tous - « m'appelle Isabella... » - Je préférais ne pas évoquer mon véritable prénom, Isabella était le second - « J'étudie le... la littérature et depuis assez jeune je me passionne pour les livres, la lecture et l'écriture. Je suppose que mon choix d'études ne... n'est pas anodin. » - J'espèrerais ne pas avoir eu l'air trop ridicule, mais je n'avais pas trop bafouiller ce qui était un bon point. Seule ma voix tremblante et mon regard fuyant trahissaient mon malaise.

La réunion se déroula sans encombres, sans incident, ni pleurs, ni cris de haine; c'était bon signe. Ils étaient huit et je reconnaissais six d'entre eux. L'une m'interpella, la jeune étudiante en littérature. Nous nous dîmes tous au revoir et certains se dirigèrent à l'accueil pour prendre des rendez-vous. Je ne me pressais pas, remettant mes chaussures et me rappelant avoir des choses à faire pour l'après-midi. L'étudiante ne semblait ni pressée, ni particulièrement encline à rester ici, néanmoins, je désirais l'approcher pour lui parler, elle était timide ce qui était sûrement dû à sa première fois ici, ainsi, je voulais la rendre plus à l'aise et tenter une approche afin de mieux la connaître. Les préoccupations de chacun m'intéressait vivement et plus je connaissais des gens, plus j'étais en mesure de les aider. Je m'avançais donc vers la jeune étudiante qui semblait plus attendre que tout le monde parte avant de sortir que de rester pour discuter. « Isabella ? » Je lui adressais un sourire qui se voulait rassurant. « Je me permets de te tutoyer, j'espère que cela ne te déranges pas. » Dis-je en regardant la dernière personne partir. « Je voulais savoir si tu avais quelques minutes pour discuter. Je voudrais en apprendre un peu plus sur toi car, je suppose que tu n'as pas tout dit durant cette première réunion, ce qui est tout à fait normal, je te rassure ! » Je ris. J'avais l'habitude. Je sortis de la pièce, emboîtant le pas, persuadée que la jeune femme me suivait, ne serait-ce que pour entendre ce que j'avais à lui dire. « Tu aurais cinq minutes ? Mon bureau est juste là. » Lui dis-je en désignant la porte entre-ouverte, signe que je n'avais rien à cacher. Néanmoins je n'étais pas assez stupide pour laisser à la portée de tous des informations un peu plus confidentielles. Certaines choses se devaient de rester privé. J'étudiais depuis quelques temps une manière de brider les pouvoirs et d'ailleurs, je ne cherchais plus que des personnes pour l'expérimenter. Le hic c'est que même en présence de médecins et de chercheurs, ce n'était pas tout à fait légal car nous partions sur des calculs et des hypothèses... ce qui me contrariais un peu était le résultat car nous allions à l'aveuglette un peu comme 'à vos risques et périls' mais je ne pouvais pas rester de marbre devant la souffrance évidente de ceux qui recherchaient de l'aide en venant me voir ici... ainsi je devais rapidement trouver quelqu'un qui accepterait d'être mon premier 'cobaye' et je détestais ce terme, j'avais l'impression d'être une Cassidy Weasthon en puissance, qui me déplaisait franchement.

« J'ai confirmé pour Aurora, si tu pouvais contacter la tour et indiquer le lieu ce serait parfait. » Dis-je en m'adressant à ma ''secrétaire'', baissant tout de même d'un ton. J'avais confiance en les membres de Isis mais nous n'étions jamais trop prudents, de plus, personne n'avait besoin que je déballe mon carnet de rendez-vous devant tout le monde alors que certains tremblaient, stressaient assis sur les fauteuils. En attendant qu'Isabella confirme, je me dirigeais vers deux autres personnes. « Bonjour, je suis Luthessa Adams. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai dans mon bureau, n'hésitez pas, Andy, c'est bien ça ? Et toi ? Je me permets de te tutoyer, ce sera moins formel... » Je lui adressais un sourire bienveillant. « Carol. Contente que tu sois là Carol, quelqu'un viendra pour toi, il ne devrait plus tarder d'ailleurs... n'hésitez pas à vous servir en boissons chaudes là-bas, sur la petite table, il y a même des biscuits si vous avez un petit creux. Mettez-vous à l'aise. » Je me dirigeais vers le bureau et adressais un regard à l'étudiante, l'interrogeant du regard sur sa réponse.

