J'avais déposé une annonce : demande de colocataire à l'université, y laissant mon numéro personnel. L'appartement trouvé n'était pas très grand mais disposait de beaucoup de rangement et d'espaces clairs et spacieux de part leur agencement. Le loyer était abordable mais nécessitait la présence d'un colocataire. D'un côté, ça n'avait pas d'importance parce que ma tante prenait tout en charge et approvisionnait mon compte de belles sommes mais de l'autre, je ne me sentais pas tout à fait indépendante parce que, certes, je vivrai comme bon me semble et sans l'autorité d'un tuteur ou de parents mais je ne prenais rien en charge si ce n'est la bonne conduite et le respect des locaux. Cependant, me retrouver seule avec un colocataire m'excitait, c'était la première fois.

Je reçut plusieurs appels et y éliminais les indésirables ou les farceurs; une jeune femme retint mon attention, elle s'appelait Maxime Cohen et semblait pressée de trouver un logement. Je n'avais pas hésité une seconde, certes naïve, j'acceptais sans précédent et nous donna rendez-vous pour signer les papiers sans m'informer d'une quelconque habitude fâcheuse ou de son mode vie. Si elle voulait manger par terre et faire sa prière face à la fenêtre tous les soirs, c'était son choix. De toute manière, l'appartement ne me servait pas vraiment à vivre, il faisait office d'hôtel et de restauration quand je dédaignais rester chez moi. Néanmoins c'est avec une certaine appréhension que j'attendis le jour de notre emménagement commun. Nous avions signés les papiers mais j'avais écourté la rencontre, prétextant un empêchement. Maxime était... blonde. Très blonde, physiquement s'entend. Elle n'était pas franchement loquace et semblait aussi pressée que moi de signer le bail. Toutefois je notais certains atouts physiques qui m'avait plut et me rappelait que je ne devais rien tenter parce qu'étant ma colocataire et étudiante à l'université, elle pouvait le dire à quelqu'un... et inutile de le démentir ce n'était désormais plus une inconnue, c'était ma colocataire. Personne ne devait savoir pour ma bisexualité, Jessica était bien au courant mais elle n'était pas du genre bavarde ou populaire, aucun risque donc.

L'appartement était meublé d'origine mais le propriétaire avait accepté certaines modifications de ma tante, effarée de me voir vivre dans cet appartement mal conçu dont la décoration restait à faire. Elle avait donc grassement payé de nouveaux meubles contemporains et sobres -j'avais précisé que le genre devait être sobre et couleurs passe partout en raison de ma co-habitation avec une autre jeune femme et avais précisé à quel point j'étais excitée à ce sujet -ce sur quoi elle m'avait répondu- : « La co-habitation n'est pas une constante soirée pijama. » Elle avait ensuite noté sur son calepin quelque chose et avait filé en direction de Livingscorp ou elle travaillait. Elle avait également acheté un four, un micro-onde, bref tout le nécessaire, oubliant certainement que je ne cuisinais pas et que je ne savais pas différencier un produit d'entretien pour le sol d'un produit pour les vitres (quand ce n'est pas indiqué explicitement sur la boîte). Cela étant, je déballais mes affaires et accrochais quelques cadres au mur de ma chambre, desquelles pointaient des amis, me souriant et avec lesquelles nous rimes sur les photographies. Cela faisait très superficiel, comme moi en fait... m'asseyant sur le lit, je tombais sur une photo de Jessica et moi au bord de la piscine de ma tante, je soupirais.

Je devais sans cesse me rappeler la raison de mon départ afin de ne pas trop paniquer. Je me retrouvais seule, sans beaucoup d’argent, dans une ville que je ne connaissais pas et je devais à tout prix me trouver un logement. Il m’était possible de séjourner à l’hôtel quelque temps, mais je ne devais pas trop empiéter sur mes économies, n’aillant pas non plus de travail. C’est pour cette raison que j’avais passé les derniers jours à errer sur le campus à la recherche d’une annonce de colocation. J’avais beau avoir ma propre maison à Cardiff, je n’en avais plus les moyens ici. J’en trouvai vite une sur un tableau d’affichage non loin de l’entrée. Je n’avais pas osé m’aventurer plus loin, ne connaissant pas encore les lieux. Je lus rapidement la note qui m’informa de l’emplacement de l’appartement ainsi que du loyer. Pour ce que je connaissais de l’endroit, c’était plutôt bien situé et parfaitement dans mes moyens. En deux temps, trois mouvements, j’avais un rendez-vous avec Ambre, ma future colocataire.

