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Rien à se mettre sous la dent ( Libre )

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MessageSujet: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptyMer 17 Nov 2010 - 7:13


    La matinée était déjà bien avancée et pourtant Sara traînait les pieds en plein milieu de Harvey Avenue. Elle était loin du stéréotype de la jeune femme stressée dans son tailleur et ses talons. A vrai dire, elle était beaucoup plus à l'aise dans une paire de baskets et puis, c'était ce qu'il y avait de mieux pour arpenter les rues de Wellington. En tant que bonne journaliste, elle était toujours à la recherche d'un sujet croustillant à se mettre sous la dent. Elle pensait que c'était en étant sur le terrain qu'elle le trouverait et non pas enfermée dans un bureau. Le seul problème, c'est que bien qu'elle alimentait une certaine polémique au sujet des mutants et donc, qu'elle faisait vendre, son rédacteur en chef lui avait demandé de varier un peu ses sujets. Mais depuis la pluie de météorites, plus rien ne semblait avoir autant d'importance que les mystérieux pouvoirs développés par une partie de la population. Alors, en attendant de trouver sa nouvelle source d'inspiration parmi les habitants de Wellington, la jeune femme errait sans but. La jeune femme s'arrêta devant la vitrine d'une boulangerie où une personne âgée achetait son pain.

    " Bienvenue à Wellington, une ville paisible où il fait bon passer ses vieux jours. Il y a deux catégories d'habitants : les mutants et les gens normaux. Si vous appartenez à la deuxième catégorie, vous êtes à la merci des premiers même si personne n'ose l'avouer. Ici Sara Hawkins, reporter enquêtrice à votre service. "


    Pathétique. Son rédacteur n'apprécierait certainement pas son humour encore une fois. Haussant les épaules, la jeune femme décida qu'elle avait bien mérité une petite douceur pour cette matinée-perte de temps. Elle ressortit de la boulangerie quelques instants après, un pain au chocolat dans les mains. Son regard se posa sur un groupe d'adolescents. Visiblement, c'étaient des mutants et s'amusaient à jouer avec leurs pouvoirs pour voir lequel était le plus imposant. Elle les dévisagea d'un mauvais oeil. C'était exactement le genre de comportement qu'elle craignait : la course à la puissance. Tous les hommes y étaient sujets. Avant, ils faisaient la guerre mais désormais ils avaient un tout nouveau joujou en leur possession. Ils étaient tous des armes, des tyrans en puissance. Pourquoi personne ne s'en inquiétait ? Machinalement, Sara se massa la tête. Non, aujourd'hui elle ne prendrait pas d'aspirine, elle l'avait décidé. Sujette aux migraines et autres désagréments, elle avait décrété que désormais, ça ne lui gâcherait plus la vie.
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Wyatt J. Matthews

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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptyVen 19 Nov 2010 - 12:08

Je me sentais ridicule. J'arpentais les rues de Wellington, des prospectus à la main, les distribuant avec un sourire ravi de l'enseigne que je vendais. Maudite boite d'intérim. Je détestais l'intérim. Difficile de prouver que j'avais fréquenté Oxford. Cela faisait déjà deux heures que j'arpentais les coins et recoin de la ville, en compagnie de deux collègues qui se partageaient le secteur. Dieu merci, je quitterai le costume ce soir. Ce soir à dix neuf heures je repartirai chez moi, fier d'être Américain, fier d'être un homme ayant accomplit son devoir. Courage. Et pourtant je n'échappais aux remarques et était sujet aux plus blagues de l'année. « Hey, tu es élevé en plein air à ce que je vois ! » « Mortelles les pattes ! Tu les frais frire aussi ? » Je me contentais de ravaler les pires insultes françaises que je connaissais -merci Kathleen-
et de sourire bêtement comme tout bon animal. Le pire dans cette histoire c'est qu'il ne restait plus de têtes. Je n'avais que le corps.