Je n'avais rien dit de plus sur moi, mise à part ma petite présentation. J'avais laissé d'autres personnes s'exprimer, des gens qui semblaient plus à l'aise. Je n'étais pas prête à confier ce qui m'amenait ici devant tous ces inconnus. Alors, j'avais écouté. Il y avait parmi l'assemblée un homme qui était anéanti par la mort de sa femme. Chacune de ses paroles était capable de nous faire comprendre et ressentir sa tristesse. Il y avait aussi une femme qui avait avoué ne plus savoir quoi faire pour aider sa fille contaminée par la pluie de météorites. Ce cercle d'anonymes regroupaient des individus qui de près ou de loin avait été touché par le drame. La réunion se terminait et je me relevais lentement pour m'apprêter à quitter les lieux et rentrer chez moi. Je n'étais probablement pas prête à parler de mon histoire, à me confier. Il y avait toujours cette peur encrée en moi, cette crainte qu'on ne me comprenne pas et que mon pouvoir leur paraisse monstrueux. J'entendis une voix féminine m'interpeller « Isabella ». C'était le prénom avec lequel je m'étais présentée. Je me retournais pour faire face Luthessa qui s'était adressé à moi – « Je me permets de te tutoyer, j'espère que cela ne te déranges pas. Je voulais savoir si tu avais quelques minutes pour discuter. Je voudrais en apprendre un peu plus sur toi car, je suppose que tu n'as pas tout dit durant cette première réunion, ce qui est tout à fait normal, je te rassure ! » - dit t-elle avant de rire légèrement. Luthessa avait probablement un don pour mettre les gens à l'aise. Elle était l'opposé de Cassidy Weasthon qui était glaciale. Une froideur qui était visible sur son apparence physique, mais qui se manifestait par sa façon d'être. Luthessa était quant à elle chaleureuse, douce, rassurante, apaisante. Je me surprenais à songer qu'elle pourrait m'aider moi aussi. Il semblait que pour certains Isis Foundation avait été très bénéfique. La femme qui se tenait devant moi avait l'air digne de confiance. Une voix dans ma tête me disait d'y aller, de la suivre et de me confier vraiment... pas de mensonge de dire juste ce qui m'arrivait, de déballer ce que j'avais sur le coeur. Je ne pouvais plus supporter ce secret. C'était trop lourd à porter. Tout comme je ne pouvais continuer à vivre seule avec mon pouvoir. Charlotte avait raison. J'avais besoin d'aide. L'autre voix me disait de ne pas faire confiance, que toutes mes craintes concernant le fait qu'on ne puisse me comprendre étaient réelles. On ne pouvait pas me comprendre, vouloir m'aider et quand bien même on voudrait m'aider, je ne vois pas ce qu'on pourrait faire pour moi. Je fermais les yeux un instant et me décidais finalement de rejoindre le bureau de Luthessa. Il fallait que je réagisse. Quatre ans étaient passés et je ne voulais pas vivre une cinquième année ainsi. Ce n'était plus possible. Luthessa apparut dans le bureau et m'adressais un regard, voulant certainement connaître ma réponse - « En effet, j'ai pas tout dit... » - autant dire que je n'avait quasiment rien dit - « ... et je pense avoir un peu de temps devant moi. » - J'attendais qu'elle m'autorise à m'asseoir avant de prendre place sur la chaise installée devant son bureau. J'étais un peu nerveuse. Je n'avais pas l'habitude de ça, de parler de moi, surtout pas de parler de mon pouvoir, surtout pas à quelqu'un d'inconnu. Seulement, Luthessa savait me mettre à l'aise. Un simple sourire parvenait à me rassurer. Oui, cette femme m'encourageait vraiment à vouloir me confier à elle et à accepter de l'aider, à en demander même. Je l'observais, ne sachant pas trop par quoi commencer. Allais-je devoir commencer à parler, comme dans le cabinet d'un psy ? Allait t-elle me poser des questions sur ce qu'elle voulait savoir ? Je restais là, assise et silencieuse pendant plusieurs minutes.

« En effet, j'ai pas tout dit... et je pense avoir un peu de temps devant moi. » « Je t'en prie, assied-toi. » Dis-je, tout sourire aux lèvres avant de sortir de la pièce et de ramener un thermos de thé et quelques biscuits que je posais sur un bureau impeccablement rangé ou du moins étudia en cas d'un renversement de boisson. « Tu veux un thé ? Il est à la menthe. Je t'en prie, prends un biscuit si ils te donnent envie. Pour ma part, j'ai toujours une petite fringale à cette heure là. » Jouer sur la carte de la sincérité me permettait d'obtenir la confiance de mes membres. A l'inverse de Cassidy qui jouait sur la carte de la perfection, ma manière d'agir me mettait sur le même seuil que les autres, ce qui me rapprochait d'eux, en quelque sorte. Je bus quelques gorgées de mon thé et décidais de la mettre plus à l'aise. « Je ne vais pas te demander de t'allonger sur un divan pour me parler de ce qui t'amènes ici Isabela. Pour la bonne raison que nous n'avons pas de divan. » Ajoutais-je dans un sourire amusé. « Je ne vais bien sûr, pas de te demander de t'étendre, sauf si tu en as envie, je veux juste quelques formalités. Si tu désires laisser un numéro ou une adresse ou te joindre, tu le peux, mais en aucun cas nous t'obligerons à le faire. Ce que tu diras restera entre nous, au sein de la fondation, que ce soit clair. » Dis-je pour mettre les choses au clair. « Parles moi un peu de toi, quel âges as-tu ? C'est bien toi qui étudies la littérature ? Comment ça se passe ? » Dis-je sans mettre toutefois les pieds dans les plats, en restant douce et calme pour l'amener à se confier. Partons du plus général pour arriver au plus intime. Jaymee me semblait être une jeune demoiselle réservée, douce et très généreuse. Je me demandais bien ce qui l'amenait-là. Un deuil, des souvenirs douloureux ? Un don ? Notre politique n'était pas d'informer les curieux sur les mutations mystérieuses