Notre rencontre avait été très brève, juste le temps de signer les papiers et de convenir la date du déménagement. Le fait d’en connaître si peu sur la personne avec qui j’allais cohabiter était un peu intimidant, voir effrayant, mais c’était toujours mieux qu’à Cardiff. De plus, la jeune femme m’avait fait une très bonne première impression. Elle semblait soignée, sans paraître snob et elle était très souriante. Je savais pourtant que cela ne voulait rien dire et qu’elle pouvait cacher bien des choses.

C’est donc avec appréhension que je tournai ma nouvelle clé dans la serrure de la porte. Il me fallut ensuite plusieurs minutes afin de trouver une façon de la traverser, la valise étant trop grosse pour passer. Une fois de l’autre côté, je pus admirer l’aspect général des lieux. Les meubles étaient plutôt modernes et semblaient neufs. Les murs n’avaient pas de craques ou de trous apparents, ce qui était un bon point. Même la cuisinière semblait sortir directement du magasin. Moi qui adorais la cuisine, j’étais ravie. C’est donc le sourire aux lèvres que je m’empressai de tirer ma valise, à la recherche de ma chambre. Parcourant le couloir, j’aperçus une porte entrebâiller. Je donnais trois coups discrets sur la porte avant de glisser ma tête dans l’ouverture. Je vis tout de suite Ambre, assise sur son lit, regardant ce qui semblait être une photo. J’attendis l’autorisation d’entrer et poussai légèrement la porte.

_ Salut! Je vois que tu as déjà commencé à ranger tes choses... Est-ce que tu pourrais me dire où est ma chambre?

Spoiler:

[HJ] Désolé pour le retard !

J'entendis une clé s'insérer dans la serrure dans la porte et en déduisis que ma colocataire arrivait. Je n'étais nullement intimidée par la situation ni même par la jeune femme en question mais ressentais une certaine appréhension, moi aussi. Plus nerveuse à l'idée d'emménager tout court que d'entamer une collocation avec quelqu'un que je ne connaissais pas, il fallait reconnaître quelques avantages. Le loyer serait partagé ce qui, à priori ne poserait pas de problème puisque ma tante se chargeait des frais, nous allions à la même université et peut-être parfois pourrions nous faire du covoiturage ? Peut-être même me ramènerait-elle ivre, après une soirée arrosée au campus qui sait ? J'espérais réellement que nous devenions amie, elle me paraissait si sympathique que je ne voulais émettre l'hypothèse que je puisse me tromper sur son compte ou pire, qu'un échec me renvoie au visage ma naïveté.

Trois coups discrets à la porte me fis sursauter, je vis sa tête glisser dans l'embrasure de la porte et lui adressais immédiatement un large sourire, l'autorisant bien entendu à entrer avec de grands signes de la main. Salut! Je vois que tu as déjà commencé à ranger tes choses... Est-ce que tu pourrais me dire où est ma chambre? « Bien sûr, c'est celle qui est au fond du couloir, attends, je vais te montrer. » Elle aurait bien sûr et sans plan réussit à trouver la pièce mais je trouvais plus avenant de l'y conduire, en bonne colocataire et me proposais même pour porter sa valise. Je ne savais par ou commencer mais il fallait lui indiquer certaines choses à mon propos. « Je ne fais pas la cuisine, en fait, tout ce que je sais c'est faire c'est mettre des céréales dans un bol et y verser du lait. Je ne fais pas les courses, enfin... » Je ne voulais pas paraître trop précieuse mais c'était une tâche que je ne faisais jamais à la maison et chez ma tante, j'avais pris goût à l'assistance habituelle qu'offrait la vie chez elle. « Je pourrais les faire c'est juste que je n'ai pas l'habitude. Sinon... je ne suis pas souvent ici. Je dors ici, je prends mon déjeuner ici mais, je rentre pas le midi, ni l'après-midi sauf pour me changer et ne passe la soirée ici, en fait, je ne dors pas souvent disons que heu... ça pourrait peut-être changer vue que j'ai, enfin on a comme qui dirait notre chez-nous. » J'entrais dans la pièce vide dans laquelle séjournait les meubles les plus rudimentaires. M'asseyant sur le lit sans y être invitée et sans me préoccuper d'un quelconque désir de rester seul, j'ajoutais : « Par contre, je passe bien l'aspirateur. Enfin je crois. » Je ris nerveusement pour combler la fin de ma phrase. Je me sentis ridicule et me rendis compte que je n'étais vraiment pas habituée à la vie en autonomie, je me promis d'apprendre et de réfléchir à deux fois avant de paraître ridicule devant Maxime. « Donc c'est bien Maxime, c'est original... Je peux t'appeler Max ? » Il m'arrivait de ne plus être très cohérente ou de déblatérer des propos dénués d'intérêt lorsque je fus intimidée ou nerveuse... j'étais nerveuse, vraiment mais tentais de sembler impassible ce qui me donnais l'air idiote pour le coup.