Le costume me grattait et me faisait marcher comme un handicapé. Je me dandinais plus d'avant en arrière que je ne marchais sur deux pieds. Le gros derrière propre au costume me faisait boiter aux virages, des gamins riaient sur mon passage et me jetaient diverses choses comme des petits cailloux ou des papiers. Courage. C'est en passant devant une boulangerie que des odeurs alléchantes m'attirèrent devant la vitrine ou, brûlant d'envie, j'hésitais à rentrer dans la boutique mais réalisais que le costume ne me permettait pas de rentrer par la porte. Je tapais dans un cailloux et glissais à cause des pattes. Je décidais de rester dignement sur le trottoir, le cul posé grassement par terre, la tête entre les grosses cuisses en coton et pestais contre les travaux ridicules. Préférais-je ça au récurage des toilettes de chez Wendy's ? Certainement pas, le souvenir des odeurs nauséabondes me remonta. Il était onze heures et la moitié de mes prospectus tenaient encore entre mes gros doigts. La poubelle était à côté, tentant. C'est un petit ding qui retins mon attention, je me tournais et vis glisser des pièces dans ma direction. Encore quelqu'un qui me prends pour un clochard... mais la pièce venait droit d'une jeune femme. Debout, elle était comme stoppée au même endroit, sa main droite levée jusqu'à son visage. Je me relevais avec peine et lui rapportais la pièce, certes elle n'aurait pas été pauvre sans mais tout le monde avait vu la pièce glisser.

« Vous avez fait tomber ça. Excusez-moi. »

Ah oui et pour ceux qui ne le savent pas, je m'appelle Wyatt et aujourd'hui je suis déguisé en poulet géant.
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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptySam 20 Nov 2010 - 6:48


    Sara soupira. Elle avait bien trop mal à la tête pour résister. Elle capitula. A la recherche de l'aspirine dans son sac, elle se souvint que pour tenir à sa résolution, elle avait jeté la boîte. Elle maugréa entre ses dents. C'était malin. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à trouver la pharmacie la plus proche. Au bout de l'avenue, il lui semblait en avoir aperçu une.
    Il était difficile de ne pas voir le poulet géant assis sur le trottoir mais elle n'y prêta pas attention et passa devant sans vraiment le voir. Elle ne se rendit pas compte qu'elle avait fait tomber une pièce. Elle avait du mal ranger son portefeuille en sortant de la boulangerie, distraite par le groupe d'adolescents mutants.

    - Oh merci, c'est gentil. Je suis un peu ailleurs parfois...

    Puis, elle s'arrêta net. Même avec ce ridicule costume de poulet sur le dos, elle le reconnut. Elle ne pouvait pas l'oublier, elle ne pouvait pas oublier son visage. Elle ne l'avait plus revu depuis le procès. La dernière fois c'était en photo dans le journal lorsqu'il avait été libéré. Elle avait alors maudit son avocat et le système judiciaire. Pour elle, il avait tué sa soeur. Mais depuis qu'elle avait repris le dossier, elle se demandait s'il était aussi coupable qu'elle le supposait au départ. Et si il avait passé deux ans en prison pour rien et que le vrai coupable n'avait jamais payé pour la mort d'Isabel ? C'était tout aussi douloureux de penser qu'elle s'était trompée ou bien que Wyatt ait été libéré à tort. Il était presque son beau frère et aujourd'hui c'était un étranger. Il faisait d'ailleurs peine à voir dans son costume mais elle supposait qu'avoir fait de la prison ne faisait pas bonne impression sur un cv. Elle ne savait pas quoi lui dire et pourtant elle ne pouvait pas détacher son regard de lui. Il n'avait pas changé. Il ne semblait pas plus vieux, plus coupable ou plus innocent. Elle savait pas si un jour elle connaîtrait enfin la vérité sur la mort de sa soeur mais Wyatt avait certainement des réponses.

    - Pourquoi tu ne l'as pas gardée ? A priori, tu en as plus besoin que moi...

    Oui, c'était pitoyable. Mais comment engager la conversation avec un ex-détenu et pour qui, on a tout tenté pour le faire condamner ? Sara ne se souvenait pas avoir été dans une situation aussi embarrassante. Elle se sentait à nouveau comme une petite fille. Comment réagirait-il en la revoyant ? Est-ce qu'il essayerait de s'en prendre à elle ? Bon, il était désavantagé avec son costume, elle avait le temps de hurler, courir et porter plainte. Son agent probatoire le ferait renfermer et tout serait réglé. Oui, c'était peut-être ça le meilleur plan pour effacer ce sentiment d'impuissance qu'elle ressentait. Au moins, quelqu'un serait derrière les barreaux.