qui avaient eu lieu, ni même de confirmer qu'elles existaient réellement mais d'amener les victimes à parler d'elles mêmes sans les juger si elles arrivaient à cette conclusion. Néanmoins nous pouvions les amener dans cette direction avant de juger la réceptivité à cela. « Tu n'es pas obligée de répondre à mes questions tu sais. Si certaines te posent problème, fais-le moi savoir. Par contre, ne m'ignore pas, c'est une chose que je n'apprécie pas, dis-moi tout simplement si tu souhaites en passer certaines, tu n'auras pas à te justifier, je comprendrai. Mais je ne vais pas te blâmer si tu le fais. » Dis-je comme pour la rassurer. Je n'étais pas mauvaise, plutôt avenante mais je préférais mettre les points sur les i avant de commencer. J'ai toujours été ignorée durant mon enfance et c'est une chose qui à l'âge adulte m'a toujours insupporté, que l'on puisse m'ignorer. Ainsi, si mes questions la gênait, je préférais qu'elle me le dise clairement plutôt que de faire comme si elle n'avait pas entendu. Ce qui était probablement stupide mais je tenais à lui faire savoir que j'avais déjà connu ce genre de situations et que je n'étais pas psychologue. Je n'allais pas chercher le pourquoi du comment, juste l'écouter et l'aider si je le pouvais. Je refusais éventualité de ne pas réussir, d'être dans l'incapacité de le faire.

« Tu veux un thé ? Il est à la menthe. Je t'en prie, prends un biscuit si ils te donnent envie. Pour ma part, j'ai toujours une petite fringale à cette heure là. » - dit t-elle le sourire aux lèvres - « C'est gentil merci, mais je n'en ai pas envie pour le moment. » - dis-je d'une voix douce et timide. J'avais beaucoup trop de choses en tête et d'anxiété en moi pour pouvoir avaler quoi que ce soit - « Je ne vais pas te demander de t'allonger sur un divan pour me parler de ce qui t'amènes ici Isabela. Pour la bonne raison que nous n'avons pas de divan. » - Je laissais échapper un léger rire, ce qui m'étonnait moi-même. De toute évidence, Luthessa avait une bonne influence. Elle avait l'air d'être d'une grande gentillesse et en l'observant, en l'écoutant, il n'était pas étonnant qu'elle soit à l'origine de la fondation Isis. Elle était faite pour aider les autres et ça se voyait - « Je ne vais bien sûr, pas de te demander de t'étendre, sauf si tu en as envie, je veux juste quelques formalités. Si tu désires laisser un numéro ou une adresse ou te joindre, tu le peux, mais en aucun cas nous t'obligerons à le faire. Ce que tu diras restera entre nous, au sein de la fondation, que ce soit clair. » - j'aimais le fait qu'elle ne m'oblige à rien, ni à donner mes coordonné, ni à trop m'étendre. Cela avait un côté rassurant. J'avais le choix et elle ne me brusquait pas. Ce qu'il faut savoir sur moi, c'est que je ne suis pas quelqu'un qui me confie facilement. Il n'y a rien de plus difficile pour moi que de parler de choses qui me touchent de trop tôt. Ainsi, je n'avais jamais évoqué à qui que ce soit mon pouvoir et je m'étais très peu étendue sur mon amnésie à mes amis. Je prenais en compte ce que Luthessa m'avait dit, un sourire aux lèvres, je lui fis un signe de tête, comme pour lui signaler que j'avais compris - « Parles moi un peu de toi, quel âges as-tu ? C'est bien toi qui étudies la littérature ? Comment ça se passe ? » - me demanda t-elle, commençant par des questions plutôt simples. Quoi que la question sur mon âge était pour moi plus compliquée que pour les autres. J'ignorais qu'elle était ma véritable date de naissance, comme personne - moi y compris - ne savait rien sur moi. Je prenais néanmoins une année chaque mois de juillet. Ce n'était pas ma réelle date d'anniversaire, mais j'avais fini par m'y faire - « Tu n'es pas obligée de répondre à mes questions tu sais. Si certaines te posent problème, fais-le moi savoir. Par contre, ne m'ignore pas, c'est une chose que je n'apprécie pas, dis-moi tout simplement si tu souhaites en passer certaines, tu n'auras pas à te justifier, je comprendrai. Mais je ne vais pas te blâmer si tu le fais. » - Une nouvelle fois, j'acquiesçais, déclarant que j'étais d'accord avec ça. Il m'était arrivé d'ignorer des tas de questions par gêne, trouvant beaucoup plus facile de changer de sujet, de passer à autre chose. En fait, c'était réellement stupide. De plus, ce n'était pas correct d'ignorer la personne. Je n'appréciais pas qu'on le fasse avec moi - « J'ai vingt-et-un ans et oui, c'est bien moi qui étudie la littérature. Je crois que je m'en sors plutôt bien, disons que j'aime ce que j'étudie, donc ça aide... » - Je marquais une courte pause - « J'aimerais écrire des romans moi aussi ou aider de jeunes auteurs talentueux à faire connaître leurs oeuvres, afin que le "monde" puisse les lires. Mais, j'aime aussi le dessin. Ce sont mes deux façons de m'évader ou de retranscrire mes émotions à travers mes dessins ou mes écrits. » - Il y avait toujours une certaine lueur dans mes yeux lorsque je parlais de ce que j'aimais. C'est probablement cette passion qui m'aidait à rester debout. J'avais parfois l'impression de vivre un quotidien tellement sinistre, d'avoir beaucoup trop d'ennuis que l'écriture et le dessin étaient pour moi comme une sorte d'échappatoire à cela. Et puis à défaut d'avoir de la facilité à parler, j'avais de la facilité à écrire et dessiner - « Et heureusement que j'ai au moins ces deux choses-là... » - Ajoutais-je, le regard soudainement triste. Que me restais t-il sans mes passions ? Juste une vie où je suis incapable de toucher qui que ce soit sans qu'il fasse un malaise, juste une vie où je ne sais même pas qui je suis réellement - « ... Donc oui, du côté des études ça se passe plutôt bien... heureusement... » - C'est la seule chose que j'arrivais à maîtriser.