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Wyatt J. Matthews

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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptySam 20 Nov 2010 - 10:55

- Oh merci, c'est gentil. Je suis un peu ailleurs parfois... « Ça m'arrive aussi. » Je lui adressais un faible sourire, bienveillant mais faible. Elle me rappelait vaguement quelqu'un... je foulais dans mes souvenirs et me rappelais... son visage lors du procès ! Je me souvins alors de l'avoir vu témoigner, déposer toutes les données qu'elle savait... bon sang c'était la sœur de la défunte ! Mon ex-fiancée plutôt. Ce qui faisait d'elle ma belle-sœur ! Je me demandais si elle m'avait bien connu, si elle et moi nous nous étions bien entendus et ce qu'elle pensait de cette histoire mais je présumais la haine et le chagrin prendre part entière de ce qu'elle pouvait ressentir à mon égard. J'eus un mouvement de recul, était-elle là pour ruiner le semblant de vie que j'avais ? Pour me rappeler que ma sœur avait payé ma caution et que sans preuve de mon innocence j'étais toujours le coupable à ses yeux ?

- Pourquoi tu ne l'as pas gardée ? A priori, tu en as plus besoin que moi... Je remarquais toutefois que nulle animosité ni aucun mépris ne séjournait dans la manière dont elle avait engagé la conversation, elle m'avait reconnu, ça ne faisait aucun doute, son sourire s'était affaissé et elle me dévisageait, l'air de se demander ce que je faisais ici. La réponse était simple; dans les vêtements que je portais, je me serai sentis ridicule face à une autre personne mais curieusement je ne l'étais pas devant elle. Après tout, peut-être se sentait-elle satisfaite de ce que j'étais devenu, peut-être se disait-elle que ce métier n'était que ce que je mérite. Curieusement ça n'avait pas d'importance, j'étais innocent, du moins, je le présumais, impossible de me souvenir, comme il était impossible que je me rappelle d'un quelconque moment passé avec elle. Sara devait bien mal me considérer, cette réalité n'avait rien pour plaire; pas d'études universitaires, un diplôme de fin d'étude de justesse, un dossier des plus misérables, mon temps libre consacré à fumer... et surtout, un look de loubar qui n'a pas vieillit, qui en est toujours au même point. J'avais honte, honte d'avoir confronté la famille des Hawkins à cette dure réalité, à la personne que je fus. Mais c'est comme ça, on ne choisit pas et je présume qu'avec mon look de jeune premier et mon diplôme tout droit sortit d'Oxford, je n'aurais pas croisé le chemin d'Isabel... en fait, je n'en savais rien. Il y avait des gouffres si profonds dans ma vie qu'il fallait admettre que je ne puisse les combler. Des questions qui n'auraient jamais de réponse.

« Tu as acheté un croissant. Un truc du genre. » Je me râclais la gorge et désignais du regard le sachet qu'elle portait à la main, orné du logo de la boulangerie. Approche totalement nulle mais faute de mieux...
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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptySam 20 Nov 2010 - 23:11


    Sara était étonnement calme. Elle ne savait plus sur quel pied danser. Elle ne savait plus que penser. Coupable, innocent... Au fond, Wyatt était au coeur d'une histoire qui avait pris une telle importance qu'il avait semblé totalement dépassé par les événements pendant toute la durée du procès. Mais la jeune femme savait d'expérience que l'absence de preuves ne signifiait pas qu'il était innocent pour autant. "Pas vu, pas pris", n'est-ce pas ? Si elle était jeune et un peu tête brûlée, aujourd'hui elle voulait avant tout raisonner et trouver la vérité. Elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'en discuter avec lui, d'entendre sa version autrement que par le biais de son témoignage et de ce qu'en disait la presse. Elle ne lui avait jamais rendu visite, elle n'en avait pas eu le courage. Peut-être qu'il pourrait lui donner une autre explication, qui sait ? Il fallait la jouer fine, elle ne voulait pas le braquer. Mais il avait ses raisons de lui en vouloir, elle avait tout fait pour confondre un coupable, peu importe qui cela avait pu être en fait. C'était tombé sur Wyatt parce que les circonstances s'y prêtaient.
    Quoi ? Il voulait peut-être que je lui donne mon pain au chocolat ? Il ne fallait pas abuser ! Sara était d'accord pour revenir sur son jugement et ne pas lui arracher les yeux mais il n'était pas lavé de tout soupçon et elle ne lui donnerait certainement pas son pain au chocolat !

    - Ecoute, que tu sois libéré sous caution passe encore mais ne me demande pas la charité. Ce n'est pas parce qu'il n'y a aucune preuve contre toi que tu es innocent. Et peu importe le temps que ça prendre, je découvrirai la vérité.

    La jeune femme le fixait avec toute la fermeté dont elle était capable. Il avait certainement compris pendant le procès combien elle était têtue mais elle avait un message à faire passer : elle n'abandonnerait pas. Isabel était sa soeur et sa mort avait détruit sa famille. Si ses parents étaient prêts à oublier, chacun de leur côté, ce n'était pas le cas de la jeune journaliste en herbe. Elle espérait bien un jour savoir ce qu'il s'était vraiment passé ce soir-là. Si Wyatt était impliqué d'une quelconque façon, elle trouverait bien le moyen pour que justice lui soit rendu. Elle avait peur bien sûr face à cet homme que finalement, elle ne connaissait pas aussi bien qu'elle l'aurait pensé mais sa peur la motivait à continuer.

    - Je suis désolée, je ne voulais pas m'emporter. Quand j'ai lu dans les journaux que tu avais été libéré, ça a fait remonter de mauvais souvenirs et de nombreuses questions non résolues...

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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptyMer 24 Nov 2010 - 5:25

- Écoute, que tu sois libéré sous caution passe encore mais ne me demande pas la charité. Ce n'est pas parce qu'il n'y a aucune preuve contre toi que tu es innocent. Et peu importe le temps que ça prendre, je découvrirai la vérité. Je fis le lien entre l'achat et ma manière abrupte d'engager la conversation, je compris immédiatement et me contentais de hausser les sourcils, inutile de préciser que je ne quémandais rien. Je comprenais sa quête de vérité mais quelque part... je n'y pouvais rien... c'était sa sœur, c'était légitime. Et une chose au fond de moi me disais de faire des recherches sur ma vie, de questionner des gens que j'aurais connu... je doutais. Je n'étais pas un tueur de femmes, et encore moins d'une femme que j'avais put aimer. M'affirmer innocent me parut insensé, si son désir de vérité la conduisait justement... à la vérité, si je me révélais être coupable ? Je tressaillis à cette pensée. Ça ne me ressemblait pas. Et si c'était une erreur ? Un simple accident ?! Je me souvins avoir clamé mon innocence, donc je ne pouvais pas être le meurtrier ? Mon seul souvenir était ce matin bleuâtre dans lequel on vint me chercher pour me libérer, là ou ma vie avait vraiment repris.

- Je suis désolée, je ne voulais pas m'emporter. Quand j'ai lu dans les journaux que tu avais été libéré, ça a fait remonter de mauvais souvenirs et de nombreuses questions non résolues... « Je présume. J'espère juste que ça te conduiras à une vérité qui te satisferas. » J'avais peur que cette quête la conduise à la folie. La folie, je la connaissais... la douleur la conduisait, la menait dans une direction à laquelle elle n'était pas préparée mais il aurait été malvenu de lui proposer mon aide, de plus, l'aspect physique ne se prêtait pas au jeu. Je promis de me couper les cheveux en vue du bal qui approchait, histoire de ne plus paraître aussi crasseux que je l'étais. Je considérais que ça n'avait pas d'importance mais à en juger pas mon casier judiciaire, il semblait que mon apparence physique jouait en ma défaveur. De plus, une femme de Livingscorp m'avait contacté pour me proposer un travail au sein de la société... pourquoi pas, c'était toujours mieux que le travail d'intérimaire...

« Tu sais il y a un bal à Livinscorp en fin de semaine... » Elle était journaliste, voilà encore un souvenir qui me revenais ! Dire que rien ne me venais de sa sœur... et pourtant elle avait été ma fiancée. Elle serait sûrement là-bas pour reporter l'évènement... la perspective de la croiser ne m'encourageais pas vraiment à y aller, je dois l'avouer. J'espérais qu'elle ne sabote pas mon entretien...
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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptyVen 26 Nov 2010 - 7:33


    Sara réfléchissait à toute vitesse. Tiraillée entre son envie d'en savoir plus sur Wyatt et de ne pas le froisser, elle pensait que seule la vérité pourrait l'aider à tourner la page. Toutefois, elle ne pensait pas s'être si mal débrouillée que ça depuis la mort d'Isabel. Elle était devenue journaliste et travaillait dans un bon journal. Si sa vie sentimentale passait dans le vide intersidéral, elle se sentait toujours mieux que ses parents, elle en était certaine. La jeune journaliste pensait sérieusement à mettre un mouchard sur Wyatt. Il se trahirait bien à un moment donné ou bien se confierait à ses soeurs...

    - C'est une invitation ?

    Bien sûr que non. Il savait qu'elle irait à ce bal de charité alors pourquoi évoquer le sujet ? Ce n'était pas vraiment son genre d'aller à ces réceptions. Mais après tout, si un temps elle pensait le connaître, ce n'était plus le cas aujourd'hui.