« J'ai vingt-et-un ans et oui, c'est bien moi qui étudie la littérature. Je crois que je m'en sors plutôt bien, disons que j'aime ce que j'étudie, donc ça aide... J'aimerais écrire des romans moi aussi ou aider de jeunes auteurs talentueux à faire connaître leurs œuvres, afin que le "monde" puisse les lires. Mais, j'aime aussi le dessin. Ce sont mes deux façons de m'évader ou de retranscrire mes émotions à travers mes dessins ou mes écrits. » « C'est très honorable à toi de vouloir contribuer au succès d'un autre. Et bien je n'ai qu'une chose à te dire : lances-toi, si c'est vraiment ce que tu aimes. » Le dessin, l'écriture... deux activités que j'enviais aux jeunes. Jaymee semblait être une jeune femme très équilibrée, très naturelle, égale à elle-même, ainsi je me demandais ce qui pouvait bien l'amener à venir à la fondation. Lorsqu'elle parlait de ses passions, je pouvais distinguer une lueur dans ses yeux, une surbrillance expressive qui me montrait à quel point elle aimait ça, ce qui semblait être vraiment important pour elle. « Et heureusement que j'ai au moins ces deux choses-là ... Donc oui, du côté des études ça se passe plutôt bien... heureusement... » Je décelais une certaine tristesse et immédiatement je m'interrogeais sur le sens de ses mots. N'avait-elle rien d'autre dans sa vie que ses études ? Était-ce le semblant de vie qu'elle avait ? Qu'elle possédait ? Sa vie n'était-elle qu'un monceau de ruines ? « Tu veux en parler ? » Demandais-je avec douceur. De ses problèmes, s'entend. Elle savait que je ne parlais pas nécessairement de ses études mais de ce qui causait un tel regard de sa part à l'évocation des deux seules choses qu'elle avait dans sa vie. Comme pour l'inciter à parler, je poursuivais mes questions. « Tu vis seule ou avec tes parents, de la famille ? Si oui, tout se passe bien à la maison ? » Dis-je en buvant une gorgée de thé comme pour lui montrer que je n'étais pas 'au taquet' et que je n'attendais pas obligatoirement une réponse. « Tu as un petit ami ? Des amis ? » Demandais-je poliment non pas par curiosité mais pour voir si elle n'avait pas de problème affectif ni à se lier aux autres afin de voir si je pouvais l'orienter plutôt vers un psychologue plutôt que par les soins que l'on procurait à la fondation. Je ne refusais jamais l'aide d'un membre mais parfois il était plus raisonnable de conduire une personne vers un soin médical. Les réunions de groupes pouvaient aider, tout comme venir me parler ou parler à d'autres intervenants... Mais s'il s'agissait de troubles émotionnels, je ne me jugeais pas assez experte dans le domaine pour aider comme il se doit une personne souffrante. Bien sûr je n'imposerai jamais à personne d'aller voir un spécialiste si cette personne désirait se confier entre les murs d'Isis.