    Flash Back

    Sara était en courses avec son père lorsqu'il avait reçu un appel. Il n'avait rien dit le long du trajet malgré les questions de la jeune fille. Il roulait vite. Il s'arrêta dans un quartier peu fréquenté habituellement mais qui ce soir-là grouillait de monde. Les lumières des gyrophares l'aveuglaient.

    - Reste dans la voiture.

    Elle le suivit des yeux. Il passa derrière les barrières de sécurité. Puis, le regard de Sara se posa sur quelqu'un assis sur le trottoir, les yeux hagards. C'est alors qu'elle comprit que la situation était grave. Aussitôt, elle bondit hors de la voiture et se précipita vers lui.

    - Qu'est-ce qui s'est passé ?

    Il ne lui répondait pas et regardait ses poings meurtris. Sara avait peur, elle était même horrifiée. Pourquoi ne disait-il rien ?

    - Wyatt, qu'est-ce qu'il se passe ? Où est Isabel ?

    Et puis, elle l'a vu. Elle s'est éloignée de Wyatt, sous le choc. Elle avançait lentement. Isabel était étendue sur le bitume humide. Ses yeux étaient encore ouverts. Elle était couverte de sang. Puis, elle se souvient s'être mise à courir en hurlant avant que son père ne la prenne dans ses bras. Il voulait l'éloigner de l'horrible vision mais Sara résistait, elle ne voulait pas laisser sa soeur...

    Fin de flash back

    Il paraît que les divorces sont deux fois plus fréquents chez les couples ayant perdu un enfant. Ses parents faisaient partie de cette catégorie. D'une façon ou d'une autre, Wyatt était lié à cette histoire. S'il n'était pas coupable, il était témoin de la mort d'Isabel. Et pourtant, après tout ce temps, Sara ne savait toujours pas ce qu'il s'était passé. Elle se souvenait parfaitement du jour où sa mère avait fait ses bagages et était partie en disant qu'elle n'en pouvait plus.
    Pour se redonner de la contenance, la jeune femme reprit une bouchée de son pain au chocolat. Tous ses souvenirs refaisaient surface avec la réapparition de Wyatt. C'était inévitable et elle allait devoir apprendre à vivre avec ses fantômes. Si seulement, elle pouvait se souvenir de tout...





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Wyatt J. Matthews

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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptyMar 7 Déc 2010 - 4:30

[HJ] Vraiment désolé pour le retard !

Je n'aimais pas croiser son regard, j'en éprouvais une culpabilité que je ne comprenais pas. Cela dit, je compatissais, si le verbe "compatir" convient vraiment à la situation. Je n'avais jamais su trouver les mots, quoi dire, des paroles réconfortantes, je n'étais pas particulièrement maladroit et ne manquais pas vraiment de tact mais c'était une chose qui pour moi, n'était pas évidente. Dans tous les cas, toute la compassion du monde n'aurait put suffire à apaiser ses blessures. Elle ne paraissait pas franchement accablée ni renfermée mais quelque chose dans son regard m'indiquait qu'une part d'elle-même était brisée. Et je savais de laquelle il s'agissait. J'avais essayé, en vain, de me souvenir ne serait-ce que d'une seconde de la dénommée Isabel mais je n'y étais parvenu. Comme si les voyages dans le temps pouvaient m'accabler d'avantage, comme si je perdais la mémoire aussi, ou comme si je ne l'avais jamais connu, comme si son souvenir n'égalait pas les autres. Ce jugement hâtif avait réussit à me combler. Mais croiser Sara ravivait des souvenirs enfouis... j'étais perdu, je ne comprenais rien et ce déguisement aussi loufoque que ridicule me paraissait incongru en vue des évènements passés. Que faisais-je là, au beau milieu de la rue, déguisé en poulet géant et vantant les mérites d'un restaurant que je n'avais jamais testé ? Que faisais-je moi, le diplômé d'une des plus grandes facultés du monde, debout avec un affreux faux plumage ? Et par tous les diables, pourquoi n'arrivais-je pas à me souvenir de cette fille ?