« C'est très honorable à toi de vouloir contribuer au succès d'un autre. Et bien je n'ai qu'une chose à te dire : lances-toi, si c'est vraiment ce que tu aimes. » - Oui, c'était une chose qui me tenait réellement à coeur et peut-être la seule à laquelle je pouvais me rattacher ? L'écriture et le dessin me permettaient de me projeter ailleurs que dans mes soucis actuels. De plus, c'était deux matières dans lesquelles j'excellais. Bien sûr, j'avais des facilités dans bien d'autres domaines, comme l'informatique, la technologie ou les sciences mathématiques. Seulement ce que j'aimais, c'était l'art. Luthessa était attentive à chacune des paroles que je pouvais prononcer, aussi, elle décela très vite cette pointe de tristesse qui était venu m'envahir, qui se lisait dans mon regard. Il y'a des moments où quand je pensais à mon quotidien, je me sentais tellement triste. Je manque de confiance en moi et je suis souvent négative. Il y'a ces jours où je me dis que vraiment, je ne m'en sortirais jamais, que je ne peux pas me battre - « Tu veux en parler ? » - me dit t-elle sentant bien que derrière ses yeux tristes, il y avait quelque chose - « Tu vis seule ou avec tes parents, de la famille ? Si oui, tout se passe bien à la maison ? » - Luthessa avait l'air de penser que le problème se situait au niveau de mes relations avec les autres, mais ce n'était pas cela. Enfin, j'avais sûrement aussi des problèmes de relationnel, car depuis que j'avais mon pouvoir, je m'étais renfermé sur moi-même. Je n'étais pas seule, j'étais entourée, mais parfois je me sentais tellement seule. Je savais que ma famille et mes amis me rejetteraient... du moins, je le craignais. Peut-être ne le faisais-je pas assez confiance finalement ? Peut-être n'étais-ce pas si terrible que cela et qu'ils le prendraient bien - « Tu as un petit ami ? Des amis ? » - Ajoutait t-elle. La question petit ami est celle qui me posait un petit problème en ce moment. J'avais des sentiments pour un homme, alors que je savais pertinemment qu'il aurait été plus raisonnable d'y renoncer. Pourtant, je ne le voulais pas. Je répondais après avoir passé un moment dans mes pensées - « Je... Je vis avec mes parents qui sont des gens extraordinaires, j'ai vraiment eux de la chance de tomber sur eux. Tout se passe bien, j'ai de quoi être comblée. Je suis aussi entourée de quelques personnes formidables qui sont mes amis... ils sont peu, mais on dit bien que les vrais amis se compte sur les doigt d'une main ? En fait, le problème ce n'est pas les gens qui m'entourent, c'est moi... » - Je baissais la tête un instant. Pourrais-je aller au but ? Serais-je capable d'avouer la raison de ma visite ici et quel était mon problème - « Disons que... tout a basculé après la pluie de météorites. Et si je dis que l'écriture et le dessin sont pour moi comme une échappatoire, c'est parce que quand je me concentre sur ça et sur mes études, je ne me pose pas un tas de questions sur ce qui m'arrive. » - Je relevais la tête pour faire face à Luthessa. Finalement, parler de cela à une inconnue était plus facile que je ne l'aurais imaginé, peut-être même plus que d'avouer cela à un de mes proches. Luthessa était bien là pour aider les gens comme moi ? Si il y avait quelqu'un qui pouvait me comprendre c'était elle et je commençais à me sentir plus en confiance.

« Je... Je vis avec mes parents qui sont des gens extraordinaires, j'ai vraiment eux de la chance de tomber sur eux. Tout se passe bien, j'ai de quoi être comblée. Je suis aussi entourée de quelques personnes formidables qui sont mes amis... ils sont peu, mais on dit bien que les vrais amis se compte sur les doigt d'une main ? En fait, le problème ce n'est pas les gens qui m'entourent, c'est moi... » « Oui, et bien c'est déjà ça si tu peux compter sur tes proches. Ah. Je t'écoute. » Malgré tout, je commençais à voir clair dans son problème. S'il ne s'agissait pas de ses proches mais d'elle, il y avait 60% de chance qu'il s'agisse du développement d'une capacité. Je ne laissais tomber personne et faisait tout mon possible pour aider mais je regrettais le jour ou je ne pourrais pas le faire dans la mesure ou un don serait impossible à gérer et j'espérais qu'il ne s'agisse pas d'elle car malgré tout, elle ne semblait ni être une femme à problème ni très forte. Elle paraissait assez sensible et plus les gens sont sensibles, plus ils sont sujets à des problèmes de contrôle de leurs dons. Je lui prêtais une oreille attentive. « Disons que... tout a basculé après la pluie de météorites. Et si je dis que l'écriture et le dessin sont pour moi comme une échappatoire, c'est parce que quand je me concentre sur ça et sur mes études, je ne me pose pas un tas de questions sur ce qui m'arrive. » « Quoi qu'il ai put se passer après la pluie de météorites, sache que tu n'es pas seule et que nous sommes là pour t'aider. Mais ou veux-tu en venir exactement ? » Je n'osais pas lui parler de dons, de peur qu'elle prenne peur ou bien même dans la mesure ou j'avais fais fausse route. Ils existaient mais notre but n'était pas de répondre aux questions que se posaient la population : les dons existent-ils réellement ? La plupart des citoyens se cachaient et ils avaient bien raison. Quant aux cavaliers noirs, ils étaient la pire erreur que l'on pouvait imaginer. Se servant de leurs facultés pour semer le trouble et satisfaire leurs désirs, je n'imaginais pas pire utilisation de ce que les météorites avaient fait à leurs métabolismes. « Parles-tu d'une chose que tu ne peux pas contrôler, que tu n'as jamais découvert avant cela ? » Dis-je en soutenant son regard, comme pour l'amener dans ma direction avant de savoir si oui ou non il s'agissait d'un quelconque don. « Je ne vais pas te juger, d'accord. Mais il faut que tu me dises la vérité Isabella. Quand tu te sentiras prête car je, nous pouvons t'aider, vraiment. » Nous avions dut faire face à tellement de situations que malgré ma hantise de ne pouvoir survenir à un nécessiteux, j'étais à 80% sûr de ne pas être étonnée de la situation, ni déphasée. Les plus difficiles à aider étaient ceux qui pouvaient contrôler des éléments comme l'électricité, l'eau, le feu. Fort heureusement je n'avais pas eu droit à une inondation dans mon bureau, juste à une coupure de courant et à une corbeille de papier enflammée. Cela aurait put être pire bien que nous avions dut mettre toutes nos économies pour réparer l'électricité et qu'encore aujourd'hui, nous souffrions des sommes versées. « Prends un gâteau. » Finis-je par dire. « Vraiment, ça te feras du bien. » Dis-je pour la rassurer, la forcer à manger quelque chose. Le stress, la peur, l'angoisse, toutes ses choses anodines pouvaient l'amener à avoir une chute de tensions, et manger éviterait peut-être une quelconque crise de larmes. Je n'avais rien contre les larmes et pensais que cela faisait du bien de pleurer, néanmoins comme premier rendez-vous, je préférais l'éviter afin que les personnes qui viennent me voir ne décident pas de ne plus revenir.

Les paroles que j'avais prononcées poussaient Luthessa à s'interroger sur mon cas. Alors qu'elle me posait de nouvelles questions, qu'elle voulait en savoir plus, j'hésitais. Encore une fois, je me demandais si c'était une bonne chose de tout lui dire. Elle semblait compréhensive et digne de confiance et je lisais dans ses yeux le désir d'aider. Elle transmettait de bonnes ondes qui ne pouvaient faire douté de sa bonté. C'était une personne au bon coeur, gentille et altruiste. Croiser sur le chemin une personne aussi bonne et généreuse, c'est un peu comme... trouver une licorne. Ce que je veux dire, c'est que les gens comme elle sont rares. Tout comme l'étaient mes parents. Ce n'est pas tout le monde qui se dévoue corps et âme pour aider autrui, pas en 2011, pas dans notre société. Bref. Si j'hésitais finalement à parler, c'est que bien qu'elle veuille sincèrement m'aider, j'avais peur qu'elle ne sache comment le faire. Je ne savais pas si elle avait déjà eu un cas semblable au mien avec un pouvoir similaire - « Je vous assure, je serais incapable d'avaler quoi que ce soit, mais merci » - répondis-je lorsqu'elle me proposa de nouveau des biscuits. Je la vouvoyats, je n'osais pas la tutoyer même si elle le faisait. J'avais le regard fuyant, incapable de la fixer, c'était trop difficile de la fixer tout en passant aux aveux - « Je... je ne sais pas si je vais arriver à... à parler. » - avouais-je - « C'est... c'est difficile. » - Je laissais passer plusieurs minutes de silence. Comment pouvais-je expliquer les choses pour que sa paraisse le moins horrible possible ? J'espérais réussir à contenir mon émotion. Le sujet était sensible et je savais que je pourrais fondre en larmes rien qu'en l'évoquant. Je restais silencieux encore un moment, pendant de longues minutes, dispersant mon regard. Le temps me parut interminable. Enfin, je pris une profonde respiration avant de commencer : « Je... oui, j'ai été touchée par la pluie de météorites et depuis... depuis c'est comme si mon existence était devenue une malédiction. J'ai... j'ai bien essayé de comprendre et de maîtriser ce... cette chose au début, mais je n'ai aucun contrôle là-dessus. » - dis-je avec émotion. Je réussis à lever les yeux vers Luthessa qui avait l'air attentive à ce que j'étais entrain de dire - « Ce que j'ai reçu est loin d'être un don, tout ce que je veux c'est que les choses redeviennent comme avant. Je veux juste... juste être normale. » - Je marquais une nouvelle pause - « En quatre ans, je n'ai même pas réussi à contrôler ce pouvoir... et j'ai peur que ça n'arrive jamais... et qu'est-ce que je vais faire si les choses ne s'arrangent pas ? Je ne peux pas continuer à vivre comme ça, je ne peux plus. C'est trop dur... » - L'émotion me gagnait davantage et je sentais une boule se former dans ma gorge. Mes yeux s'étaient mis à briller, mais je retenais mes larmes - « J'ai aussi peur que vous ne puissiez rien pour moi, c'est pour ça que j'ai mis autant de temps à venir ici. Je ne sais franchement pas si c'était une bonne idée... mais je réalise qu'il me faut de l'aide et que je peux plus vivre ça toute seule... » - Derechef, je pris une longue respiration. J'essayais de me calmer. J'avais difficulté à m'exprimer avec cette boule dans ma gorge.