- C'est une invitation ? « Écoutes Sara, je sais ce que tu as traversé », du moins, je pensais le savoir, « mais comme je l'ai dis depuis toujours : ce n'est pas moi. Cesse les hostilités ! » Je haussais les sourcils exaspéré, partagé entre la compassion et l'agacement. Je ne savais pas réellement si j'étais le coupable mais j'aimais à croire que j'étais innocent et quelque part, l'image que je renvoyais à Sara m'importait. J'en avais marre, ras-le-bol de ses fichus sarcasmes, de sa manière parfois abjecte de me regarder. Mais que méritais-je de plus ? A ses yeux je n'étais qu'un vulgaire meurtrier, un pauvre type qui méritait de finir en prison. Cela dit, je m'étonnais de ne pas avoir entendu d'autres échos, je pensais qu'elle aurait immédiatement tenté de me renvoyer là-bas...

« On était amis. », j'hésitais, peut-être ne l'étions pas, curieusement cette histoire me paraissait plus folle que d'habitude, pourquoi n'arrivais-je pas à me souvenir de plus de détails de cette vie ? « Enfin je crois. » Je tentais de me rattraper, passer pour un dément ne jouait pas en ma faveur. « Je partage ta douleur. » Enfin je devrais mais préciser que ce n'est pas le cas paraitrait un tantinet déplacé. « Alors maintenant... enfin tu m'as compris ! » Je ne comprenais pas ce que je disais, ça me paraissait totalement étranger, cette histoire, mes dires... Isabel... mais bon dieu j'en avais marre de cette étiquette !
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MessageSujet: Re: Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) Rien à se mettre sous la dent ( Libre ) EmptyMer 22 Déc 2010 - 6:44


    HJ : Encore plus désolée ^^" pour le retard et cette conclusion minable

    Wyatt ne cherchait pas sa version des faits. Il ne l'avait pas fait ces deux dernières années alors pourquoi l'aurait-il fait maintenant ? Il était libre désormais, il n'avait aucune raison de mentir. Alors pourquoi se sentait-elle aussi embarrassée vis-à-vis de lui ? C'est vrai, ils avaient été amis. Elle avait toujours eu une relation fusionnelle avec sa soeur et avaient les mêmes fréquentations. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas songé à Wyatt comme à un ami. Ils s'entendaient, rigolaient bien. Il faisait déjà partie de la famille. Il aurait pu être le frère qu'elle n'avait pas eu. Elle hocha la tête. Oui, elle pouvait le lui concéder. Est-ce que leur amitié lui manquait ? Elle avait tiré un trait dessus dès l'instant où elle avait douté de lui. Elle avait perdu une soeur et un frère en même temps. Elle avait été trop hâtive dans son jugement, peut-être. Toujours ce peut-être qui venait se glisser dans son esprit.

    - C'est vrai, nous étions amis. Mais c'était avant.

    Elle le regarda droit dans les yeux. Il gardait toujours cet air confus de petit garçon. Quand grandirait-il enfin ? Il aurait du s'assumer. Sara le fixait avec insistance sans faillir. Que savait-il de la douleur ? Savait-il ce que ça faisait de perdre sa soeur ? Avait-il vu ses parents se déchirer à cause de cette histoire ? Elle n'oubliait pas que ses parents étaient divorcés mais c'était différent.

    - Comment pourrais-tu partager ma douleur ?

    Elle ne pleurerait pas. Personne ne l'avait vue pleurer depuis longtemps. Elle préférait enfouir ses larmes au fond d'elle. Les gens n'aimaient pas les pleurnichards de toute façon. Elle s'était servie de sa douleur comme une force, une motivation pour réussir. Elle le devait bien à Isabel. Elle le pointa du doigt d'un air menaçant et ne faisait plus du tout attention à son ridicule costume de poulet.

    - Ecoute, je ne sais pas ce que tu mijotes mais je le saurai. Je découvre toujours la vérité. Je surveillerai chacun de tes faits et gestes. Que ce soit derrière ton costume de poulet ou bien dans un bal de charité. Je saurai ce qu'il s'est passé et crois-moi, je saurai te pourrir la vie.

    Sur ce, sans même ajouter quoi que ce soit, elle s'éloigna d'un pas rapide. Il aurait bien eu du mal à la suivre et serait certainement tombé. En y réfléchissant bien, elle avait peut-être été un peu trop mélodramatique. Mais le message était passé, c'était le plus important. Elle repartait avec un pain au chocolat à la place d'un article mais elle n'était pas sortie pour rien. Elle avait eu Wyatt face à elle pour la première fois depuis le procès et la confrontation avait été plutôt intéressante. Elle se demandait ce qui se passerait pas la suite, s'il se trahissait en prenant peur. Mais elle doutait franchement l'avoir intimidé. Elle croqua à pleine dents dans son pain au chocolat en haussant les épaules, tandis que ses pas la reconduisaient à son bureau.

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