« Je vous assure, je serais incapable d'avaler quoi que ce soit, mais merci. » « Comme tu voudras. » Répondis-je doucement alors qu'elle fuyait mon regard, nerveuse. « Je... je ne sais pas si je vais arriver à... à parler. C'est... c'est difficile. » Je ris légèrement et terminais dans un sourire bienveillant en expirant fortement, de manière à lui montrer qu'elle n'avait pas besoin d'être nerveuse, qu'elle devait se détendre, qu'elle était entre de bonnes mains -les nôtres- et qu'elle pouvait se confier, me faire confiance. Elle continua son silence entre quelques minutes avant de prendre une profonde inspiration avant de commencer. « Je... oui, j'ai été touchée par la pluie de météorites et depuis... depuis c'est comme si mon existence était devenue une malédiction. J'ai... j'ai bien essayé de comprendre et de maîtriser ce... cette chose au début, mais je n'ai aucun contrôle là-dessus. » J'avais dès lors la réponse à mes interrogations. Jaymee était bel et bien une infectée et rien ne pouvait changer cela, je devais me dépêcher de mettre au point ce remède. Sa voix était pleine d'émotions et je supposais qu'elle pouvait fondre en larmes à n'importe quel instant, ainsi je poussais les mouchoirs dans sa direction en lui montrant qu'elle pouvait très bien s'en servir ci-besoin sans la mettre devant le fait accompli, ce qui aurait été un manque cruel de tact. « Ce que j'ai reçu est loin d'être un don, tout ce que je veux c'est que les choses redeviennent comme avant. Je veux juste... juste être normale. En quatre ans, je n'ai même pas réussi à contrôler ce pouvoir... et j'ai peur que ça n'arrive jamais... et qu'est-ce que je vais faire si les choses ne s'arrangent pas ? Je ne peux pas continuer à vivre comme ça, je ne peux plus. C'est trop dur... » Je croisais son regard et fus touchée par la brillance de ses yeux, sentant sa voix faiblir sous le poids de ses émotions. « J'ai aussi peur que vous ne puissiez rien pour moi, c'est pour ça que j'ai mis autant de temps à venir ici. Je ne sais franchement pas si c'était une bonne idée... mais je réalise qu'il me faut de l'aide et que je peux plus vivre ça toute seule... » Sa voix se coupa alors et je décidais de prendre le relais, de sorte de lui répondre et de lui éviter d'être embarrassée par des larmes que je jugeais on ne peut plus naturel. « Tu as bien fait Isabella. Tu es normale, retiens ça, nul ne peut te dire que tu ne l'es pas, gardes bien ça en tête. » Je cherchais son regard et posais les bases, sérieuse, bienveillante. « Je ne te promets pas que les choses vont s'arranger, en revanche, je te promets que la fondation va tout faire pour t'aider avec ça... » Je décidais volontairement de ne pas lui parler de mon idée de brider les pouvoirs afin de ne pas lui donner de faux espoirs car ce n'était pas prêt et pouvait ne jamais l'être. « Tu n'es désormais plus seule. Nous sommes comme... une grande famille, nous t'apporterons le soutient moral dont tu as besoin et pouvons essayer de t'aider dans la maitrise de ce don. Ne considère jamais qu'il est une malédiction, vraiment, c'est ce qui peut empêcher son contrôle. » Dis-je, sincère en posant carte sur table. « Certains d'entre nous peuvent t'aider car eux aussi possèdent des facultés. Nous avons aussi des médecins qui peuvent t'apporter un soutient médical... Mais d'abord et excuse-moi, je vais devoir te poser une question précise. Quel est le genre de 'don' que tu possèdes ? » Je n'étais pas nécessairement curieuse mais dès lors que j'avais eu vent de son don, j'étais comme obligée de le savoir pour lui fournir un suivi adapté et une aide spécifique. Isabella semblait perdue, nerveuse, et à la fois désespérée, j'espérais l'aider.

J'attrapais un mouchoir et tentais de calmer mes larmes. J'avais peur qu'elle me trouve trop émotive ou que mes pleurnicheries l'agace. Cette crainte était stupide. Luthessa était là pour aider les personnes comme moi. C'était quelqu'un d'attentif et compréhensive. Je croisais de nouveau son regard, regard dans lequel je voyais plus de compassion que de pitié ou d'agacement. Elle avait même l'air ému par mes larmes. Ce n'est que lorsque j'eus fini de parler qu'elle reprit la parole : « Tu as bien fait Isabella. Tu es normale, retiens ça, nul ne peut te dire que tu ne l'es pas, gardes bien ça en tête. Je ne te promets pas que les choses vont s'arranger, en revanche, je te promets que la fondation va tout faire pour t'aider avec ça... Tu n'es désormais plus seule. Nous sommes comme... une grande famille, nous t'apporterons le soutient moral dont tu as besoin et pouvons essayer de t'aider dans la maitrise de ce don. Ne considère jamais qu'il est une malédiction, vraiment, c'est ce qui peut empêcher son contrôle. Certains d'entre nous peuvent t'aider car eux aussi possèdent des facultés. Nous avons aussi des médecins qui peuvent t'apporter un soutient médical... Mais d'abord et excuse-moi, je vais devoir te poser une question précise. Quel est le genre de 'don' que tu possèdes ? » - De nouveau, elle me rassurait de son air sincère et bienveillant. Et puis vint la question redoutée. Quand je le lui dirais, Luthessa comprendrait certainement pourquoi je parlais de ma malédiction et non de mon don. Est-ce que quelqu'un voudrait vraiment prendre le risque de s'occuper de mon cas ? Etais-ce bien vrai que je n'étais plus seule ? Je ne voulais pas être seule, porter cela seule. Je ne réalisais que maintenant qu'on ne peut pas toujours se débrouiller seul et s'enfermer dans la solitude. J'inspirais et expirait un bon coup avant de répondre à sa question. J'avais déjà lui avait déjà avoué une bonne partie des choses, mais cette partie restait sans aucun doute la plus compliquée. Je fermais les yeux une seconde puis me lançait non sans émotion : « Je crois qu'on peut appeler ça absorption vitale. Je ne peux toucher personne, car si je le fais, je prends l'énergie de cette personne... vous imaginez donc ce qui peut arriver si il arrivait que je prenne toute l'énergie vitale d'une personne. » - La mort pensais-je - « ...Ce n'est pas arrivé jusque là, mais je sais que ça pourrait arriver... je ne veux pas être ce monstre. Je ne veux pas faire du mal à ceux que j'aime, ni à quiconque. Et c'est tellement dur de vivre avec ça. Je dois toujours garder mes distances avec les gens. Mes gestes doivent être précis et calculer. Il faut sans cesse que je fasse attention. » - Je marquais une courte pause, les yeux toujours brillants, mais les larmes avaient cessé de couler - « J'aimerais être en mesure de toucher les gens. Une simple poignée de main, une étreinte, un baisé. Ces choses que tout le monde peut faire. Je veux... que tout redevienne normal. »

« Je crois qu'on peut appeler ça absorption vitale. Je ne peux toucher personne, car si je le fais, je prends l'énergie de cette personne... vous imaginez donc ce qui peut arriver si il arrivait que je prenne toute l'énergie vitale d'une personne. » Elle avait prononcé cette phrase, non sans-émotion, me signifiant implicitement qu'il s'agissait pour elle plus d'un fardeau que d'un don. Ma déontologie m'empêchait de pleurer, de me montrer trop touchée mais il m'était difficile d'agir comme un médiateur détaché et je dépassais certaines limites. Néanmoins sans pleurer, je sentis ma bouche se plisser, profondément touchée par ce qu'elle me racontait. « ...Ce n'est pas arrivé jusque là, mais je sais que ça pourrait arriver... je ne veux pas être ce monstre. Je ne veux pas faire du mal à ceux que j'aime, ni à quiconque. Et c'est tellement dur de vivre avec ça. Je dois toujours garder mes distances avec les gens. Mes gestes doivent être précis et calculer. Il faut sans cesse que je fasse attention. » Je comprenais tout à fait ce qu'elle me confiait car j'avais eu le récit des deux victimes. Ceux qui subissaient malheureusement, et ceux qui agissaient sans pouvoir se contrôler. Elle n'avait pas l'air d'être une mauvaise personne et c'est ce qui me fendit le cœur. Je me demandais alors comment l'aider et si j'en avais les moyens mais cette question me perturba assez pour me remettre entièrement en question.

Les yeux de l'étudiante étaient brillants, néanmoins elle s'était arrêtée de pleurer, ce qui semblait être -à priori- un soulagement pour nous deux. « J'aimerais être en mesure de toucher les gens. Une simple poignée de main, une étreinte, un baisé. Ces choses que tout le monde peut faire. Je veux... que tout redevienne normal. » « Et il est tout à fait légitime de le vouloir, Isabella. » Je ne pouvais ni lui promettre un résultat, ni réussir à l'aider et c'était le plus dur car moi-même, je ne savais pas si je pouvais réellement l'aider et je me souvenais que certaines victimes avaient fini par mettre un terme à leurs jours, devant le peu de résultats. Néanmoins, je ne tolèrerai pas qu'un autre drame se produise. « Pour le moment, je préfère être sincère. Je pense que tu devras apprendre à maitriser ton pouvoir, nous ne possédons pas les technologies nécessaires pour le brider. Nous ne savons même pas si cela peut se faire, mais nous y travaillons activement, je te tiendrai personnellement au courant de l'avancée de nos recherches, sois en sûr. » La seule chose que je pouvais faire était de lui offrir un de mes éternels sourires, malheureusement. « Tu as bien fait de venir ici. Nous garderons tes confidences entre ses murs. Chacun d'entre nous peut t'apporter une aide, à la hauteur de nos capacités. En ce qui me concerne, je suis à ton écoute. Passe un coup de fil pour me parler, n'hésites pas. Ou prends un rendez-vous, nous sommes un peu occupés pour le moment... mais nous arriverons à nous revoir. » Dis-je en entendant l'interphone sonner. Ma secrétaire me signalait que mon prochain rendez-vous m'attendait de l'autre côté de la pièce. « Dès que tu as besoin, tu sais ou aller. » Je lui adressais un dernier sourire, me levant et me dirigeant vers la porte. « Tu peux rester ici cinq minutes, si tu veux. » Lui dis-je, voulant sous-entendre qu'elle pouvait se calmer à l'abri des regards avant d'affronter le dehors.